L'erreur de l'épiscopat français: avoir tout fait, depuis plus de 40 ans, pour apparaître comme le principal obstacle à l'application des directives magistérielles en général, et de Vatican II en particulier. Il y a eu l'ignorance de la Ratio fundamentalis dans les séminaires diocésains; il y a eu la publication de "Pierre Vivantes" - qui n'était pas un catéchisme - suivie par la parution de "parcours catéchétiques" qui, bien que défaillants, furent rendus obligatoires pour la catéchèse; il y a eu l'affaire du Missel "Ephata" qui a été l'occasion d'un différend entre la "clérocratie" française - dénoncée par Jean-Claude Didelot - et le Vatican; il y a eu les tracas - le mot est faible - faits à l'éditeur Téqui dont la fidélité aux enseignements du Magisère ne s'est jamais démentie (c'est là son tort!); il y a eu les connivences des évêques diocésains avec le socialo-communisme; il y a eu l'affaire du Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD) mouvement qui, officiellement soutenu par les évêques français, finançait les promoteurs de la théologie de la libération; il y a eu les critiques de certains pasteurs diocésains contre Jean-Paul II - critiques dénoncées par André Frossard et par François-Georges Dreyfus - et contre le Cardinal Ratzinger; il y a eu les grincements de dents à l'annonce de l'élection du Cardinal Ratzinger sur le siège de Pierre; il y a eu le silence orchestré autour du discours sur la liturgie prononcé par le Cardinal Arinze à l'Institut catholique de Paris en octobre 2006; il y a eu les levées de boucliers à l'annonde de la publication d'un Motu proprio sur la liturgie par le pape Benoît XVI; il y a toujours l'absence d'une édition française du missel romain actuel...
Bref, autant de faits qui, accumulés, laissent à penser qu'entre Rome et l'épiscopat français, quelque chose ne passe plus.
Or les fidèles catholiques de France ne veulent plus de ce corporatisme d'un épiscopat gallican; il ne veulent plus de cette "exception française" qui, en gangrénant depuis plus de 40 ans la catéchèse et la liturgie, vide les églises et les sémianires. Les fidèles catholiques de France ne se reconnaissent plus dans les slogans d'une pastorale mise en place par des clercs qui ont comme soviétisé les instances diocésaines après avoir réussi à se présenter abusivement comme les vrais du courant conciliaire, alors que leur vision de l'Eglise était faussée par les a-priori hérités des courants de la pensée soixante-huitarde.
Oui: aux yeux de beaucoup, l'épiscopat français apparaît bien aujourd'hui - à tort ou à raison - comme le premier obstacle à la réception des enseignements magistériels et à leur application. Non pas que ces enseignements soient refusés; mais ils sont sans cesse atténués, relativisés, édulcorés, réinterprétés dans un sens qui fait qu'entre les directives romaines et leurs applications "sur le terrain", apparaissent de multiples décalages quand ce ne sont pas carrément des contradictions. Et c'est ce qui fait que de plus en plus de fidèles se demandent, à l'instar de Mgr Gaidon (1), s'ils peuvent toujours se dire en pleine communion avec des évêques qui ont pris l'habitude de faire part de points de vue pastoraux souvent discordants dès qu'il ne devrait s'agir que d'appliquer sans arrières pensées les enseignements du Souverain Pontife (2).
Ce que les fidèles catholiques de France attendent aujourd'hui de leurs évêques, ce ne sont ni des négociations ni des tergiversations portant sur la façon d'appliquer tel ou tel document magistériel; ce qu'ils attendent, c'est la diffusion la plus large de tous les textes émanant du Siège apostolique et leur application immédiate sans le moindre faux-fuyant.
Cela concerne essentiellement la Constitution Sacrosanctum Concilium dont beaucoup attendent encore la mise en oeuvre, l'Exhortation Sacramentum Caritatis dont il y a beaucoup à espérer, et le Motu proprio Summorum pontificum dont l'application devrait être soumise davantage à la prudence pastorale qu'à cette actuelle réticence épiscopale qui sonne d'autant plus faux que la liturgie restaurée à la suite de Vatican II n'est elle-même pas respectée dans nos diocèses.
Notes.
(1) Voir son livre "Un évêque français entre crise et renouveau de l'Eglise", éd. de l'Emmanuel.
(2) Mgr Ranjith, Secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin, a expressément appelé les prêtres, les évêques et les cardinaux à l'obéissance aux directives du Souverain Pontife. |