29 avril 2013

[Credidimus Caritati] Mgr Lefebvre : Quelle image donnons-nous ?

SOURCE - Credidimus Caritati - 28 avril 2013

Nous transcrivons la suite de la conférence que Mgr Lefebvre dispensait à ses futurs prêtres à Écône le 8 juin 1975. Le séminaire était sur le point de se voir retirer officiellement son approbation canonique et les critiques commençaient à fuser sur cette œuvre qui acquerrait peu à peu une notoriété internationale. Face aux insultes qui pleuvaient (séminaire sauvage, évêque de fer, prélat rebelle, etc.), grand était le danger de répliquer et de s’aventurer dans une posture caractérisée par l’animosité. Le fondateur prévient : loin de plaider en faveur de notre cause, une telle attitude la desservirait profondément car elle serait le reflet de notre manque de sainteté. Comme substitut, il présente l’idéal christique, qui ne s’agite pas mais qui sur fonde sur la patience et le silence, celui de Notre Seigneur devant ses juges.
« Et vous savez bien — je l’ai dit maintes fois — que je souhaite vraiment que, même entre vous, même dans les propos de table, même dans les propos de récréation, on ne dise pas des paroles méprisantes contre les personnes. Qu’on lutte contre les erreurs, oui ! Qu’on parle contre les erreurs oui ! Mais tenir des propos méprisants contre les personnes, à plus forte raison quand il s’agit de personnes comme le Saint Père, comme les cardinaux, ce n’est pas normal. Qu’on dise qu’on pense que ce qui est dit dans tel acte, dans telle phrase, cela nous choque, qu’on en discute, très bien, on peut très bien discuter ! Mais de là à attaquer les personnes méchamment, les traiter avec mépris, ce n’est pas une manière de faire, cela n’avance à rien, absolument à rien ! […]

« Vous savez, le séminaire c’est la recherche de la sainteté. Et plus tard, si vous voulez que le séminaire, malgré toutes les épreuves qu’il traverse, malgré toutes les critiques que l’on peut lui faire, si vous voulez que ces cardinaux, tous ces évêques qui nous critiquent, finissent par reconnaître le séminaire, finissent par reconnaître que Écône a fait du bien, finissent par reconnaître que les prêtres qui sortent du séminaire sont de bons prêtres, il faut que nous le prouvions par notre sainteté, c’est cela qui convaincra de la vérité et du bien du séminaire et du bien de la Fraternité, c’est cela ! 

« Si au contraire ils se trouvent devant des gens excités, agités, ayant toujours à la bouche des paroles pénibles, désagréables, des épithètes méprisantes, ils n’auront aucune estime du séminaire : le séminaire a formé des gens qui ne sont pas des saints. Les saints ne parlent pas comme cela ; les gens qui ont l’esprit de sagesse, l’esprit de mesure, l’esprit de prudence, l’esprit de conseil ne parlent pas comme cela. Alors il faut arriver à acquérir cet équilibre, cette mesure, cette prudence, cet esprit de conseil, cet esprit de sagesse. C’est cela la sainteté : l’esprit des béatitudes ! Relisez et relisez les béatitudes, méditez les béatitudes et tout le chapitre qui suit les béatitudes : On vous frappe sur la joue droite ? Eh bien, présentez la joue gauche ! Ce n’est pas si facile que cela, parce que ce n’est pas seulement quand on frappe sur la joue qu’on réagit, mais même quand on entend un mot, un seul mot. Oh ! Tout de suite on prend feu, on prend feu ! Alors qu’est-ce que ce serait si on était frappé sur la joue ? Est-ce que vous croyez qu’on présenterait l’autre ? Ça se peut… Il y a peut-être des membres qui se lèveraient tout de suite ! Ou le pied ou le poing !

« Eh bien, il faut pourtant se plier à ce que le Bon Dieu demande : Si on vous frappe sur la joue gauche, présentez la joue droite ; ou sur la joue droite, présentez la joue gauche. Si on vous demande de faire mille mètres, faites-en deux mille. Si on vous demande votre vêtement, donnez encore plus que votre vêtement, donnez le double. Il faut arriver à être comme cela, à être bon, à être charitable, à être condescendant, à être patient et savoir supporter. On vous insulte, on vous a dit une petite insulte, une petite chose qui vous est désagréable ? Mais passez là-dessus et que la prochaine fois que vous revoyez votre confrère vous êtes avec lui comme s’il n’avait rien dit. Il faut arriver à cela, il faut arriver à surmonter les difficultés. C’est cela qui permet vraiment que l’esprit de Notre Seigneur règne dans le séminaire !»