SOURCE - Olivier Faye - Le Monde - 3 août 2016
La rumeur parcourait la « fachosphère » dès mardi soir, sur Twitter : les forces de l’ordre envisageaient d’évacuer l’église Sainte-Rita dans le 15e arrondissement de Paris, mercredi 3 août, au petit matin. Cette église est occupée depuis octobre 2015 par différents groupuscules d’extrême droite qui tentent d’empêcher sa démolition.
La rumeur parcourait la « fachosphère » dès mardi soir, sur Twitter : les forces de l’ordre envisageaient d’évacuer l’église Sainte-Rita dans le 15e arrondissement de Paris, mercredi 3 août, au petit matin. Cette église est occupée depuis octobre 2015 par différents groupuscules d’extrême droite qui tentent d’empêcher sa démolition.
Le rappel des troupes a donc été battu : une trentaine de militants, dont un groupe issu de l’Action française, se sont barricadés à l’intérieur de l’édifice pendant la nuit. L’abbé de Tanoüarn, un des principaux occupants des lieux, proche de l’Action française, avait même annoncé la tenue d’une messe à 6 heures du matin.
Je dirai la messe en l'église Ste Rita (27 Rue François Bonvin, 75015 Paris): mercredi 3 aout, à SIX HEURES DU MATIN. #SteRitaPriezPourNous— Abbé G. de Tanoüarn (@abbedetanouarn) 2 août 2016
La police a procédé à l’évacuation de l’église aux alentours de 6 h 45. Une opération qui « s’est déroulée sans incident », selon la préfecture de police de Paris.
C’est l’association cultuelle des Chapelles catholiques et apostoliques, propriétaire du bâtiment, qui demande la démolition de l’église pour construire à la place un parking et des logements sociaux, a rapporté le site Streetpress, qui s’était intéressé à cette « ZAD [zone à défendre] d’extrême droite ». L’association a obtenu, le 6 janvier, l’autorisation judiciaire de faire procéder à l’expulsion des occupants. Qui survient donc en plein cœur de l’été.
Indignation à droite et à l’extrême droite
De nombreux groupuscules, comme l’association islamophobe Riposte laïque, s’étaient penchés, ces derniers mois, au chevet de l’église Sainte-Rita, et se sont donc émus du sort qui lui est réservé aujourd’hui. L’annonce de l’évacuation a été tout aussi mal accueillie par l’extrême droite «mainstream». La présidente du Front national, Marine Le Pen, a fait mine de s’interroger : «Et si l’on faisait des parkings sur l’emplacement des mosquées salafistes plutôt que de détruire nos églises?»
Et si l'on faisait des parkings sur l'emplacement des mosquées salafistes plutôt que de détruire nos églises ? #SainteRita MLP— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 3 août 2016
Une semaine après l’attentat à l’église de Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime), qui a causé la mort du père Jacques Hamel, cette expulsion est ressentie par certains comme une agression de la part du gouvernement à l’encontre de la communauté catholique. « Le tact de [Bernard] Cazeneuve [ministre de l’intérieur] : le lendemain des funérailles [du père Hamel] à Rouen, l’église Sainte-Rita évacuée pour faire un parking ! », s’est par exemple indigné le député du Gard Gilbert Collard (Rassemblement bleu Marine). Gérée par une association gallicane — qui ne reconnaît pas l’autorité du Vatican —, l’église n’appartient pourtant pas à l’Etat.
A droite aussi, on a du mal à accepter cette évacuation. Le maire du 15earrondissement, Philippe Goujon (Les Républicains), s’est ému de cette décision, tout comme le député (LR) des Français de l’étranger, Frédéric Lefebvre, qui était présent sur place au moment de l’intervention des forces de l’ordre.
L’église #SainteRita évacuée en plein cœur de l’été au moment où la France est submergée par l’émotion après le lâche assassinat d’un prêtre— Philippe Goujon (@Philippe_Goujon) 3 août 2016
messe violemment interrompue— Frédéric Lefebvre (@FLefebvre_RF) 3 août 2016
SainteRita
J'ai saisi @BCazeneuve qui n'est pas intervenu alors que ns sommes en deuil pic.twitter.com/CnXWQKTZqM
L’église Sainte–Rita avait pour particularité d’être la seule à Paris à accepter les animaux lors des offices. Chaque premier dimanche de novembre, ces derniers avaient même droit à une bénédiction. Aujourd’hui, la future ex-église Sainte-Rita pourrait bien devenir un symbole pour une partie de l’extrême droite radicale.
Olivier Faye