14 avril 2013

[Frère Bruno de Jésus-Marie - CRC] Il est revenu!

Jean-Paul Ier et FrançoisSOURCE - Frère Bruno de Jésus-Marie - CRC - avril 2013

IL EST REVENU !
IL REVIENDRA avec son cœur immense, avec son cœur de flamme, son âme de pauvre et son sourire.
IL REVIENDRA ! Et le Cœur Immaculé de Marie triomphera !
Exit le cinquantenaire d’un funeste Concile ! L’avènement d’un nouveau Pape prend toute la place. De Paul VI à Benoît XVI régna l’Antichrist. Voici le retour de notre doux Christ en terre, dont saint François fut, au treizième siècle, la vivante image. Et dont “ François ” tout court, tant qu’un autre Pape choisissant ce nom n’appellera pas le nombre ordinal “ premier ”, est le vicaire au vingt et unième siècle, pour nous réapprendre à prier, ce qui est l’œuvre la plus malaisée en ces temps où l’irréligion domine la société.
Ce fut son premier geste d’autorité, aussitôt suivi par une foule docile et enthousiaste, répétant avec lui : « Notre Père qui êtes aux Cieux », « Je vous salue, Marie, pleine de grâce », « Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit ».

Ce 13 mars 2013, nous avons revécu heure par heure la grande joie, gaudium magnum, du 26 août 1978, en accomplissement de l’acte d’espérance inscrit en exergue de chacun des numéros de la Contre-Réforme catholique au XXIe siècle : « Il reviendra avec son cœur immense, avec son cœur de flamme, son âme de pauvre et son sourire. Il reviendra ! Et le Cœur Immaculé de Marie triomphera ! »
 
Il est revenu ! Et rien de plus assuré que ce triomphe promis du Cœur Immaculé de Marie, puisque lui-même n’eut rien de plus pressé que de prier dès la première heure, le lendemain, Celle dont Jean-Paul Ier fit naguère « l’étoile » de son pontificat.
 
Jean-Marie Guénois écrit : « Il est rare qu’un cardinal auquel on ne pensait pas sorte d’un conclave en pape. » Pardon ! Nous y pensions, nous, depuis dix ans. Relisez notre éditorial de janvier 2003, titré : “ Douce et humble anticipation : vers un nouveau saint Pie X ? ” (Il est ressuscité n° 6, p. 1-3) Une photo du « doux et humble cardinal Georges-Marie (sic !) Bergoglio » à la-une, fit dire à l’abbé Georges de Nantes, notre Père : « C’est vraiment la photo d’un saint, je ne me lasse pas de la regarder. »
QUI ÉTAIT LE CARDINAL BERGOGLIO ?
Georges-Mario Bergoglio est né à Flores, un quartier alors populaire de Buenos Aires, le 17 décembre 1936, de Mario, employé des chemins de fer, et de Regina Sivori, l’un et l’autre d’origine italienne, venus du Piémont dans les années 1920. De santé fragile, grand dévot de saint Laurent, honoré dans sa paroisse, Georges-Mario connut une enfance et une adolescence paisibles. Le petit garçon joue au football dans le club San Lorenzo, fondé en 1908 par un prêtre et qui a pris comme couleurs le rouge et le bleu de la Sainte Vierge.
 
Le gouvernement de Perón, renversé par les militaires en 1955, touchait à sa fin lorsqu’il obtint un diplôme d’ingénieur chimiste.
 
Après quelques mois de fiançailles avec une jeune fille qui lui avait procuré un emploi dans un laboratoire, il décidait d’entrer au séminaire de Villa Devoto, séminaire diocésain de Buenos Aires, pour s’y préparer au sacerdoce.
 
Condamné à l’âge de vingt ans à vivre avec un seul poumon, il respire difficilement. Il n’en postule pas moins son admission dans la Compagnie de Jésus. Il entre au noviciat le 11 mars 1958. Après ses années d’humanités au Chili, il obtient sa licence de philosophie à Buenos Aires, est professeur de lettres avant même d’entamer ses études de théologie au grand collège San José de San Miguel, dans la banlieue de Buenos Aires. Le 13 décembre 1969, il est ordonné prêtre. Il a trente-trois ans.
 
On doit observer que pendant ces dix années d’études « l’Ordre jésuite fait son aggiornamento. Il bascule dans la révolution, non violente, pour le moment, et déserte l’œuvre surnaturelle » (Georges de Nantes, Lettre à mes amis n° 242, Carême 1967). En effet, « en 1965, on espérait – les jésuites eux-mêmes – que leur nouveau Général empêcherait l’Ordre de sombrer dans une dégénérescence mentale semblable à celle des dominicains. Mais le Révérend Père Arrupe n’a pas attendu longtemps pour s’inscrire parmi les prophètes et engager sa Compagnie dans la marche aux mirages de la foi teilhardienne. » (Lettre à mes amis n° 208 du 14 juillet 1965, p. 5)
 
Après son “ troisième an ”, accompli en Espagne, Bergoglio devient maître des novices en 1972, puis, l’année suivante, provincial d’Argentine (31 juillet 1973). Il a trente-six ans. Au même âge, l’abbé Luciani, futur Jean-Paul Ier était nommé pro-vicaire général (pro : parce que décemment, à trente-six ans, c’est un peu jeune) et directeur diocésain de la catéchèse.
 
Il exercera cette charge jusqu’en 1979. Cependant, deux événements vont influer sur la courbe “ orthodromique ” de Bergoglio, l’un pour l’infléchir, l’autre pour la redresser.
 
En 1972, il s’inscrit comme militant au groupe péroniste, alors en plein essor, de la fameuse Garde de fer.
 
Un ami argentin qui était en contact direct avec le cardinal Bergoglio, nous écrivait en janvier 2003 : « On remarque qu’en 1973, lorsqu’il est provincial, c’est au moment de la montée du péronisme de droite, avec le retour de Juan Perón, décédé en 1974, auquel succéda sa femme Isabelle. La coïncidence ne semble pas due au hasard. Bergoglio fut très lié au groupe interne du parti péroniste appelé la “ Guardia de hierro ”, la Garde de fer (en référence à la “ Phalange ” roumaine). C’est sans doute la raison pour laquelle la Compagnie promut un homme en bonnes relations avec un parti qui s’était affronté férocement à l’Église. Il fallait trouver un moyen de rendre à César ce qui est à César. »
 
Ce correspondant ajoutait que les relations de Bergoglio avec les gouvernements militaires, particulièrement celui du général Videla, après son coup d’État du 24 mars 1976, entraînèrent un conflit au sein de la Compagnie. En effet, on accuse Bergoglio d’avoir dénoncé deux prêtres révolutionnaires, qui auraient été enfermés à l’école de Mécanique de l’armée (esma), brocardée par la propagande gauchiste. Ils auraient subi la torture, mais la vérité est qu’ils furent sauvés par Bergoglio qui empêcha leur exécution.
 
Ses biographes affirment que cette affaire fut la cause de sa descente aux enfers. Les années de disgrâce de Bergoglio (1980-1992) coïncident en effet avec l’avancée de la gauche radicale et la chute du gouvernement militaire néolibéral. À l’avènement d’un autre César, il était nécessaire de changer le visage de la Compagnie. Finalement, la réhabilitation de Bergoglio en 1992 coïncide avec le retour du péronisme sous la férule de Carlos Menem.
 
Le second événement décisif fut la rencontre avec le futur cardinal Quarracino, avec lequel il se lia d’amitié, et qui le relancera pour une nouvelle ascension, vingt ans après.
 
En 1972, l’abbé Quarracino était venu écouter une conférence donnée par Bergoglio. Il n’oubliera plus jamais le discours nationaliste et catholique de ce « jésuite calme, précis, d’une capacité et d’une vivacité mentale hors du commun ». Entre les partisans de la théologie de la Libération et ceux qui s’évadaient de la politique pour se réfugier dans une doctrine éthérée, pure de toute compromission, il cherchait une troisième voie qui réconciliât les partis opposés afin de combattre ce qu’il appelait « le danger de dissolution nationale ».
 
Ses premières paroles adressées urbi et orbi, à la Ville et à l’univers, de la loggia de Saint-Pierre, le 13 mars 2013, sont un appel à cette « fraternité », adressé au monde entier, cette fois, menacé par le chaos, la misère, la décomposition sociale.
 
En 1979, le Père Arrupe, général des jésuites, releva Bergoglio de sa charge de provincial. En cause : ses attitudes “ conservatrices ”. De fait, en ces années postconciliaires, où près de 30 % des étudiants et prêtres de la Compagnie quittèrent l’Église, Bergoglio donnait aux nouveaux qui entraient dans la Compagnie une formation plus rigoureuse, et structurée, qui s’accentua au cours de son deuxième mandat de trois ans, après 1976, quand son choix l’inclina à réagir dans un esprit nourri de l’ouvrage du Père Spicq, o. p., professeur d’Écriture sainte à l’université de Fribourg, Vie chrétienne et pèlerinage selon le Nouveau Testament (1977), lu, relu, annoté, souligné, par exemple ce passage, p. 154-155 :
 
« Le chrétien doit être fort car il a à lutter [...] d’autant plus qu’il aura à affronter le diable dont les stratagèmes sont terriblement captieux et agressifs [...]. Il ne s’agit pas seulement de gagner une bataille mais d’entreprendre une guerre prolongée contre le démon malgré toutes les vicissitudes, au moyen de renoncements et de multiples efforts, même héroïques dans les moments critiques. Mais en tenant compte que le bon soldat, après avoir accompli tous ses devoirs, demeure maître du champ de bataille, debout. D’où l’appel au combat du verset 14 d’Éphésiens 6 : Tenez-vous donc debout, avec la Vérité pour ceinture, la Justice pour cuirasse. ” »
 
Le résultat fut un modèle de structure jésuite différent de celui du reste de l’Amérique latine que reflète “ La confession d’un jésuite révolutionnaire ”, Eduardo Pellecer, reproduite dans nos colonnes en 1982 (CRC n° 177 en éditorial). Les jésuites formés par Bergoglio conservèrent le dogme de la foi, avec la pratique des sacrements et la “ Pastorale de fin de semaine auprès des pauvres ”.
 
À la fin de son cycle de provincial, Bergoglio fut remplacé par le Belge Swinnen, et assuma la charge de recteur des facultés de philosophie et de théologie de San Miguel pour trois ans. De là, il continua à exercer son influence sur la Compagnie, dont le nouveau provincial ne put rassembler suffisamment de suffrages pour l’éclipser. Pendant douze ans, il forma donc une génération de jésuites, marquant la Compagnie d’une empreinte appelée aujourd’hui à se renouveler et à s’étendre à l’Église entière... 
En 1985, se produisit un épisode qui ne cessa de troubler la relation de l’ex-provincial avec sa congrégation. Bergoglio fut envoyé dans une petite paroisse de Córdoba, dans une maison de la Compagnie, où il fut séquestré, interdit de prédication et de confession.
 
À ce coup, il perdit son influence dans la Compagnie et, lorsqu’il recouvra sa liberté, il demeura en soustraction d’obédience de la Province.
 
L’appel de Quarracino, archevêque de Buenos Aires, en le tirant de cet exil en 1992, le trouva prêt à étendre ce “ programme ” au diocèse de Buenos Aires. C’était au mois de mai. Comme il l’a raconté à l’Angélus de ce dimanche 17 mars 2013, place Saint-Pierre, il est arrivé en même temps que « la Vierge de Fatima ».
 
Nommé évêque auxiliaire puis coadjuteur, avec droit à la succession, Bergoglio brûlait la politesse à Mgr Aguer, archevêque de La Plata, pour devenir le cardinal au regard paisible, qui sait rire avec une franche cordialité, se réfugier dans le silence, mais aussi parler haut, tel Jean-Baptiste, face au pouvoir corrompu, depuis Carlos Menem jusqu’aux époux Kirchner...
 
« Le système est tombé dans un ample cône d’ombre. L’ombre du manque de confiance et les quelques promesses ressemblent à un cortège funèbre ; tous consolent la parenté, mais personne ne lève le mort. » (25 mai 2000)
 
Le compliment s’adressait au président Fernando de la Rúa, qui comprit peut-être le message puisqu’il consacra l’Argentine au Cœur Immaculé de Marie, lors de son pèlerinage à la Cova da Iria, le 17 novembre 2001.
 
À Kirchner : « Nous sommes prompts pour l’intolérance. Nous nous trouvons stagner dans nos discours et contre-discours, disposés à accuser les autres avant de nous réviser nous-mêmes. » (25 mai 2004) À quand un évêque français, pour tenir pareil langage à François Hollande ?
« UN ÉVÊQUE VÊTU DE BLANC »
Bergoglio est-il le Pape du Secret dont nous attendons le retour depuis la mort de Jean-Paul Ier ?
 
On ne pouvait pas ne pas y penser en le voyant paraître à la loggia, ne portant ni la mozette pontificale rouge, bordée d’hermine, ni la croix d’or, ni les chaussures rouges, et en constatant le lendemain, que, pour se rendre à la chapelle Sixtine, il s’est assis, “ en blanc ”, au second rang d’un minibus chargé de cardinaux, et qu’il a conservé la mitre épiscopale dans son blason.
 
En 1978, l’abbé de Nantes, notre Père, avait eu l’intuition de ce qui se tramait contre Jean-Paul Ier au moment d’écrire la chronique du premier mois de règne du “ nouveau saint Pie X qui s’ignore ” sous le titre prémonitoire “ Le Pape de l’holocauste ”. « L’holocauste est venu plus vite et autrement que j’allais dire, écrira-t-il, mais la vérité du sacrifice et la sainteté de la victime n’en sont pas moins manifestes, et décisifs les effets. » (Le saint que Dieu nous a donné, no 134, octobre 1978, éditorial)
 
La même pensée est venue au cardinal Etchegaray, auquel l’élection du pape François a inspiré de lui adresser cette prière :
 
« Pourquoi le peuple immense qui te découvre sur la loggia des bénédictions reconnaît en toi le successeur de Pierre et t’aime déjà comme un Père ? À côté de moi, je surprends un cri : Il est si simple que j’ai envie de l’embrasser. ”
 
« Je te vois silencieux, les bras ballants. Je pense à l’ “ Ecce Homo ”, l’homme de la Passion, et j’aurais envie d’essuyer tes larmes, car certains jours tu ne pourras nous les cacher. » (La Croix, 16-17 mars)
 
Déjà, il est en butte à la contradiction. Non seulement venue de l’extérieur, de la gauche anticléricale l’accusant de connivence avec la junte militaire argentine, mais jusque dans sa propre maison, et pas uniquement de la part des progressistes ; les intégristes sont peut-être les plus féroces.
Mais le Pape François le sait. Il en a averti les cardinaux :
LA FOI CATHOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS
Homélie devant les cardinaux à la chapelle Sixtine, jeudi 14 mars.
 
« Dans ces trois lectures, je vois qu’il y a quelque chose de commun : c’est le mouvement. Dans la première lecture, le mouvement sur le chemin ; dans la deuxième lecture, le mouvement dans l’édification de l’Église ; dans la troisième, dans l’Évangile, le mouvement dans la confession. Marcher, édifier, confesser. Marcher. “ Maison de Jacob, allons, marchons à la lumière du Seigneur. ” (Is 2, 5) C’est la première chose que Dieu a dite à Abraham : Marche en ma présence et sois irrépréhensible. Marcher : notre vie est une marche et quand nous nous arrêtons, cela ne va plus. Marcher toujours, en présence du Seigneur, à la lumière du Seigneur, cherchant à vivre avec cette irréprochabilité que Dieu demandait à Abraham, dans sa promesse. Édifier. Édifier l’Église. On parle de pierres : les pierres ont une consistance ; mais des pierres vivantes, des pierres ointes par l’Esprit-Saint. Édifier l’Église, l’Épouse du Christ, sur cette pierre angulaire qui est le Seigneur lui-même. Voici un autre mouvement de notre vie : édifier.

« Troisièmement, confesser. Nous pouvons marcher comme nous voulons, nous pouvons édifier de nombreuses choses, mais si nous ne confessons pas Jésus-Christ, cela ne va pas. Nous deviendrons une ONG compatissante, mais non l’Église, Épouse du Seigneur. Quand on ne marche pas, on s’arrête. Quand on n’édifie pas sur les pierres, qu’est-ce qui arrive ? Il arrive ce qui arrive aux enfants sur la plage quand ils font des châteaux de sable, tout s’écroule, c’est sans consistance. Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, me vient la phrase de Léon Bloy : “ Celui qui ne prie pas le Seigneur, prie le diable. ” Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon. Marcher, édifier -construire, confesser.

« Mais la chose n’est pas si facile, parce que dans le fait de marcher, de construire, de confesser, bien des fois il y a des secousses, il y a des mouvements qui ne sont pas exactement des mouvements de la marche : ce sont des mouvements qui nous tirent en arrière. Cet Évangile poursuit avec une situation spéciale. Le même Pierre qui a confessé Jésus-Christ lui dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. Je te suis, mais ne parlons pas de Croix. Cela n’a rien à voir. Je te suis avec d’autres possibilités, sans la Croix. Quand nous marchons sans la Croix, quand nous édifions sans la Croix et quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur : nous sommes mondains, nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des papes, mais pas des disciples du Seigneur. Je voudrais que tous, après ces jours de grâce, nous ayons le courage, vraiment le courage, de marcher en présence du Seigneur, avec la Croix du Seigneur ; d’édifier l’Église sur le sang du Seigneur, qui est versé sur la Croix ; et de confesser l’unique gloire : le Christ crucifié. Et ainsi l’Église ira de l’avant. Je souhaite à nous tous que l’Esprit-Saint, par la prière de la Vierge, notre Mère, nous accorde cette grâce : marcher, édifier, confesser Jésus-Christ crucifié. Qu’il en soit ainsi. »
En 1992, Antonio Caponnetto publiait Le devoir chrétien de combattre et l’envoyait à Mgr Bergoglio, vicaire épiscopal de Buenos Aires. Celui-ci le remercia en ces termes :
 
« Je me félicite d’avoir entre les mains un tel ouvrage. C’est ce qu’il nous faut en ce moment où la tranquillité de la paix ” s’est adultérée dans sa signification. Tout est sacrifié sur les autels du pluralisme et de la convivialité ” où le Décalogue se réduit finalement au chacun pour soi ”. »
 
Le prélat citait ensuite des exemples tirés de l’actualité argentine, puis il continuait :
 
« Il y a des choses qui ne sont pas négociables.
 
« Combien il nous faudrait aujourd’hui une vieille maccabéenne qui, avec ses entrailles déchirées par la douleur, ait le courage de se moquer du tyran avec ses sept fils. Certes, la vieille ne leur parlait pas de pluralisme ni de convivialité. L’Écriture nous dit, et elle le dit deux fois, qu’elle leur parlait dans sa langue maternelle. ” Et la langue maternelle c’est celle que nous tétons avec la grâce du baptême, qui nous donne la grâce et le courage pour les combats. Combien nous aurions besoin aujourd’hui que vienne une autre Judith qui nous chante ” l’histoire des vainqueurs que nous portons en nous, comme elle le fit avec ces anciens corrompus qui voulaient pactiser lâchement. Elle leur parla clairement et ensuite elle ne louvoya ni n’esquiva, ne négocia pas, ne rusa pas.
 
« Que la Sainte Trinité, que nous avons la grâce d’adorer toujours, ait pitié de nous et ne permette pas que nous imitions ces fils rebelles ” qui surgirent en Israël (1 M 11, 14) et qui, pour paraître modernes ” pactisèrent et rendirent un culte au pluralisme et à la convivialité. »
« LA PAUVRETÉ SAUVERA L’ÉGLISE »
C’est aussi à l’école du pape Luciani que l’abbé de Nantes, notre Père, écrivait en août 1984, après avoir tenté vainement d’obtenir audience du pape Jean-Paul II en 1983 :
 
« Je ne dirai plus avec Dostoïevski : C’est la Beauté qui sauvera le monde. Ni avec Maurras : C’est la Monarchie qui sauvera le monde. Je ne dirai plus, comme je l’ai de moi-même pensé et répété : C’est la Foi qui sauvera le monde. Maintenant, je vois dans la douce lumière du premier Pape martyr de l’ère capitaliste moderne : C’est par la Pauvreté que l’Église romaine, purifiée, sauvera le monde. Tel est le véritable testament de Jean-Paul Ier. » (CRC n° 203, août 1984, p. 7)
 
Vingt ans plus tard, j’appliquais cette prospective à la patrie de Bergoglio :
 
« L’Argentine, pays réduit à la pauvreté pour cause de retour à la démocratie, paraît avoir hérité de cette béatitude évangélique, par le jeu de la parité du peso avec le dollar, pour son salut. Son cardinal-primat, Jorge Mario Bergoglio, archevêque de Buenos Aires, propose aux fidèles une méditation pleine d’espérance, valant aussi bien pour toutes les nations de la terre aujourd’hui menacées d’une crise semblable, particulièrement l’Europe avec son “ euro fort ”. Il ne cesse de montrer à son peuple le chemin du salut, non pas dans l’assistance des organisations internationales, mais dans la sauvegarde de son identité nationale. “ La constitution d’une famille humaine solidaire et fraternelle est une utopie ”, déclare-t-il. Pour ne pas laisser l’Argentine, catholique à 92 %, se dissoudre dans la misère, le chaos, la décomposition sociale, il l’invite à secouer sa torpeur en réagissant contre le phénomène de “ globalisation ” par lequel, “ de Bangkok à Sao Paulo, tout le monde écoute les mêmes émissions, suit les mêmes modes et les mêmes mots d’ordre ”.
 
Au plus loin de la “ théologie de la libération ”, qui sévit encore en Amérique latine, il exhorte les Argentins à travailler, à se taire et à souffrir, en leur montrant la Croix, et en rappelant que l’espérance chrétienne ne s’appuie pas sur les seules forces humaines, mais qu’elle obtient tout de Dieu :
 
« “ Si nous adhérons à l’Évangile, nous savons que ce qui nous apparaît un échec peut être un chemin vers le salut. Dans le moment décisif que nous vivons et qui nous angoisse, nous devons reconnaître la présence de Dieu et ce moment peut être une grâce pour nous. ” » (Message sur l’éducation, prononcé le 10 avril 2002 à la fin de la messe célébrée à la cathédrale de Buenos Aires, cité dans Il est ressuscité n° 10, mai 2003, p. 4)
 
L’occurrence des lectures du jeudi 14 mars 2013, premier jour du pontificat de François, lui traçait son programme, avec le récit de l’adoration du Veau d’or par le peuple d’Israël dans le désert (Ex 32, 7-14) et de l’intercession de Moïse en faveur de ce peuple idolâtre et apostat ! À cet égard, l’Argentine est un cas d’école, auquel répond le choix du nom de François, comme le Pape l’a expliqué aux journalistes le samedi 16 mars :
 
« Dans la Sixtine, j’avais à côté de moi le cardinal Claudio Hummes, l’ancien archevêque de Sao Paulo et ancien Préfet de la congrégation pour le clergé, un grand ami, vraiment un grand ami ! Lorsque les choses sont devenues dangereuses pour moi, il m’a rassuré et encouragé. Et lorsqu’on est arrivé aux deux tiers des votes, et que les cardinaux ont applaudi le Pape élu, cet ami m’a dit en m’embrassant : N’oublie jamais les pauvres ! ” Cela s’est imprimé dans mon esprit et j’ai immédiatement pensé au Poverello. J’ai pensé aux guerres, alors que le scrutin reprenait jusqu’à un vote unanime, j’ai pensé à François, l’homme de la paix, l’homme qui aimait et protégeait la nature. Alors que l’humanité a un rapport tellement médiocre avec la création ! Il est l’homme diffusant l’esprit de la paix, l’homme pauvre. Combien je désire une Église pauvre pour les pauvres ! ” »
« À MOITIÉ TREMBLANT, D’UN PAS VACILLANT »
Homélie du pape François, 19 mars 2013.
 
« Chers frères et sœurs !
 
« Je remercie le Seigneur de pouvoir célébrer cette Messe de l’inauguration de mon ministère pétrinien en la solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie et Patron de l’Église universelle : c’est une coïncidence très riche de signification, et c’est aussi la fête de mon vénéré Prédécesseur : nous lui sommes proches par la prière, pleins d’affection et de reconnaissance (applaudissements). »
 
On sent que c’est sincère : une affection « sans feinte », comme dit saint Paul (2 Co 6, 6). Le Pape a du cœur. Il est un cœur :
 
« Je salue avec affection les frères cardinaux et évêques, les prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses et tous les fidèles laïcs », comme il est annoncé dans le troisième secret de Fatima : « ... des messieurs et des dames de rangs et de conditions différentes ».
 
« Je remercie de leur présence les représentants des autres Églises et communautés ecclésiales »... Qu’es aco ? Il y a donc d’autres “ Églises ” que l’Église catholique romaine ? Jésus-Christ a-t-il plusieurs épouses ?
 
« ... de même que les représentants de la communauté juive et d’autres communautés religieuses. J’adresse mon cordial salut aux chefs d’État et de gouvernement, aux délégations officielles de nombreux pays du monde et au corps diplomatique. » Le monde entier est là, aux pieds du Pape, suspendu à sa parole.
JOSEPH « GARDIEN ».
« Nous avons entendu dans l’Évangile que Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse ” (Mt 1, 24). Dans ces paroles est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien. Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné le bienheureux Jean-Paul II : Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est consacré avec joie à l’éducation de Jésus-Christ, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle. ” »
 
C’est trop peu dire : elle en est la personnification. Mais il y a plus grave : le pape François ne dit pas « de quoi » Joseph est le gardien, à savoir de la virginité de Marie, dont il est le garant, le témoin.
 
Pourquoi le Pape ne le dit-il pas ? J’ai montré naguère que ce point était l’objet d’une tradition immémoriale, à l’encontre des négations modernes et modernistes dont le dominicain François Refoulé s’est fait le rapporteur impie (L’outrage suprême à la bienheureuse Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, CRC n° 316, octobre 1995 ; Bible, Archéologie, Histoire, t. 2, p. 53-64).
 
Benoît XVI ayant nommé à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi un partisan de la virginité “ spirituelle ” de Marie, laissant ouverte la question de sa virginité physique, François renonce-t-il lui-même à s’en porter garant à la suite de saint Joseph, devant ce parterre de cardinaux dont certains n’y croient pas eux-mêmes, sans parler des « représentants des autres Églises et communautés ecclésiales » ? Cruelle interrogation, doute affreux que la suite de l’homélie ne fera qu’aggraver.
 
« Comment Joseph exerce-t-il cette garde ? Avec discrétion, avec humilité, dans le silence... » et chasteté, non ? Eh bien, non ! Ce mot n’est pas venu sous la plume du Pape... parce que la chose n’est pas sûre à ses yeux ? Vient ensuite une énumération des événements que nous méditons dans les mystères joyeux de notre Rosaire :
« ... mais par une présence constante et une fidélité totale, même quand il ne comprend pas. Depuis son mariage avec Marie jusqu’à l’épisode de Jésus, enfant de douze ans, dans le Temple de Jérusalem, il accompagne chaque moment avec prévenance et avec amour. Il est auprès de Marie son épouse dans les moments sereins et dans les moments difficiles de la vie, dans le voyage à Bethléem pour le recensement et dans les heures d’anxiété et de joie de l’enfantement ; au moment dramatique de la fuite en Égypte et dans la recherche inquiète du fils au Temple ; et ensuite dans le quotidien de la maison de Nazareth, dans l’atelier où il a enseigné le métier à Jésus.
« Comment Joseph vit-il sa vocation de gardien de Marie, de Jésus, de l’Église ? Dans la constante attention à Dieu, ouvert à ses signes, disponible à son projet, non pas tant au sien propre ; et c’est cela que Dieu demande à David, comme nous l’avons entendu dans la première Lecture : Dieu ne désire pas une maison construite par l’homme, mais il désire la fidélité à sa Parole, à son dessein ; c’est Dieu lui-même qui construit la maison, mais de pierres vivantes marquées de son Esprit. Et Joseph est gardien ”, parce qu’il sait écouter Dieu, il se laisse guider par sa volonté, et justement pour cela il est encore plus sensible aux personnes qui lui sont confiées, il sait lire avec réalisme les événements, il est attentif à ce qui l’entoure, et il sait prendre les décisions les plus sages.
« En lui, chers amis, nous voyons comment on répond à l’appel de Dieu, avec disponibilité, avec promptitude, mais nous voyons aussi quel est le centre de la vocation chrétienne : le Christ ! »
Et non pas l’homme, contrairement au concile Vatican II selon lequel « croyants et incroyants sont généralement d’accord sur ce point : tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et à son sommet » (Gaudium et spes 12, 1). Non, le pape Bergoglio n’est pas « d’accord » ! Deo gratias !
 
« Nous gardons le Christ dans notre vie, pour garder les autres, pour garder la création ! »
Et Jésus, et Marie ? Oubliés ! pour une raison bien simple :
« La vocation de garder, cependant, ne nous concerne pas seulement nous les chrétiens, elle a une dimension qui précède et qui est simplement humaine, elle concerne tout le monde. C’est le fait de garder la création tout entière, la beauté de la création, comme il nous est dit dans le livre de la Genèse et comme nous l’a montré saint François d’Assise : c’est le fait d’avoir du respect pour toute créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons. »
Où l’on voit que le pape François n’est pas encore vraiment franciscain. Il est jésuite : il parle à ce parterre d’Excellences, de toutes provenances, de ce qui est à la mode : langage “ écolo ” parfaitement adapté aux programmes démagogiques de leur gouvernance. Mais si nous obtenons de lui l’attention qu’il se promet d’accorder à tous, comme il va le dire, peut-être aurons-nous l’occasion de lui faire lire et adopter la théologie franciscaine de l’abbé de Nantes, selon laquelle « toute beauté créée est d’expression incréée », et nous ramène donc à Jésus, selon « la stupéfiante thèse bonaventurienne : “ Omnis creatura clamat generationem æternam ”. Toute créature clame la génération éternelle du Verbe, Fils de Dieu, Dieu de Dieu, par le Père. Mais évidemment nul n’entend bien cette clameur s’il n’a les oreilles ouvertes par la grâce de Dieu, les oreilles, les yeux de la foi ! » (G. de Nantes, Une mystique pour notre temps, CRC n° 125, janvier 1978, p. 9) C’est ce qui manque ici : la confession de foi du pape François recommandée par lui aux cardinaux le jeudi précédent !
« C’est le fait de garder les gens, d’avoir soin de tous, de chaque personne, avec amour, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. C’est d’avoir soin l’un de l’autre dans la famille : les époux se gardent réciproquement, puis comme parents ils prennent soin des enfants et avec le temps aussi les enfants deviennent gardiens des parents. C’est le fait de vivre avec sincérité les amitiés, qui sont une garde réciproque dans la confiance, dans le respect et dans le bien. Au fond, tout est confié à la garde de l’homme, et c’est une responsabilité qui nous concerne tous. Soyez des gardiens des dons de Dieu ! »
Ce passage est admirable parce qu’il exprime tout le cœur de notre Saint Père le pape François. Et c’est vrai que depuis qu’il est là, nous ne sommes plus orphelins. Il ne s’agit plus de proclamer la “ dignité transcendante de la personne humaine ”, mais « d’avoir soin de tous, de chaque personne, avec amour », dans le tissu réel des relations qui la définissent, « dans la famille », étendue à tout le réseau des « amitiés » qui sont des « dons de Dieu ».
Ce qui manque pourtant à cette déclaration d’amour qui nous touche parce qu’elle est vraie, c’est la « confession » recommandée aux cardinaux le 14 mars à la Sixtine. La suite de l’homélie le montre bien :
« Et quand l’homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères, alors la destruction trouve une place et le cœur s’endurcit. À chaque époque de l’histoire, malheureusement, il y a des Hérode ” qui trament des desseins de mort, détruisent et défigurent le visage de l’homme et de la femme. » Suivez mon regard ! En face du Pape, Cristina Kirchner, présidente de l’Argentine, qu’affronta naguère l’archevêque de Buenos Aires sur la question de l’avortement, reçoit la flèche en plein cœur.
Ce qui manque, c’est l’exercice par Pierre, du pouvoir de lier et de délier qui est le sien. Au lieu des foudres qu’il détient en sa main, mais dont il ne fera pas usage, voici une invitation lénifiante :
« Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes gardiens ” de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour garder ” nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes ! (applaudissements) Rappelons-nous que la haine, l’envie, l’orgueil souillent la vie ! Garder veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui construisent et celles qui détruisent ! Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse ! »
Application immédiate : le pape François ne pourrait-il pas profiter de la polémique qui refait surface contre lui, affirmant que c’est le Vatican qui a libéré les deux prêtres susdits et non Bergoglio ? Ne pourrait-il dire que maintenant le Vatican c’est lui, et par conséquent le Vatican exige la libération des prêtres actuellement prisonniers en Argentine ? Par exemple l’ancien aumônier de la Police sous Videla, qui n’a même pas le droit de dire la Messe ! et qu’il dise aux évêques d’Argentine de permettre aux prêtres d’aller visiter les “ prisonniers de guerre ” alors que cela leur est interdit pour éviter les représailles ?
« Tendresse et dévotion », disait l’abbé de Nantes, notre Père. Et sous le nom de “ dévotion ”, il faut entendre la « confession de foi » cruellement absente ici, faute de laquelle il est vain de faire appel aux bons sentiments de nos gouvernants, de Jean-Marc Ayrault qui écoute cela sans état d’âme !
« Et ici j’ajoute alors une remarque supplémentaire : le fait de prendre soin, de garder, demande bonté, demande d’être vécu avec tendresse. Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son âme émerge une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse ! (applaudissements)
LE PAPE, GARDIEN DE L’ÉGLISE.
« Aujourd’hui, en même temps que la fête de saint Joseph, nous célébrons l’inauguration du ministère du nouvel Évêque de Rome, Successeur de Pierre, qui comporte aussi un pouvoir. Certes, Jésus-Christ a donné un pouvoir à Pierre, mais de quel pouvoir s’agit-il ? À la triple question de Jésus à Pierre sur l’amour, suit une triple invitation : sois le pasteur de mes agneaux, sois le pasteur de mes brebis. N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le Pape aussi pour exercer le pouvoir doit entrer toujours plus dans ce service (applaudissements) qui a son sommet lumineux sur la Croix ; il doit regarder vers le service humble, concret, riche de foi, de saint Joseph et comme lui, ouvrir les bras pour garder tout le Peuple de Dieu et accueillir avec affection et tendresse l’humanité tout entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits (applaudissements), ceux que Matthieu décrit dans le jugement dernier sur la charité : celui qui a faim, soif, est étranger, nu, malade, en prison (cf. Mt 25, 31-46). Seul celui qui sert avec amour sait garder ! »
Ce verbe tombe ici sans complément d’objet, comme s’il était intransitif. « Garder » quoi ?
De même que le Pape a omis de préciser ce qui était commis à la « garde » de saint Joseph : la virginité de Marie, ici est omise la désignation du trésor commis à la garde de saint Pierre et de ses successeurs : la virginité de la foi, en vertu du commandement du Seigneur (Lc 22, 32).
« Dans la deuxième Lecture, saint Paul parle d’Abraham qui, “ espérant contre toute espérance, a cru ” (Rm 4, 18). Espérant contre toute espérance ! Aujourd’hui encore devant tant de traits de ciel gris, nous avons besoin de voir la lumière de l’espérance et de donner nous-mêmes espérance. »
Quelle ? L’espérance du Ciel ? Non pas.
« Garder la création, tout homme et toute femme, avec un regard de tendresse et d’amour, c’est ouvrir l’horizon de l’espérance, c’est ouvrir une trouée de lumière au milieu de tant de nuages »... vers le Ciel ? Non pas. Seulement vers le soleil : « ... c’est porter la chaleur de l’espérance ! »
« Et pour le croyant, pour nous chrétiens, comme Abraham, comme saint Joseph, l’espérance que nous portons à l’horizon de Dieu qui nous a été ouvert dans le Christ, est fondée sur le rocher qui est Dieu. »
 
Et c’est quoi ? Il ne le dira pas, lui qui est pourtant le “ roc ” sur lequel Jésus a bâti son Église. Il n’a pas parlé du Ciel ! Et pourtant il a engagé les cardinaux à « marcher », mais sans dire vers quel but ! Peut-être n’a-t-il jamais lu sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus : « Marchons en paix en regardant le Ciel, l’unique but de nos travaux. » (Lettre à Céline, 27 avril 1889)
 
« Garder Jésus et Marie, garder la création tout entière, garder chaque personne, spécialement la plus pauvre, nous garder nous-mêmes. »
 
De quoi ? De l’enfer ? Ni le mot, ni la chose ne sont venus à la pensée du Pape.
 
« Voici un service que l’Évêque de Rome est appelé à accomplir, mais auquel nous sommes tous appelés pour faire resplendir l’étoile de l’espérance : gardons avec amour ce que Dieu nous a donné ! »
 
Ni Ciel, ni enfer. On comprend le souci de la Vierge Marie descendant du Ciel le 13 mai 1917 à la Cova da Iria, et faisant voir et entendre les cris sortis de l’enfer à François, Lucie et Jacinthe le 13 juillet, et leur disant : « Sacrifiez-vous pour les pécheurs, et dites souvent à Jésus, spécialement lorsque vous ferez un sacrifice : “ Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péchés, préservez-nous du feu de l’enfer, et conduisez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde. ” »
 
Que ce soit notre façon de mettre en pratique la conclusion du pape François :
 
« Je demande l’intercession de la Vierge Marie, de saint Joseph, des saints Pierre et Paul, de saint François, afin que l’Esprit-Saint accompagne mon ministère, et je vous dis à tous : priez pour moi ! Amen. »
 
frère Bruno de Jésus-Marie