SOURCE - David Courbet - L'Humanité - novembre 2011
Le Vatican a-t-il fait un pas vers la réconciliation avec les intégristes ? Le 14 septembre dernier, Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale saint Pie X, et le cardinal William Levada, représentant le Saint-Siège, se sont rencontrés au Vatican. Le contenu du « préambule doctrinal » remis à la fraternité n’a pas été officiellement dévoilé, mais il laisserait ouvert « à une légitime discussion l’étude et l’explication théologique d’expressions ou de formulations particulières présentes dans les textes du concile Vatican II et du magistère qui a suivi », a déclaré Mgr Fellay. Vingt-six ans après la rupture, la fraternité conteste toujours les enseignements progressistes de Vatican II. Si la réconciliation a lieu, à quel prix se fera-t-elle ?
Malgré une position officielle de dialogue, les fidèles de Mgr Lefebvre tendent à exclure toute ouverture. « Tout dépend du texte, mais si celui-ci indique que l’on doit reconnaître le concile, pas question ! » prévient l’abbé Beauvais, curé de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, que la fraternité s’est approprié comme principal lieu de culte. L’abbé s’accommode de cette mise à l’écart : « À qui la faute ? Pas nous. S’il n’y a pas un pape qui revient à la tête de l’Église partageant les positions de saint Pie X, c’est inenvisageable. » Avant d’avouer « souhaiter que ça n’aboutisse pas », estimant qu’« humainement, c’est une impasse ». Même son de cloche du côté des fidèles. Pour Henri-Claude Malatia, la poursuite du dialogue interreligieux lors des rencontres d’octobre à Assise (Italie) constitue « un acte grave, scandaleux qui va contre Dieu et Jésus-Christ ». Cette décision équivaudrait à « reconnaître les fausses religions ».
Mgr Fellay dira d’ici quelques mois si la fraternité accepte ce « préambule doctrinal ». Selon Philippe Portier, qui dirige le groupe « sociétés, religions, laïcités » à l’École pratique des hautes études, deux visions s’opposent. D’un côté, l’approche théologique du pape, qui a pour mission « d’unir le corps du Christ. Benoît XVI croit aux valeurs intégratives de l’Église et espère que leur affiliation les rendra moins radicaux ». De l’autre, celle de la Fraternité, forte de 100 000 membres, qui pense que l’intégration « permettrait d’avoir une influence plus grande ». Mais une lettre de l’abbé Bouchacourt, supérieur du district d’Amérique du Sud, révélée par l’hebdo catholique la Vie du 18 novembre, montre qu’il existe un noyau dur qui ne souhaite pas réintégrer l’Église : « Étant donné son contenu, ce préambule ne peut être signé, même si on lui apporte des modifications. (…) Il nous faut demeurer fermes et attendre de Rome qu’elle accomplisse de nouveaux pas. »
David Courbet
Le Vatican a-t-il fait un pas vers la réconciliation avec les intégristes ? Le 14 septembre dernier, Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la Fraternité sacerdotale saint Pie X, et le cardinal William Levada, représentant le Saint-Siège, se sont rencontrés au Vatican. Le contenu du « préambule doctrinal » remis à la fraternité n’a pas été officiellement dévoilé, mais il laisserait ouvert « à une légitime discussion l’étude et l’explication théologique d’expressions ou de formulations particulières présentes dans les textes du concile Vatican II et du magistère qui a suivi », a déclaré Mgr Fellay. Vingt-six ans après la rupture, la fraternité conteste toujours les enseignements progressistes de Vatican II. Si la réconciliation a lieu, à quel prix se fera-t-elle ?
Malgré une position officielle de dialogue, les fidèles de Mgr Lefebvre tendent à exclure toute ouverture. « Tout dépend du texte, mais si celui-ci indique que l’on doit reconnaître le concile, pas question ! » prévient l’abbé Beauvais, curé de l’église Saint-Nicolas-du-Chardonnet, que la fraternité s’est approprié comme principal lieu de culte. L’abbé s’accommode de cette mise à l’écart : « À qui la faute ? Pas nous. S’il n’y a pas un pape qui revient à la tête de l’Église partageant les positions de saint Pie X, c’est inenvisageable. » Avant d’avouer « souhaiter que ça n’aboutisse pas », estimant qu’« humainement, c’est une impasse ». Même son de cloche du côté des fidèles. Pour Henri-Claude Malatia, la poursuite du dialogue interreligieux lors des rencontres d’octobre à Assise (Italie) constitue « un acte grave, scandaleux qui va contre Dieu et Jésus-Christ ». Cette décision équivaudrait à « reconnaître les fausses religions ».
Mgr Fellay dira d’ici quelques mois si la fraternité accepte ce « préambule doctrinal ». Selon Philippe Portier, qui dirige le groupe « sociétés, religions, laïcités » à l’École pratique des hautes études, deux visions s’opposent. D’un côté, l’approche théologique du pape, qui a pour mission « d’unir le corps du Christ. Benoît XVI croit aux valeurs intégratives de l’Église et espère que leur affiliation les rendra moins radicaux ». De l’autre, celle de la Fraternité, forte de 100 000 membres, qui pense que l’intégration « permettrait d’avoir une influence plus grande ». Mais une lettre de l’abbé Bouchacourt, supérieur du district d’Amérique du Sud, révélée par l’hebdo catholique la Vie du 18 novembre, montre qu’il existe un noyau dur qui ne souhaite pas réintégrer l’Église : « Étant donné son contenu, ce préambule ne peut être signé, même si on lui apporte des modifications. (…) Il nous faut demeurer fermes et attendre de Rome qu’elle accomplisse de nouveaux pas. »
David Courbet