8 janvier 2016

[Riposte Catolique] Abbé Jacques Laguérie: «la Fraternité Saint-Pierre est un peu l’héritière de Mgr Lefebvre»

SOURCE - Riposte Catholique - 8 janvier 2016

L’abbé Jacque Laguérie est le frère de l’abbé Philippe Laguérie. Tous deux sont entrés à Écône et ont été ordonnés par Mgr Lefebvre dans les années 1970. L’un est demeuré membre de la Fraternité Saint-Pie X. Il est aujourd’hui prieur à Lourdes. L’autre a fondé en 2006 l’Institut du Bon Pasteur, dont il est l’actuel supérieur général. Disons le tout de suite: au sein des débats qui agitent actuellement la Fraternité Saint-Pie X en France, son frère Jacques ne cache pas ses réserves à l’égard d’une éventuelle régularisation. Il le fait de façon non dissimulée dans l’entretien qu’il a accordé aux fidèles qui font habituellement des vidéos pour La Porte latine et Médias-Presse Info (l’organe cybernétique de Civitas).

Néanmoins, les réponses de l’abbé Jacques Laguérie sont intéressantes et assez nuancées. Après avoir parlé du jubilé du Puy ou du transfert du corps de sainte Bernadette, il rappelle, en citant Mgr Lefebvre, qu’il «faut suivre la Providence, ne pas la précéder» pour ne pas sombrer dans les conclusions les plus excitées, tout en veillant à ne pas «la suivre trop loin en arrière» afin de ne pas échouer du côté de ceux qui ne voient plus aucun problème dans le monde catholique. D’un autre côté, il refuse tout activisme à Lourdes et se montre soucieux des réalités de l’Église qui reste la sainte Église catholique romaine, comme il tient fermement à le rappeler. Il fait une analyse distancée des réalités catholiques. Il noue des contacts avec l’évêque, avec les instituts à l’œuvre dans la cité mariale (la communauté Saint-Martin, la Fraternité Saint-Pierre) et aussi avec des associations laïques.

À l’égard de la Fraternité Saint-Pierre, même s’il conserve le terme de trahison, témoin des déchirements d’il y a 30 ans, il fait lucidement ce constat d’une grande franchise que les plus «résistants» réprouveraient de façon virulente s’ils le trouvaient dans la bouche de Mgr Fellay : « la Fraternité Saint-Pierre est un peu l’héritière de Mgr Lefebvre; même s’ils l’ont trahi (sic), ils sont un peu calqués comme nous et puis ils sont assez importants, ils sont deux-cents à peu près » (en réalité ils sont deux cent soixante deux). Personne ne peut nier le développement et l’envol de la Fraternité Saint-Pierre, alors que beaucoup d’esprits chagrins lui promettaient les mille et une difficultés, voire la disparition complète. Il est même piquant de constater que certains contempteurs de la Fraternité Saint-Pierre ont fini par régulariser leur situation…

Bien sûr, l’abbé Jacques Laguérie – figure d’une partie de la Fraternité Saint-Pie X qui craint la normalisation qui se profile, annoncée par l’abbé Schmidberger avant Noël – ne cache pas le sentiment d’inquiétude qui traverse des rangs de ceux qui ont pris certaines habitudes: «on ne peut pas tourner à 90 degrés une armée qui se bat comme cela pendant cinquante ans». Il regrette que la Fraternité soit, comme l’Église, un peu trop monarchique. Mais face à ces peurs, il conclut qu’il «ne faut pas que cette inquiétude aille trop loin, en ce sens où on douterait de l’Église, et même de la hiérarchie, de la hiérarchie officielle et même de la nôtre.»
  
Au-delà de la personnalité assez haute en couleurs de l’abbé Jacques Laguérie, qui a assisté l’abbé de Cacqueray pendant plusieurs années, on regrettera les questions orientées – et parfois inutiles – du fidèle qui l’interroge pour le compte de Médias-Presse-Infos et qui le ramenait vers des sentiers polémiques, le «sentiment sur la crise de l’Église», ceux «qui se sont ralliés (sic) et qui sont maintenant en difficulté (sic)», les «fidèles qui sont inquiets des difficultés, des bagarres qui transpirent» dans la Fraternité, autant de réalités qui nous paraissent exister surtout dans un microcosme fermé. À toutes ces questions, l’abbé Jacques Laguérie, en homme de Dieu, a répondu de façon surnaturelle.