SOURCE - Article de Julia Duin paru en anglais dans le "Washington Times" - version française: Pro Liturgia - 31 janvier 2006
Le Latin Retourne à la Messe
Tel est le titre d'un article de Julia Duin paru dans le "Washington Times" du 31 janvier 2006.
"Les catholiques sont de plus en plus nombreux à souhaiter du latin à la messe, la langue des clercs et celle du chant grégorien. Certains affirment que ce retour correspond aux voeux d'une génération qui redécouvre la culture classique de la vieille Europe. Ce que le Père Franklyn MacAfee a en tout cas pu constater, c'est que lorsqu'il a décidé d'ouvrir un cours de latin le samedi matin, 70 paroissiens se sont immédiatement inscrits. (...) Les "étudiants", tasse de café et gâteaux à la main, ont tout de suite appris le sens de Dominus vobiscum et de et cum spiritu tuo. Le samedi suivant, la salle de cours étant devenue trop petite pour les 80 personnes présentes, il a fallu se rendre à la salle paroissiale. Objectif poursuivi: connaître, pour le 1er mars, les principales prières latines de la messe, afin de pouvoir participer à la messe paroissiale du premier dimanche de carême célébrée intégralement en latin à 10h45.
"Je tiens à la célébrer" déclare le Père McAfee, Curé de Saint-Jean, "Je veux que les paroissiens aiment cette liturgie ainsi célébrée parce que, comme l'a rappelé Benoît XVI, elle fait partie de nos traditions et de nos racines." Les "fans du rite", comme on les appelle, découvrent que la messe en latin élève davantage l'esprit de l'homme, évoque davantage le sens de l'éternité et dirige mieux l'attention des fidèles vers le Christ.
La messe en latin, qui a été abandonée durant plus de vingt ans par certains responsables dans l'Eglise, a été remise à l'honneur à l'occasion des funérailles du pape Jean-Paul II en avril 2005. "Les fidèles ont entendu que les funérailles du pape défunt, puis la première messe du pape Benoît XVI, étaient célébrées en une langue dont l'usage avait disparu", déclare le Père De Ladurantaye, professeur de latin au collège Notre-Dame d'Alexandria. Et il ajoute: "Les fidèles ont trouvé cela différent et unique".
Les gens souhaitent redécouvrir les richesses de la tradition de l'Eglise, mais de nombreux prêtres n'ont jamais appris à célébrer la messe en latin; il faudra donc du temps pour réhabituer les fidèles à cette langue. Mais ce n'est pas quelque chose d'impossible à réaliser, dans la mesure où l'on voit que les jeunes, tout particulièrement, apprécient la messe chantée en latin.
Au cours des premiers siècles chrétiens, l'Eucharistie était célébrée en grec. A partir du IIIème siècle, les chrétiens d'Afrique du nord ont commencé à employer le latin dans leurs liturgies. Progressivement c'est toute la chrétienté de l'Europe de l'Ouest qui se mit à utiliser cette langue au cours des célébrations. Au XVIème siècle, l'Eglise catholique généralisa la messe "tridentine" (dont le nom vient du concile de Trente), officialisant ainsi une version de la liturgie qui devait ensuite donner naissance aux grandes oeuvres musicales de Fauré, Mozart, Bach, Schubert, Palestrina... et nous fournir aussi certaines expression passées dans le langage courant, comme par exemple "mea culpa" - c'est ma faute-. La messe "tridentine" demeura la norme jusqu'au concile Vatican II qui, dans les années 1960, autorisa que la messe puisse être célébrée dans les langues courantes. Alors, l'ancienne liturgie, qui n'avait jamais été supprimée, fut interdite par de nombreux évêques jusqu'à ce qu'en 1988, le pape Jean-Paul II déclara qu'elle pouvait encore être célébrée.
Plus récemment, le pape Benoît XVI a fait comprendre qu'une grave erreur avait été faite en changeant si rapidement la langue employée à la messe. Dans "Le sel de la terre", il écrivait, en 1997: "Je suis certain que la possibilité de célébrer selon l'ancien rite devrait être accordée avec générosité aux fidèles qui en font la demande."
Un nouvel Ordo Missae a été publié par le Vatican: c'est celui-ci qu'étudient aujourd'hui les paroissiens de Saint-Jean. Ils ont d'ailleurs envoyé des chèques au Père McAfee, afin qu'il puisse acheter le missel qui lui permettra de célébrer la messe actuelle en latin. "Les jeunes le demandent plus que les paroissiens âgés", précise encore le Père McAfee qui ajoute "... et les nouveaux convertis sont très ouverts à la liturgie latine. A la paroisse Sainte-Catherine, j'ai même converti deux Juifs grâce à la messe en latin!"
Le diocèse d'Arlington semble bien décidé à proposer dans plusieurs paroisses la messe latine célébrée en alternance avec la messe en langue courante. "Pour s'adresser à Dieu, il convient de ne pas employer le langage de la rue" dit le Père McAfee; "C'est comme la glossolalie - le parler en langues - ou encore comme la poésie et la prose. La messe en anglais, c'est de la prose; la messe en latin, c'est de la poésie: il faut un certain temps pour saisir les mots et comprendre le sens qu'ils ont. Si un amoureux a le choix entre la prose et la poésie pour déclarer ses sentiments à la personne qu'il aime, il prendra la poésie. Or la liturgie est un chant d'amour qui s'établit entre le Christ et son Eglise."
L'évêque d'Arlington, Mgr John R. Keating, a publié une lettre pastorale expliquant le respect que l'Eglise devait avoir pour le latin et encourageant la célébration des messes en latin. De son côté, le Père McKafee constate: "Les jeunes prêtres sont très favorables à la messe en latin; ils disent avoir été trop longtemps privés d'une richesse, d'un héritage. Cependant, on souhaiterait qu'ils aient davantage de professeurs pour leur enseigner le latin dans les séminaires." (...)"
Le Latin Retourne à la Messe
Tel est le titre d'un article de Julia Duin paru dans le "Washington Times" du 31 janvier 2006.
"Les catholiques sont de plus en plus nombreux à souhaiter du latin à la messe, la langue des clercs et celle du chant grégorien. Certains affirment que ce retour correspond aux voeux d'une génération qui redécouvre la culture classique de la vieille Europe. Ce que le Père Franklyn MacAfee a en tout cas pu constater, c'est que lorsqu'il a décidé d'ouvrir un cours de latin le samedi matin, 70 paroissiens se sont immédiatement inscrits. (...) Les "étudiants", tasse de café et gâteaux à la main, ont tout de suite appris le sens de Dominus vobiscum et de et cum spiritu tuo. Le samedi suivant, la salle de cours étant devenue trop petite pour les 80 personnes présentes, il a fallu se rendre à la salle paroissiale. Objectif poursuivi: connaître, pour le 1er mars, les principales prières latines de la messe, afin de pouvoir participer à la messe paroissiale du premier dimanche de carême célébrée intégralement en latin à 10h45.
"Je tiens à la célébrer" déclare le Père McAfee, Curé de Saint-Jean, "Je veux que les paroissiens aiment cette liturgie ainsi célébrée parce que, comme l'a rappelé Benoît XVI, elle fait partie de nos traditions et de nos racines." Les "fans du rite", comme on les appelle, découvrent que la messe en latin élève davantage l'esprit de l'homme, évoque davantage le sens de l'éternité et dirige mieux l'attention des fidèles vers le Christ.
La messe en latin, qui a été abandonée durant plus de vingt ans par certains responsables dans l'Eglise, a été remise à l'honneur à l'occasion des funérailles du pape Jean-Paul II en avril 2005. "Les fidèles ont entendu que les funérailles du pape défunt, puis la première messe du pape Benoît XVI, étaient célébrées en une langue dont l'usage avait disparu", déclare le Père De Ladurantaye, professeur de latin au collège Notre-Dame d'Alexandria. Et il ajoute: "Les fidèles ont trouvé cela différent et unique".
Les gens souhaitent redécouvrir les richesses de la tradition de l'Eglise, mais de nombreux prêtres n'ont jamais appris à célébrer la messe en latin; il faudra donc du temps pour réhabituer les fidèles à cette langue. Mais ce n'est pas quelque chose d'impossible à réaliser, dans la mesure où l'on voit que les jeunes, tout particulièrement, apprécient la messe chantée en latin.
Au cours des premiers siècles chrétiens, l'Eucharistie était célébrée en grec. A partir du IIIème siècle, les chrétiens d'Afrique du nord ont commencé à employer le latin dans leurs liturgies. Progressivement c'est toute la chrétienté de l'Europe de l'Ouest qui se mit à utiliser cette langue au cours des célébrations. Au XVIème siècle, l'Eglise catholique généralisa la messe "tridentine" (dont le nom vient du concile de Trente), officialisant ainsi une version de la liturgie qui devait ensuite donner naissance aux grandes oeuvres musicales de Fauré, Mozart, Bach, Schubert, Palestrina... et nous fournir aussi certaines expression passées dans le langage courant, comme par exemple "mea culpa" - c'est ma faute-. La messe "tridentine" demeura la norme jusqu'au concile Vatican II qui, dans les années 1960, autorisa que la messe puisse être célébrée dans les langues courantes. Alors, l'ancienne liturgie, qui n'avait jamais été supprimée, fut interdite par de nombreux évêques jusqu'à ce qu'en 1988, le pape Jean-Paul II déclara qu'elle pouvait encore être célébrée.
Plus récemment, le pape Benoît XVI a fait comprendre qu'une grave erreur avait été faite en changeant si rapidement la langue employée à la messe. Dans "Le sel de la terre", il écrivait, en 1997: "Je suis certain que la possibilité de célébrer selon l'ancien rite devrait être accordée avec générosité aux fidèles qui en font la demande."
Un nouvel Ordo Missae a été publié par le Vatican: c'est celui-ci qu'étudient aujourd'hui les paroissiens de Saint-Jean. Ils ont d'ailleurs envoyé des chèques au Père McAfee, afin qu'il puisse acheter le missel qui lui permettra de célébrer la messe actuelle en latin. "Les jeunes le demandent plus que les paroissiens âgés", précise encore le Père McAfee qui ajoute "... et les nouveaux convertis sont très ouverts à la liturgie latine. A la paroisse Sainte-Catherine, j'ai même converti deux Juifs grâce à la messe en latin!"
Le diocèse d'Arlington semble bien décidé à proposer dans plusieurs paroisses la messe latine célébrée en alternance avec la messe en langue courante. "Pour s'adresser à Dieu, il convient de ne pas employer le langage de la rue" dit le Père McAfee; "C'est comme la glossolalie - le parler en langues - ou encore comme la poésie et la prose. La messe en anglais, c'est de la prose; la messe en latin, c'est de la poésie: il faut un certain temps pour saisir les mots et comprendre le sens qu'ils ont. Si un amoureux a le choix entre la prose et la poésie pour déclarer ses sentiments à la personne qu'il aime, il prendra la poésie. Or la liturgie est un chant d'amour qui s'établit entre le Christ et son Eglise."
L'évêque d'Arlington, Mgr John R. Keating, a publié une lettre pastorale expliquant le respect que l'Eglise devait avoir pour le latin et encourageant la célébration des messes en latin. De son côté, le Père McKafee constate: "Les jeunes prêtres sont très favorables à la messe en latin; ils disent avoir été trop longtemps privés d'une richesse, d'un héritage. Cependant, on souhaiterait qu'ils aient davantage de professeurs pour leur enseigner le latin dans les séminaires." (...)"