15 décembre 2006

Un carrefour qui fait mouche
Novembre/décembre 2006 - Le Mascaret - Abbé Prieur, diacre
Lundi 20 novembre 2006, le Congrès tant attendu, organisé à la Mutualité par l’abbé de Tanouärn s’est déroulé dans une atmosphère chaleureuse. Le thème ? « La Tradition Catholique notre Bien Commun ». On l’aura compris, le propos n’était pas de trancher des questions en cours mais de prendre acte de ce qu’il était désormais possible de débattre en commun sur un thème indiscutable : la Tradition Catholique ; non pas de prétendre résolues les questions des années soixante-dix, mais de prendre acte de ce qu’un trait à été tiré sur une prépotence désormais passée. Un nouveau paysage s’offre à nous : celui des confrontations aimables sur le fond. Dans un contexte dramatiquement contraire, le but n’est-il pas de favoriser les reconquêtes de l’Eglise ? Le veut-on, oui ou non ?
La réponse a été donnée devant 1200 personnes attentives, assidues aux interventions et débats qui se sont succédés à la Tribune. Il fallait supposer que ce fût possible ailleurs que dans l’atmosphère feutrée des dicastères : en France et sur le terrain où il n’y a pas de petits nuages pour flotter autour de vos têtes et vous illusionner, l’Eglise y est un laboratoire qui ne trompe pas. On peut donc débattre entre catholiques, et éventuellement - proh pudor ! - se fréquenter entre frères jusque là ennemis ou entre loyaux adversaires.
Il est indiscutable que Benoît XVI a “tracé la ligne” par quelques actes caractéristiques qui méritent la reconnaissance : « Merci Très Saint Père ! ». Qui osera dire que ce Pontificat n’ait pas d’ores et déjà changé le climat ambiant. Si on ne l’admet pas, la question est close. Si on l’admet, on retrousse ses manches.
Une circonstance ajoutait au piquant de la confrontation : l’article intolérant d’un journaliste et non des moindres, Jean-Pierre Denis, directeur de la Vie à l’égard de notre Supérieur Général, l’abbé Philippe Laguérie. On y relevait cependant quatre questions intéressantes. L’abbé de Tanouärn lui répondit avec brio dans sa revue Objection et le convia à ce colloque. Il était là. Merci à lui. L’ambiance bon enfant aura étonné le journaliste.
Le premier débat entre Jeanne Smits (directrice de Présent) et Philippe Maxence (rédacteur en chef de L’Homme Nouveau), montrait où les clefs de Pierre avaient dégrippé le système. Suivait un colloque avec l’abbé Héry (cf : sa chronique inactuelle), Olivier Pichon et Rémi Fontaine où il était débattu des réactions de l’épiscopat français. Puis l’abbé Aulagnier donna de la voix pour illustrer l’état de la question sur la Messe, montrer ce qui est accordé et lever les craintes de l’épiscopat. Ensuite, l’abbé Claude Barthe, subtil “vaticanologue” , fit le parallèle entre Jean XXIII et Benoît XVI, deux papes de transition avec, pour chacun, un mouvement de balancier opposé.
Vint un moment attendu : le débat mené par Daniel Hamiche avec, outre deux directeurs de Presse : Jean Pierre Denis de “La Vie” et Gérard Leclerc de “France Catholique”, monsieur l’abbé Laguérie et « notre ami le journaliste de l’extérieur », Bruno Larebière, rédacteur en chef du Choc du Mois. Excellent climat de confrontation et efficace meneur de jeu : chacun est ce qu’il est, tous admettent qu’il faut un nouveau regard sur la situation. Le plus caractéristique aura peut-être été ce touchant besoin chez nos deux journalistes d’affirmer leur foi, l’un avec pudeur l’autre avec émotion, tandis que Bruno Larebière nous bouleversait, lui qui disait ne pas croire, par son témoignage très réaliste, disant in fine ce qu’il trouve à Saint Eloi.
Au total les abbés de l’Institut du Bon Pasteur donnèrent de la hauteur et l’abbé Laguérie, sûr et souple, n’y manqua pas.
Enfin un dernier colloque entre l’abbé de Tanouärn et l’abbé Leclère, professeur de philosophie. Celui-ci exaltait le magistère de Vatican II comme relevant du Magistère Ordinnaire et Universel, et partant, infaillible. Pourquoi alors se ménage-t-il un espace critique, lequel, et à quel titre ? Il s’agit au contraire, sur les traces du pape et de facto, d’ouvrir largement les voies interprétatives. Qu’on se le dise !
L’abbé de Tanouärn pouvait enfin manifester sa joie et nous inviter à remettre ça. Coup au but !
Abbé Claude Prieur, diacre