Application du Motu Proprio dans le diocèse de Versailles : Le Vicaire épiscopal a-t-il dépassé les bornes ? |
12 juin 2008 - Lettre de Paix liturgique n°111 |
Application du Motu Proprio dans le diocèse de Versailles : Le Vicaire épiscopal a-t-il dépassé les bornes ? Paris - Le 17 juin à 19 h Grand' Messe "extraordinaire" à Notre-Dame de Paris Application du Motu Proprio dans le diocèse de Versailles : Le Vicaire épiscopal a-t-il dépassé les bornes ? Nous publions ci-dessous le courrier que nous a fait parvenir une fidèle du diocèse de Versailles où la situation devient très préoccupante. A la suite de nos commentaires, nous reproduisons in extenso la note, diffusée le 29 novembre 2007 par le père Leborgne, vicaire général du diocèse de Versailles. Dans la longue marche vers l’application du Motu Proprio en France, il est un paradoxe rarement souligné : alors que le vicaire épiscopal n’est nulle part mentionné dans le texte pontifical, on le retrouve pourtant partout pour en bloquer l’application avec obstination. Plusieurs diocèses donnent ainsi le curieux spectacle d’un Evêque ouvert mais d’un Vicaire épiscopal fermé au Motu Proprio. Le diocèse de Versailles n’échappe pas à cette curieuse répartition des rôles. Dans sa lettre du 9 juillet 2007, Monseigneur Aumonier, Evêque du diocèse de Versailles, demandait à ses prêtres de « gérer cette situation nouvelle avec justice et charité », et en cas de conflit, se disait « prêt à exercer [sa] charge de « modérateur de la liturgie dans le diocèse »… Attitude confirmée par tous les demandeurs qui furent reçus à l’Evêché : Monseigneur Aumonier fut plus que compréhensif : la charité même ! Les prêtres ? Formés à Triors ou Fontgombault ! Les horaires ? Modulables ! Voilà qui augurait d’un esprit d’ouverture propice à une mise en place apaisée du Motu Proprio… C’était pourtant sans compter sur le Vicaire épiscopal… Pendant que l’Evêque tenait en effet ce discours aux demandeurs qu’il recevait, le Père Leborgne diffusait au même moment à tous les prêtres du diocèse « une note émanant d’une commission du conseil presbytéral ». ( Note de PL : Voir le texte intégral de cette note à la fin de notre lettre ) Cette note, qui n’est pas le fruit du seul Vicaire, mais qui est pleinement assumée par l’Evêché, doit être analysée pour ce qu’elle est : une doctrine d’application tellement restrictive qu’elle revient en pratique à rendre impossible l’application du Motu Proprio. Il est manifeste que l’intention du Père Leborgne n’était pas que cette note soit publiée un jour. Sa diffusion est cependant nécessaire pour comprendre pourquoi tant de demandes dans le diocèse sont bloquées. Elle permet également de mieux décrypter le double langage que beaucoup d’entre nous ont souvent entendu et qui est surprenant pour des gens d’Eglise. Elle résume enfin parfaitement l’état d’esprit général de l’Eglise de France vis-à-vis du Motu Proprio. La note du 29 novembre 2007 élève en effet des conditions supplémentaires au texte pontifical, relatives : · aux instances décisionnelles,Changement des instances décisionnelles En dépit d’un courrier du 9 juillet 2007 dans lequel l’évêque appelle ses curés à « étudier [les demandes] avec générosité et [à] faire les suggestions pastorales [qu’ils estiment] justes », la note du 29 novembre insiste sur le rôle prépondérant du conseil paroissial et du doyenné. Elle précise que « l’effort de générosité que souhaite le Saint Père n’incombe pas seulement au curé mais à la communauté paroissiale toute entière » (p. 1) ; que celle-ci « par les instances ordinaires, assiste le curé dans ses décisions ». Dans les cas précis des demandes déposées dans les paroisses du diocèse de Versailles, le conseil paroissial, s’est souvent érigé en comité de quartier : vérifiant les adresses, demandant des justifications à certains signataires, faisant pression sur d’autres pour qu’ils retirent leurs signatures… Par ailleurs, la prise de décision doit être envisagée « à l’échelle du doyenné » (p. 2) : « Le discernement » - est-il précisé - « gagnera à être mené au niveau du doyenné » qui semble être « la juste échelle pour peser et assumer la générosité » et pour considérer la question « de la disponibilité des prêtres ». Le curé se trouve ainsi doublement encadré par le conseil paroissial et le doyenné. Est-ce donc cela la liberté de conscience ? Les conditions d’entrée imposées aux paroissiens souhaitant la forme tridentine La note élève des conditions d’évaluation des paroissiens attachés à la forme extraordinaire, alors que l’évêque soulignait, dans sa lettre du 9 juillet, l’importance de « la réconciliation au sein de l’Eglise ». La note insiste ensuite sur « l’évaluation » des paroissiens attachés à la forme extraordinaire et sur leur « collaboration à la vie paroissiale », introduisant ainsi une rupture d’égalité entre les fidèles. Elle jette ainsi une suspicion incompréhensible sur les paroissiens attachés à la forme extraordinaire, en évoquant le risque « des usages abusifs » que pourraient faire du texte pontifical, « des propagateurs de la messe de Jean XXIII » (p. 2). La note reconnaît tout de même que les deux messes sont des messes paroissiales. Elle impose cependant de préciser que la messe sous la forme extraordinaire n’est dite qu’ « à la demande d’une partie des paroissiens ». Les « Tradis » sont ainsi évalués, contrôlés, notés, et montrés du doigt. N’est-ce pas le début du racisme que de commencer par nommer tout ce qui est différent ? Pourquoi ne pas admettre sur un même pied d’égalité le paroissien « extraordinaire » et le paroissien « ordinaire » ? Bel exemple en vérité d’accueil que ce comité qui vérifiera la « collaboration (sic) » des nouveaux admis « à la vie paroissiale » ! Les conditions imposées aux prêtres souhaitant célébrer la forme tridentine Plus grave, la note dégage des conditions matérielles qui limitent de facto la liberté de détermination des prêtres sollicités, liberté de conscience pourtant de jure reconnue par le Vatican. · Le texte soumet d’abord l’accord d’une messe tridentine au maintien de toutes les messes dans la forme ordinaire, sans qu’aucun déplacement d’horaires, ni aucune substitution de messe à messe ne puissent être envisagés, comme cela se pratique harmonieusement dans d’autres diocèses (Laval, Saint-Brieuc, etc) : « Pour le dimanche, il semble qu’on ne doive pas déplacer une messe « ordinaire » au profit d’une messe selon la forme extraordinaire ». · La note insiste par ailleurs, sur l’obligation « de ne pas alourdir la tâche des prêtres » en les mettant « dans une situation d’excès ». Paradoxalement, elle rejette l’idée de faire appel à des prêtres extérieurs au doyenné : « on préférera la prise en charge de la demande par des prêtres exerçant une charge pastorale sur le doyenné plutôt que de solliciter des prêtres extérieurs » (soumis eux aussi par la note à des conditions unilatérales de participation à la liturgie ordinaire). Cette vision comptable laisse pour ainsi dire peu de possibilité... De plus, il est interdit aux prêtres susceptibles d’accueillir une demande, d’ « envisager des aménagements matériels notables » pour mettre en place une telle messe : « Le réalisme exige que l’on fasse en fonction des lieux existants, sans envisager d’aménagements matériels notables » (p. 2). Enfin, le texte privilégie la forme extraordinaire en semaine, indiquant « d’étudier en priorité la possibilité de répondre à la demande dans l’une ou l’autre messe de semaine ». Peu de demandeurs du diocèse de Versailles ont en réalité obtenu satisfaction sur ce point ; l’on voit trop bien par ailleurs l’intention de cacher pudiquement ce que l’on est parfois bien obligé d’accorder… Cette accumulation de « principes de réalisme » rend en définitive très difficile l’application concrète du Motu proprio. Et c’est bien là le but recherché. Le Motu Proprio n’a pas été conçu comme un moyen « d’encourager la diffusion d’une deuxième forme du rite » La note insiste enfin sur la portée à accorder au Motu Proprio. Elle énonce que « l’intention du Saint Père » n’étant pas « d’encourager la diffusion d’une deuxième forme du rite », il est trop manifeste qu’elle n’est pas « de diminuer l’usage de la messe de Paul VI au profit de celle de Jean XXIII ». « Les propagateurs de la messe de Jean XXIII » dont parle la note comptent pourtant parmi eux un émule et un chef : le Pape lui-même. Voilà en tout cas une interprétation bien fallacieuse des intentions du souverain pontife qu’endosse le Vicaire. Le Vicaire a-t-il dépassé les bornes ? A la lecture de la note du 29 novembre 2007, la question mérite en effet d’être largement posée. Le Vicaire, qui, comme le conseil paroissial, n’a aucune autorité dans l’application du Motu Proprio, peut-il continuer à entraver impunément la liberté de conscience des prêtres du diocèse ? Telle est pourtant bien la situation dans de nombreuses paroisses où le Père Leborgne s’est personnellement impliqué pour refuser ou faire refuser la célébration de la messe tridentine. Telle n’est certainement pas l’intention du Saint Père ni le rôle d’un Vicaire. C’est là un abus de pouvoir manifeste qu’il n’appartient qu’à Monseigneur Aumonier, « modérateur de la liturgie » en son diocèse, de faire cesser. Les commentaires de Paix Liturgique : - Cette analyse nous éclaire sur l'incompréhensible statu quo qui sévit dans le diocèse de Versailles malgré le bouillonnement de demandes qui concerne des dizaines et des dizaines de paroisses du diocèse. Nous comprenons mieux pourquoi l'accueil très favorable et très bienveillant de nombreux curés du diocèse de Versailles a finalement abouti à des réponses dilatoires, à des « non réponses » ou le plus souvent à des refus purs et simples… Tout simplement et contrairement à la liberté liturgique qu'offre le motu proprio Summorum pontificum aux prêtres, force est de constater qu'en pratique, sur le terrain, ces prêtres ne sont pas libres ni maîtres de la situation… - A la lumière de ce texte, nous comprenons mieux pourquoi l'expérience positive et encourageante d'une messe dominicale à Rambouillet, est aujourd'hui strictement limitée à une seule messe mensuelle, alors que les fidèles de cette zone pastorale du diocèse qui y assistent sont très nombreux, qu'il n'y a pas de problème d'horaire, de prêtre ou d'église.... et que par conséquent rien - à part la volonté de ne pas appliquer le Motu Proprio - n'empêche la célébration hebdomadaire de la messe dominicale. - Nous comprenons mieux pourquoi, depuis le 14 septembre 2007, l'unique nouveau lieu de culte où la forme "extraordinaire" de la messe est célébrée de manière hebdomadaire dans le diocèse de Versailles et confié à Monsieur l'Abbé Aulagnier de l'Institut du Bon Pasteur, se trouve dans une région reculée et peu accessible (à Rolleboise) et non pas dans l'une des grandes villes du diocèse (comme Rambouillet, Saint Germain en Laye, Mantes-la-Jolie ou Versailles ) où des centaines de familles attendent toujours que soit accordée, dans leur paroisse, la célébration d’une messe « extraordinaire » comme le souhaite le Saint Père dans son Motu Proprio pour ramener la paix et la réconciliation. - Nous comprenons mieux pourquoi la messe "extraordinaire" a été refusée très récemment à la famille d'une fidèle de la paroisse Saint Louis de Versailles, cathédrale du diocèse, pour ses obsèques. - Nous comprenons pourquoi l’on nous oppose maintenant presque systématiquement à des membres des conseils paroissiaux pour tenter de détourner l’origine réelle du blocage de la situation. Cette basse besogne qui ne fera que raviver les plaies est une méthode inique qui se retournera très vite contre ses instigateurs car nous savons que l’immense majorité des fidèles catholiques qu’ils soient attachés à la forme ordinaire ou à la forme extraordinaire de l’unique rite romain souhaitent d’abord et surtout la paix et la réconciliation dans les paroisses et que seuls moins de 5 % des fidèles veulent l’exclusion et la guerre ! Nous comprenons mieux les réponses dilatoires du Père Leborgne à Louveciennes : comment pourrait-il faire dans une paroisse dont il a l’administration temporaire ce qu’il interdit à ses confrères de faire dans leurs propres églises ? Cette attitude autoritaire et conservatrice choque les fidèles qui, de plus en plus nombreux, souhaitent que l'Église toute entière puisse bénéficier pleinement des richesses spirituelles et théologiques de la forme extraordinaire de la messe. Comme le rappelle le Cardinal Castrillon Hoyos, président de la Commission Ecclésia Dei , dans l'interview qu'il a accordée à l'introduction du DVD produit par la Fraternité Saint Pierre pour enseigner la forme extraordinaire du rite romain : "Par la volonté du Vicaire du Christ, les pasteurs doivent accepter les pétitions et les demandes des fidèles qui désirent cette messe et ils doivent la leur offrir. Et même lorsqu'il n'y a pas de demande spécifique, ni de requête, ils devraient la rendre accessible, afin que chacun puisse avoir accès à ce trésor de la liturgie ancienne de l'Église." Que ceux qui ont des oreilles entendent... et qu'enfin s'instaure la Paix Liturgique ! Sylvie Mimpontel Présidente du mouvement pour la Paix Liturgique et la Réconciliation dans l’Église Note d’une commission du conseil presbytéral (novembre 2007) Quelques repères afin d’aider au discernement des curés dans la mise en œuvre du Motu Proprio Summorum Pontificium Paris - Le 17 juin à 19 h Grand' Messe "extraordinaire" à Notre-Dame de Paris Vous êtes tous invités à vous rendre très nombreux à la célébration d’une messe solennelle selon la forme extraordinaire du rite romain qui sera célébrée le mardi 17 juin à 19 h dans l’église Cathédrale Notre-Dame de Paris. Espérons que les parisiens et autres franciliens s’uniront en foule par leurs prières ou leur présence à cet événement exceptionnel. Remercions bien vivement Monseigneur Jacquin, recteur-archiprêtre de la cathédrale et son éminence le cardinal André Vingt-Trois de leur action en faveur de la paix et de la réconciliation. Contact : http://www.motuproprio75.com Yvelines - Une enquête à propos de la collégiale de Poissy Une famille proche de la collégiale de Poissy voudrait entrer en contact avec un éventuel groupe de demandeurs d'une célébration selon la forme extraordinaire dans cette paroisse... Merci de votre aide. Contact : motupropriopoissy@hotmail.fr Kosovo : Des fidèles privilégiés ? De bonnes nouvelles du Kosovo: " Alors qu'en France on négocie dur, ici avec la nouvelle équipe arrivée sur le théâtre du Kosovo fin mai, tout se passe bien. En effet nous n'avons pas eu à demander, l'aumônier en nous voyant nous a directement proposé la messe selon la forme extraordinaire. Il nous a précisé que son collègue pouvait aussi la célébrer, mais qu'il fallait qu'il apprenne. Résultat : au lieu d'avoir une messe par semaine, on aura une messe Saint Pie V en semaine et le samedi soir, et une messe Paul VI le dimanche (mais une messe Paul VI comme on aimerait qu'elle soit célébrée partout...). Nos prêtres au Kosovo sont des aumôniers militaires français. Celui que l'on a est du Régiment de Cavalerie de Saumur depuis peu. Il est ancien curé diocésain. Je n'ai pas encore fait la connaissance du second prêtre qui est sur un camp tout proche. J'aimerais bien le voir car s'il ne sait pas célébrer sous la forme extraordinaire, il aimerait le faire... Angleterre - Un appel de Londres : le 18 juin une messe extraordinaire dans la Cathédrale de Westminster La Latin Mass Society nous annonce que le Cardinal Dario Castrillon Hoyos, Président de la Commission Ecclésia Dei et Préfet Emérite de la Congrégation pour le Clergé a accepté son invitation à célébrer une messe pontificale selon la forme extraordinaire du rite romain dans la Cathédrale de Westminster le lundi 18 juin 2008 à 14h00. Le chœur de la cathédrale, parmi les meilleurs du monde, chantera cette messe, le Cardinal arrivera en cappa magna et célèbrera à l'ancien Maître Autel. Loire Atlantique - Sur motuproprio44 associez-vous à un groupe de demandeurs ! Si vous souhaitez vous associer à un des groupes de familles qui sollicitent de leurs curés la célébration de la messe selon la forme extraordinaire du rite romain sur les paroisses du diocèse, vous pouvez vous inscrire... et faire inscrire vos amis sur le site motuproprio44. Contact : http://www.motuproprio44.com |