8 septembre 2008

L'IBP a deux ans
8 septembre 2008 - institutdubonpasteur.org
Ils sont nombreux, comme vous, à me réclamer des nouvelles de notre Institut. Je prends occasion de notre anniversaire pour satisfaire un brin cette légitime curiosité. Ce lundi 8 septembre, cela fait deux ans, deux petites et courtes années, que le Pape Benoît XVI a érigé l’Institut du Bon Pasteur. Nous lui en sommes gré, comme au premier jour et même bien plus, de cette décision magnifique et tâchons de nous montrer dignes de la confiance ainsi manifestée.
Que de chemin parcouru depuis ! L’Institut est passé de cinq prêtres à 18, bientôt 22 avec les ordinations du 11 octobre prochain, sans doute 24 au printemps 2009. Sans compter quelques autres qui, sans y être incardinés, travaillent à ses côtés. Semblablement il est passé de zéro séminariste à 30 aujourd’hui, répartis sur nos deux séminaires de Courtalain pour la Philosophie et Rome pour la Théologie. Ce deuxième anniversaire sera marqué par mise en place d’une propédeutique à la vie religieuse féminine puisque 4 postulantes arrivent ce jour même. En plus de Saint Eloi, notre paroisse personnelle et maison mère, du Centre Saint-Paul et de la chapelle du Bon-Jésus à Marseille, nous avons « ouvert » deux dessertes paroissiales, en l’église de Courtalain et en celle de Rolleboise. Nous avons deux écoles, Saint Benoît à Fontenay, simple primaire et un beau collège à Bordeaux. Nos deux implantations américaines, Santiago au Chili et Bogota en Colombie, fonctionnent parfaitement. Nombre de projets sont en cours, que la prudence m’interdit de préciser. C’est plutôt des prières qu’il y faut…
Reste qu’en moins de deux ans, c’est un très bel exorde que le Seigneur a permis et qu’Il en soit loué et béni !
A cet égard, il ne faut pas comparer les incomparables, s’il vous plait. D’aucuns s’étonnent (ou plutôt font semblant de s’étonner, parce qu’un échec du Bon Pasteur les réjouirait profondément) de ce que les « ouvertures » sur de nouveaux ministères ne se multiplient guère. Je réponds que c’est normal, et même souhaitable pout l’instant. Que les évêques, français en particulier, ne se bousculent pas pour nous ouvrir des portes… est certain. Que l’un ou l’autre, pour des raisons inconnues, refuse de nous inscrire dans la charité de celui qui y préside (selon la merveilleuse formule de Saint-Irénée parlant du Pape) reste mystérieux. En revanche, qu’un Institut de même pas deux ans d’existence n’ait pas déjà multiplié les têtes de pont est parfaitement normal et même, disais-je souhaitable. Il convient d’abord d’asseoir la formation, des séminaristes et des jeunes prêtres aussi, avant de les envoyer imprudemment un peu partout, sans encadrement ni expérience. Quand on songe à la somme de prières, de sacrifice, de temps et …d’argent pris sur la générosité des fidèles, que représente un jeune prêtre, le devoir des supérieurs est gravissime à cet égard.
Rappelez-vous seulement que la Fraternité Saint-Pierre a 20 ans d’existence.
Rappelez-vous aussi que la Fraternité Saint-Pie X a 38 ans d’existence.
Je connais assez bien cette dernière, figurez-vous. Malgré le prestige incomparable de son fondateur et son mérite éclatant, en 1972, quand son œuvre a justement deux ans, elle consiste dans le séminaire d’Ecône (une quarantaine de séminariste alors) et la maison de Suresnes avec le seul abbé Cottard. Ce n’est qu’avec les ordinations de 1976 à 1979 que le prélat va pouvoir commencer d’essaimer. En France d’abord et aux prix de difficultés et d’épreuves considérables.
Quand je décide de rappeler l’abbé Perrel du Brésil, je préserve l’Institut. Nous étions partis là-bas dans un but précis : les vocations sacerdotales nombreuses qui s’y dessinaient. Effectivement nous avons à Courtalain une petite dizaine de bonnes vocations venues par ce canal. Deo gratias. Mais quand le Professeur Fedelli, chef du groupe Montfort, ancien de la très anticléricale T.F.P. décide (et réussit) d’écarter toutes ces vocations potentielles parce que nous pensons évidemment qu’il appartient aux clercs de former les clercs, et qu’il affiche alors notoirement son intention de « noyauter » l’I.B.P. au moyen de ces candidats, la source est tarie, empoisonnée même, et notre présence là-bas n’a plus aucun sens. Nous avons trop besoin de notre vaillant abbé Perrel, et nous l’apprécions trop, pour le laisser seul contre tous, sans toit ni couvert, à une mission impossible.
C’est donc pour quelques années que notre Institut est en fondation ! Sa mission primordiale n’est pas d’ouvrir partout, tout de suite et à n’importe quel prix. Il est dans la formation des clercs et dans le témoignage propre de notre Institut concernant la doctrine et la liturgie. Une solide revue théologique verra bientôt le jour et mènera ces débats de la continuité que le Pape lance de son Autorité Souveraine. L’Institut est aussi le creuset de l’accueil : du sort qui nous sera fait dans les prochaines années dépend l’avenir de l’unité de l’Eglise…Qu’on le veuille ou non, c’est de ce traitement que la réconciliation aura lieu ou non, qu’elle est même souhaitable ou non. Je ne divague pas, je mesure mes propos. Des deux côtés, on se complait dans la crise. Notre différence ? Nous voulons en sortir !
Les années qui viennent seront décisives ; on ne pourra pas confier encore et encore des paroisses supplémentaires à ces prêtres qui en ont déjà 20 ou 30. Les prêtres diocésains, formés dans les diocèses, vont devenir minoritaires (c’est déjà comme cela bien souvent) par rapport à ceux des Instituts, toutes tendances confondues. Il y aura forcément une recomposition du clergé, des formations, des affectations, des choix. Tâchons simplement d’être à pied-d’œuvre pour ces temps inéluctables, dans la qualité plus que la quantité, dans le « sustinere » plus que l’ « aggredi », dans la fidélité active plus que la satisfaction passive. Que ces années de labours et de semences ne nous soient pas reprochées quand viendra l’heure de la moisson.