Comme il est l’unique ancien
supérieur général, celui qui a bénéficié de toutes les confidences du
fondateur, ses avis sont particulièrement écoutés au sein de la Fraternité. À
l’occasion de ses quarante années de sacerdoce, il est revenu sur sa longue
expérience aux côtés de Mgr Lefebvre. On y apprend, par exemple, qu’il
échangeait avec le cardinal Thiandoum sur leur père spirituel commun, mais
aussi qu’il a choisi avec Mgr Lefebvre les noms des candidats à l’épiscopat en
1988. Il aborde aussi la question de la normalisation des relations entre Rome
et la Fraternité et il explique notamment comment le fondateur de cette
dernière l’entrevoyait à l’heure où il transmettait le flambeau. Voici un
extrait de cet entretien publié
par l’agence DICI:
Mgr Lefebvre prévoyait très bien, après les consécrations épiscopales, la possibilité de nouveaux entretiens avec Rome. Un jour, au sujet de la direction future de la Fraternité et en particulier du Chapitre général à venir, en 1994, il m’a dit très précisément ceci : « Si Rome reprend à nouveau contact avec vous, il vaut mieux éviter qu’un évêque soit Supérieur général car il sera peut-être difficile pour les autorités romaines de traiter avec un évêque“excommunié” ; si ce n’est pas le cas, un évêque peut aussi reprendre la direction de la Fraternité ».
Il escomptait bien qu’un jour les choses se normaliseraient, et devraient se normaliser, eu égard en particulier à ce que montraient les faits : d’une part le déclin et la décomposition rapide et continuelle de l’Église officielle, de l’autre l’extension continuelle et le développement de la Fraternité. Justement en ce qui concerne de tels contacts, Monseigneur nous a précisé la marche à suivre : il ne peut y avoir aucun compromis sur la doctrine ni sur la foi catholique dans son intégralité, mais on peut faire preuve de souplesse lorsqu’il s’agit de l’application des principes. Autrement dit : fortiter in re, suaviter in modo [inflexible sur le fond, doux dans la manière]. Si les autorités romaines, et en particulier le pape lui-même, nous appellent à unir nos efforts pour rechristianiser la société, alors nous ne pourrons que nous en réjouir en veillant cependant à conserver notre intégrité, à rester tels que nous sommes.