20 septembre 2013

[Jean-Marie Guénois - Le Figaro] Les questions que pose l'interview du pape François - François tourne-t-il le dos à la mouvance traditionaliste?

SOURCE - Jean-Marie Guénois - Le Figaro - 20 septembre 2013

[...]
François tourne-t-il le dos à la mouvance traditionaliste?
François ne donne pas d'importance à la liturgie, c'est-à-dire, la façon de célébrer la messe. Mais son pontificat est déjà en fort contraste sur ce point avec celui de Benoît XVI, marqué par l'échec d'une main tendue jusqu'au bout aux Lefebvristes et par une orientation doctrinale et liturgique où la sensibilité traditionaliste catholique se sentait parfaitement à l'aise.

Trois passages de l'interview indiquent un changement de cap radical, exprimé sans prendre de gants: «Si le chrétien est légaliste ou cherche la restauration, s'il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trouvera rien. La tradition et la mémoire du passé doivent nous aider à avoir le courage d'ouvrir de nouveaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd'hui ne cherche que des solutions disciplinaires, qui tend de manière exagérée à la “sûreté” doctrinale, qui cherche obstinément à récupérer le passé perdu, celui-là a une vision statique et non évolutive. De cette manière, la foi devient une idéologie parmi d'autres.»

Il ajoute: «Si quelqu'un dit qu'il a rencontré Dieu avec une totale certitude et qu'il n'y a aucune marge d'incertitude, c'est que quelque chose ne va pas. C'est pour moi une clé importante. Si quelqu'un a la réponse à toutes les questions, c'est la preuve que Dieu n'est pas avec lui, que c'est un faux prophète qui utilise la religion à son profit.»

Enfin, François ouvre explicitement la porte aux évolutions doctrinales: «la compréhension de l'homme change avec le temps et sa conscience s'approfondit aussi. (…) Les autres sciences et leur évolution aident l'Église dans cette croissance en compréhension. Il y a des normes et des préceptes secondaires de l'Église qui ont été efficaces en leur temps, mais qui, aujourd'hui, ont perdu leur valeur ou leur signification. Il est erroné de voir la doctrine de l'Église comme un monolithe qu'il faudrait défendre sans nuance.»