Mgr Fellay lance un appel à Rome
La récente lettre que Mgr Fellay a adressée aux fidèles attachés au mouvement de Mgr Lefebvre a suscité diverses réactions dans la presse et sur internet. Entre émotion et déception, il semble opportun de mesurer la portée des mots du supérieur général de la Fraternité Saint-Pie-X et, à partir de ses écrits, d'étudier ses motivations. Un certain nombre de commentateurs, inquiets depuis quelques temps du réchauffement des relations entre le Saint-Siège et le monde traditionaliste, s'est particulièrement hâté de sortir de leur contexte, en les coupant, les propos de l'évêque pour conclure intemporellement : "la Fraternité Saint-Pie X ne peut pas « signer d’accord »". Cette manipulation grossière est plutôt un bon signe, dans la mesure où elle transcrit les inquiétudes des journalistes.
Dans les faits, les autorités de la Fraternité n'ont aucunement changé de ligne de conduite. Il n'y a pas, dans cette lettre, l'ombre d'un refus par rapport à une situation antérieure. Mgr Fellay a indiqué clairement que le carnet de route établi en 2000 entre le Saint-Siège et la FSSPX était maintenu et, à plusieurs reprises, il a invité les fidèles à l'espérance. Que la Fraternité ne puisse signer d'accord est une réalité relative au temps présent. Par là, son supérieur général rappelle simplement aux fidèles que le mouvement créé par Mgr Lefebvre ne transgressera pas les règles qu'il s'est fixé depuis sept ans, à savoir qu'un accord ne serait signé qu'une fois le décret d'excommunication retiré et les discussions doctrinales officiellement entamées. De manière cohérente, c'est donc là une invitation à ne pas se nourrir d'illusion et de précipitation et à vivre dans l'espérance et la confiance.
Les récents propos de Mgr Fellay s'inscrivent également dans un contexte diplomatique entre le Saint-Siège et la Fraternité. Dans sa dernière lettre aux Amis et Bienfaiteurs, le supérieur général de ladite société avait salué bien ouvertement et sans nuance la publication du Motu Proprio. Par la suite, le cardinal Castrillon Hoyos avait, dans un entretien en mars dernier, minimisé les différends entre Rome et la Fraternité : "S’agissant du Concile Vatican II, la critique qu’en fait la Fraternité Saint-Pie X porte sur le manque de clarté de certains textes, ce qui ouvre la voie à une interprétation divergente au regard de la doctrine traditionnelle. Les difficultés ne sont qu’interprétatives, ou elles ne portent que sur quelques gestes œcuméniques, mais pas sur l’enseignement de Vatican II lui-même", avait rapporté l'Osservatore Romano.
La présente lettre de Mgr Fellay vient rappeler que le combat de Mgr Lefebvre et des prêtres qui l'ont suivi ne se résume pas à une mésinterprétation de quelques points du Concile mais vraiment à un problème de fond à propos de la liberté religieuse, de la collégialité et de l'oecuménisme, problème qui nécessite une discussion doctrinale. En quelque sorte, Mgr Fellay légitime ici la résistance de la Fraternité. La dissidence et l'acte grave que constitue le sacre de 1988 n'auraient pas eu lieu si la crise que nous vivons n'avait reposé que sur un malentendu.
Cette lettre s'inscrit également dans un climat d'interrogation sur les motivations romaines. Dernièrement, la modification de la prière pour les Juifs du Vendredi Saint a suscité une certaine émotion puisque cette première altération de l'ancien missel - celui-là même que la Fraternité avait vaillamment défendu contre les autorités ecclésiales pendant des décennies - n'a été officiellement suivie que par les étonnants commentaires des cardinaux Bertone, Kasper et Schönborn qui - au mieux - mettaient en doute la nécessité d'annoncer l'Evangile aux Juifs.
Seuls ceux qui redoutent plus que tout qu'un arrangement intervienne à terme ont voulu voir dans cette lettre une fin de non-recevoir. Il n'y a aucun retour en arrière, aucune fermeture. Il y a une invitation des fidèles à la patience tandis que la Fraternité, avec espérance, "continue le chemin défini dès l’an 2000". Mgr Fellay ne tourne pas le dos à Rome, il s'avance vers elle pour lui lancer un appel, l’appel au pape pour qu’il lance enfin le chantier colossal de la restauration doctrinale de l’Eglise dans laquelle la FSSPX veut participer de façon authentique et avec toutes ses forces. C’est un appel de fidélité, un appel de foi, un appel à l’offensive dans la reconquête !
Côme Prévigny
Dans les faits, les autorités de la Fraternité n'ont aucunement changé de ligne de conduite. Il n'y a pas, dans cette lettre, l'ombre d'un refus par rapport à une situation antérieure. Mgr Fellay a indiqué clairement que le carnet de route établi en 2000 entre le Saint-Siège et la FSSPX était maintenu et, à plusieurs reprises, il a invité les fidèles à l'espérance. Que la Fraternité ne puisse signer d'accord est une réalité relative au temps présent. Par là, son supérieur général rappelle simplement aux fidèles que le mouvement créé par Mgr Lefebvre ne transgressera pas les règles qu'il s'est fixé depuis sept ans, à savoir qu'un accord ne serait signé qu'une fois le décret d'excommunication retiré et les discussions doctrinales officiellement entamées. De manière cohérente, c'est donc là une invitation à ne pas se nourrir d'illusion et de précipitation et à vivre dans l'espérance et la confiance.
Les récents propos de Mgr Fellay s'inscrivent également dans un contexte diplomatique entre le Saint-Siège et la Fraternité. Dans sa dernière lettre aux Amis et Bienfaiteurs, le supérieur général de ladite société avait salué bien ouvertement et sans nuance la publication du Motu Proprio. Par la suite, le cardinal Castrillon Hoyos avait, dans un entretien en mars dernier, minimisé les différends entre Rome et la Fraternité : "S’agissant du Concile Vatican II, la critique qu’en fait la Fraternité Saint-Pie X porte sur le manque de clarté de certains textes, ce qui ouvre la voie à une interprétation divergente au regard de la doctrine traditionnelle. Les difficultés ne sont qu’interprétatives, ou elles ne portent que sur quelques gestes œcuméniques, mais pas sur l’enseignement de Vatican II lui-même", avait rapporté l'Osservatore Romano.
La présente lettre de Mgr Fellay vient rappeler que le combat de Mgr Lefebvre et des prêtres qui l'ont suivi ne se résume pas à une mésinterprétation de quelques points du Concile mais vraiment à un problème de fond à propos de la liberté religieuse, de la collégialité et de l'oecuménisme, problème qui nécessite une discussion doctrinale. En quelque sorte, Mgr Fellay légitime ici la résistance de la Fraternité. La dissidence et l'acte grave que constitue le sacre de 1988 n'auraient pas eu lieu si la crise que nous vivons n'avait reposé que sur un malentendu.
Cette lettre s'inscrit également dans un climat d'interrogation sur les motivations romaines. Dernièrement, la modification de la prière pour les Juifs du Vendredi Saint a suscité une certaine émotion puisque cette première altération de l'ancien missel - celui-là même que la Fraternité avait vaillamment défendu contre les autorités ecclésiales pendant des décennies - n'a été officiellement suivie que par les étonnants commentaires des cardinaux Bertone, Kasper et Schönborn qui - au mieux - mettaient en doute la nécessité d'annoncer l'Evangile aux Juifs.
Seuls ceux qui redoutent plus que tout qu'un arrangement intervienne à terme ont voulu voir dans cette lettre une fin de non-recevoir. Il n'y a aucun retour en arrière, aucune fermeture. Il y a une invitation des fidèles à la patience tandis que la Fraternité, avec espérance, "continue le chemin défini dès l’an 2000". Mgr Fellay ne tourne pas le dos à Rome, il s'avance vers elle pour lui lancer un appel, l’appel au pape pour qu’il lance enfin le chantier colossal de la restauration doctrinale de l’Eglise dans laquelle la FSSPX veut participer de façon authentique et avec toutes ses forces. C’est un appel de fidélité, un appel de foi, un appel à l’offensive dans la reconquête !
Côme Prévigny