A Paris et à Lourdes Benoît XVI remet l'ancien au goût du jour |
15/09/2008 - AFP - lepoint.fr |
A Paris et à Lourdes Benoît XVI remet l'ancien au goût du jour Par Emmanuelle ANDREANI Communion à genoux, défense de la messe en latin devant les évêques: Benoît XVI a affiché à Paris comme à Lourdes son attachement aux pratiques liturgiques anciennes, au nom de l'"unité" entre tradition et modernité dans l'Eglise. A Lourdes (sud-ouest), le pape a justifié dimanche sa décision de libéraliser l'ancienne messe en latin devant les évêques français, alors qu'une partie d'entre eux avait accueilli avec réserve cette mesure prise à la fin de l'été 2007, l'interprétant comme une main tendue aux traditionalistes. Benoît XVI a appelé les catholiques français à "une pacification des esprits", invoquant "l'unité" de l'Eglise. "Nul n'est de trop dans l'Eglise. Chacun, sans exception, doit pouvoir s'y sentir chez lui, et jamais rejeté", a-t-il insisté dans une référence aux traditionalistes et aux intégristes, attachés à la messe en latin et qui rejettent les évolutions du concile Vatican II (liberté religieuse, dialogue avec les autres religions). "Les fondamentalistes ont l'air d'avoir à Rome un traitement assez favorable (et) cela indispose un certain nombre d'évêques" qui subissent sur le terrain les pressions de ces opposants à Vatican II, a estimé le père Henri Madelin, jésuite en Belgique, interrogé par l'AFP. D'autres pratiques liturgiques, ainsi que des accessoires, qui étaient tombés en désuétude après les réformes de Vatican II, ont revu le jour sous Benoît XVI. Lors des messes célébrées en plein air samedi aux Invalides à Paris et sur la prairie de Lourdes dimanche, le pape a choisi de donner la communion dans la bouche aux fidèles agenouillés, un usage tombé en désuétude après les réformes de Vatican II et qu'il a de nouveau instauré au printemps. Cette pratique ancienne, très en vogue chez les traditionalistes, a été abandonnée dans la plupart des paroisses où l'hostie est reçue debout, dans la main ou la bouche selon le choix des fidèles. En France, il a arboré, comme il le fait depuis fin 2007, un bâton pastoral surmonté d'une croix et datant du pape Pie IX (1846-1878), qui a remplacé celui de son prédécesseur Jean Paul II, surmonté d'un christ en croix. Ce retour à l'ancien dans le domaine liturgique a suivi l'arrivée au Vatican en octobre 2007 d'un nouveau maître des célébrations liturgiques, Mgr Guido Marini, dont on a aperçu en France la mince silhouette dans l'ombre du pape lors des cérémonies. Mgr Marini avait expliqué ces changements par le souci de mettre en valeur "le sens du mystère" et du "sacré". Le recours à des vêtements liturgiques remontant au concile de Trente (1545-63) et à la "contre-Réforme catholique", ainsi que la réintroduction de détails rituels abandonnés depuis le concile Vatican II, "veulent souligner cette continuité avec les célébrations qui ont marqué la vie de l'Eglise dans le passé", avait-il alors indiqué. Le pape Benoît XVI achevait lundi une visite de quatre jours à Paris puis à Lourdes, la première en France de son pontificat. |