Les premiers partent de Chartres pour Paris, les seconds font le chemin inverse. Intégristes et traditionalistes vont marcher pendant 3 jours.
Près de 5.000 catholiques intégristes lefebvristes vont entamer ce matin à Chartres un pèlerinage de Pentecôte qui doit les conduire à pied dans les Yvelines et à Paris où sera célébrée une messe place Vauban. « Nous sommes plus nombreux à Paris qu’à Chartres, mais le nombre de pèlerins augmente en cours de route », précise Paule, fidèle de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, qui participe à ce pèlerinage depuis 1988. « C’est très intéressant. C’est une illustration, en réduction, de notre vie. C’est un petit village catholique qui se déplace sur les routes. On sort d’une certaine routine dans un but spirituel et après ces trois jours de marche et de prières, on rayonne, on est transformés intérieurement mais c’est de moins en moins compréhensible par une société matérialiste qui a perdu la foi. »« Le plaisir de péleriner »Ces “ultras” commenceront leur pèlerinage par une messe en latin célébrée selon le rite tridentin (antérieur au concile Vatican II), dans les jardins de l’évêché de la cathédrale de Chartres dont l’accès leur reste interdit par le Vatican. Dans le même temps et dans le chemin inverse, quelque 6.000 catholiques de la tradition romaine partiront ce matin de la cathédrale Notre-Dame de Paris pour arriver lundi à la cathédrale Notre-Dame de Chartres avant la grande messe qui sera célébrée par Mgr Éric Aumonier, évêque de Versailles (Yvelines).
Ces deux pèlerinages sont opposés dans leur doctrine depuis le concile de Vatican II (1962-1965). « La foi est liée à la doctrine qui est malmenée mais chez nous, elle est préservée », affirme Paule. « La foi a deux aspects : la prédication et la dénonciation des erreurs. Les traditionalistes ont abandonné ce deuxième aspect. » Mais ces deux pèlerinages pourraient se croiser à hauteur de la forêt de Rambouillet, dans les Yvelines. « Je n’ai jamais croisé de lefebvristes sur les routes », confie Augustin qui participe au pèlerinage de l’association Notre-Dame de la Chrétienté depuis 2000. « J’étais à la fac à Paris à l’époque et des amis m’ont proposé de les accompagner jusqu’à Chartres. J’ai découvert la tradition et le plaisir de “péleriner”. On est fatigué, on a mal aux pieds, on a attrapé des coups de soleil ou on a été trempés pendant ces trois jours. Mais on n’a qu’une envie, c’est de refaire ce pèlerinage l’année suivante. »
Augustin, qui a manifesté contre le mariage pour tous, n’est « pas favorable aux évolutions qui ne tiennent pas compte des conséquences qu’elles peuvent provoquer ». Mais il ressent une « recherche de rupture, de changement » chez les jeunes pèlerins qui veulent participer aux débats de société. « Il n’y a pas une écoute ni une volonté d’échanges en face mais ça n’a rien de surprenant. Le regard de la société sur les croyants est lié à une incompréhension mais les croyants ont vocation d’être témoins. La foi ne doit pas être qu’enfermée à l’intérieur de soi. Elle doit être visible. »
« La société a un regard un peu sévère »Ce manager de 34 ans, qui marche dans un chapitre de trente personnes, en profite pour retrouver ses amis et faire une « retraite à ciel ouvert ». « Je n’ai plus de téléphone portable ni de montre pendant trois jours. Je ne pense plus à mon travail, mes charges et à mes responsabilités. Je ne pense qu’à l’essentiel, c’est-à-dire ma relation avec Dieu. » Chacun de ses pèlerinages lui a « apporté beaucoup » et permis d’« approfondir » sa foi. « La période n’est pas facile pour les croyants. La société a un regard un peu sévère sur la pratique de la foi. Dès que l’on sort de la charité, on n’a pas voix au chapitre. On nous interdit d’avoir une opinion. »
Augustin, qui a manifesté contre le mariage pour tous, n’est « pas favorable aux évolutions qui ne tiennent pas compte des conséquences qu’elles peuvent provoquer ». Mais il ressent une « recherche de rupture, de changement » chez les jeunes pèlerins qui veulent participer aux débats de société. « Il n’y a pas une écoute ni une volonté d’échanges en face mais ça n’a rien de surprenant. Le regard de la société sur les croyants est lié à une incompréhension mais les croyants ont vocation d’être témoins. La foi ne doit pas être qu’enfermée à l’intérieur de soi. Elle doit être visible. »