15 avril 2006

L’Echo du Parvis - "La croisée des chemins"
Bertrand Le Noac'h - avril 2006 - Le Mascaret - www.mascaret.presse.fr
L’entretien accordé par Mgr Williamson à Minute aurait pu nous réconforter, ne déclare-t-il pas : « Dès lors, les séminaires doivent ressembler plus à une famille et moins à une caserne. Nous autres supérieurs devons veiller à maintenir un contact paternel avec nos prêtres et nous demander si nous n’aurions pas pu éviter certains départs », ce qui en son temps fût une de nos inquiétudes. Il dresse un portrait du supérieur idéal : « D’abord être fort dans la foi, et ensuite humain, surtout envers ses prêtres. Il lui faudra aussi jugement, prudence et capacité d’adaptation pour discerner et sauvegarder l’essentiel. C’était là une des grandes qualités de Mgr Lefebvre lui-même. Par contre le supérieur n’a pas besoin d’être un saint. Pour un supérieur, la sainteté est un luxe, pour ainsi dire. Saint Thomas d’Aquin l’a dit une fois pour toutes : “ Qu’il enseigne, s’il est savant. Qu’il prie, s’il est saint. Qu’il gouverne, s’il est prudent. ” ».

Un pavédans la marre ?

Mais toutes ces questions semblent bien secondaires aujourd’hui, lorsque la Fraternité « se trouve à une croisée de chemins ».
On ne pourra pas reprocher à Mgr Williamson de ne pas voir que la crise qui secoue l’Eglise se noue autour du dogme : « Les catholiques ne perdent peut-être pas la foi mais ils perdent tout sens du caractère dogmatique de la foi, c’est-à-dire que des papes conciliaires jusqu’au moindre des fidèles, tous croient que la foi catholique est vraie mais ne croient plus que cette foi condamne les erreurs et les fausses religions qui lui sont contraires ».
Mais quelles lunettes a-t-il chaussées pour lire les discours de notre Souverain Pontife, qu’il nous le dise que nous évitions soigneusement ce fournisseur ! Parce que nous ne reconnaissons en rien, dans ce qu’il affirme dans son entretien, de la teneur du discours romain, même si parfois les méandres d’une pensée germanique font que toute citation de moins d’une demi page peut apparaître comme abusivement tronquée.
On ne peut critiquer efficacement la pensée d’un homme qu’en la prenant telle qu’elle se présente, avec les idées qu’elle propose et l’importance relative qu’elle leur attribue. On les examine et on les rejette si elles sont fausses. Mais pourfendre une caricature forgée à priori n’est que coup d’épée dans l’eau, puisque ni ses partisans, ni ses adversaires avertis ne la reconnaîtront.
Qu’est-ce qui peut expliquer alors cet a priori qui fait prendre en mauvaise part tout document romain ? Une posture toute romantique du « petit troupeau » qui seul se maintient héroïquement dans la tourmente, ou l’abandon de tout espoir de voir le siège de Pierre reprendre fermement le gouvernail ?
Bertrand Le Noac’h