11 janvier 2018

[Paix Liturgique] 2018, l'année des bons pasteurs ?

SOURCE - Paix Liturgique - lettre 627 - 11 janvier 2018

Et si 2018 était l'année des bons pasteurs ? Voici le vœu que nous formulons pour cette nouvelle année, inspirés par la nomination et l'installation de Mgr Aupetit à la tête de l'archidiocèse de Paris. Quatre principes d'action, valables pour tous les pasteurs authentiquement intéressés au bien des âmes qui leurs sont confiées, ressortent des toutes premières déclarations du nouvel archevêque de Paris. Nous y souscrivons pleinement.

1) Aimer sans exception

« Il faut du temps pour apprendre à aimer les personnes qui vivent sur un diocèse. Car au-delà des sympathies ou des sentiments naturels, il convient de les aimer comme Jésus lui-même les aime : sans jugement, sans a priori, et sans exception. Chaque jour je prie pour tous ceux qui me sont confiés. »
(« À Dieu » de Mgr Aupetit aux fidèles de Nanterre, 7 décembre 2017)

« Le fil rouge, c'est comment on fait pour aimer les gens. Que ce soit des jeunes, que ce soit des paroissiens, que ce soit des prêtres. (…) Au fond, c'est toujours ça : comment on arrive à aimer les gens, mais ceux qu'on n'avait pas prévu et qu'on apprend à aimer, tout simplement. »
(Entretien à KTO, 7 décembre 2017)

2) Réfléchir librement

« L'Église peut être dérangeante, mais elle peut aussi ne pas l’être. Sur certains sujets, elle doit faire entendre sa voix pour permettre aux personnes de prendre conscience. Quand tout le monde va dans le même sens, le danger est que les consciences soient anesthésiées. À nous, catholiques, de savoir réveiller nos concitoyens, en permettant à chacun d’être libre par rapport à la bien-pensance. Que pouvons-nous dire, non pas pour les contrarier, mais pour leur permettre d’avoir une véritable réflexion, au-delà des prêts-à-penser ? »
(Entretien à Paris Notre-Dame, 4 janvier 2018)

3) Répondre aux attentes des fidèles

« Ce que je vois, c'est qu'il y a quand même une grande soif. Que ce soit chez les jeunes ou les plus âgés, chez les gens qui travaillent, il y a une vraie attente. Alors, maintenant, comment, nous, on fait pour répondre à cette attente. Voyez, la question c'est que les gens ont soif et est-ce qu'on leur donne la boisson qui convient ? C'est pas évident parce que quelquefois on a des projets pastoraux, etc. mais, manque de chance, ça ne correspond pas à ce que les gens attendent. C'est comme si vous vouliez faire boire du coca-cola à un œnologue... eh bien, ça ne marche pas. »
(Entretien à KTO, 7 décembre 2017)

4) Unir sans uniformiser

« Je pense que le premier rôle de l’évêque est d’unir, ce qui ne veut pas dire uniformiser. Dans l’Église, il y a différentes réalités sociologiques, différentes sensibilités. L’évêque doit être celui qui rappelle que ce qui nous unit est bien plus fort que ce qui pourrait nous diviser. Je crois que c’est vraiment la chose première. Comment permet-on aux personnes de travailler ensemble : prêtres, diacres, laïcs... chacun ayant une vraie responsabilité ? »
(Entretien à Paris Notre-Dame, 4 janvier 2018)

LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1) Vocation tardive, médecin ordonné à l'âge de 44 ans en 1995, Michel Aupetit a été formé sacerdotalement alors que la politique de recentrage du cardinal Lustiger commençait à porter ses fruits à Paris. Dans le groupe des « fils de Jean-Marie Lustiger » que constituent les évêques de Paris et des environs, il compte parmi les prélats ouverts et respectueux des sensibilités.

2) Du point de vue liturgique, celui qui accompagnait dans sa jeunesse la messe à la guitare a, sans avoir un profond habitus liturgique, beaucoup évolué. Certes, le 2 décembre 2007, comme vicaire général, il avait imposé, lors d’une messe au Val-de-Grâce, dépendant du diocèse aux Armées, d’y célébrer désormais face au peuple. Dix ans après, et comme nous avons rendu compte dans notre lettre 621, il a très volontiers organisé une messe anniversaire pour le motu proprio Summorum Pontificum dans sa cathédrale de Nanterre, le 11 novembre 2017. Empêché in extremis d'y présider, il fit néanmoins adresser un message chaleureux aux fidèles qui y participèrent.

3) À cet homme direct, qui dit franchement ce qu’il pense et n'a pas peur d'exercer son autorité, certains reprochent parfois de ne pas écouter suffisamment. Les principes d'action que nous rapportons ici sont autant de bonnes résolutions dont on ne peut que lui faire gré. Appliqués au champ liturgique, ils pourraient être les garants de la mise en œuvre d'une paix et d'une réconciliation durables dans les paroisses parisiennes. Comme nous le soulignons lettre après lettre, et comme l'ont bien illustré nos sondages – aussi bien internationaux que diocésains – il y a dans toutes nos paroisses un noyau de fidèles, souvent silencieux, désireux de bénéficier pleinement des richesses liturgiques de l'Église. En se déclarant prêt à aimer ses brebis, toutes ses brebis, sans a priori ; prêt à considérer sans œillères les situations particulières ; prêt à écouter les attentes des fidèles avec le désir sincère d'y répondre ; prêt à faire une place à chacun en les faisant travailler ensemble dans le respect de leurs singularités, l'archevêque de Paris offre un modèle de conduite pastorale auquel nous ne pouvons que souscrire tant il est l'antidote à l'exclusion et au mépris qui ont si longtemps prévalu au sein de l'Église de France.

4) Prions donc pour que 2018 soit l'année des bons pasteurs, décidés à donner la vie, en abondance, à toutes les âmes dont ils ont la charge, dans le respect de leurs différences et de leurs aspirations.