Abbé Beauvais |
Les faux docteurs, et ils sont légions, et ils sont partout, ce sont les docteurs, les poètes, les moralistes de l'impiété, et les prophètes hébreux étaient ces trois choses : docteurs, poètes, moralistes. Notre Seigneur a prédit que dans les derniers temps il y aurait une nuée de faux prophètes. De fait il suffit de parcourir n'importe quelle librairie, dite catholique, en particulier, par exemple, la Procure dite du Clergé, pour nous en rendre compte. En partant de tel Mahdi Mahatma, en passant par tel ou tel gourou, bonze, pasteur, imam, mormon et j'en passe, les rayons sont plein de leur encre fétide. Il y a donc toujours eu dans l'Eglise ceux que Notre Seigneur décrits comme venant à nous déguisés en agneaux et qui, au-dedans, ne sont que des loups rapaces; c'est-à-dire qu'ils viennent déguisés en pasteurs. Tous les hérétiques ont pris une partie de la doctrine de Jésus-Christ et en l'exagérant ils l'ont déformée ou l'ont transformée en poison. Beaucoup d'entre eux ont même eu l'apparence d'hommes pieux, généreux, non pas charitables mais altruistes, ils ont été et ils sont très habiles dans le maniement des mots, des phrases, différentes à chaque époque pour émouvoir le cœur du peuple. Ainsi liberté, égalité, Fraternité. Que de crimes n'a-t-on pas commis au nom de ces grands mots? Ou encore démocratie, justice sociale, prospérité, paix, droits de l'homme et toute une litanie de mots piégés. Contre ces mots il n'a pas toujours été facile de se prémunir comme par exemple du mot "dialogue" dans l'Eglise, là aussi que de ruines accumulées dans l'Eglise au nom du dialogue depuis 40, 50 ans!
Modernisme, hérésie de l'Antéchrist
Aujourd'hui dans l'Eglise et hors de l'Eglise, il y a une hérésie moderne, occulte qui résume toutes les autres, toutes les anciennes hérésies, comme par exemple le pélagianisme et le luthéranisme, et cette hérésie moderne est plus dangereuse que toutes les autres, c'est, vous le savez, le modernisme: le naturalisme religieux, le progressisme! Elle consiste simplement à supprimer le surnaturel, et à diviniser le naturel.
Pélage, le pélagianisme
C'est ce qu'avait fait le premier de tous, un homme nommé Pélage, dés le IVème siècle. Cette hérésie centrale est le fond commun, le ciment de toutes les formes du naturalisme hérétique actuel. Elle a mis forme un petit peu comme un livre aux sept têtes, beaucoup d'entre elles sont contraires, se contrarient entre elles, apparemment, se heurtent entre elles. Ainsi le sale optimisme de Jean-Jacques Rousseau ou le pessimisme affreux de Freud. L'athéisme furieux de Bertrand Russel et le piétisme doucereux de Tyrrell et de Loisy. Prenez un exemple, le libéralisme et le communisme, le libéralisme qui en apparence seulement est une doctrine économique et politique, mais qui en réalité est une hérésie, une nouvelle religion qui a pour objet le culte de la liberté. Libéralisme et communisme, se disputent, s'attaquent férocement mais ces deux systèmes, ces deux idéologies apparemment opposées, ont évidemment un fond commun, l'homme faisant abstraction de Dieu. Que l'homme soit un animal rationnel ou pour le communisme, un animal économique, il n'a rien à voir avec Dieu.
Le naturalisme consiste donc à tout faire pour que l'homme soit indépendant de Dieu. Or rendre l'homme indépendant de Dieu, c'est cela l'essence du péché. Si l'on approfondit un petit peu cette question du naturalisme, ou sa forme ancienne avec Pélage et sa forme nouvelle avec Rousseau, on peut dire aussi qu'entre les deux il y a Luther. Pélage était un moine anglais, suprêmement orgueilleux et menteur, grand orateur, d'une nature très avantagée, comme disait Saint-Augustin. Et Pélage désira rencontrer Saint-Augustin à Hippone, ne le trouvant point, il lui écrivit plusieurs lettres. Au début même saint-Augustin se laissa avoir, quoique peu par ses arguments, mais ensuite il devint son principal adversaire et l'annihila doctrinalement parlant, avec ses 3 livres contre les Pélagiens. Le principal de ces livres étant: De la grâce, du Christ et du péché originel. Ce fut la dernière campagne de l'évêque d'Hippone contre les hérésies. Pélage niait simplement le péché originel et la grâce du Christ; ensuite comme les églises se soulevèrent contre lui, il admit la grâce et le péché d'Adam, mais du bout des lèvres. Pour lui la grâce c'était la nature humaine et le péché d'Adam n'était pas héréditaire. Et Pélage parcourut sa vie, biaisant, tergiversant, se soumettant par simulacres, donnant du fil à retordre à six papes et à quelques vingt conciles provinciaux. Et sa doctrine se diffusa partout, se prolongea, envahissant surtout la Gaule avec les semi-pélagiens.
Jean-Jacques Rousseau, le naturalisme
Chez Pélage était déjà contenu Jean-Jacques Rousseau, comme en germe car s'il n'y a pas de péché originel la grâce est vaine, les sacrements inutiles, la rédemption du Christ n'a servie à rien, l'Eglise encore moins et vous pouvez partir.
L'homme est naturellement bon et n'a qu'à suivre les élans de son cœur pour atteindre le but, dira plus tard Rousseau. Et 14 siècles après cette hérésie théologique qui apparaît purement théorique, Rousseau ajoutera la pratique. C'est-à-dire la corruption du christianisme. Rousseau était un homme faible, mou, corrompu, à demi-fou, à la fin de sa vie totalement fou. Probablement suicidé; on a même un auteur espagnol, Menendes Pelayo, dans le tome IV de son livre les hétérodoxes espagnols, écrit que Rousseau était moins canaille que Voltaire, mais fit beaucoup plus de dommages. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux, la nature humaine est bonne, c'est la société qui la corrompt, voilà ce qu'a dit et écrit Rousseau. Et on peut se demander d'où il a pu sortir ces insanités. Sans doute de sa propre nature, bonne, bien entendu! Rousseau était très bon, très bon, avec un cœur qui n'était qu'abîme de bonté à tel point que quoiqu'il fasse tout était choses bonnes, même d'abandonner l'un après l'autre à la rue, les cinq fils qu'il eut de sa servante.
Alors cette aberration qui prétend qu'en aimant Dieu on reste bon, même en commettant des horreurs, est une hérésie du XVIIème siècle, le quiétisme de Michel de Molinos, qui était un prêtre espagnol résidant à Rome, qui prétendait être directeur spirituel, avait de nombreux pénitents et pénitentes, et jouissait d'une grande renommée à Rome. Jusqu'au jour où l'on découvrit qu'il enseignait en secret qu'on pouvait commettre toutes sortes de péchés charnels, tant qu'on gardait la pensée fixée en Dieu, ce n'était point des péchés. Et il donnait l'exemple! L'Inquisition l'emprisonna fort heureusement, et il mourut en prison. Ce n'était donc, ni plus ni moins, qu'un simple délinquant. Puis c'est Madame de Warens, l'une des maîtresses de Rousseau qui enseigna le quiétisme. Madame de Warens avait été appelée à raison, la mère du modernisme. Elle et Rousseau ont corrompu le Christianisme en le convertissant en un sentimentalisme, une sensiblerie, et une complaisance fangeuse de soi-même. Et ainsi progressa le naturalisme, se diversifiant sous mille facettes, mais toutes avec un fond commun depuis l'indifférence jusqu'à l'anticléricalisme furieux et entre ces deux extrêmes, toutes sortes d'erreurs.
Et c'est ainsi qu'est venue se façonner, peu à peu, à travers les siècles, l'hérésie de l'Antéchrist. Compendium de toutes les hérésies et qui consiste dans l'adoration de l'homme au lieu de Dieu. On convertit d'abord le Christianisme en quelque chose d'inutile en y enlevant le surnaturel ensuite on s'empare de l'écorce après avoir vidé les dogmes de leur sens, après les avoir réduits à de purs symboles, à des images poétiques ou à des souvenirs historiques, et enfin, vient la troisième étape, le remplissage du vide du surnaturel par le naturel. La substitution de Dieu par l'homme.
L'homme est un être essentiellement dépendant et il sent sa dépendance. S'il refuse sa vraie dépendance à Dieu, il se choisira d'autres dieux de qui dépendre et adorera, ou l'Etat ou la raison, ou la science, ou l'esthétique, œuvres de l'homme et finalement il adorera l'homme à qui il donnera le nom d'Humanité avec un grand "H", ou de liberté ou de fraternité!
"Par leurs fruits vous les reconnaîtrez"
Alors face à cette chute universelle que faire? Affirmer avec fermeté et même avec insolence le surnaturel! De là dépend notre salut. Affirmer que sans Jésus-Christ nous ne pouvons rien, que Dieu est terrible même s'Il est miséricordieux, qu'il y a un salut éternel et une perdition éternelle. Que sans religion il n'y a pas de vraie morale; que sans l'Eglise il n'y a pas de salut; que seul Dieu peut nous sauver du néant; et le néant est en nous, c'est cela qu'il faut affirmer! C'est à dire tout le Credo, le Credo des choses visibles et invisibles avec toute sa kyrielle de miracles et de mystères.
"Par leurs fruits vous les reconnaîtrez", dit Notre-Seigneur! Les œuvres, en effet ne mentent pas. Les mauvais fruits c'est d'abord la mauvaise vie et les vices des hérésiarques et ensuite les perturbations morales et sociales que produisent les hérésies. Par la conduite des hérésiarques, par les conséquences et les effets de leurs doctrines, on peut les reconnaître. Les fruits amers, par exemples les fruits amers de la nuée des pseudos prophètes qui surgissent dés la fin du XVIIIème siècle sous la forme des fléaux les plus terribles en brandissant les mots de tolérance, de progrès, de siècle des lumières, ces fruits amers nous les connaissons et nous en souffrons aujourd'hui. Si nous regardons comme mauvais fruits les perturbations sociales, il suffit de voir notre époque qui a sa racine dans cette révolution dite française, et dans les doctrines hérétiques des encyclopédistes du XVIIIème siècle, Révolution que certains prennent encore pour le plus grand anniversaire de l'humanité dans les temps modernes. Il me plait alors de rappeler ce que disait un grand historien du nom de Jacques Bainville: quand il voyait une Français célébrer le 14 juillet il se rappelait cet homme qui chaque année fêtait l'anniversaire du jour où il avait attrapé la fièvre typhoïde. Combien de vrais prophètes faudra-t-il aux millions de Français conduits par de faux prophètes pour cesser de fêter une fièvre qui nous a été doublement fatale par deux grandes guerres mondiales atroces qui en sont le fruit amer. Oui les conséquences du siècle des lumières, si acclamé, ce furent ces deux guerres et une décomposition générale du monde en 45 qui annonce une guerre pire encore. La fameuse tolérance de Voltaire se termina dans toutes sortes de persécutions, la liberté de toutes les manières et pour tous, l'égalité pour tous, le mariage pour tous, a produit et produit les plus grands despotismes et les tyrannies les plus cruelles, à commencer par l'Etat totalitaire théorisé par Hegel. La paix perpétuelle de Kant n'avait servi qu'à produire la guerre froide, les mauvaises doctrines, acceptées, clamées sans limite par des peuples enivrés ont disloqué toute l'ossature du monde. Et ce monde s'agite aujourd'hui malade, plein d'angoisses, plus enivré que jamais d'un plaisir fugace pour oublier sa misère...
"Recueille-t-on des raisins sur un roncier ? Et des figues sur des chardons?" (Matthieu VII) Et qu'a produit ce printemps qu'on espérait du concile Vatican II ? Il n'y a pas eu de printemps, mais un hiver qui dure... .
Les pseudo-prophètes promettent toujours des choses faciles et alléchantes. L'amour !... L'amour !... La paix entre les peuples... mais non plus la Croix Rédemptrice. Ces pseudo-prophètes vivent et s'engraissent de ces promesses, et prospèrent par elles. C'est cela que les Prophètes Isaïe et Jérémie reprochent à leurs persécuteurs et aux faussaires: qu'ils sont simplement des adulateurs.
Alors il est facile de promettre mille années de paix, ou un voyage sur la planète Mars, ou un accord avec une Rome qui n'a pas encore retrouvé la Foi. Il est toujours facile de se bercer d'illusions, mais gare aux faux prophètes!"
L'idolâtrie de la science
L'idolâtrie de la science qui domine encore notre époque est une évolution de la superstition du progrès qui fut le dogme euphorique du siècle passé. Et effectivement, le fameux progrès promis à grands cris par Condorcet ou Victor Hugo ne s'est vérifié dans aucun domaine, sauf dans celui de la technique qu'on appelle aujourd'hui, science. Mais la technique ne peut être ni adorée, ni vénérée, elle peut servir au bien ou au désastre, elle sert à faire des bombes au phosphore et des bombes atomiques, elle sert aussi aux vaccins contre la polio, mise sur une balance, les ruines épouvantables avec les biens qu'a donnés la technique du XXème siècle, je ne vois pas très bien, ce qu'a gagné le bien. Préserver un enfant de la paralysie infantile pour qu'ensuite il soit brûlé vif par une bombe au phosphore comme les enfants de Hambourg ou à l'uranium comme ceux d'Hiroshima, cela ne me paraît pas un très bon négoce!
La vénération de la science c'est ce qui a substitué la religiosité dans les masses contemporaines et on peut dire que c'est cela qui l'a détruite, c'est cela l'idolâtrie, or nous dit le deuxième commandement: "Tu n'adoreras pas l'œuvre de tes mains". La science actuelle est très différente de la science des Grecs ou de la science des grands siècles chrétiens. La science antique était une activité religieuse ou quasi religieuse, mue par un amour et dirigée vers le bien. Aujourd'hui la science est impersonnelle, inhumaine, exactement comme une idole, et depuis la deuxième étape de la Renaissance XVIème et XVIIème siècle, la conception de la science est celle d'une étude dont l'objet est situé en dehors du bien et du mal, et surtout en dehors du bien sans aucune relation avec le bien.
La science étudie les faits comme tels, les faits, la force, la matière, l'énergie. Tout cela sans relation avec l'homme et encore moins avec Dieu. Il n'y a rien dans son objet que le cœur de l'homme puisse aimer. Et à ce sujet elle est très éloquente cette confession amère d'Einstein qui dans les derniers jours de sa vie disait que s'il pouvait revenir à la vie, il serait plombier ou vendeur ambulant, mais non pas physicien. Malgré tout la physique lui donna tout ce que le scientifique lui demande: la gloire, la renommée, les honneurs, la considération et l'argent. Une idole ne peut pas donner plus que cela. On ne peut donc admirer la technique moderne d'une manière inconditionnelle, ni l'aduler pour paraître bien avec les foules ou apparaître comme un homme ouvert, avancé, et de son temps!
Au contraire il nous faut la regarder avec une certaine suspicion puisque dans l'Apocalypse sont annoncés les faux miracles de l'Antéchrist., lesquels ressemblent singulièrement aux miracles, entre guillemets, de la science actuelle. L'Apocalypse parle de la Bête de la terre habilitée à faire des prodiges extraordinaires jusqu'à faire descendre le feu du Ciel sur la terre. Nous ne savons pas qui sera cette bête de la terre, mais nous savons, nous savons que le Prophète la décrit comme ayant pouvoir de faire des prodiges, d'une part, et, à caractère religieux, trompeurs aussi, d'autre part, puisque l'Apocalypse parle de cette bête qui a deux cornes semblables à celles d'un agneau et qui parlait comme un dragon. Ce pouvoir, de cette personne particulière qui sera l'alliée de l'Antéchrist et qui le fera triompher, sera le dernier pseudo prophète. Et par ses fruits, par ses fruits, il faudra le reconnaître, car ses apparences seront celles d'un agneau. Alors il faut demander ce soir, Seigneur nous vous le demandons dans notre prière aujourd'hui, délivrez-nous des faux-prophètes! Donnez-nous l'acuité suffisante pour les reconnaître à leurs mauvais fruits. Des falsificateurs et des charlatans qui pullulent dans l'Eglise et dans la société, délivrez-nous Seigneur!
Ainsi soit-il.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, ainsi soit-il!
Abbé Xavier Beauvais