SOURCE - Paix Liturgique - lettre n°681 - 5 février 2019
Les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), qui se sont déroulées fin janvier, ont attiré des milliers de pèlerins à Panama. Le 25 janvier, jour du Chemin de Croix, 112.091 personnes avaient obtenu l’accréditation de participation aux JMJ. Parmi eux, 87.391 pèlerins, 450 évêques, 2.250 prêtres, 2.500 journalistes et 19.500 volontaires. Le premier événement avec le Pape François, accueillant et inaugurant les JMJ, a réuni 350.000 personnes dans le champ de Santa Maria de la Antigua, la patronne du Panama. Ce nombre a augmenté le samedi et le dimanche, pour la veillée et la messe de clôture qui a réuni près de 700.000 jeunes dans ce tout petit pays.
Les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ), qui se sont déroulées fin janvier, ont attiré des milliers de pèlerins à Panama. Le 25 janvier, jour du Chemin de Croix, 112.091 personnes avaient obtenu l’accréditation de participation aux JMJ. Parmi eux, 87.391 pèlerins, 450 évêques, 2.250 prêtres, 2.500 journalistes et 19.500 volontaires. Le premier événement avec le Pape François, accueillant et inaugurant les JMJ, a réuni 350.000 personnes dans le champ de Santa Maria de la Antigua, la patronne du Panama. Ce nombre a augmenté le samedi et le dimanche, pour la veillée et la messe de clôture qui a réuni près de 700.000 jeunes dans ce tout petit pays.
Succès en demi-teinte de ces JMJ ?
Car ces chiffres, bien plus faibles que lors des dernières journées mondiale, ont tout de même un impact majeur sur le Panama, qui est un pays relativement modeste avec seulement 4 millions d’habitants. Des réserves avaient d’ailleurs avaient été exprimées quant à la capacité du Panama à recevoir autant de personnes, sur tous les sujets allant de la nourriture, à la mobilité et à la sécurité des pèlerins. Ces réserves se sont avérées sans fondement et, selon de nombreux habitants, on n’a jamais vécu aussi bien dans cette ville, grâce aux JMJ. Plusieurs témoignages laissés sur les réseaux sociaux par des personnes qui y vivent témoignent bien de ces bonnes expériences : « Je ne me suis jamais senti chez moi au Panama aussi en sécurité en marchant la nuit » ; « Le camion à ordures est passé et Internet a fonctionné tous les jours » ; « Je n’avais jamais été servi si bien dans les établissements commerciaux » ; « Dans ma maison, l’eau n’arrivait jamais et pendant les JMJ, elle arrivait tous les jours ». Il y avait aussi des témoignages d’une grande générosité de la part des pèlerins mais aussi des commerçants et des restaurants. Les transports ont parfaitement fonctionné. Il n’y a pas eu de troubles dans les rues malgré la foule, mais beaucoup de joie et de civilité (ce qui n’est pas courant lors d’une réunion de jeunes aujourd’hui). Pour conclure les panaméens ont été d’excellents hôtes et les pèlerins très satisfaits de leur séjour dans ce beau pays.
On a parlé d’insuccès de ces JMJ, par rapport aux 3.500.000 participants, ou 3.700.000, lors des deux dernières éditions, mais il faut sans doute relativiser dans la mesure où ces JMJ étaient, cette fois, principalement sud-américaines. En effet, la date choisie correspondant à la période de vacances dans les pays de l’hémisphère sud, sachant qu’ordinairement les JMJ ont généralement lieu en juillet. Cela a empêché de nombreux jeunes de pays de l’hémisphère nord, qui sont généralement présents à cet événement, d’assister, à cause des cours, examens ou du travail. Les pays les plus représentés ont été le Panama, le Brésil et le Mexique. On a également vu de nombreux drapeaux de San Salvador, du Costa Rica et des États-Unis. Les pays européens étaient également représentés, mais il est vrai en nombre beaucoup moins important qu’aux précédentes journées. Certes, la date n’explique sans doute pas tout, car les JMJ de Buenos Aires, en avril 1987, avait réuni un million de jeunes et celles de Manille, en janvier 1995, 5 millions de personnes. Mais inversement, les JMJ de la lointaine Australie, en juillet 2008, n’avaient réuni que 500.000 jeunes.
Les catéchèses et les messes du matin ont eu lieu, comme d’habitude, dans les paroisses. Des centres d’activités regroupant de nombreuses personnes, comme le Foire de la Vocation, rassemblant de nombreux stands de congrégations religieuses, et le Champ du Pardon, ou de nombreux confessionnaux étaient prêts à recevoir les pèlerins désireux de se confesser.
Mais plein succès de la messe traditionnelle
On peut regretter que, malgré de nombreuses célébrations, le programme officiel des JMJ ne comprenait toujours pas de messe traditionnelle. On se souvient peut-être qu’en 2005, Juventutem participait pour la première fois aux Journées Mondiales de la Jeunesse à Cologne après avoir obtenu du Conseil pontifical pour les Laïcs, organisateur des JMJ, une église pour y faire célébrer la messe traditionnelle pendant le semaine des JMJ. En 2016, à Cracovie, il y en eut même deux dans le centre de la ville ! Cependant un groupe de laïcs s’est réuni pour organiser des messes dans la forme extraordinaire pendant ces journées à Panama. Le noyau organisateur, en charge de la branche américaine de Juventutem, a été soutenu par plusieurs pèlerins d’autres pays, le mouvement Juventutem ayant pour principale vocation, comme on le sait, de promouvoir la messe traditionnelle par et auprès des jeunes. Grâce à un contact avec la Conférence épiscopale des États-Unis d’Amérique, le groupe a été autorisé à utiliser la chapelle des évêques américains à l’hôtel où ils étaient logés. Une messe chantée y a été célébrée le mercredi 23 janvier, à laquelle a participé un premier groupe, essentiellement des organisateurs de la grand-messe solennelle en forme extraordinaire prévue pour le lendemain jeudi 24 janvier dans l’église Notre-Dame du Mont-Carmel, église un peu agressivement néo-gothique, mais récemment restaurée et en fort bon état.
Ce jour-là plus de 500 jeunes ont assisté à cette messe, ce qui n’est pas mal du tout, puisqu’on estimait, par exemple à Cracovie, que l’assistance extraordinaire avait été environ de 800 personnes. Le tout dans un climat de grande sacralité et de silence. Au total, compte tenu de l’assistance plus faible aux JMJ, on pourrait dire que la proportion de jeunes catholiques « extraordinaires » augmente, mais il faut rester prudent dans ces évaluations. En tout cas, une fois de plus, nombre de ces jeunes n’avaient jamais assisté à la liturgie traditionnelle, aucune célébration n’existant à proximité de leur lieu de résidence.
Ajoutons que la messe dans la forme extraordinaire fut un évènement historique, dans la mesure où elle n’a pas été célébrée depuis plusieurs décennies dans la ville de Panama. Grâce à cette messe dans l’église Notre-Dame du Mont-Carmel, beaucoup de jeunes panaméens désirant assister régulièrement à la messe traditionnelle, qui se considéraient seuls dans cette quête, ont rencontré d’autres jeunes panaméens partageant également cet intérêt. Ce fut une rencontre providentielle pour l’avenir de la Tradition au Panama. Le chant grégorien fut notamment très apprécié par les jeunes présents. Et puis, ironie de la Providence : c’est sur le parvis de l’église qu’a eu lieu une manifestation LGTB contre la venue du Pape, en sorte que la messe extraordinaire avait aussi valeur de réparation.
La prédication fut donnée par Mgr. Alexander Sample, archevêque de Portland (États-Unis) et grand défenseur de la liturgie traditionnelle, qui a dirigé le pèlerinage Summorum Pontificum en 2016, à Rome. Il proposa une réflexion sur les raisons qui poussent les jeunes à rechercher la forme extraordinaire du rite romain.
Le lendemain, le 26 janvier, la messe a de nouveau été célébrée, mais dans la chapelle de l’hôtel. Plus de 100 jeunes s’étaient libérés à une heure pourtant inconfortable pour pouvoir assister à la messe traditionnelle. Le groupe panaméen était très bien représenté car il ne voulait pas rater cette dernière occasion d’assister à la liturgie traditionnelle… jusqu’à ce qu’elle soit à nouveau célébrée régulièrement dans leur pays.
Les JMJ de Panama ont eu la particularité de bénéficier de la présence de l’image pèlerine de Notre-Dame de Fatima, présente à la Tente de la Rencontre et visitée par des milliers de jeunes désireux de vénérer la Vierge du Rosaire, apparue aux bergers au Portugal, il y a un peu plus d’un siècle. Cette image a été réalisée en 1947 selon les instructions de Sœur Lucie de Jésus et du Sacré-Cœur, une des voyantes de Fatima. Le 13 mai de cette année, l’image a été couronnée solennellement par l’évêque de Leiria, dont dépend le sanctuaire de Fatima. Depuis lors, selon les responsables du sanctuaire de Fatima, l’image s’est rendue dans 64 pays sur 5 continents, après avoir parcouru 360000 kilomètres, ce qui correspond à 15 tournées mondiales. Au cours de l’histoire, c’est la statue qui a le plus voyagé, preuve tangible de la dévotion à Notre-Dame de Fatima dans le monde entier.
La présence de l’image pèlerine n’était pas un hasard. Outre la dévotion des jeunes catholiques envers la Mère de Dieu, sa présence était aussi l’annonce du lieu choisi pour les prochaines JMJ : Lisbonne. La capitale du Portugal n’est qu’à environ 100 kilomètres de l’endroit où Notre-Dame est apparue aux bergers. Fatima sera certainement l’une des figures centrales de ces JMJ prévues pour l’année 2022 auxquelles Paix Liturgique participera bien évidemment aux côtés des nombreux jeunes catholiques attires par la forme extraordinaire.
Nous gardons la mémoire vive du sermon de Mgr Sample. A l’issue de la messe à Notre-Dame du Carmel, dans le cadre d’un entretien donné à Paix Liturgique, il a pris la peine d’en développer le thème :
« Oui, je pense que la messe traditionnelle en latin, ou ce que nous appelons la forme extraordinaire, est importante pour la vie de l’Eglise. Je pense qu’il faut que cette forme du rite latin s’épanouisse dans l’église, car elle nous maintient en contact avec notre tradition liturgique, qui est très riche et ancienne. Je pense aussi que, parfois, notre célébration de la forme ordinaire de la messe, la liturgie sacrée renouvelée, n’a justement pas ce sens de continuité avec le passé. Nous assistons même à ce qui peut sembler une rupture avec la forme antérieure. C’est pourquoi si la forme extraordinaire est florissante dans l’Eglise, cela peut donner une possibilité de développer une nouvelle réforme liturgique, dans la ligne de ce que le pape Benoît XVI a appelé la « réforme de la réforme ». Il est absolument nécessaire que nous examinions attentivement la direction prise par la liturgie aujourd’hui et que nous utilisions la forme extraordinaire comme point de référence pour tout l’avenir de la liturgie.»