SOURCE - DICI - 4 novembre 2011
Le 26 octobre 2011, veille de la réunion interreligieuse d’Assise, le cardinal Roger Etchegaray est revenu, dans L’Osservatore Romano, sur la rencontre du 27 octobre 1986, voulue par Jean-Paul II : « Assise a fait faire un saut extraordinaire au dialogue entre les religions, encore balbutiant et à approfondir sans cesse ». Pour le cardinal français qui fut longtemps président des Conseils pontificaux « Justice et Paix » et « Cor Unum », il existe une continuité et non pas une rupture entre la rencontre organisée par Jean-Paul II et celle voulue 25 ans plus tard par Benoît XVI. Et le prélat tient à affirmer que Jean-Paul II avait fait « tout son possible pour éviter l´apparition de tout syncrétisme » lors de la réunion de 1986, allant jusqu’à dire qu´« il n´y a pas eu la moindre trace de prière commune » à Assise, mais que « chaque religion a pu faire entendre le murmure de sa propre relation avec Dieu ». Le 27 octobre 2011, il n’y a pas eu de « prière commune », ni de « murmure », mais l’on a pu entendre la prière publique d’un animiste et la profession de foi panthéiste d’un hindouiste dans la basilique Saint-François d’Assise, sous les applaudissements des 300 représentants des religions du monde entier.
A deux reprises au cours de cette intervention qui se faisait sous la présidence de Benoît XVI, Wande Abimbola a chanté une prière du culte Yoruba, en s´accompagnant d´un petit instrument de percussion. La seconde fois il invita les assistants à « faire (leurs) ces versets d’Olokun » et à « les recevoir dans la profondeur des océans » – Olokun est le dieu de la mer nigérian. Sur la pratique de ce culte animiste au temps de l’évangélisation, lire en note l’étude du R.P. Noël Baudin des Missions étrangères de Lyon (1844 -1887)[1] .
Ensuite intervenait le représentant de l’hindouisme, Acharya Shri Shrivatsa Goswami, qui a, lui aussi, chanté une prière : « Dieu infini qui a pris corps dans l’humanité je te vois dans chaque main et chaque pied, dans chaque œil et chaque tête, dans chaque nom et chaque être, et je te révère dans chacun. » Après cette déclaration panthéiste, il a indiqué qu’il y a « une prière hindoue pour la paix » mais qu’il n’y a « pas de chemin vers la paix, car c’est la paix elle-même qui est un chemin ». Faisant référence à la prière d’un maître spirituel hindou du XVIe siècle, il a déclaré à l’assistance : « Je m’incline et révère dieu en chacun de vous », ayant rappelé que, pour le Veda, « la vérité est une », mais « annoncée de différentes façons ».[2] Cette profession de foi hindouiste fut aussi chaleureusement applaudie que la précédente par l’assistance.
Puis la porte-parole des non-croyants, Julia Kristeva, déclara qu’elle parlait au nom de « l’humanisme », et affirma : « La rencontre de nos diversités ici, à Assise, témoigne que l’hypothèse de la destruction n’est pas la seule possible », avant de proposer ce « pari », non pas sur l’existence de Dieu comme Pascal, mais sur l’homme : « L’ère du soupçon n’est plus suffisante, face à la crise et aux menaces qui s’aggravent, est arrivée l’ère du pari : osons parier sur le renouvellement perpétuel des capacités des hommes et des femmes à croire afin que l’humanité puisse poursuivre encore pendant longtemps son destin créatif. » La psychanalyste française d’origine bulgare a alors énoncé la nécessité de faire du neuf avec l’héritage des différentes traditions : « La mémoire n’est pas du passé : la Bible, les Evangiles, le Coran, le Rigveda, le Tao nous habitent au présent. Pour que l’humanisme puisse se développer et se refonder, le moment est venu de reprendre les codes moraux construits au cours de l’histoire : sans les affaiblir, pour les problématiser, en les rénovant au regard des nouvelles singularités ». Ce syncrétisme humaniste reçut également l’approbation des assistants, avant l’intervention de Benoît XVI.
« La critique de la religion, à partir des Lumières, a déclaré Benoît XVI, a soutenu à maintes reprises que la religion fut cause de violence et ainsi elle a attisé l’hostilité contre les religions. Qu’ici la religion motive de fait la violence est une chose qui, en tant que personnes religieuses, doit nous préoccuper profondément. D’une façon plus subtile, mais toujours cruelle, nous voyons la religion comme cause de violence là où la violence est exercée par des défenseurs d’une religion contre les autres. Les représentants des religions participants en 1986 à Assise entendaient dire – et nous le répétons avec force et grande fermeté : ce n’est pas la vraie nature de la religion. C’est au contraire son travestissement et il contribue à sa destruction.
« Contre ceci, on objecte : mais d’où savez-vous ce qu’est la vraie nature de la religion ? Votre prétention ne dérive-t-elle pas peut-être du fait que parmi vous la force de la religion s’est éteinte ? Et d’autres objecteront : mais existe-t-il vraiment une nature commune de la religion qui s’exprime dans toutes les religions et qui est donc valable pour toutes ? Nous devons affronter ces questions si nous voulons contester de façon réaliste et crédible le recours à la violence pour des motifs religieux. Ici se place une tâche fondamentale du dialogue interreligieux – une tâche qui doit être de nouveau soulignée par cette rencontre.
« Comme chrétien, je voudrais dire à ce sujet : oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. (…) La Croix du Christ est pour nous le signe de Dieu qui, à la place de la violence, pose le fait de souffrir avec l’autre et d’aimer avec l’autre. Son nom est ‘Dieu de l’amour et de la paix’ (2 Co 13, 11). C’est la tâche de tous ceux qui portent une responsabilité pour la foi chrétienne, de purifier continuellement la religion des chrétiens à partir de son centre intérieur, afin que – malgré la faiblesse de l’homme – elle soit vraiment un instrument de la paix de Dieu dans le monde. »
« A côté des deux réalités de religion et d’anti-religion, il existe aussi, dans le monde en expansion de l’agnosticisme, une autre orientation de fond : des personnes auxquelles n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité, sont à la recherche de Dieu. Des personnes de ce genre n’affirment pas simplement : ‘Il n’existe aucun Dieu’. Elles souffrent à cause de son absence et, cherchant ce qui est vrai et bon, elles sont intérieurement en marche vers Lui. Elles sont ‘des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix’. Elles posent des questions aussi bien à l’une qu’à l’autre partie.
« Elles ôtent aux athées militants leur fausse certitude, par laquelle ils prétendent savoir qu’il n’existe pas de Dieu, et elles les invitent à devenir, plutôt que polémiques, des personnes en recherche, qui ne perdent pas l’espérance que la vérité existe et que nous pouvons et devons vivre en fonction d’elle.
« Mais elles mettent aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence envers les autres. Ces personnes cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu, dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées, est fréquemment cachée. Qu’elles ne réussissent pas à trouver Dieu dépend aussi des croyants avec leur image réduite ou même déformée de Dieu. Ainsi, leur lutte intérieure et leur interrogation sont aussi un appel pour nous les croyants – pour tous les croyants – à purifier leur propre foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible. C’est pourquoi, j’ai invité spécialement des représentants de ce troisième groupe à notre rencontre à Assise, qui ne réunit pas seulement des représentants d’institutions religieuses. »
L’intervention de Julia Kristeva, avant celle de Benoît XVI, lui apportait une réponse anticipée : « La Bible, les Evangiles, le Coran, le Rigveda, le Tao nous habitent au présent. Pour que l’humanisme puisse se développer et se refonder, le moment est venu de reprendre les codes moraux construits au cours de l’histoire ». La psychanalyste française y affirmait que son humanisme sortirait renforcé et refondé grâce à la récupération syncrétiste des diverses traditions religieuses. Rien en revanche sur une quelconque « lutte intérieure », ni sur une « interrogation » à la recherche du « vrai Dieu ». En sorte qu’il est apparu que la communication de Julia Kristeva et celle de Benoît XVI se suivaient chronologiquement, mais sur le fond demeuraient juxtaposées, cloisonnées. Si bien que l’on se demande sur quelle base doctrinale commune un engagement pour la paix a pu être pris par tous ces participants qui, dans l’après midi, exprimèrent leur accord sur des mots qui avaient, pour chacun, un sens différent.
Au début de l’après-midi, des chants et des danses furent exécutés par un groupe international, exaltant la paix, la joie…, et nouant symboliquement des étoffes multicolores. Chorégraphie irénique qui aurait eu sa place à l’Unesco ou pour l’ouverture des Jeux olympiques.
Puis chaque orateur a lu dans sa langue un texte manifestant son engagement pour la paix, au nom de sa communauté religieuse. Mounib Younan, président de la fédération luthérienne mondiale, a condamné toute violence au nom de la religion. Le patriarche syro-orthodoxe d´Antioche, Mar Gregorios, a souhaité le pardon mutuel des erreurs et préjugés du passé et du présent. Du passé, il voulait apprendre que la paix sans la justice n´est pas une vraie paix.
Ensuite le représentant taoïste Wai-Hop Tong a pris l´engagement d´être du côté de ceux qui souffrent dans la misère et l´abandon. Et le représentant shintoïste, Tsunekiyo Tanaka, a affirmé vouloir encourager toutes les initiatives pour promouvoir l´amitié entre les peuples, contre ce qui expose le monde à des risques croissants de destruction et de mort. Le Mexicain athée Guillermo Hurtado s´est fait l´écho des humanistes en dialogue avec les croyants, s´engageant à édifier un monde nouveau où chacun pourra jouir de la liberté d´agir selon ses convictions.
Puis le président du Conseil pontifical pour la promotion de l´unité des chrétiens, le cardinal Kurt Koch, a demandé aux représentants religieux de faire un geste pour sceller l´engagement pour la paix « proclamé à plusieurs voix ». Benoît XVI a donné l´exemple en saluant ses deux voisins, pendant que des colombes étaient lâchées par des franciscains.
Avant que le chœur du diocèse d´Assise n´entonne le Cantique des créatures de saint François, Benoît XVI a adressé à l’assemblée un discours pour clôturer cette rencontre : « Nous n´allons pas nous séparer, nous continuerons à nous rencontrer, à être unis par ce voyage, par le dialogue, par la construction quotidienne de la paix et par l´engagement pour un monde meilleur. » Le pape s´est ensuite recueilli devant la tombe de saint François, aux côtés de Rowan Williams, archevêque de Canterbury, et du luthérien Mounib Younan, suivis par une grande partie des représentants des diverses délégations, qui découvraient la crypte plus qu’ils n’y priaient.
Dans un message adressé aux 300 participants à la réunion interreligieuse, le Président des Etats-Unis, Barack Obama, a tenu à donner son soutien à cette nouvelle rencontre d´Assise. « A travers le dialogue interreligieux, nous pouvons nous unir pour faire cause commune afin de soulager les affligés, de faire la paix là où il y a des conflits et de trouver la voie permettant de créer un monde meilleur pour nous et nos enfants », a-t-il déclaré dans une note publiée par l´ambassade des Etats-Unis près le Saint-Siège. Ce message a été transmis par Suzan Johnson Cook, ambassadrice américaine chargée de la liberté des cultes, présente à Assise.
Le lendemain de la rencontre, devant les délégations ayant participé à cette journée, et reçues ce 28 octobre en audience au Vatican, Benoît XVI a salué son prédécesseur. Il a ainsi affirmé : « Nous pouvons apprécier la clairvoyance du regretté Jean-Paul II qui a convoqué la première rencontre d´Assise ». En 1986, cette réunion interreligieuse a manifesté « le besoin d’hommes et de femmes de différentes religions de témoigner ensemble que le chemin de l’esprit est toujours un chemin de paix ». C’est pourquoi, selon le pape, Assise a pu devenir « la maison commune de qui est convaincu que la foi rime avec la paix et les valeurs, et non avec la haine et les préjugés ». « Par ce pèlerinage unique nous avons été capables de nous engager dans un dialogue fraternel, d’approfondir notre amitié et de nous retrouver dans le silence et la prière ». Et de conclure : « Nous n’allons pas nous séparer ; nous continuerons à nous rencontrer, nous resterons unis dans ce voyage, dans le dialogue, dans la construction quotidienne de la paix et dans notre engagement pour un monde meilleur, un monde où tout homme et toute femme et tout peuple puissent vivre en accord avec leurs légitimes aspirations ».
A Assise, tout est resté dans un irénisme confus, un irénisme qui dépendait de cette confusion doctrinale qu’à aucun moment le glaive de l’Esprit n’est venu démêler. Publiquement le Verbe de Dieu fut placé au même rang qu’Olokun, la Parole de Dieu au niveau du Véda, la Sagesse divine sur un pied d’égalité avec le syncrétisme humaniste.
Une fois de plus la pertinence et l’actualité de l’enseignement de Pie XI dans Mortalium animos (1928) peuvent être vérifiées : « Convaincus qu’il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on voit d’aucuns nourrir l’espoir qu’il serait possible d’amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences religieuses, à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. C’est pourquoi ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, fréquentés par un nombre appréciable d’auditeurs, et, à leurs discussions, ils invitent tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ et même ceux qui, par malheur, se sont séparés du Christ ou qui, avec âpreté et obstination, nient la divinité de sa nature et de sa mission. De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu’elles s’appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes également, bien que de manières différentes, manifestent et signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance. »
Trois ans auparavant, Pie XI avait institué la fête du Christ-Roi qui indiquait clairement la réponse catholique à toute démarche en faveur de la paix entre les nations. L’oraison de la messe de cette fête l’exprime avec netteté : « Dieu, tout-puissant et éternel qui avez voulu restaurer toutes choses dans la personne de votre Fils bien-aimé, le Roi de l’univers : accordez dans votre bonté, que toutes les familles des nations, divisées à cause de la blessure du péché, se soumettent à son très doux pouvoir ».
(Sources : VIS/Apic/Imedia/Zenit/KTO/fsspx.org – DICI du 03/11/11)
[1] Extrait de l’ouvrage du R.P. Noël Baudin, Fétichisme et féticheurs, Lyon, 1884, pp. 14-17 : « Olokun, le Dieu de la mer, le roi de l’Océan, habite un immense palais sous-marin. Sept énormes chaînes le tiennent maintenant captif. Dans un moment de colère il avait voulu détruire les hommes qui s’étaient livrés au mensonge ; il n’en restait plus que quelques-uns quand Obatala (une des premières divinités, avec Odudua et Ifa, dans le panthéon Yoruba, ndlr) s’en apercevant, le força de reculer avec les flots et l’enchaîna pour toujours dans son palais. De temps en temps il s’agite pour briser ses fers et ses efforts mettent l’Océan en furie. On lui offre des sacrifices d’animaux, quelquefois des sacrifices humains. « Son épouse est Olosa (la lagune), qui a aussi son palais sous les eaux. Le caïman lui est consacré et est considéré comme son envoyé. On offre à Olosa des sacrifices dans de petits temples sur la lagune ; quelquefois aussi on lui immole des victimes humaines afin de se la rendre favorable pour la pêche.
« Mais le plus souvent les sacrifices sont offerts à son messager le caïman qui est censé porter à sa maîtresse les offrandes des fidèles. A cet effet les féticheurs désignent au peuple le monstre qui a été investi de cette charge par la déesse. Quand le caïman ayant les marques voulues a été reconnu, on lui fait une petite cabane ou bien quelques piquets avec des feuilles de palmier désignent l’endroit qu’il a choisi pour sa demeure et tous les cinq jours féticheurs et féticheuses lui apportent de la nourriture. »
[2] Le Véda est une « connaissance révélée » transmise oralement de brahmane à brahmane au sein du védisme, du brahmanisme, et de l’hindouisme. La « science sacrée » – le Véda – est conçue comme une connaissance éternelle et unique qui, au fil du temps, intègre successivement ses multiples manifestations. L’évolution vers l’hindouisme contemporain mène à l’intégration des Upanishads au Véda qui peut finalement être qualifié de Multiple-Véda sans que ce terme signifie que le Véda éternel perd son unité foncière. C’est une forme d’unité dans la multiplicité que l’évolutionnisme hindou assume, en ignorant le principe de non-contradiction.
Le 26 octobre 2011, veille de la réunion interreligieuse d’Assise, le cardinal Roger Etchegaray est revenu, dans L’Osservatore Romano, sur la rencontre du 27 octobre 1986, voulue par Jean-Paul II : « Assise a fait faire un saut extraordinaire au dialogue entre les religions, encore balbutiant et à approfondir sans cesse ». Pour le cardinal français qui fut longtemps président des Conseils pontificaux « Justice et Paix » et « Cor Unum », il existe une continuité et non pas une rupture entre la rencontre organisée par Jean-Paul II et celle voulue 25 ans plus tard par Benoît XVI. Et le prélat tient à affirmer que Jean-Paul II avait fait « tout son possible pour éviter l´apparition de tout syncrétisme » lors de la réunion de 1986, allant jusqu’à dire qu´« il n´y a pas eu la moindre trace de prière commune » à Assise, mais que « chaque religion a pu faire entendre le murmure de sa propre relation avec Dieu ». Le 27 octobre 2011, il n’y a pas eu de « prière commune », ni de « murmure », mais l’on a pu entendre la prière publique d’un animiste et la profession de foi panthéiste d’un hindouiste dans la basilique Saint-François d’Assise, sous les applaudissements des 300 représentants des religions du monde entier.
La prière d’OlokunEn effet, le matin de cette « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde », placée sous le thème «Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix», le représentant des religions et croyances africaines, Wande Abimbola a déclaré que « les religions indigènes réclamaient le même respect et considération que les autres religions », exhortant les participants à « toujours reconnaître que notre propre religion – comme les autres religions – est valable et précieuse aux yeux du Tout-Puissant qui a créé tout le monde dans la diversité et la pluralité des formes de vie ou des systèmes de croyance ».
A deux reprises au cours de cette intervention qui se faisait sous la présidence de Benoît XVI, Wande Abimbola a chanté une prière du culte Yoruba, en s´accompagnant d´un petit instrument de percussion. La seconde fois il invita les assistants à « faire (leurs) ces versets d’Olokun » et à « les recevoir dans la profondeur des océans » – Olokun est le dieu de la mer nigérian. Sur la pratique de ce culte animiste au temps de l’évangélisation, lire en note l’étude du R.P. Noël Baudin des Missions étrangères de Lyon (1844 -1887)[1] .
Ensuite intervenait le représentant de l’hindouisme, Acharya Shri Shrivatsa Goswami, qui a, lui aussi, chanté une prière : « Dieu infini qui a pris corps dans l’humanité je te vois dans chaque main et chaque pied, dans chaque œil et chaque tête, dans chaque nom et chaque être, et je te révère dans chacun. » Après cette déclaration panthéiste, il a indiqué qu’il y a « une prière hindoue pour la paix » mais qu’il n’y a « pas de chemin vers la paix, car c’est la paix elle-même qui est un chemin ». Faisant référence à la prière d’un maître spirituel hindou du XVIe siècle, il a déclaré à l’assistance : « Je m’incline et révère dieu en chacun de vous », ayant rappelé que, pour le Veda, « la vérité est une », mais « annoncée de différentes façons ».[2] Cette profession de foi hindouiste fut aussi chaleureusement applaudie que la précédente par l’assistance.
Puis la porte-parole des non-croyants, Julia Kristeva, déclara qu’elle parlait au nom de « l’humanisme », et affirma : « La rencontre de nos diversités ici, à Assise, témoigne que l’hypothèse de la destruction n’est pas la seule possible », avant de proposer ce « pari », non pas sur l’existence de Dieu comme Pascal, mais sur l’homme : « L’ère du soupçon n’est plus suffisante, face à la crise et aux menaces qui s’aggravent, est arrivée l’ère du pari : osons parier sur le renouvellement perpétuel des capacités des hommes et des femmes à croire afin que l’humanité puisse poursuivre encore pendant longtemps son destin créatif. » La psychanalyste française d’origine bulgare a alors énoncé la nécessité de faire du neuf avec l’héritage des différentes traditions : « La mémoire n’est pas du passé : la Bible, les Evangiles, le Coran, le Rigveda, le Tao nous habitent au présent. Pour que l’humanisme puisse se développer et se refonder, le moment est venu de reprendre les codes moraux construits au cours de l’histoire : sans les affaiblir, pour les problématiser, en les rénovant au regard des nouvelles singularités ». Ce syncrétisme humaniste reçut également l’approbation des assistants, avant l’intervention de Benoît XVI.
« Purifier continuellement la religion des chrétiens »Le pape proposa alors une forme de repentance aux chrétiens sur l’usage abusif de leur foi dans le passé : « Oui, dans l’histoire, on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte ». Et d’inviter à une « purification continuelle » de la religion des chrétiens.
« La critique de la religion, à partir des Lumières, a déclaré Benoît XVI, a soutenu à maintes reprises que la religion fut cause de violence et ainsi elle a attisé l’hostilité contre les religions. Qu’ici la religion motive de fait la violence est une chose qui, en tant que personnes religieuses, doit nous préoccuper profondément. D’une façon plus subtile, mais toujours cruelle, nous voyons la religion comme cause de violence là où la violence est exercée par des défenseurs d’une religion contre les autres. Les représentants des religions participants en 1986 à Assise entendaient dire – et nous le répétons avec force et grande fermeté : ce n’est pas la vraie nature de la religion. C’est au contraire son travestissement et il contribue à sa destruction.
« Contre ceci, on objecte : mais d’où savez-vous ce qu’est la vraie nature de la religion ? Votre prétention ne dérive-t-elle pas peut-être du fait que parmi vous la force de la religion s’est éteinte ? Et d’autres objecteront : mais existe-t-il vraiment une nature commune de la religion qui s’exprime dans toutes les religions et qui est donc valable pour toutes ? Nous devons affronter ces questions si nous voulons contester de façon réaliste et crédible le recours à la violence pour des motifs religieux. Ici se place une tâche fondamentale du dialogue interreligieux – une tâche qui doit être de nouveau soulignée par cette rencontre.
« Comme chrétien, je voudrais dire à ce sujet : oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. (…) La Croix du Christ est pour nous le signe de Dieu qui, à la place de la violence, pose le fait de souffrir avec l’autre et d’aimer avec l’autre. Son nom est ‘Dieu de l’amour et de la paix’ (2 Co 13, 11). C’est la tâche de tous ceux qui portent une responsabilité pour la foi chrétienne, de purifier continuellement la religion des chrétiens à partir de son centre intérieur, afin que – malgré la faiblesse de l’homme – elle soit vraiment un instrument de la paix de Dieu dans le monde. »
Les non-croyants invitent les croyants « à purifier leur propre foi »Puis Benoît XVI a justifié l’invitation de représentants des non-croyants qu’il a voulue personnellement, indiquant ce que les agnostiques peuvent apporter tant aux athées militants qu’aux croyants, – ces derniers étant, selon lui, incités par les non-croyants précisément à « purifier leur propre foi » :
« A côté des deux réalités de religion et d’anti-religion, il existe aussi, dans le monde en expansion de l’agnosticisme, une autre orientation de fond : des personnes auxquelles n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité, sont à la recherche de Dieu. Des personnes de ce genre n’affirment pas simplement : ‘Il n’existe aucun Dieu’. Elles souffrent à cause de son absence et, cherchant ce qui est vrai et bon, elles sont intérieurement en marche vers Lui. Elles sont ‘des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix’. Elles posent des questions aussi bien à l’une qu’à l’autre partie.
« Elles ôtent aux athées militants leur fausse certitude, par laquelle ils prétendent savoir qu’il n’existe pas de Dieu, et elles les invitent à devenir, plutôt que polémiques, des personnes en recherche, qui ne perdent pas l’espérance que la vérité existe et que nous pouvons et devons vivre en fonction d’elle.
« Mais elles mettent aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence envers les autres. Ces personnes cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu, dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées, est fréquemment cachée. Qu’elles ne réussissent pas à trouver Dieu dépend aussi des croyants avec leur image réduite ou même déformée de Dieu. Ainsi, leur lutte intérieure et leur interrogation sont aussi un appel pour nous les croyants – pour tous les croyants – à purifier leur propre foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible. C’est pourquoi, j’ai invité spécialement des représentants de ce troisième groupe à notre rencontre à Assise, qui ne réunit pas seulement des représentants d’institutions religieuses. »
L’intervention de Julia Kristeva, avant celle de Benoît XVI, lui apportait une réponse anticipée : « La Bible, les Evangiles, le Coran, le Rigveda, le Tao nous habitent au présent. Pour que l’humanisme puisse se développer et se refonder, le moment est venu de reprendre les codes moraux construits au cours de l’histoire ». La psychanalyste française y affirmait que son humanisme sortirait renforcé et refondé grâce à la récupération syncrétiste des diverses traditions religieuses. Rien en revanche sur une quelconque « lutte intérieure », ni sur une « interrogation » à la recherche du « vrai Dieu ». En sorte qu’il est apparu que la communication de Julia Kristeva et celle de Benoît XVI se suivaient chronologiquement, mais sur le fond demeuraient juxtaposées, cloisonnées. Si bien que l’on se demande sur quelle base doctrinale commune un engagement pour la paix a pu être pris par tous ces participants qui, dans l’après midi, exprimèrent leur accord sur des mots qui avaient, pour chacun, un sens différent.
Le renouvellement de « l’engagement pour la paix » pris en 1986Un repas frugal réunit les divers représentants des religions au couvent des franciscains. Il fut suivi d´un temps de silence réservé à la prière, à la réflexion et au repos ; chaque représentant s´étant vu attribuer une cellule du couvent pour éviter toute prière en commun, fut-il précisé.
Au début de l’après-midi, des chants et des danses furent exécutés par un groupe international, exaltant la paix, la joie…, et nouant symboliquement des étoffes multicolores. Chorégraphie irénique qui aurait eu sa place à l’Unesco ou pour l’ouverture des Jeux olympiques.
Puis chaque orateur a lu dans sa langue un texte manifestant son engagement pour la paix, au nom de sa communauté religieuse. Mounib Younan, président de la fédération luthérienne mondiale, a condamné toute violence au nom de la religion. Le patriarche syro-orthodoxe d´Antioche, Mar Gregorios, a souhaité le pardon mutuel des erreurs et préjugés du passé et du présent. Du passé, il voulait apprendre que la paix sans la justice n´est pas une vraie paix.
Ensuite le représentant taoïste Wai-Hop Tong a pris l´engagement d´être du côté de ceux qui souffrent dans la misère et l´abandon. Et le représentant shintoïste, Tsunekiyo Tanaka, a affirmé vouloir encourager toutes les initiatives pour promouvoir l´amitié entre les peuples, contre ce qui expose le monde à des risques croissants de destruction et de mort. Le Mexicain athée Guillermo Hurtado s´est fait l´écho des humanistes en dialogue avec les croyants, s´engageant à édifier un monde nouveau où chacun pourra jouir de la liberté d´agir selon ses convictions.
Puis le président du Conseil pontifical pour la promotion de l´unité des chrétiens, le cardinal Kurt Koch, a demandé aux représentants religieux de faire un geste pour sceller l´engagement pour la paix « proclamé à plusieurs voix ». Benoît XVI a donné l´exemple en saluant ses deux voisins, pendant que des colombes étaient lâchées par des franciscains.
Avant que le chœur du diocèse d´Assise n´entonne le Cantique des créatures de saint François, Benoît XVI a adressé à l’assemblée un discours pour clôturer cette rencontre : « Nous n´allons pas nous séparer, nous continuerons à nous rencontrer, à être unis par ce voyage, par le dialogue, par la construction quotidienne de la paix et par l´engagement pour un monde meilleur. » Le pape s´est ensuite recueilli devant la tombe de saint François, aux côtés de Rowan Williams, archevêque de Canterbury, et du luthérien Mounib Younan, suivis par une grande partie des représentants des diverses délégations, qui découvraient la crypte plus qu’ils n’y priaient.
Dans un message adressé aux 300 participants à la réunion interreligieuse, le Président des Etats-Unis, Barack Obama, a tenu à donner son soutien à cette nouvelle rencontre d´Assise. « A travers le dialogue interreligieux, nous pouvons nous unir pour faire cause commune afin de soulager les affligés, de faire la paix là où il y a des conflits et de trouver la voie permettant de créer un monde meilleur pour nous et nos enfants », a-t-il déclaré dans une note publiée par l´ambassade des Etats-Unis près le Saint-Siège. Ce message a été transmis par Suzan Johnson Cook, ambassadrice américaine chargée de la liberté des cultes, présente à Assise.
Le lendemain de la rencontre, devant les délégations ayant participé à cette journée, et reçues ce 28 octobre en audience au Vatican, Benoît XVI a salué son prédécesseur. Il a ainsi affirmé : « Nous pouvons apprécier la clairvoyance du regretté Jean-Paul II qui a convoqué la première rencontre d´Assise ». En 1986, cette réunion interreligieuse a manifesté « le besoin d’hommes et de femmes de différentes religions de témoigner ensemble que le chemin de l’esprit est toujours un chemin de paix ». C’est pourquoi, selon le pape, Assise a pu devenir « la maison commune de qui est convaincu que la foi rime avec la paix et les valeurs, et non avec la haine et les préjugés ». « Par ce pèlerinage unique nous avons été capables de nous engager dans un dialogue fraternel, d’approfondir notre amitié et de nous retrouver dans le silence et la prière ». Et de conclure : « Nous n’allons pas nous séparer ; nous continuerons à nous rencontrer, nous resterons unis dans ce voyage, dans le dialogue, dans la construction quotidienne de la paix et dans notre engagement pour un monde meilleur, un monde où tout homme et toute femme et tout peuple puissent vivre en accord avec leurs légitimes aspirations ».
Assise à la lumière de Mortalium animosLe 26 octobre, veille de la rencontre d’Assise, au cours d’une « liturgie de la Parole » au Vatican, Salle Paul VI, le pape a rappelé que l’épée avec laquelle est traditionnellement représenté l’apôtre saint Paul, indique non seulement l’instrument de son martyre par décapitation, mais aussi « la puissance de la vérité, qui souvent peut blesser, peut faire mal ; l’apôtre est resté fidèle jusqu’au bout à cette vérité, il l’a servie, il a souffert pour celle-ci, il a donné sa vie pour elle ». Et Benoît XVI a ajouté : « Ce n’est pas l’épée du conquérant qui construit la paix, mais l’épée de celui qui souffre, de celui qui sait donner sa vie. » Sans aucun doute Jésus rappelle à saint Pierre lors de sa Passion : « Remets ton glaive à sa place ; car tous ceux qui prennent le glaive périront par le glaive » (Mt, 26, 25). Mais saint Paul a servi et s’est aussi servi du « glaive de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (Eph. 6, 17), « car elle est vivante la parole de Dieu ; elle est efficace, plus acérée qu’aucune épée à deux tranchants ; si pénétrante qu’elle va jusqu’à séparer l’âme et l’esprit, les jointures et les moelles ; elle démêle les sentiments et les pensées du cœur » (Hb. 4, 12).
A Assise, tout est resté dans un irénisme confus, un irénisme qui dépendait de cette confusion doctrinale qu’à aucun moment le glaive de l’Esprit n’est venu démêler. Publiquement le Verbe de Dieu fut placé au même rang qu’Olokun, la Parole de Dieu au niveau du Véda, la Sagesse divine sur un pied d’égalité avec le syncrétisme humaniste.
Une fois de plus la pertinence et l’actualité de l’enseignement de Pie XI dans Mortalium animos (1928) peuvent être vérifiées : « Convaincus qu’il est très rare de rencontrer des hommes dépourvus de tout sens religieux, on voit d’aucuns nourrir l’espoir qu’il serait possible d’amener sans difficulté les peuples, malgré leurs divergences religieuses, à une entente fraternelle sur la profession de certaines doctrines considérées comme un fondement commun de vie spirituelle. C’est pourquoi ils se mettent à tenir des congrès, des réunions, des conférences, fréquentés par un nombre appréciable d’auditeurs, et, à leurs discussions, ils invitent tous les hommes indistinctement, les infidèles de tout genre comme les fidèles du Christ et même ceux qui, par malheur, se sont séparés du Christ ou qui, avec âpreté et obstination, nient la divinité de sa nature et de sa mission. De telles entreprises ne peuvent, en aucune manière, être approuvées par les catholiques, puisqu’elles s’appuient sur la théorie erronée que les religions sont toutes plus ou moins bonnes et louables, en ce sens que toutes également, bien que de manières différentes, manifestent et signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu et nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance. »
Trois ans auparavant, Pie XI avait institué la fête du Christ-Roi qui indiquait clairement la réponse catholique à toute démarche en faveur de la paix entre les nations. L’oraison de la messe de cette fête l’exprime avec netteté : « Dieu, tout-puissant et éternel qui avez voulu restaurer toutes choses dans la personne de votre Fils bien-aimé, le Roi de l’univers : accordez dans votre bonté, que toutes les familles des nations, divisées à cause de la blessure du péché, se soumettent à son très doux pouvoir ».
(Sources : VIS/Apic/Imedia/Zenit/KTO/fsspx.org – DICI du 03/11/11)
[1] Extrait de l’ouvrage du R.P. Noël Baudin, Fétichisme et féticheurs, Lyon, 1884, pp. 14-17 : « Olokun, le Dieu de la mer, le roi de l’Océan, habite un immense palais sous-marin. Sept énormes chaînes le tiennent maintenant captif. Dans un moment de colère il avait voulu détruire les hommes qui s’étaient livrés au mensonge ; il n’en restait plus que quelques-uns quand Obatala (une des premières divinités, avec Odudua et Ifa, dans le panthéon Yoruba, ndlr) s’en apercevant, le força de reculer avec les flots et l’enchaîna pour toujours dans son palais. De temps en temps il s’agite pour briser ses fers et ses efforts mettent l’Océan en furie. On lui offre des sacrifices d’animaux, quelquefois des sacrifices humains. « Son épouse est Olosa (la lagune), qui a aussi son palais sous les eaux. Le caïman lui est consacré et est considéré comme son envoyé. On offre à Olosa des sacrifices dans de petits temples sur la lagune ; quelquefois aussi on lui immole des victimes humaines afin de se la rendre favorable pour la pêche.
« Mais le plus souvent les sacrifices sont offerts à son messager le caïman qui est censé porter à sa maîtresse les offrandes des fidèles. A cet effet les féticheurs désignent au peuple le monstre qui a été investi de cette charge par la déesse. Quand le caïman ayant les marques voulues a été reconnu, on lui fait une petite cabane ou bien quelques piquets avec des feuilles de palmier désignent l’endroit qu’il a choisi pour sa demeure et tous les cinq jours féticheurs et féticheuses lui apportent de la nourriture. »
[2] Le Véda est une « connaissance révélée » transmise oralement de brahmane à brahmane au sein du védisme, du brahmanisme, et de l’hindouisme. La « science sacrée » – le Véda – est conçue comme une connaissance éternelle et unique qui, au fil du temps, intègre successivement ses multiples manifestations. L’évolution vers l’hindouisme contemporain mène à l’intégration des Upanishads au Véda qui peut finalement être qualifié de Multiple-Véda sans que ce terme signifie que le Véda éternel perd son unité foncière. C’est une forme d’unité dans la multiplicité que l’évolutionnisme hindou assume, en ignorant le principe de non-contradiction.