SOURCE - Christian Terras - Golias - 8 décembre 2011
Dans nos positions, à Golias, nous nous inscrivons bien dans la continuité. Nous gardons un très grand esprit critique face à des œuvres de mauvais goût, n’hésitant pas à déplorer l’exploitation racoleuse, facile et urticante de certaines thèmes chrétiens. Ce que l’on n’oserait jamais faire - il faut le dire - avec des références fondatrices d’autres religions. Pour autant, rien ne saurait nous priver du droit à la liberté de création et d’expression, surtout pas l’exigence de respect envers des dogmes.
Il s’agit peut-être d’inventer un chemin de crêtes. Toujours est-il que nous avons combattu et nous combattrons encore toute velléité de revenir sur cette magnifique liberté de pouvoir créer de nouvelles façon d’exprimer ce que l’on ressent. Y compris lorsque cela exaspère ou indispose certaines bonnes âmes. Y compris également lorsque le résultat obtenu ne nous paraît pas à la hauteur des convulsions médiatiques suscitées. C’est Voltaire qui avait raison : il faut se battre aussi pour que ceux qui disent ce que l’on ne veut pas entendre puisse le faire en toute liberté. Et tant pis pour les bigots !
Toujours est-il que Mgr Bernard Podvin - qui n’est pas évêque mais prélat- en qualité de porte-parole des évêques de France, a lancé il y a quelques semaines un appel à ne pas rester impassible face à « Golgota Picnic », un spectacle qui, selon lui, « blesse et blessera » : « Quel courage de s’en prendre à une religion dont le fondateur se tait tandis qu’on l’outrage ! » Certes.
Il s’agit en l’occurrence d’une pièce d’un auteur hispano-argentin, Rodrigo García, qui est présentée du 8 au 17 décembre prochains au Théâtre parisien du Rond-Point, connu pour l’audace de ses créations contemporaines, sélectionnées en général avec intelligence par son directeur Jean-Michel Ribes, dans le cadre du festival d’Automne. On y assiste en effet à une relecture décoiffant et pas toujours bien inspirée des Saintes Écritures, au travers de laquelle on nous propose une critique au vitriol d’une iconographie chrétienne, parfois fort malsaine il est vrai.
Mgr le porte-parole semble toutefois oublier que les diverses conceptions et représentations du mystère de la passion au fil des âges ont pu en effet susciter des choses scandaleuses et déplorables. Même... Joseph Ratzinger, aujourd’hui Benoît XVI, dans un livre de jeunesse il est vrai, « foi chrétienne hier et aujourd’hui », étrille avec vigueur le modèle anselmien d’une rédemption qui offre une image atroce du Père. De plus, aveu aussi regrettable que significatif, Mgr Podvin reconnaît... n’avoir pas vu la pièce. Il lance cette boutade qu’il croit sans doute inspirée : « Ce n’est pas, dit-il, parce que le christianisme fut sociologiquement majoritaire qu’il doit être le fusible d’hystéries culturelles ».
Mais il n’en reste pas là. Quelques temps après, le quotidien « La Croix » lance un vibrant appel à une croisade d’un nouveau genre : « Interpellez vos élus. Dites-leur que l’inacceptable est indigne d’une démocratie », appelant au « respect » des chrétiens".
Pour le coup, le cardinal Vingt-Trois, Président de la conférence des évêques, se montrait alors mieux inspiré lorsqu’il déclarait sur Radio Notre Dame : « Nous devons accepter de supporter avec le Christ l’incompréhension, l’hostilité et la violence des autres, sinon nous entrons dans une guerre culturelle qui n’est pas dans le sens de l’Évangile ».
C’était il y a quelques semaines au moment de la pièce, polémique, elle aussi, de Romeo Castelluci. Sauf qu’entre temps, s’est déroulée l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes où la majorité des évêques néoconservateurs qui la composent désormais ont fait pression sur le cardinal de Paris, président de la conférence épiscopale, pour se positionner du côté des manifestants autour de Civitas.
Et qu’à Rome, enfin, où les négociations avec la fraternité St Pie X pour la réintégration de celle-ci dans l’Eglise catholique patinent sec (voir nos informations précédentes à ce sujet), on a fait savoir au patron des évêques français, par un de ses proches collaborateurs, de se positionner plus fermement du côté de ces « vrais catholiques » qui « défendent la vraie foi de toujours » et veulent « rechristianiser la France ».
D’où l’annonce par le diocèse de paris d’une veillée de prière contre cette pièce « blessante et caricaturale sur le Christ ».
Une nouvelle trahison en acte de l’esprit des années conciliaires. une fois n’est pas coutume.
En tout cas, pour nous à Golias, la meilleure façon de résister aux intimidations de ces nouveaux croisés de Dieu est de venir nombreux voir cette pièce, avec toutes ses limites.
D’opposer au sectarisme imbécile le courage de la création et du témoignage. Non pour offenser un Dieu qui serait susceptible. Mais parce qu’il faut toujours se réjouir des diverses façons de dire l’homme et d’invoquer Dieu.
Même et surtout lorsqu’elles nous surprennent et nous dérangent. C’est aussi cela le sens de l’aventure chrétienne au cœur du monde sécularisé qui est le nôtre.
Dans nos positions, à Golias, nous nous inscrivons bien dans la continuité. Nous gardons un très grand esprit critique face à des œuvres de mauvais goût, n’hésitant pas à déplorer l’exploitation racoleuse, facile et urticante de certaines thèmes chrétiens. Ce que l’on n’oserait jamais faire - il faut le dire - avec des références fondatrices d’autres religions. Pour autant, rien ne saurait nous priver du droit à la liberté de création et d’expression, surtout pas l’exigence de respect envers des dogmes.
Il s’agit peut-être d’inventer un chemin de crêtes. Toujours est-il que nous avons combattu et nous combattrons encore toute velléité de revenir sur cette magnifique liberté de pouvoir créer de nouvelles façon d’exprimer ce que l’on ressent. Y compris lorsque cela exaspère ou indispose certaines bonnes âmes. Y compris également lorsque le résultat obtenu ne nous paraît pas à la hauteur des convulsions médiatiques suscitées. C’est Voltaire qui avait raison : il faut se battre aussi pour que ceux qui disent ce que l’on ne veut pas entendre puisse le faire en toute liberté. Et tant pis pour les bigots !
Toujours est-il que Mgr Bernard Podvin - qui n’est pas évêque mais prélat- en qualité de porte-parole des évêques de France, a lancé il y a quelques semaines un appel à ne pas rester impassible face à « Golgota Picnic », un spectacle qui, selon lui, « blesse et blessera » : « Quel courage de s’en prendre à une religion dont le fondateur se tait tandis qu’on l’outrage ! » Certes.
Il s’agit en l’occurrence d’une pièce d’un auteur hispano-argentin, Rodrigo García, qui est présentée du 8 au 17 décembre prochains au Théâtre parisien du Rond-Point, connu pour l’audace de ses créations contemporaines, sélectionnées en général avec intelligence par son directeur Jean-Michel Ribes, dans le cadre du festival d’Automne. On y assiste en effet à une relecture décoiffant et pas toujours bien inspirée des Saintes Écritures, au travers de laquelle on nous propose une critique au vitriol d’une iconographie chrétienne, parfois fort malsaine il est vrai.
Mgr le porte-parole semble toutefois oublier que les diverses conceptions et représentations du mystère de la passion au fil des âges ont pu en effet susciter des choses scandaleuses et déplorables. Même... Joseph Ratzinger, aujourd’hui Benoît XVI, dans un livre de jeunesse il est vrai, « foi chrétienne hier et aujourd’hui », étrille avec vigueur le modèle anselmien d’une rédemption qui offre une image atroce du Père. De plus, aveu aussi regrettable que significatif, Mgr Podvin reconnaît... n’avoir pas vu la pièce. Il lance cette boutade qu’il croit sans doute inspirée : « Ce n’est pas, dit-il, parce que le christianisme fut sociologiquement majoritaire qu’il doit être le fusible d’hystéries culturelles ».
Mais il n’en reste pas là. Quelques temps après, le quotidien « La Croix » lance un vibrant appel à une croisade d’un nouveau genre : « Interpellez vos élus. Dites-leur que l’inacceptable est indigne d’une démocratie », appelant au « respect » des chrétiens".
Pour le coup, le cardinal Vingt-Trois, Président de la conférence des évêques, se montrait alors mieux inspiré lorsqu’il déclarait sur Radio Notre Dame : « Nous devons accepter de supporter avec le Christ l’incompréhension, l’hostilité et la violence des autres, sinon nous entrons dans une guerre culturelle qui n’est pas dans le sens de l’Évangile ».
C’était il y a quelques semaines au moment de la pièce, polémique, elle aussi, de Romeo Castelluci. Sauf qu’entre temps, s’est déroulée l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes où la majorité des évêques néoconservateurs qui la composent désormais ont fait pression sur le cardinal de Paris, président de la conférence épiscopale, pour se positionner du côté des manifestants autour de Civitas.
Et qu’à Rome, enfin, où les négociations avec la fraternité St Pie X pour la réintégration de celle-ci dans l’Eglise catholique patinent sec (voir nos informations précédentes à ce sujet), on a fait savoir au patron des évêques français, par un de ses proches collaborateurs, de se positionner plus fermement du côté de ces « vrais catholiques » qui « défendent la vraie foi de toujours » et veulent « rechristianiser la France ».
D’où l’annonce par le diocèse de paris d’une veillée de prière contre cette pièce « blessante et caricaturale sur le Christ ».
Une nouvelle trahison en acte de l’esprit des années conciliaires. une fois n’est pas coutume.
En tout cas, pour nous à Golias, la meilleure façon de résister aux intimidations de ces nouveaux croisés de Dieu est de venir nombreux voir cette pièce, avec toutes ses limites.
D’opposer au sectarisme imbécile le courage de la création et du témoignage. Non pour offenser un Dieu qui serait susceptible. Mais parce qu’il faut toujours se réjouir des diverses façons de dire l’homme et d’invoquer Dieu.
Même et surtout lorsqu’elles nous surprennent et nous dérangent. C’est aussi cela le sens de l’aventure chrétienne au cœur du monde sécularisé qui est le nôtre.