SOURCE - Entretien Mgr Marc Aillet / La Nef - La Nef N°223 - février 2011
Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, vient d’écrire une lettre pastorale pour son diocèse publiée en livre (1) : un ouvrage fort et roboratif, à lire. Entretien.
La Nef – « L’urgence de la mission » est le sous-titre de votre livre : pourquoi est-ce pour vous la priorité et par quoi cela se traduit-il concrètement ?
Mgr Marc Aillet – Il me semble que devant les désaffections vécues par nos Églises de vieille chrétienté, on a d’abord envisagé des réformes de structures par le remodelage des paroisses, et on a pourvu à une meilleure distribution des rôles par l’appel des fidèles laïcs à une plus grande collaboration au ministère pastoral des prêtres. Aujourd’hui, alors que les difficultés demeurent, malgré l’enregistrement de vrais renouveaux, on ne saurait se contenter de démarches de type fonctionnel ou organisationnel : seul un nouvel élan missionnaire, en direction de ceux qui sont loin ou se sont éloignés, permettra à nos communautés de retrouver l’Espérance. Au fond, il s’agit pour moi de relayer l’appel à la nouvelle évangélisation, lancé par Jean-Paul II depuis le tout début de son pontificat en s’appuyant sur l’exhortation apostolique de Paul VI, Evangelii nuntiandi, qui n’a rien perdu de sa fraîcheur ni de son actualité. C’est urgent parce que nos forces s’amenuisent et que la sécularisation progresse : j’ai la naïveté de croire que seule une nouvelle annonce de l’Évangile ad extra, moyennant une formation en profondeur ad intra, pourra revitaliser et renouveler nos communautés. C’est d’ailleurs inhérent à la nature de l’Église « qui existe pour évangéliser » et non pour fonctionner ou s’organiser. Je propose donc concrètement une dizaine d’outils d’évangélisation, dont le plus innovant devrait être la mise en place d’un « Observatoire de la mission » pour impulser une pastorale spécifique d’évangélisation dans les paroisses. Il s’agira d’honorer la définition que Jean-Paul II donnait de la nouvelle évangélisation : « une nouvelle ardeur », par l’annonce du kérygme à tous les membres de nos communautés ; « un nouveau langage », c’est-à-dire le langage de l’amour et le langage de la cohérence qui savent trouver les mots et les gestes prophétiques pour dire la première annonce de l’Évangile ; « de nouveaux moyens » d’évangélisation directe en direction des jeunes, des pauvres, de la société dans son ensemble, par le biais de la piété populaire ou de la culture locale, et en n’ayant pas peur de s’appuyer sur les nouvelles réalités ecclésiales.
Benoît XVI évoque souvent l’absence ou le rejet de Dieu dans nos sociétés occidentales : nous venons juste d’évoquer la priorité de la mission, mais c’est un thème que l’on entend peu chez les évêques français qui apparaissent très satisfaits de notre régime de laïcité. Qu’en pensez-vous ?
Malgré quelques durcissements d’un autre âge enregistrés çà et là, il faut parier sur une laïcité à la française que l’on aime qualifier, en haut lieu, de « laïcité positive ». Autrement dit : les religions ne sont plus considérées comme des ennemis, mais comme des interlocuteurs pour la construction d’une société plus juste et fraternelle. Les rencontres fréquentes que j’ai sur le terrain avec des élus de proximité ou des associations, me convainquent que le message de sens porté par l’Église est attendu. Nous devons profiter d’un climat de relative liberté pour donner une visibilité au cœur du message chrétien qui ne saurait se réduire à des valeurs, certes héritées de l’Évangile, mais qui ne suffisent pas à rendre compte de la radicale nouveauté du Royaume instauré par le Christ à travers sa mort et sa résurrection. Dans l’Église, on donne parfois un sens exagéré à la laïcité, comme si l’affirmation décomplexée de ce qui fait notre identité devait nécessairement porter atteinte au respect de la liberté d’autrui. C’est ainsi que l’on insiste, à juste titre sans doute, sur le dialogue avec le monde, mais avec le risque de paralyser l’ardeur prophétique inhérente à notre condition de baptisés. Oui au dialogue, à condition de rester libre pour un témoignage courageux rendu à la vérité.
Vous évoquez la diversité qui caractérise l’Église en France. Vous appelez à une « spiritualité de communion » afin d’éviter que cette diversité ne devienne source de divisions : que proposez-vous concrètement pour favoriser cet esprit de communion ?
La communion dans l’Église n’est pas le fruit de la seule bonne volonté des uns et des autres et ne saurait se réduire à déclarer, de manière incantatoire, qu’il faut s’accepter dans nos différences ! En France, on a tôt fait d’ériger sa sensibilité ou son expérience pastorale en absolu, jusqu’à en faire un système, une idéologie totalisante ou totalitaire. La Communion est d’abord une démarche spirituelle : reconnaître qu’à la racine de nos différences d’approches pastorales, liées souvent à l’histoire, la génération, l’éducation, il y a d’abord une grâce reçue, appelée à se ressourcer sans cesse au contact du Christ, présent dans la Parole et les sacrements. La priorité donnée à la grâce peut seule nous aider à exercer un vrai discernement spirituel sur notre propre expérience et, du même coup, nous aider à poser un regard de bienveillance sur les autres, que nous sommes invités à considérer comme des frères dans l’unité profonde du Corps mystique ; alors les différences seront accueillies et valorisées comme des dons de Dieu, des dons pour nous et pas d’abord pour ceux qui les ont reçus. La crédibilité de notre témoignage est à ce prix, car « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres, dit Jésus, que tous vous reconnaîtront pour mes disciples » (Jn 13, 32).
Vous consacrez une large place à la liturgie : que proposez-vous concrètement pour répondre à l’appel du pape à une resacralisation de la liturgie ?
J’invite d’abord à une relecture attentive des grands textes qui orientent la « restauration » de la liturgie romaine : la Constitution Sacrosanctum Concilium et la Présentation générale du Missel Romain. J’appelle ensuite à une plus grande fidélité aux prescriptions liturgiques, liée à une formation, tant des clercs que des laïcs, comme moyen d’une participation plus consciente du Mystère célébré, plus active et plus fructueuse aussi, c’est-à-dire qui ne se réduit pas à la célébration mais donne une forme eucharistique à toute la vie, en devenant la source d’un engagement caritatif, social, missionnaire, renouvelé.
Comment percevez-vous le motu proprio Summorum Pontificum, la situation qui en résulte en France, et notamment la demande du pape d’enrichissement mutuel entre les deux formes du même rite romain ?
J’évoque le motu proprio Summorum Pontificum à propos de la formation liturgique des futurs prêtres, en m’appuyant en particulier sur la lettre de Benoît XVI aux séminaristes. Je ne doute pas que cette disposition canonique sur l’usage de la liturgie antérieure à 1970 permettra une fécondation mutuelle des deux formes de l’unique rite romain, en réduisant l’écart qui caractérise parfois dans la pratique, du point de vue de la sacralité, la célébration de ces deux formes. L’expérience de la forme extraordinaire pourrait même aider les séminaristes à mieux saisir la croissance organique, sans rupture, de la liturgie romaine. Le Saint-Père a souvent insisté sur la nécessaire réconciliation des catholiques avec leur passé : c’est là encore faire œuvre de Communion, non seulement synchronique mais diachronique. Assurément ces mesures font de la liturgie le lieu par excellence de « l’herméneutique de la réforme et du renouveau dans la continuité de l’unique sujet-Eglise » appelée par Benoît XVI de tous ses vœux.
Vous êtes soucieux de redonner une véritable dimension catholique aux établissements qui dépendent de vous ? Comment y parvenir et quelle place peut prendre l’enseignement libre hors contrat dans un diocèse ?
Il me semble que les évêques sont aujourd’hui bien conscients de l’état de jachère dans lequel l’enseignement catholique a pu être laissé ces dernières années, quant à son caractère propre. Il faut dire que les réglementations de l’Éducation nationale ont considérablement réduit la marge de manœuvre accordée à nos établissements sous contrat pour honorer un vrai projet éducatif catholique et que, dans le souci d’être compétitif du point de vue de l’enseignement, on a été moins regardant sur le recrutement et la formation intégrale des enseignants. Le défi sera difficile à relever et nécessitera une vraie détermination de la part de chefs d’établissement pleinement convaincus de leur foi et de leur responsabilité pastorale pour que l’Évangile soit annoncé de manière explicite à des élèves pour qui l’école catholique est le seul lien avec le Christ et l’Église. Je connais des chefs d’établissement qui ont les moyens d’un tel projet éducatif et mon devoir est de les soutenir. Devant l’ampleur de la tâche et l’étranglement de l’enseignement catholique par l’État, je comprends les familles qui, au nom de la liberté de choix qui fonde l’existence de l’enseignement catholique en France, se tournent vers le hors contrat. Les accompagner et les intégrer dans l’enseignement catholique, après avoir vérifié leur ecclésialité, c’est aussi faire œuvre de communion.
Vous évoquez la place des laïcs remise à l’honneur par Vatican II : comment interviennent-ils dans la mission ?
L’ecclésiologie de Communion définie par le concile Vatican II repose principalement sur l’articulation, non pas fonctionnelle, mais sacramentelle et théologale, entre le sacerdoce ministériel des prêtres et le sacerdoce commun des fidèles. Si les laïcs sont appelés à participer à la vie et à la mission de l’Église, ce n’est pas d’abord parce que l’on manque de prêtres, mais parce que c’est inhérent à la grâce de leur baptême. Cette collaboration doit se vivre en terme de complémentarité et non de substitution, au risque de cléricaliser le laïcat. Je plaide pour que les laïcs ne soient pas enfermés dans des tâches intra-ecclésiales, pour autant nécessaires. En vertu de la « sécularité » qui est la condition propre du laïcat, ils sont placés aux avant-postes de la mission dans le monde. Ils sont d’abord appelés à témoigner de l’Évangile dans leur milieu de vie et à s’engager dans toutes formes d’apostolat communautaire.
Propos recueillis par Christophe Geffroy
La Nef – « L’urgence de la mission » est le sous-titre de votre livre : pourquoi est-ce pour vous la priorité et par quoi cela se traduit-il concrètement ?
Mgr Marc Aillet – Il me semble que devant les désaffections vécues par nos Églises de vieille chrétienté, on a d’abord envisagé des réformes de structures par le remodelage des paroisses, et on a pourvu à une meilleure distribution des rôles par l’appel des fidèles laïcs à une plus grande collaboration au ministère pastoral des prêtres. Aujourd’hui, alors que les difficultés demeurent, malgré l’enregistrement de vrais renouveaux, on ne saurait se contenter de démarches de type fonctionnel ou organisationnel : seul un nouvel élan missionnaire, en direction de ceux qui sont loin ou se sont éloignés, permettra à nos communautés de retrouver l’Espérance. Au fond, il s’agit pour moi de relayer l’appel à la nouvelle évangélisation, lancé par Jean-Paul II depuis le tout début de son pontificat en s’appuyant sur l’exhortation apostolique de Paul VI, Evangelii nuntiandi, qui n’a rien perdu de sa fraîcheur ni de son actualité. C’est urgent parce que nos forces s’amenuisent et que la sécularisation progresse : j’ai la naïveté de croire que seule une nouvelle annonce de l’Évangile ad extra, moyennant une formation en profondeur ad intra, pourra revitaliser et renouveler nos communautés. C’est d’ailleurs inhérent à la nature de l’Église « qui existe pour évangéliser » et non pour fonctionner ou s’organiser. Je propose donc concrètement une dizaine d’outils d’évangélisation, dont le plus innovant devrait être la mise en place d’un « Observatoire de la mission » pour impulser une pastorale spécifique d’évangélisation dans les paroisses. Il s’agira d’honorer la définition que Jean-Paul II donnait de la nouvelle évangélisation : « une nouvelle ardeur », par l’annonce du kérygme à tous les membres de nos communautés ; « un nouveau langage », c’est-à-dire le langage de l’amour et le langage de la cohérence qui savent trouver les mots et les gestes prophétiques pour dire la première annonce de l’Évangile ; « de nouveaux moyens » d’évangélisation directe en direction des jeunes, des pauvres, de la société dans son ensemble, par le biais de la piété populaire ou de la culture locale, et en n’ayant pas peur de s’appuyer sur les nouvelles réalités ecclésiales.
Benoît XVI évoque souvent l’absence ou le rejet de Dieu dans nos sociétés occidentales : nous venons juste d’évoquer la priorité de la mission, mais c’est un thème que l’on entend peu chez les évêques français qui apparaissent très satisfaits de notre régime de laïcité. Qu’en pensez-vous ?
Malgré quelques durcissements d’un autre âge enregistrés çà et là, il faut parier sur une laïcité à la française que l’on aime qualifier, en haut lieu, de « laïcité positive ». Autrement dit : les religions ne sont plus considérées comme des ennemis, mais comme des interlocuteurs pour la construction d’une société plus juste et fraternelle. Les rencontres fréquentes que j’ai sur le terrain avec des élus de proximité ou des associations, me convainquent que le message de sens porté par l’Église est attendu. Nous devons profiter d’un climat de relative liberté pour donner une visibilité au cœur du message chrétien qui ne saurait se réduire à des valeurs, certes héritées de l’Évangile, mais qui ne suffisent pas à rendre compte de la radicale nouveauté du Royaume instauré par le Christ à travers sa mort et sa résurrection. Dans l’Église, on donne parfois un sens exagéré à la laïcité, comme si l’affirmation décomplexée de ce qui fait notre identité devait nécessairement porter atteinte au respect de la liberté d’autrui. C’est ainsi que l’on insiste, à juste titre sans doute, sur le dialogue avec le monde, mais avec le risque de paralyser l’ardeur prophétique inhérente à notre condition de baptisés. Oui au dialogue, à condition de rester libre pour un témoignage courageux rendu à la vérité.
Vous évoquez la diversité qui caractérise l’Église en France. Vous appelez à une « spiritualité de communion » afin d’éviter que cette diversité ne devienne source de divisions : que proposez-vous concrètement pour favoriser cet esprit de communion ?
La communion dans l’Église n’est pas le fruit de la seule bonne volonté des uns et des autres et ne saurait se réduire à déclarer, de manière incantatoire, qu’il faut s’accepter dans nos différences ! En France, on a tôt fait d’ériger sa sensibilité ou son expérience pastorale en absolu, jusqu’à en faire un système, une idéologie totalisante ou totalitaire. La Communion est d’abord une démarche spirituelle : reconnaître qu’à la racine de nos différences d’approches pastorales, liées souvent à l’histoire, la génération, l’éducation, il y a d’abord une grâce reçue, appelée à se ressourcer sans cesse au contact du Christ, présent dans la Parole et les sacrements. La priorité donnée à la grâce peut seule nous aider à exercer un vrai discernement spirituel sur notre propre expérience et, du même coup, nous aider à poser un regard de bienveillance sur les autres, que nous sommes invités à considérer comme des frères dans l’unité profonde du Corps mystique ; alors les différences seront accueillies et valorisées comme des dons de Dieu, des dons pour nous et pas d’abord pour ceux qui les ont reçus. La crédibilité de notre témoignage est à ce prix, car « c’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres, dit Jésus, que tous vous reconnaîtront pour mes disciples » (Jn 13, 32).
Vous consacrez une large place à la liturgie : que proposez-vous concrètement pour répondre à l’appel du pape à une resacralisation de la liturgie ?
J’invite d’abord à une relecture attentive des grands textes qui orientent la « restauration » de la liturgie romaine : la Constitution Sacrosanctum Concilium et la Présentation générale du Missel Romain. J’appelle ensuite à une plus grande fidélité aux prescriptions liturgiques, liée à une formation, tant des clercs que des laïcs, comme moyen d’une participation plus consciente du Mystère célébré, plus active et plus fructueuse aussi, c’est-à-dire qui ne se réduit pas à la célébration mais donne une forme eucharistique à toute la vie, en devenant la source d’un engagement caritatif, social, missionnaire, renouvelé.
Comment percevez-vous le motu proprio Summorum Pontificum, la situation qui en résulte en France, et notamment la demande du pape d’enrichissement mutuel entre les deux formes du même rite romain ?
J’évoque le motu proprio Summorum Pontificum à propos de la formation liturgique des futurs prêtres, en m’appuyant en particulier sur la lettre de Benoît XVI aux séminaristes. Je ne doute pas que cette disposition canonique sur l’usage de la liturgie antérieure à 1970 permettra une fécondation mutuelle des deux formes de l’unique rite romain, en réduisant l’écart qui caractérise parfois dans la pratique, du point de vue de la sacralité, la célébration de ces deux formes. L’expérience de la forme extraordinaire pourrait même aider les séminaristes à mieux saisir la croissance organique, sans rupture, de la liturgie romaine. Le Saint-Père a souvent insisté sur la nécessaire réconciliation des catholiques avec leur passé : c’est là encore faire œuvre de Communion, non seulement synchronique mais diachronique. Assurément ces mesures font de la liturgie le lieu par excellence de « l’herméneutique de la réforme et du renouveau dans la continuité de l’unique sujet-Eglise » appelée par Benoît XVI de tous ses vœux.
Vous êtes soucieux de redonner une véritable dimension catholique aux établissements qui dépendent de vous ? Comment y parvenir et quelle place peut prendre l’enseignement libre hors contrat dans un diocèse ?
Il me semble que les évêques sont aujourd’hui bien conscients de l’état de jachère dans lequel l’enseignement catholique a pu être laissé ces dernières années, quant à son caractère propre. Il faut dire que les réglementations de l’Éducation nationale ont considérablement réduit la marge de manœuvre accordée à nos établissements sous contrat pour honorer un vrai projet éducatif catholique et que, dans le souci d’être compétitif du point de vue de l’enseignement, on a été moins regardant sur le recrutement et la formation intégrale des enseignants. Le défi sera difficile à relever et nécessitera une vraie détermination de la part de chefs d’établissement pleinement convaincus de leur foi et de leur responsabilité pastorale pour que l’Évangile soit annoncé de manière explicite à des élèves pour qui l’école catholique est le seul lien avec le Christ et l’Église. Je connais des chefs d’établissement qui ont les moyens d’un tel projet éducatif et mon devoir est de les soutenir. Devant l’ampleur de la tâche et l’étranglement de l’enseignement catholique par l’État, je comprends les familles qui, au nom de la liberté de choix qui fonde l’existence de l’enseignement catholique en France, se tournent vers le hors contrat. Les accompagner et les intégrer dans l’enseignement catholique, après avoir vérifié leur ecclésialité, c’est aussi faire œuvre de communion.
Vous évoquez la place des laïcs remise à l’honneur par Vatican II : comment interviennent-ils dans la mission ?
L’ecclésiologie de Communion définie par le concile Vatican II repose principalement sur l’articulation, non pas fonctionnelle, mais sacramentelle et théologale, entre le sacerdoce ministériel des prêtres et le sacerdoce commun des fidèles. Si les laïcs sont appelés à participer à la vie et à la mission de l’Église, ce n’est pas d’abord parce que l’on manque de prêtres, mais parce que c’est inhérent à la grâce de leur baptême. Cette collaboration doit se vivre en terme de complémentarité et non de substitution, au risque de cléricaliser le laïcat. Je plaide pour que les laïcs ne soient pas enfermés dans des tâches intra-ecclésiales, pour autant nécessaires. En vertu de la « sécularité » qui est la condition propre du laïcat, ils sont placés aux avant-postes de la mission dans le monde. Ils sont d’abord appelés à témoigner de l’Évangile dans leur milieu de vie et à s’engager dans toutes formes d’apostolat communautaire.
Propos recueillis par Christophe Geffroy
(1) Mgr Marc Aillet, La charité du Christ nous presse. L’urgence de la mission, Artège, 2010, 216 pages, 16 euros.