SOURCE - Persecutor mendacii omissione - 23 février 2019
Aborder la question de Louis XVII est ouvrir une boîte de Pandore. A condition de ne pas se contenter des sentiers battus, ce que Monsieur Fromentoux semble avoir préféré dans la rubrique « vie et mort des rois très chrétiens » de la revue Fideliter de janv.-févr. 2019 qui ne réserve donc aucune surprise, n’apporte aucun élément nouveau et sérieux. Si l’on reproche (à tort ou à raison) aux « survivantistes » de ne s’appuyer sur aucune preuve valable, on peut en dire autant de la thèse de l’auteur de cet article. Après avoir rappelé la mesure connue de tous et ignoble prise, en janvier 1794, à l’encontre de cet enfant-roi dans la prison du Temple consistant à le priver totalement de toute compagnie qu’elle soit familiale ou que soit même celle des Simon démis et non remplacés (conditions idéalement favorables à d’éventuels enlèvement, substitution etc.), et après avoir affirmé qu’à partir de là il n’y aurait plus aucune certitude le concernant, il part dans un long développement purement conjecturel mais s’alignant finalement sur la thèse très officielle de la mort du jeune prince au Temple (en la situant logiquement entre le 15 janvier 1794 et le 8 juin 1795 puisqu’il admet la possibilité de substitution(s)). Comme si l’absence de certitudes devait être admise comme un fait définitivement acquis ou ne devant pas être remis en cause : aberration en histoire !
Aborder la question de Louis XVII est ouvrir une boîte de Pandore. A condition de ne pas se contenter des sentiers battus, ce que Monsieur Fromentoux semble avoir préféré dans la rubrique « vie et mort des rois très chrétiens » de la revue Fideliter de janv.-févr. 2019 qui ne réserve donc aucune surprise, n’apporte aucun élément nouveau et sérieux. Si l’on reproche (à tort ou à raison) aux « survivantistes » de ne s’appuyer sur aucune preuve valable, on peut en dire autant de la thèse de l’auteur de cet article. Après avoir rappelé la mesure connue de tous et ignoble prise, en janvier 1794, à l’encontre de cet enfant-roi dans la prison du Temple consistant à le priver totalement de toute compagnie qu’elle soit familiale ou que soit même celle des Simon démis et non remplacés (conditions idéalement favorables à d’éventuels enlèvement, substitution etc.), et après avoir affirmé qu’à partir de là il n’y aurait plus aucune certitude le concernant, il part dans un long développement purement conjecturel mais s’alignant finalement sur la thèse très officielle de la mort du jeune prince au Temple (en la situant logiquement entre le 15 janvier 1794 et le 8 juin 1795 puisqu’il admet la possibilité de substitution(s)). Comme si l’absence de certitudes devait être admise comme un fait définitivement acquis ou ne devant pas être remis en cause : aberration en histoire !
Car qu’en est-il réellement? Non seulement, en « nous en tenant aux faits dûment reconnus. La vérité historique d’un passé que nous n’avons pas vécu ne nous vient que par témoignage: ce qu’il importe donc d’établir, c’est la valeur du témoin, déterminant celle de son affirmation orale ou écrite (…) Il faut donc tout d’abord remonter aux sources puis tâcher de suivre le cours des événements en les dégageant des interprétations fantaisistes rencontrées» [1]. Certes (M. de La Palice n’aurait pas dit mieux) mais [2] en tenant aussi compte de ce que la sincérité ou l’objectivité parfaites ne sont jamais absolument sûres du côté du témoin direct comme de l’historien qui en fait usage ; et cela encore plus en période révolutionnaire et dans une affaire qui est clairement un secret d’Etat jalousement gardé dont on peut légitimement craindre que les documents originaux, même paraphés par des officiers assermentés, puissent être falsifiés (ce que semble admettre M. Fromentoux en envisageant la mort de Louis XVII avant la date du 8 juin donc à l’encontre des rapports officiels des gardiens et des médecins : dommage qu’il n’ait pas osé aller plus loin sur cette voie !). Sinon on tombe dans un pur formalisme (et la solution de facilité, bien sûr celle adoptée par la plupart) qui n’a plus rien à voir avec la recherche véritable de la vérité ou de la réalité historique. Ce qui importe donc, au moins pour la science historique où il n’y a pas de certitude mathématique, n’est pas tant la découverte de tel ou tel témoignage isolé (non absolument fiable) que le recoupement ou la confirmation mutuelle de sources multiples et les plus nombreuses possible, que preuves ou indices soient de première ou de seconde main ; et est de parvenir ainsi au degré de probabilité ou de certitude le plus élevé possible : on ne peut prétendre à plus en histoire!
Or, sur cette question, nous osons affirmer qu’en voulant s’en donner vraiment la peine (ce qui nécessite de lire beaucoup [3] sans ostracisme mais avec objectivité et esprit critique) on peut parvenir à un très haut degré de probabilité (certitude historique) que Louis XVII soit sorti vivant et définitivement du Temple. Ne serait ce que par les témoignages convergents et confondants d’un bon nombre d’anciens intimes de la famille royale (totalement occultés par M. Fromentoux) qui purent seuls, de ce fait, l’avoir reconnu, à partir de 1833 et malgré un nom d’emprunt, à une multitude de détails dont la probabilité d’être connus ou devinés par de non intimes est on ne peut plus proche du zéro absolu ! Leur valeur est telle que l’identité et le nom (Bourbon) réels de ce faux inconnu fut défendue (pour ses descendants) devant les tribunaux français (en 1874) par le républicain notoire Jules Favre, qui plus est membre éminent de plusieurs ministères de la IIIème république ! Vérité qui fâchait si peu certains…, sans doute très haut placés (comme le roi « des Français » Louis-Philippe…), qu’ils envoyèrent, alors, leurs sbires à sa poursuite pour l’assassiner jusque dans les divers pays d’Europe où il devait se réfugier, échouèrent de peu à plusieurs reprises jusqu’à la dernière qui fut fatale (1845). A cette certitude doit corrélativement correspondre un degré équivalent d’incertitude sur la validité de l’acte officiel de décès de l’enfant du Temple affirmant qu’il s’agit du petit roi, ce qu’on peut démontrer sans grand mal. « Contra factum non fit argumentum » ! Contre tous ces faits très avérés (mais ignorés, occultés ou déformés par la plupart des historiens patentés) viennent se fracasser ou paraissent vains tous les arguments ou soi-disant preuves contradictoires, en apparence (cf., par ex., les analyses biologiques rappelant celles au carbone 14 sur le Suaire de Turin…), visant à conclure à l’invraisemblance donc abusivement à l’impossibilité. Combien de fois les jugements, diagnostics ou pronostics des sages selon le monde sont-ils battus en brèche par le réel ?! Car nul, en dehors de Dieu, ne peut prétendre sonder parfaitement reins et cœurs capables de nous réserver bien des surprises…
L’attitude de bien des complices dans cette affaire le confirme, à commencer par celle de certains pontes de la Révolution qui avaient un intérêt commun avec des puissances étrangères (comme la puissance montante prussienne [4] farouchement anticatholique et anti-capétienne) à ne pas laisser régner cet enfant tout en le conservant précieusement à leur merci ; d’où l’échange probable enfant - non intervention de ces puissances contre la Révolution [5]. Puis celle du comte de Provence (Louis XVIII) dont on peut, encore avec une forte probabilité, prouver que, bien qu’ayant eu connaissance de la survivance (sous bonne garde!) de Louis XVII, il usurpa néanmoins le trône par ambition et opportunisme fort peu reluisants. Enfin celle des élites, les hautes noblesse et bourgeoisie, qui ne pouvaient totalement ignorer les manigances du pouvoir en place, commises par certains des leurs, au sujet du fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, et dont l’absence de réaction efficace pour la défense du souverain légitime (déjà pour Louis XVI puis pour Louis XVII) est évidente et dont on peut dire que ses causes furent très probablement la crainte d’un retour à l’absolutisme de l’Ancien Régime (que ne fut pas la « Restauration ») tout spécialement en matière religieuse, l’engouement nouveau pour la démocratie (donc pour la monarchie dite constitutionnelle établie à la « Restauration »). Ce dernier fut, au départ et au cours du XVIIIème, insufflé, avec les principes libéraux et rationalistes contraires à la foi catholique, par des officines secrètes en beaucoup de ces esprits avant de se révéler au grand jour avec la Révolution ; et, malgré tous les excès de celle ci, a perduré au cours du XIXème jusqu'à nos jours, notamment parmi les «bons» catholiques… D’où les connivences et accords secrets probables entre ceux qui précédent, Prusse comprise et surtout le futur Louis XVIII prêt à tout pour accéder au pouvoir. Une belle preuve que ces soi-disant sages sont loin d’être infaillibles dans leurs manigances est ce jugement a posteriori et perspicace de G. Hanotaux auquel on ne peut que souscrire : « la bourgeoisie légiste, qui (…) a joué un rôle si éminent, avait elle-même, en se séparant du trône et en l’abattant, signé sa condamnation. Ayant cru, non sans raison, voir dans les derniers rois de moins fidèles alliés que leurs prédécesseurs, elle avait abandonné, combattu, renversé le trône. Mais ce faisant, il lui avait fallu faire appel aux passions de la multitude. En vain, ces bourgeois avaient-ils ensuite voulu lui fermer la Cité politique par des constitutions oligarchiques (le Directoire, par ex.). En une heure d’imprudence ces bourgeois avaient proclamé les Droits de l’homme et du citoyen; la Déclaration était devenue la Charte de la Révolution; et la démocratie en sortait toute armée. Le siècle qui s’ouvre (XIXème) va se consumer à la lutte entre les fils de ceux qui ont proclamé les Droits et ceux qui entendront faire de ces droits une réalité. Et la démocratie tentera de dévorer la vieille bourgeoisie qu’aucun trône n’appuiera plus (…)» [6].
L’invraisemblance, à première vue, pouvant donc réellement existé, pourquoi pas celle des deux voyants (Thomas Martin à Gallardon ; Maximin Giraud à La Salette)? Même si leurs rôles dans cette affaire ne furent, certes, pas déterminants puisque leurs révélations (de la survivance de Louis XVII) et interventions auprès des usurpateurs furent vaines. Néanmoins leur vraisemblance peut s’appuyer sur l’analogie avec celles, autant contraires aux prévisions des « sages », de Ste Jeanne d’Arc grâce auxquelles la France fut sauvée de l’emprise anglaise en faisant reconnaître le dauphin Charles comme son seul souverain légitime. Ce qui confirme que la reconnaissance officielle de son autre et seul souverain légitime, le dauphin Charles-Louis (Louis XVII), aurait probablement encore pu la sauver de bien d’autres emprises les deux siècles suivants… Tout cela pour une raison évidente, à savoir sa vocation unique de « fille aînée de l’Eglise » remontant aux origines mêmes de ce royaume afin d’être le fer de lance de cette Eglise pour la défense de ses intérêts les plus élevés dans le monde entier. En effet, la mission de Ste Jeanne d’Arc non seulement empêcha la France de devenir protestante, moins d’un siècle après, mais surtout lui permit de jouer un rôle de premier plan dans le renouveau de l’Eglise que fut la Contre-réforme (principalement par la création des séminaires en France et dans le monde dont devinrent spécialistes plusieurs de ses saints comme St Vincent de Paul). A l’inverse, on ne peut que constater qu’après avoir refusé de suivre les injonctions célestes des voyants susdits pour la reconnaissance de Louis XVII, notre patrie devint toujours plus la proie des ennemis jurés du catholicisme, notamment et aussi moins de cent ans après (fin XIX et début XX) avec la nouvelle et très grave persécution religieuse, encore plus clairement maçonnique, qui est parvenue à rendre notre pays, autrefois si catholique, l’un des plus antireligieux ou areligieux au monde : « corruptio optimi pessima»! [7]
Voila de quel côté penche plutôt la vérité historique ! Ne soyons pas à la remorque des Etat, Université et Ecole républicaines (révolutionnaires) qui cherchent à nous imposer depuis plus de 200 ans leur vision partisane du passé, leur révisionnisme, à commencer pour l’époque elle-même de la Révolution qui, pour eux, est comme celle des Evangiles et des Actes des Apôtres pour nous ! Pour cela il faut effectuer nous-mêmes le travail d’historien véritable ou véridique…
----------
[1] Avant propos du Prince Xavier de Bourbon dans un ouvrage non survivantiste
[2] contrairement à ce que prône un peu plus bas ce même auteur (car cela sert peut être ses intérêts…) : « Malgré les preuves de la mort les plus évidentes fournies par les documents officiels (…) il en est qui persistent à croire à « l’énigme du Temple » ». Et pour cause !
[3] nous recommandons, parmi beaucoup d’autres, les ouvrages de Ph. Boiry (doyen de faculté), R. Escaich (avocat), Gosselin-Lenotre (rédacteur au Figaro) et J.P. Romain (professeur d’université)
[4] il est avéré de façon très probable que Louis XVII y vécut au moins de 1810 à 1833
[5] comme ils firent pour la sœur de Louis XVII, Madame Royale, ouvertement livrée à l’Autriche en juin 1795, juste après la prétendue mort au Temple de son frère. Livrer ouvertement le dauphin n’était certainement pas possible parce que s’agissant justement du dauphin et que diverses factions se le disputaient au sein des Révolutionnaires comme les partisans de Robespierre (pas nécessairement opposé à le mettre sur le trône mais en l’ayant rééduqué) et de Barras (pas favorable au retour des Bourbons donc favorable à éloigner le dauphin vivant de France pour empêcher tout autre membre le la famille de régner : ce qui ne gênera pas le comte de Provence !)
[6] in « Histoire de la nation française » ( T 4, p 579) à propos des petites révolutions successives du XIX, préludes de la nouvelle grande révolution (communiste) du XX.
[7] « la corruption du meilleur est la pire »