SOURCE - Don Romain - catho.ch - 4 décembre 2011
Suite à mon post Mgr Fellay prend la parole au sujet du «préambule doctrinal», un internaute, qui signe «Helvète», me fait la remarque suivante:
«Vous passez comme chat sur braises sur les différentes critiques du Concile Vatican II qui ont été émises dernièrement par des prélats et des personnalités au sein de l'Eglise catholique:-Mgr Brunero Gherardini, dans son ouvrage "Vatican II, le débat qui n’a pas eu lieu"-Mgr Athanasius Schneider a eu le courage de demander, lors d’un congrès à Rome fin 2010, un Syllabus condamnant les erreurs d’interprétation du Concile-Roberto de Mattei a bien montré les influences contraires exercées sur le Concile, dans son dernier livre "Vatican II, une histoire jamais écrite" Et dès à présent, puisque la FSSPX a présenté "sa" doctrine auprès des théologiens de l'Eglise catholique, il devrait être facile de montrer en quoi cette doctrine est fausse. Bref, que Rome fasse son travail de toujours en condamnant l'erreur.»
Il est tout à fait exact que je n’ai pas soulevé cet aspect, mais, dans ce cas, les braises sont froides…
Dans cet entretien Mgr Fellay ne dit qu’une chose nouvelle: «Les indiscrétions ne manquent pas sur Internet ! Il est vrai que ce Préambule doctrinal ne peut pas recevoir notre aval (…) La proposition que je ferai ces jours-ci aux autorités romaines et leur réponse en retour nous permettront d’évaluer les possibilités qui nous sont laissées. Et quelque soit le résultat de ces entretiens, le document final qui aura été accepté ou refusé, sera rendu public.». En fin de compte, le supérieur de la FSSPX ne fait que confirmer ici les indiscrétions venues d’Angleterre et d’Amérique du Sud. Sans y toucher, il confirme donc les informations publiées. Comme il l’avait dit: seule La Maisons Générale peut donner des informations officielles. C’est chose faite. Les autres éléments étaient déjà connus, sa vision de l’état de l’Eglise postconciliaire, ainsi que les écrits des personnes citées ou la demande de Mgr Schneider. Ce sont des braises froides.
Elles sont froides, car les remarques critiques sur Vatican II ne datent pas d’aujourd’hui et elles ne vont pas toutes dans le même sens! Celui qui regarde dans une autre direction que le lefebvrisme, trouvera une abondante littérature qui pense que le Concile était trop timoré, certains attendent même Vatican III. Qu’aujourd’hui d’autres voix se fassent entendre, n’a rien d’extraordinaire. La position de Mgr Brunero Gherardini est connue et il fait preuve, à l’intérieur même de l’Eglise, d’un esprit critique auquel il a droit. C’est, me semble-t-il, dans l’ordre de la légitime discussion théologique. Mais son avis peut aussi être contesté. Ainsi le 18 octobre j’ai consacré un post au Cardinal Cottier, qui donnait son point de vue dans ce débat apparu en Italie. On peut nommer aussi le p. Pietro Cantoni, cité dans le même post, ancien séminariste d’Ecône, il conteste les thèses de Mgr Gherardini, alors qu’il est un ancien étudiant de ce dernier. De plus, les écrits que vous citez ne sont pas d’un grand nombre dans la production théologique sur le Concile Vatican II.
Elles sont froides, car Mgr Fellay nous prouve que l’on peut légitiment exprimer des critiques, tout en étant pleinement dans l’Eglise. Les personnes qu’il cite font justement partie de ces «conciliaires» tant décriés: Un laïc, un prêtre théologien et un évêque diocésain. Reste encore à savoir si ces mêmes personnes ont des remarques à l’adresse de la FSSPX, au sujet de ses diverses positions sur le magistère de l’Eglise et concernant son approche du Concile incriminé. Peut-être que le supérieur général pourrait prendre leur avis, avant de donner sa réponse à Rome…
Elles sont plus que froides, pour ne pas dire inexistantes dans le cas de Mgr Athanasius Schneider qui a demandé, comme vous le dite, «un Syllabus condamnant les erreurs d’interprétation du Concile». Mgr Schneider est un évêque qui accepte et qui vit son ministère dans l’Eglise du Concile Vatican II. Dans ce cas l’évêque se trouve dans la droite ligne de Benoît XVI, celle de «l’herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité». Ce qu’il remet en cause, ce n’est pas le Concile, mais des interprétations erronées. Or la critique intégriste porte sur le Concile et pas, seulement ou principalement, sur son interprétation. Que Mgr Fellay accepte le Concile Vatican II, il pourra ensuite demander lui aussi un Syllabus. On sait le peu de cas que l’on fait de l’herméneutique proposée par le pape, dans la FSSPX. On a fait dire bien des choses au Concile et en son nom on en a fait plus encore. Ce n’est pas d’aujourd’hui que des voix se lèvent pour dénoncer les abus, hélas peu souvent avec succès. Beaucoup d’évêques, de fidèles, de théologiens et de prêtres ont fait leur devoir et l’ancien Préfet de la congrégation de la Doctrine de la Foi a fait le sien.
Vous terminez en disant: «que Rome fasse son travail de toujours en condamnant l'erreur». Je ne crois pas que le «travail de Rome» consiste à condamner l’erreur, mais bien plus à annoncer Notre Seigneur Jésus-Christ. Si pour ce faire il faut «condamner l’erreur», Rome le fera. Le texte paru le 1er décembre dans l’Osservatore Romano (cf. mon post), rappelle justement l’enseignement de l’Eglise au sujet du Concile, de son interprétation et des légitimes discussions qui peuvent accompagner sa réception. Le signataire, Mgr Fernando Ocáriz, est, comme «par hasard», un des théologiens qui a participé aux discussions doctrinales avec la FSSPX. Il me semble que ce texte exprime bien la doctrine de l’Eglise en la matière: s’en écarter, c’est être dans l’erreur. Les lefebvristes commentent la même faute que les pétitionnaires de «Nous sommes l’Eglise»: Ils prennent la place du magistère. L’heure de la confiance en l’Eglise a sonné pour le mouvement fondé par Mgr Lefebvre, j’espère sincèrement qu’ils donneront une réponse positive, «souhaitable et espérée». Un exemple édifiant peut les y aider: celui de l’Institut du Bon Pasteur.
Dom Romain
Suite à mon post Mgr Fellay prend la parole au sujet du «préambule doctrinal», un internaute, qui signe «Helvète», me fait la remarque suivante:
«Vous passez comme chat sur braises sur les différentes critiques du Concile Vatican II qui ont été émises dernièrement par des prélats et des personnalités au sein de l'Eglise catholique:-Mgr Brunero Gherardini, dans son ouvrage "Vatican II, le débat qui n’a pas eu lieu"-Mgr Athanasius Schneider a eu le courage de demander, lors d’un congrès à Rome fin 2010, un Syllabus condamnant les erreurs d’interprétation du Concile-Roberto de Mattei a bien montré les influences contraires exercées sur le Concile, dans son dernier livre "Vatican II, une histoire jamais écrite" Et dès à présent, puisque la FSSPX a présenté "sa" doctrine auprès des théologiens de l'Eglise catholique, il devrait être facile de montrer en quoi cette doctrine est fausse. Bref, que Rome fasse son travail de toujours en condamnant l'erreur.»
Il est tout à fait exact que je n’ai pas soulevé cet aspect, mais, dans ce cas, les braises sont froides…
Dans cet entretien Mgr Fellay ne dit qu’une chose nouvelle: «Les indiscrétions ne manquent pas sur Internet ! Il est vrai que ce Préambule doctrinal ne peut pas recevoir notre aval (…) La proposition que je ferai ces jours-ci aux autorités romaines et leur réponse en retour nous permettront d’évaluer les possibilités qui nous sont laissées. Et quelque soit le résultat de ces entretiens, le document final qui aura été accepté ou refusé, sera rendu public.». En fin de compte, le supérieur de la FSSPX ne fait que confirmer ici les indiscrétions venues d’Angleterre et d’Amérique du Sud. Sans y toucher, il confirme donc les informations publiées. Comme il l’avait dit: seule La Maisons Générale peut donner des informations officielles. C’est chose faite. Les autres éléments étaient déjà connus, sa vision de l’état de l’Eglise postconciliaire, ainsi que les écrits des personnes citées ou la demande de Mgr Schneider. Ce sont des braises froides.
Elles sont froides, car les remarques critiques sur Vatican II ne datent pas d’aujourd’hui et elles ne vont pas toutes dans le même sens! Celui qui regarde dans une autre direction que le lefebvrisme, trouvera une abondante littérature qui pense que le Concile était trop timoré, certains attendent même Vatican III. Qu’aujourd’hui d’autres voix se fassent entendre, n’a rien d’extraordinaire. La position de Mgr Brunero Gherardini est connue et il fait preuve, à l’intérieur même de l’Eglise, d’un esprit critique auquel il a droit. C’est, me semble-t-il, dans l’ordre de la légitime discussion théologique. Mais son avis peut aussi être contesté. Ainsi le 18 octobre j’ai consacré un post au Cardinal Cottier, qui donnait son point de vue dans ce débat apparu en Italie. On peut nommer aussi le p. Pietro Cantoni, cité dans le même post, ancien séminariste d’Ecône, il conteste les thèses de Mgr Gherardini, alors qu’il est un ancien étudiant de ce dernier. De plus, les écrits que vous citez ne sont pas d’un grand nombre dans la production théologique sur le Concile Vatican II.
Elles sont froides, car Mgr Fellay nous prouve que l’on peut légitiment exprimer des critiques, tout en étant pleinement dans l’Eglise. Les personnes qu’il cite font justement partie de ces «conciliaires» tant décriés: Un laïc, un prêtre théologien et un évêque diocésain. Reste encore à savoir si ces mêmes personnes ont des remarques à l’adresse de la FSSPX, au sujet de ses diverses positions sur le magistère de l’Eglise et concernant son approche du Concile incriminé. Peut-être que le supérieur général pourrait prendre leur avis, avant de donner sa réponse à Rome…
Elles sont plus que froides, pour ne pas dire inexistantes dans le cas de Mgr Athanasius Schneider qui a demandé, comme vous le dite, «un Syllabus condamnant les erreurs d’interprétation du Concile». Mgr Schneider est un évêque qui accepte et qui vit son ministère dans l’Eglise du Concile Vatican II. Dans ce cas l’évêque se trouve dans la droite ligne de Benoît XVI, celle de «l’herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité». Ce qu’il remet en cause, ce n’est pas le Concile, mais des interprétations erronées. Or la critique intégriste porte sur le Concile et pas, seulement ou principalement, sur son interprétation. Que Mgr Fellay accepte le Concile Vatican II, il pourra ensuite demander lui aussi un Syllabus. On sait le peu de cas que l’on fait de l’herméneutique proposée par le pape, dans la FSSPX. On a fait dire bien des choses au Concile et en son nom on en a fait plus encore. Ce n’est pas d’aujourd’hui que des voix se lèvent pour dénoncer les abus, hélas peu souvent avec succès. Beaucoup d’évêques, de fidèles, de théologiens et de prêtres ont fait leur devoir et l’ancien Préfet de la congrégation de la Doctrine de la Foi a fait le sien.
Vous terminez en disant: «que Rome fasse son travail de toujours en condamnant l'erreur». Je ne crois pas que le «travail de Rome» consiste à condamner l’erreur, mais bien plus à annoncer Notre Seigneur Jésus-Christ. Si pour ce faire il faut «condamner l’erreur», Rome le fera. Le texte paru le 1er décembre dans l’Osservatore Romano (cf. mon post), rappelle justement l’enseignement de l’Eglise au sujet du Concile, de son interprétation et des légitimes discussions qui peuvent accompagner sa réception. Le signataire, Mgr Fernando Ocáriz, est, comme «par hasard», un des théologiens qui a participé aux discussions doctrinales avec la FSSPX. Il me semble que ce texte exprime bien la doctrine de l’Eglise en la matière: s’en écarter, c’est être dans l’erreur. Les lefebvristes commentent la même faute que les pétitionnaires de «Nous sommes l’Eglise»: Ils prennent la place du magistère. L’heure de la confiance en l’Eglise a sonné pour le mouvement fondé par Mgr Lefebvre, j’espère sincèrement qu’ils donneront une réponse positive, «souhaitable et espérée». Un exemple édifiant peut les y aider: celui de l’Institut du Bon Pasteur.
Dom Romain