SOURCE - Ch. Saint-Placide - Riposte Catholique - 3 janvier 2012
Le quotidien La Croix publie ce mardi 3 janvier une étrange « Tribune libre » intitulée : « Le texte de la négociation de Rome avec les intégristes peut-il rester secret ? »  On ne sait pas si le titre est de la rédaction ou s’il est des auteurs  de la tribune. Au fond, peu importe, car il résume très bien la teneur  de cette intervention.
 
Le texte en question nous apprend que Mgr Fellay est « le représentant du courant intégriste »,  une expression doublement fausse. Fausse d’abord parce que Mgr Fellay  et la Fraternité Saint-Pie X (jamais mentionnée), dont il est le  supérieur, ne se présentent jamais comme « intégriste » et qu’ils  récusent ce terme, équivalent dialectique de ce qu’est la fascisme au  plan politique : un « mot-bombe » qui atteint les personnes pour les  détruire moralement. Fausse encore parce que l’Église catholique n’est  pas l’Église anglicane ou le Parti socialiste. Elle n’est pas organisée  en courants.
 
Mais de manière plus grave, ce texte détourne la notion de « sensus fidei » en lui donnant une connotation et une portée démocratique qu’elle n’a jamais eue. Ici, le « sensus fidei » est perçu simplement comme « la capacité qu’ont les fidèles à percevoir la vérité de la foi »,  ce qu’il est assurément. Mais ce premier sens subjectif ne saurait  suffire. « Percevoir » n’est pas « déterminer » ce qu’est la foi. C’est  la recevoir. Ce premier sens subjectif se rattache lui-même à ce qu’a  toujours cru l’Église et ce qu’elle enseigne. C’est la communion avec  l’Église, le « sentire cum ecclesia » qui assure au « sensus fidei » qu’il ne dérive pas.
 
Le texte estime encore qu’il « est maintenant question de savoir si le Magistère peut mettre en jeu le legs de Vatican II » sous prétexte que « l’éventuel retour des intégristes et l’interprétation de Vatican II concernent tous les catholiques ».  La question ne se pose doublement pas comme cela. Seul le Magistère a  le pouvoir et les grâces nécessaires pour déterminer la catholicité ou  le degré d’autorité des différents textes de Vatican II.
 
D’une certaine manière, oui, nous sommes tous concernés par la  question de la pleine réconciliation avec la Fraternité Saint-Pie X et  par la question posée par Vatican II. Mais nous ne le sommes pas au même  niveau, avec la même autorité, avec la même légitimité que le Pape.  C’est lui qui est le garant, et de la préservation de la doctrine  catholique et de l’unité de l’Église. Il est le Souverain Pontife et, à  ce titre, son pouvoir est directement universel et il n’a de compte à  rendre à personne, sauf à Dieu.
 
Le texte en appel aux « conférences épiscopales nationales ».  Mais c’est confondre la collégialité – le collège des évêques unis au  Pape et sous l’autorité du Pape – avec une des structures qui n’est pas  constitutives de l’épiscopat ou de l’Église dans son ensemble.
 
Enfin, rien ne dit que le texte de la négociation, pour reprendre  l’expression utilisée, ne sera pas rendu public. Pour l’heure, laissons  Rome et Mgr Fellay avancer sur ce sujet.
 
Au fait, j’allais oublier de dire un mot sur les signataires de ce  texte. Il y a une éditrice, une journaliste, un conseil en management  des systèmes d’information et un philosophe. Ils sont membres de la  Conférence (auto-proclamée) des baptisé-e-s (sic) francophones. Leur  but ? Faire comme si l’Église était une société comme les autres au sein  de laquelle l’opinion publique (ou la minorité qui prétend la  représenter) devait être prise en compte. Comme si Jésus-Christ était  mort sur la Croix et Ressuscité le matin de Pâques pour sauver l’opinion  publique.
