7 février 2012

[Paix Liturgique] Exclusif: Sondage sur la demande de messe extraordinaire dans le diocèse de Nice

SOURCE - Paix Liturgique n°321 - 7 février 2012

Poursuivant notre série de sondages dans les diocèses français, nous avons commandé une étude d'opinion dans le diocèse de Nice. Nice est atypique parce que sous forte influence italienne - le Comté n'est français que depuis 1860 - donc, catholiquement et liturgiquement parlant, romaine. Atypique aussi car l'essentiel de la population y est urbaine et plutôt âgée, donc statistiquement plus portée vers la pratique religieuse dominicale.

L'évêque, Mgr Louis Sankalé, ecclésiastique classique, originaire de Marseille, où il fut curé, a été ensuite évêque de Cayenne, avant de recevoir le siège de Nice. Cet ancien d'HEC est un prélat discret, dénué de préjugés idéologiques. Ses bons rapports avec les prêtres Ecclesia Dei sont notoires. Une place est donnée par lui volontiers - parfois pour des postes clés - dans le clergé diocésain à des prêtres d'esprit très traditionnel. Et même, on le voit pousser la porte du prieuré niçois de la Fraternité saint Pie X sur le site internet diocésain, à l'occasion d'une visite pastorale du Vieux Nice en janvier 2011.

I - LES RÉSULTATS DU SONDAGE

L'étude a été réalisée auprés de  la population de 18 ans et plus du département des Alpes-Maritimes (diocèse de Nice) entre le  lundi 5 septembre et  le  mercredi 14 septembre 2011.

Les résultats qui suivent portent sur les 511 personnes qui se sont déclarés " catholiques ", soit 53,8 % de l'échantillon total.

Certes, il subsiste une majorité de catholiques déclarés à Nice mais cette majorité est ténue, preuve que la déchristianisation frappe partout.

On ressent les effets de cette sécularisation massive partout constatée et souvent déplorée par le Pape, puisque la pratique religieuse des catholiques déclarés du diocèse se situe dans la moyenne basse de celles mesurées jusqu'ici dans nos sondages diocésains en France métropolitaine. En revanche, peut-être en raison de la proximité de l'Italie, la pratique religieuse globale dans la population se situe un peu au-dessus de la moyenne nationale française, soit près de 6 %, au lieu de 4,5 % pour l'ensemble de la France, en effet :

11 % des sondés déclarent assister à la messe chaque semaine ;
13,3 % une à deux fois par mois ;
15,2 % pour les grandes fêtes ;
39,4 % occasionnellement ;
20,7 % jamais ;
0,4 % ne répondent pas.

Dans les réponses suivantes, nous considérerons les 24,3 % de catholiques niçois assistant à la messe au moins une fois par mois et que nous appellerons, comme le veulent les catégories sociologiques, les " pratiquants ".

- 57 % des catholiques pratiquants du diocèse disent connaître le Motu Proprio Summorum Pontificum contre 42,8 % qui n'en ont jamais entendu parler. C'est un taux là encore assez bas.

- 63,5 % des catholiques pratiquants trouvent normale la coexistence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse ; 21,1 % n'ont pas d'avis ; et 15,4 % (seulement 1 fidèle sur 7) la trouvent anormale. Ce dernier taux est parmi les plus faibles rencontrés jusqu'ici et reflète bien l'absence de crispations idéologiques dans le diocèse.

- À la question « Si la messe était célébrée en latin et grégorien sous sa forme extraordinaire dans votre paroisse, sans se substituer à celle dite " ordinaire " en français, y assisteriez-vous ? » Chez les pratiquants, 33,7 % déclarent vouloir assister à la liturgie extraordinaire chaque semaine et 39,7 % à un rythme mensuel.
Soit 73,4 % des pratiquants actuels du diocèse de Nice qui iraient au moins une fois par mois participer à une messe en latin et en grégorien selon le missel de 1962 si le texte du Pape était appliqué dans leur propre paroisse. Cette proportion de trois pratiquants sur quatre conforte nos enquêtes de Rennes, de Versailles et de Lyon.

Si l'on considère l'ensemble des catholiques (et non plus seulement les pratiquants), le résultat est de 8,8 % chaque semaine et de 13,5 % une ou deux fois par mois, soit 22,3 % au moins une fois par mois.

Près d'un catholique sur quatre, un chiffre remarquable mais qui le devient encore plus si l'on considère la classe d'âge qui va de 18 à 29 ans puisque 32,9 % de ces jeunes catholiques déclarés assisteraient à la messe traditionnelle mensuellement (11,1 % chaque semaine et 21,8% au moins une fois par mois). Soit un jeune catholique sur trois ouvert à la forme extraordinaire du rite romain. Ceci confirme une tendance remarquée depuis quelques années par tous les prêtres célébrant la messe traditionnelle : de plus en plus, les jeunes catholiques assistent occasionnellement sans problème à cette messe, s'y habituent aisément, et y participent (chants et communion massive) tout à fait naturellement. Inversement, ces mêmes prêtres sont contraints de « faire avec » le phénomène d'assistances jeunes beaucoup plus fluides que les générations précédentes du même âge, et qui pratiquent l'une et l'autre forme du rite.

II - QUELQUES RÉFLEXIONS AU SUJET DE CES RÉSULTATS

1 - La situation de la forme extraordinaire dans le diocèse de NICE

Rappelons tout d'abord que la forme extraordinaire dans le diocèse de Nice, c'est, historiquement et numériquement parlant, la Fraternité Saint Pie X. Elle dispose de quatre lieux de culte (2 à Nice, 1 à Cannes et 1 à Grasse) et rassemble chaque dimanche plusieurs centaines de fidèles.

Ensuite, et dans un cadre canoniquement diocésain, la liturgie traditionnelle est célébrée à Nice et à Cannes par l'Institut du Christ Roi Souverain Prêtre (100 à 150 fidèles). L'origine de cet apostolat remonte à la demande d'application du Motu Proprio Ecclesia Dei faite par quelques membres de la confrérie des Pénitents Rouges il y a une vingtaine d'années. La messe leur fut alors accordée par Mgr Saint-Macary et est célébrée depuis en leur chapelle du Saint Suaire, située au pied de la colline du Château.

Au départ, ce sont des chanoines de la cathédrale qui ont célébré - les fidèles les plus anciens se souviennent avec émotion du chanoine Terseur - jusqu'à l'arrivée de l'ICRSP en 1995-1996. Onze ans durant, c'est l'abbé Le Pautremat qui a officié, avant d'être remplacé en 2006 par le chanoine Merly. En 2007 le père Henri Freidier, vicaire épiscopal, pouvait donc affirmer à Nice-Matin que « le diocèse n'a pas attendu le Motu Proprio de Benoît XVI pour faciliter la messe de Jean XXIII ». Sauf que, plus de quatre ans après le Motu Proprio, le diocèse n'a pratiquement accordé aucune nouvelle messe " extraordinaire ".

Ainsi, en dehors des lieux confiés à l'ICRSP, le seul lieu du diocèse où la messe est offerte chaque dimanche est l'église du Cap d'Ail (messe à 8h30) mais elle est desservie, en vertu d'un accord interdiocésain, par des prêtres du diocèse de Monaco.

À l'évidence la ligne diocésaine semble être plutôt pour l'instant de confier la forme extraordinaire à des prêtres extérieurs au diocèse que d'encourager ceux de ses prêtres qui s'en sentent proches.

Et pourtant, jeunes ou moins jeunes, ils sont une dizaine de prêtres du diocèse à savoir ou désirer savoir célébrer, bien que la liturgie traditionnelle soit pour l'instant inconnue au séminaire de Laghet (notons que trois fois par an, « pour se former aux messes internationales », les séminaristes du diocèse de Nice ont droit à la forme ordinaire en latin. Le strict minimum). Certains ont déjà choisi la forme extraordinaire comme forme privée, avec l'accord (non nécessaire, mais qui ne gâte rien) de leur curé, comme l'abbé Dejouy à Cannes. D'autres sont des habitués du Barroux ou de Fontgombault mais qui ne tiennent pas compte de l'attente énorme des fidèles du diocèse.

2 - Un avenir assuré

Et le plus tôt sera le mieux car les besoins existent. Nous avons connaissance de plusieurs demandes sérieuses, notamment à Antibes et à Grasse, et les chiffres du sondage effectué sont sans équivoque : un jeune catholique sur trois souhaite découvrir la forme extraordinaire. Malgré sa célébration limitée aux rares fidèles qui y ont accès, quelques dizaines inclus ceux de la FSSPX. Malgré l'absence de promotion dont elle souffre. Quel résultat ! Le Saint Père ne s'était pas trompé en écrivant aux évêques du monde entier que les jeunes se sentaient attirés par la liturgie traditionnelle « et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement ».

Oui, le quart des catholiques et les trois-quarts des pratiquants du diocèse de Nice ont le désir de bénéficier des fruits du Motu Proprio Summorum Pontificum. C'est le meilleur résultat enregistré depuis que nous avons lancé notre campagne de sondages diocésains.

Ce chiffre doit être mis en perspective avec la proportion également record du peu de pratiquants (15,4 % !) qui trouvent " anormale " la coexistence pacifique des deux formes de l'unique rite romain dans les paroisses. Et encore, ce chiffre ridiculement bas pourrait diminuer si l'ensemble des pratiquants (et pas seulement 57 %) avaient entendu parler du Motu Proprio et savaient que le Pape lui-même encourageait l'enrichissement mutuel des deux formes du rite romain.

On peut avancer prudemment une hypothèse : français par sa réactivité à la diffusion de la liturgie traditionnelle, le diocèse de Nice est proche de l'Italie par son absence de barrières idéologiques. En tout cas, le diocèse de Nice réunit tous les ingrédients pour être le laboratoire d'une application massive et réussie du Motu Proprio, alors.

3 - Ce sondage a coûté la somme de 4300 euros TTC. Si vous souhaitez participer à son financement et nous permettre de continuer notre travail d'information, vous pouvez adresser votre don à :
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