8 janvier 2016

[Anne Le Pape - Présent] La messe vers le Soleil levant, le Crucifié

SOURCE - Anne Le Pape - Présent - 8 janvier 2016

L’abbé Wilfried Ouilly, originaire du Burkina Faso, est un jeune prêtre actuellement desservant au Centre Saint-Paul, 12 rue Saint-Joseph, dans le IIe arrondissement de Paris. Il explique à Présent sa découverte de la messe tridentine.
— Monsieur l’abbé, pouvez-vous vous situer pour nos lecteurs, évoquer votre formation ?
— Je voudrais dire tout d’abord un grand merci à Présent qui m’offre cette occasion de partager avec tous ses lecteurs mon expérience spirituelle dans la liturgie de la messe forme extraordinaire. Puisse Dieu vous aider, dans votre mission d’informer, à être toujours un outil d’évangélisation !

Pour ce qui est de ma formation, contrairement à la plupart des prêtres du Burkina Faso, je n’ai pas eu la chance de faire le petit séminaire avant mon entrée au grand séminaire. J’ai fait mes études au collège et au lycée avant de formuler une demande d’entrée au grand séminaire. Durant ce parcours « propédeutique », j’ai été suivi et soutenu par un directeur spirituel. C’est alors qu’avec l’accord de mon évêque, j’ai été autorisé à poursuivre ma formation en vue du sacerdoce au grand séminaire.

Ainsi, j’ai fait deux ans d’études philosophico-théologiques au grand séminaire philosophique Saint-Pierre-Saint-Paul à Ouagadougou, suivis de cinq années d’études théologiques au grand séminaire Saint-Jean-Baptiste, également situé dans la capitale burkinabè. Après ce temps de formation conforme aux dispositions canoniques romaines, j’ai été appelé par mon évêque aux ordres sacrés du diaconat et du presbytérat, respectivement en juin 2005 et en juillet 2006. Je fêterai bientôt, en juillet prochain, mes dix ans de sacerdoce.
— Jeune prêtre, vous n’avez pas connu dans votre enfance la messe dite « tridentine ». Comment l’avez-vous découverte ?
— En tant que jeune prêtre d’une Eglise jeune comme celle du Burkina (cent ans d’évangélisation), je n’ai pas connu la messe tridentine. Bien sûr, en cours de liturgie au séminaire, elle nous a été enseignée comme une forme ancienne de la célébration eucharistique, avec ses avantages et ses limites, surtout en termes de participation des fidèles. Personnellement, je désirais connaître davantage cette messe tridentine qu’on a appelée la « messe dos au peuple ». Encouragé par le témoignage d’un ami prêtre du Burkina Faso et soutenu par un monastère ami de France, je me suis engagé à la découverte de la messe forme extraordinaire dans l’esprit du motu proprio Summorum Pontificum du pape émérite Benoît XVI. Ainsi, en 2012, ai-je été accueilli dans l’Institut du Bon Pasteur par l’abbé Guillaume de Tanoüarn au Centre Saint-Paul, où j’ai appris à célébrer concrètement la messe en sa forme « ante concile Vatican II ».
— Vous célébrez donc actuellement dans le rite traditionnel. Est-ce uniquement vous qui avez désiré le faire ou est-ce aussi sur demande de votre évêque ?
— Actuellement, c’est pour des raisons personnelles que je célèbre la messe en forme extraordinaire. Pour ce qui est de mon évêque, il ne trouve pas d’objection à ce que je la célèbre en privé, ce d’autant plus que les fidèles de mon diocèse ne la connaissent pas, excepté quelques personnes d’un certain âge. Mais je pense avoir une mission future : celle de la faire connaître aux fidèles de mon diocèse, avec bien évidemment l’accord de mon évêque.
— Que trouvez-vous dans le rite traditionnel que vous ne trouvez pas dans le nouveau rite ?
— En tant que prêtre célébrant dans les deux formes, j’ai une préférence pour la forme extraordinaire du fait qu’elle me paraît plus recueillie et met davantage en évidence le caractère sacré et mystique de la messe. De plus, dans la liturgie forme extraordinaire, le prêtre se sent plus porté par la messe qu’il célèbre que par l’assemblée, avec laquelle il regarde dans la même direction : vers le Soleil levant, le Crucifié ; il est plus ouvert au mystère divin qu’il n’est centré sur lui-même. Ainsi, en faisant le passage de la forme extraordinaire à la forme ordinaire, j’ai l’impression que la messe semble un peu moins centrée sur le mystère qu’elle signifie, à la faveur de quelques initiatives laissées aux bons soins du prêtre. Celui-ci peut courir le risque de mettre l’accent sur la communication avec les fidèles au détriment de leur orientation commune vers le Seigneur.

Par contre, je sens le manque au niveau de la pauvreté des textes liturgiques en nombre très réduits dans la forme extraordinaire, si l’on ne prend pas en compte les prières au bas de l’autel, qui sont d’une grande richesse scripturaire. Il en va de même pour les préfaces, que l’on pourrait enrichir par l’ajout de très belles préfaces proposées par la réforme liturgique du concile Vatican II.

Pour terminer, j’invite les uns et les autres à découvrir toute la richesse et la profondeur spirituelle qui se trouvent dans la messe en général et plus particulièrement dans celle dite tridentine. Vous pouvez la découvrir, comme moi, au Centre Saint-Paul qui fait un magnifique travail d’apostolat par la formation et la culture à travers les messes, la catéchèse, les cours de latin, les conférences sur des thèmes très variés.

Propos recueillis par Anne Le Pape

Centre Saint-Paul, 12 rue Saint-Joseph, 75002 Paris