3 septembre 2019

[Abbé Gonzague Peignot, fsspx - Le Seignadou] Un trésor à portée...


SOURCE - Abbé Gonzague Peignot, fsspx - Le Seignadou - septembre 2019


Bien chers fidèles,
 
Les vacances estivales s'achèvent, il s'agit de reprendre le rythme de nos activités quotidiennes, de ces activités qui sont le moyen privilégié, comme nous l'a assuré la très sainte Vierge Marie à Fatima, pour notre sanctification. Parce que c'est bien là l'essentiel de notre existence : se sanctifier, c'est-à-dire vivre chacune de ses actions de manière sainte, de la manière qui plaît à Dieu. Et il faut pour cela que notre vie soit empreinte de cette dimension surnaturelle dans laquelle nous vivons, et à laquelle nous sommes, plus que tout, destinés ; il faut pour cela avoir une véritable vie spirituelle.
    
Nous avions déjà abordé de nombreux sujets dans cet objectif : la méditation, ou conversation intérieure avec notre Créateur et Sauveur ; conversation alimentée par la lecture spirituelle qu'il nous faut reprendre si nous l'avons arrêtée, continuer si nous y avons été fidèles ; conversation favorisée par la fuite des occasions de péchés et des distractions inutiles, spécialement de celles des écrans qui nous écartent, pour ne pas dire qui nous séparent si souvent de Dieu ; conversation favorisée aussi et surtout par la visite au très saint Sacrement, dès que nous en avons l'occasion. C'était l'objet de nos différentes adresses depuis ce début d'année.
    
Force est de constater que malgré nos bonnes résolutions, prises et reprises constamment, cette sanctification est plus à l'image d'un chemin de croix, parsemé d'embuches et de chutes, que d'une ascensionpaisible et sans entrave. Rien d'étonnant à cela, Notre-Seigneur nous avait prévenus : celui qui veut se sanctifier, « qu'il porte sa croix et qu'il me suive ! »
    
Pour certains cette croix ce sera le cartable de classe, les devoirs à faire, pour d'autres ce sera le repassage ou les enfants insupportables ou ingrats, pour d'autres encore ce seront les collègues de travail. Le nombre des croix est infini. La véritable question est de savoir comment les porter, comment faire en sorte qu'elles participent à notre sanctification. Et la réponse est très simple, il suffit de les unir à celle de notre Rédempteur afin de rendre ces croix victorieuses, victorieuses de la victoire de la grâce et du salut. Mais voilà c'est bien théorique, et à vue humaine c'est utopique, il faut bien l'avouer.
    
Néanmoins, comme en toute chose, Dieu ne nous a pas laissés démunis. Il nous a octroyé un trésor qui nous rend capables de ces victoires, un trésor qui nous obtient immédiatement et efficacement cette même force qu'Il a déployée dans sa Rédemption, un trésor qui nous applique tout simplement les mérites de cette rédemption, ces mérites dont nous avons besoin pour triompher de chacune de nos croix. Ce trésor, c'est la Messe, le centre de tout le culte catholique, la source de toutes, absolument toutes les grâces, aussi bien spirituelles que temporelles que nous avons reçues et que nous recevrons, cette source à laquelle nous ne puisons pas assez et à laquelle nous ne puiserons jamais autant qu'il est possible.
   
A la Messe, en effet, sous les apparences du pain et du vin, Jésus-Christ est présent tout entier, complètement, réellement, substantiellement, vivant comme Il le fut dans l’étable de Bethléem, comme Il le fut lorsqu’Il mourut sur la Croix, comme Il l’est aujourd’hui dans le paradis où Il règne avec son Corps, son Sang, sa Divinité. Et à chaque Messe, Jésus se sacrifie sur l’autel par les mains du prêtre, mais sans effusion de sang. Oui, Jésus se sacrifie réellement pour nous, pour rendre à Dieu, à notre place, l’honneur qui lui est dû, afin de nous procurer, par notre contrition, le pardon de nos péchés, afin de payer, avec notre participation, les dettes que nous avons contractées avec Dieu, afin de nous obtenir toutes les grâces et bénédictions dont nous avons besoin.
     
Qu’elle est vraie cette parole de saint Léonard de Port Maurice : « Une seule Messe vaut plus que tous les trésors du monde ».
     
« Si l’or tombait des nuages, se demande le Père Martin de Cochem, ne laisseriez-vous pas de côté vos occupations ? Ne vous précipiteriez-vous pas pour le recueillir ? Eh bien ! À chaque Messe, il tombe un or surnaturel, non pas des nuages, mais du Ciel. Cet or, c’est l’augmentation de la grâce divine, de la vertu, des mérites, de la gloire céleste ; c’est la contemplation de la piété ; c’est la bénédiction divine dans l’ordre du temps ; c’est le pardon des péchés ; c’est la participation aux mérites de Notre Seigneur Jésus-Christ. Cet or, c’est le bonheur, c’est la grâce, la miséricorde, toutes choses d’un prix infini. Libre à vous de vous l’approprier. Si, au contraire, pour vous épargner un léger dérangement, pour ne point perdre un avantage misérable, vous négligez d’entendre la Messe un jour de semaine, vous surpassez en folie l’homme qui continuerait à travailler au lieu de recueillir la pluie d’or tombée à ses pieds. »
    
La sainte Messe est un acte de louange parfaite rendu à Dieu. Ce n’est pas la prière d’un homme ni d’un ange, mais la prière même du Fils de Dieu. Elle a donc une valeur infinie. Seul, Notre-Seigneur connaît la grandeur de Dieu, Lui seul sait ce qui convient à Dieu. Seul, Il est en mesure d’honorer comme il convient, la majesté divine. Le Père n’a-t-il pas proclamé, au sommet du Thabor : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances » ? Eh bien, Dieu reçoit à la sainte Messe un hommage qui Le glorifie vraiment et Le dédommage de nos ingratitudes.
     
De là cette dévotion des saints pour le saint sacrifice de la Messe. Saint François de Sales l’appelle : «Soleil des exercices spirituels, centre de la religion chrétienne, cœur de la dévotion chrétienne, âme de la piété ». Aussi le saint évêque ajoutait-il : « Faites donc toutes sortes d’efforts pour assister tous les jours à la sainte messe, afin d’offrir avec le prêtre le sacrifice de votre Rédempteur à Dieu Son Père, pour vous et pour toute l’Eglise ».
     
Soucieuse d’honorer Dieu au milieu d’une humanité qui chaque jour Le déshonore, l’âme fervente sait qu’elle ne peut Lui offrir une louange plus digne que celle d’assister à la sainte Messe.
 
Ce sera, de surcroît, une magnifique prédication adressée au monde que d’assister souvent, voire quotidiennement à la sainte Messe. Le catholique manifeste par là sa foi, sa charité envers Dieu et son
amour pour l’Eglise. Alors que les hommes s’agitent en tous sens pour acquérir les biens terrestres, la vue d’un chrétien qui entre dans une église pour entendre la sainte Messe manifeste la foi qui l’anime. Il croit en Notre-Seigneur, dans la valeur de Ses mérites, des richesses qu’Il nous prodigue en vue du Ciel.
      
Ce sera aussi, évidemment, un témoignage d’amour de Dieu. Le chrétien montre par là qu’il accorde à Dieu plus que le minimum requis pour son salut. Sa présence au pied de l’autel manifeste sa dévotion, son adoration, la force de sa charité.
     
Ce sera enfin se montrer un zélé enfant de l’Eglise que d’assister souvent à la Sainte Messe. L’Eglise est une immense armée qui veut conquérir le monde à Jésus-Christ. Elle rencontre beaucoup d’obstacles à sa mission. Ce qui fait sa force, c’est la sainte Messe qui se célèbre chaque jour, aux quatre coins du monde. Cette louange qui monte vers le Ciel lui attire des grâces et soutient efficacement son action apostolique. Conscients de cette force, les grands hommes voulaient assister quotidiennement à la sainte Messe, tel le maréchal Foch, aux heures les plus difficiles de la Guerre de 14.
     
Alors, bien chers fidèles, profitons de ce début d'année pour prendre une résolution dans le but d'assister plus souvent à la Messe. Certains pourraient s'efforcer d'y assister tous les jours, ils n'y perdront jamais leur temps ; d'autres, parce que les obligations professionnelles ou familiales les en empêchent, devraient s'efforcer de trouver au moins un jour de la semaine autre que le dimanche pour gran-dir dans cette dévotion du Saint Sacrifice de l'autel, de s'y efforcer aussi les jours anniversaires de mariage, de baptême, de mort de nos chers défunts. Et tous, tous, nous devrions assister à la Messe les premiers vendredis et premiers samedis du mois, parce que c'est le Cœur même de Jésus, puis celui de sa très sainte Mère qui nous y appellent.
   
Abbé Gonzague Peignot +