15 juin 2001

"Des prêtres pour l'Eglise romaine": Enquête dirigée par l'Abbé G. de Tanoüarn
Nouvelle revue CERTITUDES - juin 2001 - n°6
Enquête dirigée par l'Abbé G. de Tanoüarn, avec les contributions de: Abbé Berteaux - Abbé Aulagnier - Abbé Bouchacourt - Abbé Jacques Laguérie - Abbé Philippe Laguérie - Abbé de La Rocque - Abbé Lorans - Abbé Nely

En ces temps de négociations et de post-négociations entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X, il nous a paru opportun de publier une enquête auprès des prêtres de cette Fraternité. Ils ont réputation d'être intraitables et enfermés dans un autre temps. On chuchote qu'ils sont également très divisés.
Cette enquête auprès des VIP du district de France révèle que les calculs des uns et les supputations des autres s'avèrent aux antipodes de la réalité. La Fraternité Saint-Pie X apparaît profondément romaine, vraiment ecclésiale et en même temps chacun de ceux qui s'expriment ici le fait avec son tempérament, son expérience pastorale et, je crois, oui, en un mot, son coeur, son coeur de prêtre de Jésus-Christ. Ces prêtres ne sont pas des clones timides et qui n'ouvrent pas la bouche sans en référer à leur autorité, comme on le voit trop souvent chez ceux qui restent solidaires du funeste Concile. Les différences de sensibilité apparaissent bien dans les réponses à la dernière de nos quatre questions : « Vous sentez-vous plutôt à l’avant-garde ou à l’arrière-garde du combat catholique ? » Il est vrai qu'à peu près toutes les positions ont été tentées ; mais quelle que soit la réponse donnée, on ressent le même élan, la même foi et, en profondeur, la même attitude vis-à-vis de l'autorité de l'Eglise. Au fond, le pape tire sur ses propres troupes. L'état lamentable dans lequel se trouve l'Eglise, l'absence apparente de recours pour assurer la pastorale des diocèses, tout cela suggère que l'Eglise ne traverse pas seulement une crise de société sans précédent mais aussi une crise d'identité, une crise interne. Alors qu'elle met elle-même en question sa romanité à travers des actes d'une exceptionnelle solennité (comme le discours introductif au Concile Vatican II, ainsi que nous le montrons dans ce numéro), la Fraternité Saint-Pie X que l'on essaie de faire passer, au mieux pour une bande d'irréductibles Gaulois attardés dans un autre siècle représente sans doute à vue humaine l'ultime chance de la romanité dans l'Eglise.
On peut trouver présomptueux voire prétentieux un tel jugement, en fait, on est bien obligé de constater que dans l'Eglise, une constellation traditionnelle semblable n'existe pas ailleurs. Ceux qui, à l'intérieur des structures, portent encore le vieil héritage romain sont tout juste tolérés et le plus souvent impitoyablement marqués de l'étoile jaune de l'intégrisme. Leur liberté d'action et de rayonnement existe mais elle est limitée. La Fraternité Saint-Pie X n'a pas - Dieu soit loué ! - le monopole de la romanité dans l'Eglise. Elle est la romanité libre et sûre d'elle-même... 
(G. de T.)