Aletheia        n°15 - 24 juin 2001
I.        Communiqué de l’évêque de Troyes sur l’abbé de Nantes        (document).
II.        Mgr Fellay et Fideliter.
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Un        COMMUNIQUE de l’EVEQUE de TROYES
La        presse s’est fait l’écho, ces derniers jours, d’informations        relatives à l’abbé de Nantes. Elle l’a fait de façon déformée ou        tendancieuse. N’a-t-on pas entendu une grande radio périphérique        appeler son correspondant à Nantes pour lui demander d’évoquer “ le        cas de l’abbé Georges ” (sic).
A        titre d’information, je reproduis donc intégralement le communiqué de        l’évêque de Troyes qui a suscité cette vague nouvelle de        désinformation :
L’évêque        de Troyes communique
Suite        à un certain nombre de questions posées récemment, concernant Monsieur        l’abbé Georges de Nantes, pour couper court à toute autre rumeur, l’évêque        de Troyes communique ce qui suit :
I.        Par décret du 1er juillet 1997, l’évêque de Troyes, en vertu du canon        1720, décidait :
1.        La suspense a divinis infligée à Monsieur l’abbé Georges de        Nantes le 25 août 1966 demeure en vigueur.
2.        L’accès au sacrement d’eucharistie et de pénitence lui est interdit        dans le diocèse de Troyes*.
3.        Cette suspense et cet interdit ne seront levés que lorsqu’il aura        signé une rétractation en bonne et due forme des affirmations et        attitudes qui ont conduit à les établir, se mettant en accord avec le        précepte qui lui a été donné le 9 mai 1997.
4.        Cette suspense et cet interdit ont effet sur l’ensemble du diocèse de        Troyes, y compris les divers locaux de la “Maison S. Joseph”, à S.        Parres-les-Vaudes.
II.        Contre ce décret et le décret antérieur du 9 mai 1997, imposant un        précepte pénal à l’abbé de Nantes, celui-ci a institué un recours        hiérarchique devant la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.        Celle-ci, le 24 mars 1998, a répondu “ne pas accueillir l’appel”.
III.        L’abbé de Nantes, par une lettre du 24 mai 1998 et un libelle du 27 mai        1998, a déposé un recours contre ces deux mêmes décrets au Tribunal de        la Signature Apostolique.
Celui-ci,        le 7 octobre 2000, a lui aussi répondu que le recours de l’abbé        Georges de Nantes manque de fondement et doit être rejeté dès le        début.
Dès        lors les sanctions établies par le décret de l’évêque de Troyes en        date du 1er juillet continuent à être vigueur.
Fait        à Troyes le 21 avril 2001.
                                              + Marc STENGER
                                              Évêque de Troyes
Il        est rappelé que :
-        la “suspense a divinis” consiste principalement à interdire de        donner les sacrements (sauf s’il y a danger de mort).
-        l’ “interdit”  consiste principalement à interdire de        les recevoir.
*        En vertu du canon 1332 et du décret porté par la Congrégation pour la        Doctrine de la Foi le 24 mars 1998, l’interdit n’est plus territorial        mais personnel. Il a donc valeur pour l’Eglise Universelle.
Je        ne commenterai pas ce communiqué officiel. Je renvoie, pour de plus        amples informations, au bulletin du diocèse de Troyes, L’Eglise dans        l’Aube (3 rue du Cloître Saint-Etienne, 10042 Troyes),  n° 3,        mars 1997. Et à Résurrection. La Contre-Réforme Catholique au XXIe        siècle (10260 Saint-Parres-lès-Vaudes) pour le commentaire que fera        sans doute l’abbé de Nantes à ce communiqué.
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Mgr        FELLAY et FIDELITER
Le        22 juin m’est parvenue une lettre du directeur de la revue Fideliter        qui accompagnait et commentait une lettre de Mgr Fellay, Supérieur        général de la Fraternité Saint-Pie X. Celui-ci y demandait que soit mis        fin à ma collaboration à la revue. Comme les lecteurs de Fideliter        vont voir disparaître mon nom des pages sans, peut-être, en connaître        le motif, je crois utile, sans esprit de polémique, de publier ici la        lettre de Mgr Fellay qui est à l’origine de cette exclusion :
Menzingen,        le 16 juin 2001
Cher        Monsieur l’abbé,
Par        cette lettre, j’aimerais confirmer ce dont nous avons déjà parlé lors        de notre réunion de la semaine passée. Il s’agit de M. Chiron et de sa        collaboration à Fideliter.
Depuis        quelques mois, M. Chiron a pris publiquement des positions nettement        marquées en opposition à la ligne qu’entend donner la Fraternité à        ses fidèles. Même s’il ne l’a pas fait dans Fideliter mais        dans sa lettre personnelle, dans notre petit monde traditionnel tout se        sait ; en particulier l’annonce publique faite par La Nef de la        collaboration régulière de M. Chiron chez eux m’oblige à intervenir        et à demander que la collaboration de M. Chiron à Fideliter,        pourtant si longue et qui nous oblige à un sentiment de gratitude, soit        terminée. La Nef entretient à notre égard une attitude par trop        hostile pour que nous puissions tolérer cette double collaboration.
Veuillez        croire, cher Monsieur l’abbé, en mes prières in Christo Jesu et Maria
+        Bernard Fellay 
Je        ne ferai pas une exégèse, ligne à ligne, de cette lettre de Mgr Fellay        au directeur de Fideliter. Je me permettrai, respectueusement,        quelques remarques :
•        J’ai collaboré à chaque numéro de Fideliter pendant treize        ans, parfois par deux, trois ou quatre articles, sous ma signature et en        utilisant divers pseudonymes. Il s’agissait de recensions de livres ou d’article        à caractère historique. Je ne regrette pas cette collaboration et j’exprime        un sentiment de gratitude envers ses deux directeurs successifs, M. l’abbé        Aulagnier puis M. l’abbé Celier, qui m’ont laissé m’exprimer en        toute liberté. Ni quand j’ai commencé à collaborer à cette revue, à        l’initiative de M. l’abbé Aulagnier, ni plus tard, on ne m’a        demandé si j’étais dans la “ ligne ” de la FSSPX. A l’époque,        1988 (“ l’année climatérique ”), j’étais collaborateur        régulier de la Pensée Catholique, depuis plusieurs années, et de        Présent, depuis plusieurs années aussi. On ne peut pas dire,        particulièrement en cette année-là, que ces deux publications étaient        dans la “ ligne ” de la FSSPX. On ne m’en a fait aucune remarque, ni        demandé ne cesser ma collaboration ailleurs (ce que je n’aurais pas        accepté). Il me semblait que c’était là un signe suffisant de la        liberté d’esprit au sein de la FSSPX.
•        La décision de Mgr Fellay est motivée aujourd’hui par “ des        positions nettement marquées en opposition à la ligne qu’entend donner        la Fraternité à ses fidèles ” que j’aurais prises ces derniers        mois. Mgr Fellay entend par là, je suppose, les trois pauvres et petits        numéros d’Alètheia que j’ai consacrés au livre collectif de        la FSSPX : Le problème de la réforme liturgique (éditions        Clovis, B.P. 88, 91152 Etampes cedex, 125 pages, 69 F). Ma présentation,        complète et honnête, je crois, de l’ouvrage avait été accompagnée        de modestes “ remarques d’un fidèles du dernier rang ”. Ces        remarques avaient fortement déplu à Mgr Fellay.
Je        ne vois pas d’autres occasions où, “ depuis quelques mois ”, j’aurais        “ pris publiquement des positions nettement marquées en opposition à        la ligne qu’entend donner la Fraternité à ses fidèles ”. Mgr Fellay        ne visait sans doute pas les articles que j’ai consacrés au livre de M.        l’abbé Aulagnier, La tradition sans peur (éditions Servir, 15        rue d’Estrées, 75007 Paris, 350 pages, 125 F). Très bon livre de        témoignage et aussi de prospective que j’ai présenté successivement,        à partir de janvier, dans un numéro complet d’Alètheia, dans        un article de Présent et dans un article d’Ecrits de Paris.        M. l’abbé Aulagnier n’avait pas considéré comme des “ positions        nettement marquées en opposition à la ligne ” les quelques “ scories        ” que j’avais cru utile de relever.
•        L’autre reproche qui m’est adressé est d’apporter une “        collaboration régulière ” à la Nef.  A la vérité, j’y        ai collaboré épisodiquement depuis des années ; la FSSPX n’y trouvait        alors rien à redire. C’est une collaboration régulière, depuis avril,        qui est jugée insupportable. Une collaboration qui, c’est à noter, n’a        pas été, jusqu’ici, un commentaire de l’actualité religieuse mais n’a        comporté que des recensions et des articles d’ordre historique ou        culturel.
Il        se trouve que la Nef  (B.P. 73, 78490 Montfort l’Amaury)        publie ce mois-ci un important dossier sur Le Problème de la réforme        liturgique (n° 117, juin 2001, 40 F). C’est ce dossier qui,        semble-il, a suscité l’ire de Mgr Fellay.  Il comprend notamment        un long article du Père Emmanuel, osb, intitulé “ Une analyse peu        convaincante ”. Le Père Emmanuel, du Monastère Sainte-Madeleine du        Barroux, relève quatre “ erreurs de méthode ” dans l’ouvrage,         avant de mettre en lumière        les         “ bonnes choses ”        qu’il comprend néanmoins.
Mgr        Fellay, dans une vision étroite du combat pour la Tradition catholique,        voit, sans doute, dans ce dossier un nouvel acte de guerre contre la FSSPX.        Je préfère, de loin, la réaction de M. l’abbé Aulagnier. Dans le        dernier numéro de son très intéressant D.I.C.I. (1 rue des        Prébendes, 14210 Gavrus, n° 12, 10 F), après avoir signalé à ses        lecteurs la parution du dossier de la Nef,  il commente : “        Un débat va s’instaurer et c’est heureux ”.
•        Mgr Fellay  évoque “ la ligne qu’entend donner la Fraternité à        ses fidèles ”. L’expression est, en plusieurs points, curieuse et        contestable. Je pensais que les fidèles qui assistent à la messe dans un        prieuré de la FSSPX, et tout aussi bien les parents qui envoient leurs        enfants dans les écoles de la FSSPX, n’étaient point des “ fidèles        de la Fraternité ”, mais des fidèles de Notre-Seigneur Jésus-Christ        et des fils de l’Eglise Catholique. Et qu’ils n’entendaient point        recevoir de la Fraternité une       “        ligne ” de conduite (?), de pensée (?) à tenir. Mgr Fellay connaît-il        suffisamment bien les prieurés de la FSSPX, du moins en France, pour ne        pas savoir que les fidèles qui assistent aux messes dites par des        prêtres de la FSSPX ne sont pas forcément tous d’accord avec toutes        les décisions et positions prises dans le passé ou récemment par les        dirigeants de la dite-Fraternité (sur les sacres de 1988, par exemple) ?        Et qu’un nombre, difficile à déterminer, de fidèles assistent, selon        l’occasion, à la messe traditionnelle dans un prieuré de la FSSPX        mais, tout aussi bien, aux messes traditionnelles célébrés dans les        chapelles de la Fraternité Saint-Pierre, de l’Institut du Christ-Roi,        ou dans les abbayes du Barroux, de Randol, de Fontgombault, etc.
         L’axiome “ Hors de la Fraternité Saint-Pie X point de salut ” ne        saurait être une “ ligne ” de pensée et de conduite. Je préfère        décrire la situation actuelle, mais qui dure depuis trop longtemps        maintenant, en reprenant le titre d’un livre de Jean Madiran : “ Quand        il y a une éclipse, tout le monde est à l’ombre ”. En estimant aussi        que l’éclipse est, me semble-t-il, de moins en moins complète.
Et,        à la vérité, les fidèles du dernier rang ont de quoi être        déconcertés. L’abbé Aulagnier, qui est, rappelons-le, deuxième        assistant du supérieur général de la FSSPX, souhaitait, il y a quelques        mois, dans son livre cité plus haut, qu’un front commun des        traditionalistes se reconstitue :  “ Il faut faire abstraction des        blessures du passé et reprendre le combat commun, fondé sur des        fidélités claires, des convictions solides ”. Il en citait deux, “        qui sont incontournables : une condamnation claire du libéralisme        catholique et un attachement indéfectible à la messe traditionnelle ”        (p. 212). L’abbé Aulagnier affirmait encore : “ les sacres ne sont        pas la ligne de partage des eaux. Il faut arrêter de juger les gens en        fonction de leur attitude à ce moment-là ” (p. 244).
Aujourd’hui,        en reprochant à un collaborateur ancien de Fideliter de ne pas        avoir applaudi des deux mains un livre collectif sur la nouvelle messe        (qui ne fait pas l’unanimité parmi les prêtres de la FSSPX, d’ailleurs)        et de collaborer à une revue qui est, tout de même, une des voix        principales des catholiques de tradition hors de la Fraternité Saint-Pie        X, Mgr Fellay semble démentir l’enthousiasme généreux de son        deuxième assistant.
