15 octobre 2007





Pour ou Contre ?
15 octobre 2007 - abbé Laguérie - institutdubonpasteur.org
Monsieur L’abbé,
Dans un dialogue en direct sur Internet, on a posé la question suivante à Monseigneur Fellay :
"Quelles sont vos relations avec l’Institut du Bon Pasteur ? Quel regard portez vous sur cette oeuvre ? Merci de votre réponse."
à laquelle il a répondu :
"Nous n’avons pas de relations avec l’IBP. Je n’ai pas d’objection contre le fait que ces ex-confrères aient cherché à fonder une œuvre. J’en ai cependant certainement lorsque je constate qu’encore une fois Rome les a érigés « contre nous ». Et depuis ils n’ont pas fait grand chose d’autre dans l’Eglise que d’accomplir cette mission."
Partagez- vous ce jugement de Mgr Fellay ?
D.Balter- Nantes

Cher Monsieur,
Il est bien évident que le pape Benoît XVI, très fortement impressionné par le traitement injuste qu’à subi Mgr Lefebvre, et consterné de la division de l’Eglise spécialement en France, prend les mesures les plus aptes à réunir les catholiques et à unifier et pacifier l’Eglise de Dieu dont il a la responsabilité. A l’heure actuelle ses décisions les plus importantes en ce domaine sont évidemment l’érection de l’Institut du Bon Pasteur (8 septembre 2006) et son désormais célèbre Motu Proprio (7 juillet 2007).
On parle d’ailleurs à ce sujet, de sources bien informées, de la possibilité de la levée du décret d’excommunication des quatre évêques de la Fraternité qui pourrait, dit-on, intervenir dans l’année, plus ou moins. Il m’apparait que ces trois mesures, dont deux sont inscrites dans les faits, sont des décisions pour la Fraternité et certainement pas contre la Fraternité.
Il est certain que l’immense majorité des prêtres de la Fraternité n’accepterait aucun bi-ritualisme et c’est pourquoi le pape l’a concédé au Bon Pasteur comme un exemple de ce qu’il ferait évidemment pour la Fraternité, et bien plus (administration apostolique par exemple). Ceci n’est pas une mesure contre la Fraternité mais évidemment pour.
De même pour le Motu Proprio qui était une des fameuses conditions préalables posée par les abbés Riffan et Aulagnier alors en grâce avec l’oeuvre de Monseigneur Lefebvre. Même si le Motu Proprio est une mesure de soi universelle pour l’Eglise, il demeure un acte posé pour la Fraternité et non pas contre.
Quant à la levée du décret d’excommunication des quatre évêques, il serait, en arrivant, une mesure pour la Fraternité et pour elle seule, même si ce geste de la condescendance du pape ne manquerait pas d’avoir des répercussions sur toute l’Eglise.
Dès lors, et dans ce contexte plus général, interpréter la création du Bon Pasteur comme une mesure contre la Fraternité est simplement une énorme erreur historique. C’est comme si les élèves récalcitrants d’une classe considéraient comme des punitions à eux adressées, les encouragements que l’institutrice prodigue à ses élèves les plus coopératifs. Ils feraient mieux de considérer que c’est un appel pressant à faire de même.
Quant à l’action menée par l’Institut du Bon Pasteur depuis sa création il y a un an, on voudra bien m’expliquer ce qu’elle peut avoir de contre et surtout de contre qui ? L’Institut a fait ordonner 7 prêtres, aura, lundi prochain, une maison de 40 séminaristes, assure une dizaine de lieux de culte en France, assure l’aumônerie de bientôt 4 écoles et travaille à la création de plusieurs paroisses. Contre qui, je vous le demande ? Sans parler de l’étranger qui va bientôt vous surprendre !
Il est trop tôt peut-être pour la décrire aujourd’hui dans toute son ampleur ; mais il me semble plutôt se profiler à l’horizon quelque chose comme une cohabitation profitable entre les évêques français et la Fraternité saint Pie X sur la base du "chacun chez soi et les brebis seront bien gardées !" Car au fond, celle-ci n’inquiète pas plus ceux-là qu’ils ne préoccupent celle-ci. "Je prends sur moi de vous renvoyer à la Fraternité Saint Pie X" lance récemment un évêque à un fidèle qui lui demande l’application du Motu Proprio. " Il ne suffit pas d’être en communion avec Rome" lâche un autre etc...
Finalement, le Lefebvrisme sans le très catholique Mgr Lefebvre, c’est bien pratique pour les évêques. Un peu comme la corbeille de ton ordinateur. J’avais la naïveté de penser que les quatre cents églises et chapelles en France de la Fraternité étaient autant de groupes stables tels qu’ils constituaient la plate-forme idéale requise par le Motu Proprio. Et bien voyez- vous, ni les uns, ni les autres ne le pensent.
Les évêques nous disent qu’ils n’ont quasiment pas de demandes et la Fraternité ne demande pas d’églises. Finalement chacun est content de l’autre sans oser bien trop le dire et tout va très bien dans le beau pré carré qu’est la Fille aînée de l’Eglise !
Oui, cher Monsieur, je suis pour et résolument pour : pour le pape qui unifie l’Eglise, pour son Motu Proprio qui en est le moyen, pour les évêques de France qui rouvriraient leurs églises, pour la Fraternité Saint Pie X qui accepterait qu’on lui en confie… A l’Institut du Bon Pasteur, nous avons fait nôtre cette sentence de Jésus aux apôtres qu’Il envoie en mission : « qui n’est pas contre vous est avec vous ». Autrement dit, nous n’avons pour ennemis que ceux qui refusent catégoriquement d’être de nos amis ; ce n’est pas nous qui choisissons, c’est eux.