SOURCE - Jean Madiran - Présent - 15 août 2012
L’acte décisif du cardinal Vingt-Trois pour l’Assomption 2012 a été la 
rupture avec le demi-siècle d’une liturgie qui s’est voulue apatride, 
comme en témoigne la longue série des Missels du dimanche publiés chaque
 année par notre épiscopat. Cet acte décisif du Cardinal rend une 
existence liturgique à la prière adressée à Notre-Dame de l’Assomption 
en sa qualité de patronne surnaturelle de la France. Les anomalies, 
bizarreries et déficiences qui subsistent autour ou à l’intérieur de cet
 acte décisif n’arrivent pas à en annuler la portée, il rétablit la 
validité officielle d’une tradition et la célébration d’un patronage. Il
 les rétablit en principe, dira-t-on, seulement en principe, le clergé 
ne suivra guère et La Croix fait grise mine. Mais justement, c’est le 
principe qui manquait, c’est le principe qui avait été aboli. On ne sort
 pas d’un seul coup des habitudes d’une liturgie et d’une 
intellectualité systématiquement apatrides. Le principe c’est toujours 
l’essentiel et, étymologiquement, c’est aussi le commencement. 
Ne nous arrêtons donc aux déficiences, bizarreries et anomalies que pour
 contribuer à leur rectification. Leur esprit est en somme résumé par la
 déclaration accompagnatrice de « Mgr Bernard Podvin, porte-parole des 
évêques de France ». Selon lui, l’« important » dans l’appel du cardinal
 Vingt-Trois est de « conscientiser les participants à la gravité des 
enjeux de société de portée considérable, en les mobilisant par (sic) la
 prière ». Une telle formulation précise pourquoi la joie qui accueille 
l’appel à la prière pour la France a été nuancée d’un sentiment plus ou 
moins vague de déception ou d’incertitude. 
Car nous aimons que notre Mère l’Eglise nous mobilise pour la prière. 
Nous n’aimons pas que le clergé veuille nous mobiliser par la prière ; 
et donc pour autre chose ; en l’occurrence pour donner un « signal fort »
 aux gens qui nous gouvernent si mal. Dans ce cas la prière risque trop 
d’être colonisée par une intention de mise en scène. 
Elle risque ainsi d’être censurée par une telle intention. La rédaction 
de cette prière-là se limite alors aux misères économiques et aux 
menaces sur l’institution du mariage, qui assurément méritent 
considération et relèvent directement d’un rappel de la loi (morale) 
naturelle. Une telle préoccupation a sa place dans la prière pour la 
France, qui pourtant ne saurait s’y arrêter comme si la France n’était 
plus sous le coup de l’interpellation qui lui fut lancée par Jean-Paul 
II : « France, fille aînée de l’Eglise, es-tu fidèle aux promesses de 
ton baptême ? France, fille aînée de l’Eglise et éducatrice des peuples,
 es-tu fidèle, pour le bien de l’homme, à l’alliance avec la sagesse 
éternelle ? » 
On le sait, la France officielle a répondu : – Non ! 
La prière pour la France, sans rien négliger du malheur des Français, 
doit d’abord, doit essentiellement, doit toujours s’élever au niveau de 
cette apostasie. 
La France, qui a reçu le don d’être « éducatrice des peuples », 
l’utilise pour diffuser la sécularisation, l’inversion, la révolution, 
la damnation. On ne peut pas prier pour la France en faisant comme si 
cette infidélité n’était pas aujourd’hui le fait majeur de notre destin 
national.
JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7665 de Présent
du Mercredi 15 août 2012
