24 décembre 2006

« Le latin, tout comme la célébration à minuit, participent du mystère. »
24 décembre 2006 - La Voix du Nord
[interview de l'abbé Etienne Beauvais, FSSPX] La messe de minuit en latin, pourquoi ?
« Je suis comme beaucoup de prêtres attiré par la beauté de l’ancien rite. On ne peut que se réjouir de ce retour possible au latin, qui pour moi est la langue obligatoire de la liturgie. C’est un soulagement ! »
Le public ne comprend pas le latin ! Ça ne vous gêne pas ?
« Les gens ne comprennent pas effectivement. Moi-même je comprends le sens global, mais je suis incapable de faire de la traduction simultanée. Pour autant l’usage du latin n’est pas un frein. Si certains peuvent être rebutés de prime abord, il revient au prêtre de leur expliquer la liturgie. Des traductions en langue vernaculaire (le français) sont généralement fournies. »
Vous célèbrerez la messe de minuit en latin... et à minuit ?
« Oui. Le latin, tout comme la célébration à minuit, participent du mystère. Les premiers chrétiens priaient beaucoup la nuit, clandestinement. Il est malheureux aujourd’hui de désacraliser la messe de minuit pour privilégier le repas sur le mystère de l’incarnation. La tradition n’empêche pas de faire la fête après. »
La Voix du Nord - 24/12/2006 Ce soir, la messe de Noël en latin ?
En France, depuis 1965, sauf exception, le latin n’est en usage que dans les églises traditionalistes. Le Vatican étudie depuis novembre la possibilité d’autoriser son retour ailleurs. Dans la région, une douzaine de messes de minuit seront ce soir célébrées en latin
PAR CHRISTIAN CANIVEZ
« In nomine patris » ou « Au nom du Père » ? Depuis qu’un cardinal colombien a suggéré au pape Benoît XVI d’autoriser l’usage du latin à l’église, les catholiques sont en émoi.
Certes aucun motu proprio (décret pontifical) n’a été signé et seules des consultations sont engagées. Mais le projet est là et ne laisse pas indifférent.
Il faut dire qu’en France, les partisans du latin se retrouvent dans leur immense majorité sur les bancs des églises traditionalistes et intégristes, telle la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Celle-ci, qui réunit moins de 50 000 fidèles dans le pays, est en rupture avec Rome depuis 1988, date de l’excommunication du cardinal Lefebvre, son fondateur.
Autoriser les prêtres à officier en latin, c’est, de fait, tendre la main à ces « brebis égarées ». Une main tendue qui fait grincer des dents. En réhabilitant le latin, le Pape fait-il le jeu des intégristes ? Beaucoup le pensent, y compris dans les rangs de l’Église. Il suffit de voir la joie qu’a soulevée ce projet du côté des « lefebvristes » (lire ci-dessous). Vu l’émoi suscité, le Vatican aujourd’hui temporise. Les choses pourraient se décanter en 2007.
En attendant, le latin sera à l’oeuvre ce soir, pour la messe de minuit, dans un certain nombre de lieux de culte de l’Hexagone.
Des lieux qui n’ont pas attendu la main tendue de Benoît XVI pour mettre le français au placard. Ils sont une douzaine dans la région (liste ci-contre), tous liés à la Fraternité Saint-Pie X, à l’exception d’Eleu-dit-Leauwette près de Lens (son prêtre est rattaché au diocèse de Monaco !) et de deux chapelles à Lille et à La Chapelle d’Armentières où l’évêque de Lille a autorisé l’usage du latin.