SOURCE - Christophe Geffroy - La Nef - octobre 2011
Mgr Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X (FSPX), a été reçu par le cardinal Levada le 14 septembre. Pour la première fois un accord semble vraiment en vue.
La persévérance et la patience du Pape avec la Fraternité Saint-Pie X, son souci de parvenir à un accord qui mette fin à cette situation de nature schismatique forcent l’admiration. Comment, en effet, lui-même ne peut-il pas être agacé ou blessé comme nous le sommes par le ton souvent péremptoire des responsables de la FSPX et par leurs attaques parfois incroyablement violentes contre le Magistère – encore le 12 septembre, l’abbé de Cacqueray, supérieur du district de France de la FSPX, publiait, « avec l’approbation de Mgr Fellay », un communiqué enflammé contre Assise III, sans même parler des critiques acerbes contre la béatification de Jean-Paul II. Mais, dans le même temps, comment ne pas saisir que se joue actuellement une partie vitale pour l’unité de l’Église dont le Saint-Père est le garant ? C’est pourquoi, en cette affaire délicate, il me semble important de mettre de côté ses préférences fort légitimes et faire toute confiance à Benoît XVI – à qui nous apportons ici un entier soutien. Nul ne pouvait aller aussi loin qu’il est allé pour faire revenir à la pleine communion les membres et fidèles de la FSPX : désormais, la balle est entièrement dans le camp de Mgr Fellay, et lui seul a maintenant le pouvoir ou de faire aboutir l’accord ou de le faire capoter.
Jusqu’à maintenant, depuis le contact renoué à l’occasion du Jubilé de l’an 2000, ce dernier n’avait eu de cesse de souffler le chaud et le froid, laissant les observateurs perplexes sur sa volonté d’aboutir à un accord – accord que j’ai toujours espéré de tout cœur mais auquel, je dois l’avouer, je ne croyais guère.
Et puis il y a eu cette réunion du 14 septembre, à Rome, entre Mgr Fellay, ses assistants, et le cardinal Levada, et le communiqué de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. D’octobre 2009 à avril 2011 eurent lieu des colloques doctrinaux entre des experts mandatés par le Pape et ceux de la FSPX : « Ces colloques, explique le communiqué, dont l’objectif était d’exposer et d’approfondir les difficultés doctrinales majeures sur des thèmes controversés, ont atteint leur but, qui était de clarifier les positions respectives et leurs motivations. » L’objectif n’était donc pas de parvenir à des « compromis », mais de mesurer les divergences. À partir de là, le communiqué poursuit : « La Congrégation pour la Doctrine de la Foi prend pour base fondamentale de la pleine réconciliation avec le Siège apostolique l’acceptation du Préambule doctrinal qui a été remis au cours de la rencontre du 14 septembre 2011. Ce préambule énonce certains des principes doctrinaux et des critères d’interprétation de la doctrine catholique nécessaires pour garantir la fidélité au Magistère de l’Église et au sentire cum Ecclesia, tout en laissant ouvertes à une légitime discussion l’étude et l’explication théologique d’expressions ou de formulations particulières présentes dans les textes du concile Vatican II et du Magistère qui a suivi. »
Ce « préambule doctrinal » n’a pas été publié, mais on peut deviner que Rome a soumis à Mgr Fellay un texte qu’il peut accepter, ce que sa réaction laisse entendre a priori. On ne voit donc plus très bien ce qui pourrait l’empêcher d’accepter la main généreusement tendue par Rome.
Le Pape fait-il trop de concessions, comme on le lit ici ou là ? C’est faire un bien mauvais procès à Benoît XVI que de croire qu’il est prêt à brader les apports magistériels de ces cinquante dernières années, notamment ceux, essentiels, du concile Vatican II. Cette affaire douloureuse aura sans doute le mérite de contribuer à mieux préciser la nature des enseignements récents : sans instituer un « Magistère à la carte », il est utile de cerner les points qui méritent, non pas d’être éliminés ou oubliés, mais d’être mieux éclairés, plus approfondis, pour respecter ce critère de « l’herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité ».
Le Magistère ne peut que gagner à de telles clarifications et quiconque est attaché à l’Église – toujours assistée par l’Esprit Saint – n’a pas à les redouter. Et puis chacun perçoit que si Mgr Fellay ne saisit pas cette occasion, il risque fort de ne pas y en avoir d’autre… Certes, un accord laisse présager des moments difficiles, des incompréhensions entre proches de la FSPX et les autres catholiques. C’est sans doute le prix à payer pour que les générations suivantes aient le bonheur d’avoir évité un schisme. Et puis la grâce de la communion retrouvée ne peut que contribuer à ouvrir les cœurs et donc faire évoluer peu à peu les esprits…
Quant à savoir quelle forme canonique prendra l’accord – une prélature personnelle ? –, je n’ai là-dessus aucune lumière. Mais quand on veut aboutir, il y a toujours une solution juridique.
Mgr Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X (FSPX), a été reçu par le cardinal Levada le 14 septembre. Pour la première fois un accord semble vraiment en vue.
La persévérance et la patience du Pape avec la Fraternité Saint-Pie X, son souci de parvenir à un accord qui mette fin à cette situation de nature schismatique forcent l’admiration. Comment, en effet, lui-même ne peut-il pas être agacé ou blessé comme nous le sommes par le ton souvent péremptoire des responsables de la FSPX et par leurs attaques parfois incroyablement violentes contre le Magistère – encore le 12 septembre, l’abbé de Cacqueray, supérieur du district de France de la FSPX, publiait, « avec l’approbation de Mgr Fellay », un communiqué enflammé contre Assise III, sans même parler des critiques acerbes contre la béatification de Jean-Paul II. Mais, dans le même temps, comment ne pas saisir que se joue actuellement une partie vitale pour l’unité de l’Église dont le Saint-Père est le garant ? C’est pourquoi, en cette affaire délicate, il me semble important de mettre de côté ses préférences fort légitimes et faire toute confiance à Benoît XVI – à qui nous apportons ici un entier soutien. Nul ne pouvait aller aussi loin qu’il est allé pour faire revenir à la pleine communion les membres et fidèles de la FSPX : désormais, la balle est entièrement dans le camp de Mgr Fellay, et lui seul a maintenant le pouvoir ou de faire aboutir l’accord ou de le faire capoter.
Jusqu’à maintenant, depuis le contact renoué à l’occasion du Jubilé de l’an 2000, ce dernier n’avait eu de cesse de souffler le chaud et le froid, laissant les observateurs perplexes sur sa volonté d’aboutir à un accord – accord que j’ai toujours espéré de tout cœur mais auquel, je dois l’avouer, je ne croyais guère.
Et puis il y a eu cette réunion du 14 septembre, à Rome, entre Mgr Fellay, ses assistants, et le cardinal Levada, et le communiqué de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. D’octobre 2009 à avril 2011 eurent lieu des colloques doctrinaux entre des experts mandatés par le Pape et ceux de la FSPX : « Ces colloques, explique le communiqué, dont l’objectif était d’exposer et d’approfondir les difficultés doctrinales majeures sur des thèmes controversés, ont atteint leur but, qui était de clarifier les positions respectives et leurs motivations. » L’objectif n’était donc pas de parvenir à des « compromis », mais de mesurer les divergences. À partir de là, le communiqué poursuit : « La Congrégation pour la Doctrine de la Foi prend pour base fondamentale de la pleine réconciliation avec le Siège apostolique l’acceptation du Préambule doctrinal qui a été remis au cours de la rencontre du 14 septembre 2011. Ce préambule énonce certains des principes doctrinaux et des critères d’interprétation de la doctrine catholique nécessaires pour garantir la fidélité au Magistère de l’Église et au sentire cum Ecclesia, tout en laissant ouvertes à une légitime discussion l’étude et l’explication théologique d’expressions ou de formulations particulières présentes dans les textes du concile Vatican II et du Magistère qui a suivi. »
Ce « préambule doctrinal » n’a pas été publié, mais on peut deviner que Rome a soumis à Mgr Fellay un texte qu’il peut accepter, ce que sa réaction laisse entendre a priori. On ne voit donc plus très bien ce qui pourrait l’empêcher d’accepter la main généreusement tendue par Rome.
Le Pape fait-il trop de concessions, comme on le lit ici ou là ? C’est faire un bien mauvais procès à Benoît XVI que de croire qu’il est prêt à brader les apports magistériels de ces cinquante dernières années, notamment ceux, essentiels, du concile Vatican II. Cette affaire douloureuse aura sans doute le mérite de contribuer à mieux préciser la nature des enseignements récents : sans instituer un « Magistère à la carte », il est utile de cerner les points qui méritent, non pas d’être éliminés ou oubliés, mais d’être mieux éclairés, plus approfondis, pour respecter ce critère de « l’herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité ».
Le Magistère ne peut que gagner à de telles clarifications et quiconque est attaché à l’Église – toujours assistée par l’Esprit Saint – n’a pas à les redouter. Et puis chacun perçoit que si Mgr Fellay ne saisit pas cette occasion, il risque fort de ne pas y en avoir d’autre… Certes, un accord laisse présager des moments difficiles, des incompréhensions entre proches de la FSPX et les autres catholiques. C’est sans doute le prix à payer pour que les générations suivantes aient le bonheur d’avoir évité un schisme. Et puis la grâce de la communion retrouvée ne peut que contribuer à ouvrir les cœurs et donc faire évoluer peu à peu les esprits…
Quant à savoir quelle forme canonique prendra l’accord – une prélature personnelle ? –, je n’ai là-dessus aucune lumière. Mais quand on veut aboutir, il y a toujours une solution juridique.