22 novembre 2017

[Paix Liturgique] A Nanterre, la joie de la paix

SOURCE - Paix Liturgique - Lettre 621 - 22 novembre 2017

Dans le diocèse de Nanterre, la paix liturgique, conquise jadis de haute lutte, se goûte aujourd’hui dans l’action de grâces.

C’est parce que notre lettre puise une partie de ses racines dans le diocèse de Nanterre, que nous revenons cette semaine sur le pèlerinage que les groupes Summorum Pontificum du diocèse y ont accompli le samedi 11 novembre, et qui s'est conclu par une messe solennelle célébrée en la cathédrale Sainte-Geneviève. Retenu par un autre engagement, Mgr Aupetit, l'Ordinaire du lieu, a tenu à faire saluer les pèlerins de sa part par le célébrant, Mgr Aybram. Voici quelques impressions inspirées par cette belle journée de paix et d'action de grâce.

I – UN NOUVEAU POINT DE DÉPART

« Partis de Sainte-Marie-des-Fontenelles, l'église où fut célébrée, après une longue demande, la première messe traditionnelle (1) du diocèse, nous avons retrouvé les autres pèlerins à l'aumônerie de l'enseignement public de Nanterre, où nous attendaient Mgr Aybram et l'abbé Roberge, vicaire de la cathédrale. Là, nous avons partagé un repas tiré du sac avant de nous rendre à la cathédrale pour une belle conférence sur saint Martin, dont c'était la fête, suivie de la messe solennelle à laquelle participaient les prêtres qui desservent nos groupes stables mais aussi quelques prêtres diocésains dont le curé de la cathédrale et le directeur de la propédeutique diocésaine. Pour nous, qui avons participé à l'expression difficile de la demande de célébration de la liturgie traditionnelle dans le diocèse quand l'évêque d'alors, Mgr Daucourt, refusait tout simplement de reconnaître notre existence, cette belle journée du 11 novembre est comme un armistice longtemps attendu.»

Le témoignage de ces amis de longue date de la paix et de la réconciliation suffirait presque à rendre compte de la gratitude et de la joie des familles ayant participé à ce pèlerinage diocésain qui a rassemblé plus de 250 fidèles. Mais cette journée de prière n'est pas seulement un point final mais un point de départ, comme en témoigne Dominique, qui a embrassé la forme extraordinaire du rite romain après le motu proprio de Benoît XVI : « Je fais partie du groupe de fidèles du Plessis-Robinson, désormais desservi par un jeune prêtre de la Fraternité Saint-Thomas-Becket, l'abbé d'Aigremont. Souvent, par le passé, nous avons pu nous sentir isolés, voire marginalisés par rapport aux autres catholiques du diocèse, comme si nous n'étions que tolérés. Cette journée au cœur du diocèse nous a fait partager pleinement la joie d'être des catholiques comme les autres. Elle a montré aussi que le peuple Summorum Pontificum est une portion bien réelle et bien vivante de notre Église locale. Les dames de la sacristie de la cathédrale, par exemple, nous ont manifesté combien elles ont été touchées et surprises par une liturgie dont elles avaient une fausse image. Le fait d'être accueillis au nom de l'évêque met aussi du baume au cœur. En discutant avec les autres fidèles à la fin de la messe, nous avons tous exprimé un même désir : celui de pouvoir recommencer. À la fois pour renforcer les liens entre nos différents groupes mais aussi pour établir de nouveaux contacts avec le reste des fidèles et du clergé du diocèse.»

Pour Aurélien aussi, cette journée est un point de départ : « Récemment installé à Vanves, je fais du tourisme liturgique le dimanche. Certes, Notre-Dame-du-Travail n'est pas loin, mais la messe traditionnelle y est célébrée à 18h, et je préfère sanctifier mon dimanche dès le matin. J'alterne donc la forme ordinaire quand je suis pressé et souhaite rester près de chez moi ou l'une des messes traditionnelles offertes à Paris, y compris à Saint-Nicolas-du-Chardonnet où j'allais quand j'étais étudiant. Cette initiative diocésaine me fait comprendre que nous avons toute notre place dans le diocèse et je pense donc que je vais aller trouver mon curé pour lui demander d'introduire la forme extraordinaire dans la paroisse d'autant plus que l'ancien curé, l'abbé Hauttecœur était présent aujourd'hui.»

II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1) Tous les échos que nous avons recueillis à l'issue de ce pèlerinage diocésain en la fête de saint Martin vont dans le même sens : joie, gratitude, désir de poursuivre et de croître. L'esprit de franche coopération entre les différents groupes stables du diocèse a été fort bien illustré par la fusion de leurs trois chœurs en une seule chorale qui, en dépit d'une seule répétition le mercredi précédent, a su parfaitement accompagner la célébration. En outre, la présence de quelques-unes des dominicaines de l'Institut Saint-Pie-X de Saint-Cloud, autre lieu au sein duquel est offerte la forme extraordinaire du rite romain dans le diocèse, et celle du chanoine Guitard (ICRSP) qui célèbre chaque trimestre à Notre-Dame-de-Pentecôte, à La Défense, ont parfaitement souligné le caractère fédérateur de ce rassemblement.

2) Tous les observateurs, en outre, ont pu constater le grand recueillement qui a marqué la cérémonie. Un pèlerin, venu par curiosité, a été surpris par la profonde participation de l'assemblée. Les dames de la sacristie, quant à elles, ont non seulement été très favorablement impressionnées par la beauté de la liturgie mais aussi par l'intérêt des fidèles pour la cathédrale elle-même. Il faut dire que la paroisse a récemment publié un très beau guide sur la cathédrale Sainte-Geneviève qui a fait le bonheur des pèlerins qui ont pu en faire l'acquisition.

3) Comme le manifeste Aurélien, le succès d'une telle journée peut, et doit, être un moteur pour la poursuite du développement du motu proprio Summorum Pontificum dans le diocèse. Si les trois paroisses où se célèbre aujourd'hui la forme extraordinaire du rite romain sont bien réparties au sein du diocèse, de gros bassins de population sont encore dépourvus de toute célébration : Asnières-Clichy (140 000 habitants), Boulogne- Billancourt (110 000 habitants), Meudon-Clamart (95 000 habitants), Rueil-Malmaison (80 000 habitants), etc. Bien entendu, la bonne diffusion de la liturgie traditionnelle dans le diocèse ne peut qu'être le fruit d'une étroite coopération entre les prêtres et les fidèles. Pour cela, il faut néanmoins que les laïcs n'hésitent pas à se manifester, pacifiquement mais avec conviction, auprès de leurs curés comme l'on déjà fait, sans succès jusqu'ici, les paroissiens de Sèvres et de Vaucresson. Plus que quiconque, nous n'oublions pas que la bonne entente liturgique – que ce pèlerinage du 11 novembre 2017 a superbement manifestée – est aussi, à l’origine, le fruit de la détermination et de l'action de quelques familles déterminées. Rappelons qu'il n'y a nul besoin d'être nombreux pour entreprendre une demande alors que le sondage réalisé en 2011 par l'institut JLM Études dans le diocèse indiquait que plus de 35 % des fidèles désiraient y vivre, chaque dimanche,  leur Foi au rythme de la liturgie traditionnelle…
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(1) C'était en novembre 2005 et Benoît XVI n'avait pas encore forgé l'expression « forme extraordinaire du rite romain ».