SOURCE - Abbé Philippe Laguérie, ibp - 15 novembre 2011
« Et certains d’entre nous n’en finissent pas de tresser des couronnes à ce régime digne d‘éloges… ce qui est un comble. Nous n’avons pas à nous louer d’un régime qui traite l’Eglise avec tant de désinvolture et ne perd pas une occasion de dresser des obstacles à la diffusion du message chrétien. Nous n’avons pas à encenser un pouvoir politique dont le libéralisme moral a contribué à dégrader le climat de notre société (…). Nous ne devons pas trop vite passer l‘éponge sur les choix législatifs qui ont entraîné la banalisation de l’avortement (…). Nous paierons cher et longtemps ces décisions auxquelles nous avons opposé une bien médiocre résistance et un discours sans arêtes vives et accents vigoureux… »
" J’ai l’impression d’avoir vécu ces années comme une lente dérive, au gré des modes et des langages convenus dans notre univers clérical et de me retrouver, à l’heure de mon ultime étape, dans un douloureux désarroi, envahi par le sentiment d’avoir subi passivement les prises de position et les décisions de mes frères en épiscopat et suivi avec eux la pente des compromis plutôt que d’user du langage rugueux et prophétique des témoins et annonciateurs d’une Parole qui est “un glaive"
Mgr Maurice Gaidon s’est éteint le lundi 14 novembre à Dijon. Le Bon-Pasteur doit beaucoup à ce valeureux évêque. Pour son courage dans la crise de l’Eglise qu’il a vécue comme un véritable calvaire (Retracé dans son admirable livre : "Un évêque français entre crise et renouveau de l’Eglise" 2007). Mais aussi parce qu’il a imposé les mains, avec sa piété hors du commun, à quatre de nos prêtres ; les abbés Carusi, Baumann, Sniadoch et Berche. C’était le 11 octobre 2008 en l’église saint Eloi. Nous l’entourons de notre prière et de notre profonde gratitude. En hommage de sa vaillance et pour vous montrer qui il était, j’extrais de son livre ces fortes paroles. Defunctus adhuc loquitur."Je pense que notre langage manque de vigueur et que le souffle prophétique est trop absent de nos textes savamment mesurés et dignes des résolutions votées en fin de “meeting radical-socialiste” ! (…) Un texte se dilue quand il est revu et corrigé dans une assemblée d’une centaine de membres dont certains ne parlent jamais alors que d’autres prennent la parole sans complexes. Dans une assemblée en partie noyautée par de “grosses mitres” qui préparent soigneusement certaines élections et se partagent les “postes clés” de l‘épiscopat (…). Nous n’aimons pas sortir d’un ton conciliant et recherchons avant tout le réconfort d’un consensus mou dans les domaines les plus sensibles comme le sont les problèmes de morale conjugale et les questions de bioéthique. J’avais déjà repéré ces hésitations au moment de la loi sur l’avortement et constaté que nous n‘étions pas prêts à croiser le fer avec les politiques. Je ressens la même impression alors que le gouvernement s’apprête à ouvrir les débats sur les contrats d’union entre deux personnes du même sexe. D’où vient cette crainte alors que nous n’hésitons pas à faire entendre notre voix en d’autres problèmes de société ? "
« Et certains d’entre nous n’en finissent pas de tresser des couronnes à ce régime digne d‘éloges… ce qui est un comble. Nous n’avons pas à nous louer d’un régime qui traite l’Eglise avec tant de désinvolture et ne perd pas une occasion de dresser des obstacles à la diffusion du message chrétien. Nous n’avons pas à encenser un pouvoir politique dont le libéralisme moral a contribué à dégrader le climat de notre société (…). Nous ne devons pas trop vite passer l‘éponge sur les choix législatifs qui ont entraîné la banalisation de l’avortement (…). Nous paierons cher et longtemps ces décisions auxquelles nous avons opposé une bien médiocre résistance et un discours sans arêtes vives et accents vigoureux… »
" J’ai l’impression d’avoir vécu ces années comme une lente dérive, au gré des modes et des langages convenus dans notre univers clérical et de me retrouver, à l’heure de mon ultime étape, dans un douloureux désarroi, envahi par le sentiment d’avoir subi passivement les prises de position et les décisions de mes frères en épiscopat et suivi avec eux la pente des compromis plutôt que d’user du langage rugueux et prophétique des témoins et annonciateurs d’une Parole qui est “un glaive"