31 janvier 2012

[Paix Liturgique] Echange avec le professeur Join-Lambert sur les conséquences de la coexistence des deux formes du rite latin

SOURCE - Paix Liturgique n°320 - 31 janvier 2012

Arnaud Join-Lambert, docteur en théologie de l’Université de Fribourg, professeur à l’Université catholique de Louvain, où il enseigne la théologie pratique et la liturgie, qui est notamment l’auteur de : Les liturgies des synodes diocésains français 1983-1999 (Cerf, 2004) et Guide pour comprendre la Messe – Préface de Mgr Bernard-Nicolas Aubertin (Mame, 2002), mis en cause dans notre Lettre n° 306, nous a fait cette réponse que nous publions intégralement et à laquelle nous apportons nous-mêmes une réaction, le tout comme pierre à un débat théologique futur que nous souhaitons comme lui.

I – PRÉCISIONS D'UN « LITURGISTE-PROFESSEUR » SUR LA NEWSLETTER 306

Ni en guerre, ni ennemis… c’est donc en frère dans la foi que je réagis à la dernière newsletter de La Paix liturgique me mettant en cause de manière virulente. N’étant pas du tout habitué à ce style très agressif, je me suis demandé où était le problème de notre questionnement d’abord théologique. Je mets de côté ici le texte de Monsieur Madiran, violent, méprisant et outrancier, qui n’honore pas La Paix liturgique. Je suis de la « génération Jean-Paul II », docteur en théologie catholique, avec mandat d’enseignement reçu de Rome, très engagé au service de l’Église en Belgique. Les autres « liturgistes-professeurs » mis au pilori sont d’ailleurs presque tous ainsi, dont des moines, des religieux et religieuses, des prêtres (dont un recteur de séminaire).

J’aimerais préciser ici pourquoi je pense que la coexistence de deux formes ancienne et nouvelle du rite romain n’apporte pas de solution miracle à la crise actuelle de la foi et de l’Église. Je me situe en totale continuité avec le pape Jean-Paul II dans sa volonté de nouvelle évangélisation, et avec le pape Benoit XVI dans son exigence permanente et intangible d’alliance entre foi et raison. C’est d’ailleurs l’union entre fides et ratio qui fonde la théologie, ce pour quoi je travaille, enseigne et mène des recherches à l’Université. 

Cela n’a rien à voir avec un « combat d’arrière-garde ».

Tout d’abord, une telle coexistence de deux formes ancienne et nouvelle d’un rite est en totale rupture avec toute la tradition catholique latine. Une telle nouveauté dans la tradition mérite d’être examinée sérieusement. Si l’on en reste aux arguments pastoraux d’Ecclesia Dei (1988), cela ne pose aucun problème, puisqu’il s’agit de vivre au mieux cette période postconciliaire.

Si l’on va plus loin en tentant de fonder cela théologiquement, c’est hasardeux puisque la tradition n’est ici d’aucun secours. Voilà pourquoi je plaide pour une vraie réflexion théologique. Pour cela il est utile de distinguer quatre moments successifs de la dernière réforme liturgique, plus ou moins « discutables » :

1) Le mouvement liturgique (1903-1962) : une prise de conscience progressive de la nécessité de modifier des éléments de la liturgie (doublons, surcharges, formules inappropriées, rites plus compris, etc.). Né en milieu monastique et dans les mouvements de jeunesse, ce mouvement est porté par quelques paroisses, des prêtres et évêques de plus en plus nombreux et des responsables romains, dont le pape Pie XII qui lance quelques réformes importantes (Encyclique Mediator Dei de 1947, Triduum pascal et Semaine sainte) et d’autres mineures. Tout cela est bien connu par de multiples études historiques,

2) La Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium sur la liturgie (1963). Ici, il faut être clair : elle ne se discute pas ! Ce texte appartient à la plus haute autorité magistérielle catholique des 21 Conciles. Si on le refuse, on n’est pas catholique ! Certains passages sont cependant susceptibles d’être interprétés de plusieurs manières.
Le travail historique et théologique est donc utile. En tout cas, aucun ministre ordonné de l’Église catholique ne peut ignorer ce texte majeur, y compris ceux qui célèbrent la forme extraordinaire.

3) La mise en œuvre liturgique (1964-début des années 70 pour faire général). J’entends ici la rédaction des livres liturgiques et la publication de plusieurs orientations magistérielles. Le travail initial est certes celui de spécialistes (historiens et dogmaticiens surtout), mais pas seulement. La plupart des textes furent envoyés à des évêques locaux, y compris pour faire des tests pratiques. Et surtout, le pape Paul VI a revu personnellement tous les projets, les annotant en marge. Ces documents précieux manifestent son engagement très fort dans cette réforme. Paul VI et de nombreux évêques font donc partie des « fabricateurs » dont parle votre newsletter. Le terme est impropre au regard de l’histoire (et irrespectueux).

Cette troisième étape de la réforme liturgique doit être évaluée régulièrement et être modifiée si le bien de la foi l’exige. C’est la mission des évêques et le travail des liturgistes. La troisième édition du rituel du mariage est ainsi un très beau résultat qui met encore mieux en valeur la dimension spécifiquement chrétienne du mariage sacramentel. Le rituel du mariage du Rituale romanum de 1925 faisait 6 pages et celui de 1990 en compte 164. On peut ici très bien imaginer que des éléments de l’ancienne forme de la liturgie romaine soient utilisés pour enrichir l’actuelle (qui en contient déjà énormément), mais par exemple pour des rites comme le mariage ou l’onction des malades on ne voit pas comment. De manière plus large, cela nécessite un travail théologique et un discernement pontifical et épiscopal. Pour ma part, je ne vois aucun rite sacramentel ancien qui pourrait revenir dans son entièreté fusionner avec l’actuel, mais seulement des éléments épars.

4) La mise en œuvre pastorale (années 60-2011). Ici l’évaluation est difficile : du très bon et réussi jusqu’au médiocre et peu acceptable. La mise en œuvre questionne plus la formation et le discernement des pasteurs que les fondements théologiques (point 2) et liturgiques (point 3). On peut aussi se demander si les fidèles sont « capables de la liturgie » pour reprendre la célèbre question de Romano Guardini.

Que retenir de ces quatre moments de la réforme liturgique ? La marge de manœuvre pour l’interprétation des principes conciliaires est très réduite : ils sont à connaître pour être pleinement de l’Église catholique. Les mises en œuvre liturgiques et pastorales sont à évaluer et à améliorer pour la célébration hic et nunc de la révélation chrétienne et du salut offert à l’humanité dans un monde qui change sans cesse.

La forme extraordinaire du rite romain est la source de la forme ordinaire. Il y a à la fois continuité, mais aussi discontinuité (comme le fait remarquer justement la FSSPX à propos de l’offertoire dans sa Lettre à nos frères prêtres de sept. 2011). C’est donc la dimension de continuité, si chère à notre pape Benoit XVI, qui pose problème théologiquement pour une permanence à long terme d’une coexistence des deux formes.

La liturgie est vivante. C’est ici que la forme extraordinaire peut contribuer en plusieurs points à cette révision régulière pour le bien de la foi. Pour ce beau programme, l’urgence est à la formation et à la réflexion théologique. L’oubli de la raison intimement liée à la foi est selon moi la caractéristique dominante des conflits parfois violents autour de la forme extraordinaire du rite romain. Nourrie par des réflexions théologiques, la paix liturgique souhaitée surgira alors plus solidement et durablement.

Dr Arnaud Join-Lambert
Professeur de Liturgie
Université catholique de Louvain

II – RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE :
POUR « UNE VRAIE RÉFLEXION THÉOLOGIQUE »


Nous remercions le Professeur Join-Lambert pour le ton modéré de sa réponse comme « frère dans la foi ». Au début de notre lettre 306 nous lui donnions d’ailleurs acte de sa retenue dans La Croix du 10 septembre 2011. Mais, on le sait, les choses liturgiques engendrent la polémique, surtout lorsqu’elles se présentent, ainsi que c’est le cas dans la très radicale réforme de la fin des années 60, comme particulièrement violentes. D’où le fait que nos propres expressions aient pu lui sembler trop « écorchées ».

En réalité, la remarque essentielle de notre lettre 306 rejoint celle du P. Join-Lambert : « La coexistence de deux formes ancienne et nouvelle d’un rite est en totale rupture avec toute la tradition catholique latine. Une telle nouveauté dans la tradition mérite d’être examinée sérieusement ». C’est vrai, et selon nous, il faut en tirer toutes les conséquences. Arnaud Join-Lambert plaide pour « une vraie réflexion théologique ». Nous souhaitons vivement qu’il soit entendu.

En revanche, la présentation de quatre moments successifs dans lesquels il englobe la réforme, est, comme il le dit lui-même, plus ou moins discutable, ce que nous faisons ainsi :

A/ Il présente le moment 1 (le mouvement liturgique, 1903-1962) comme un tout homogène et cohérent. En réalité ses acteurs furent très divers, et leurs visées souvent opposées, et pour chacun d’eux parfois complexes. Pour faire bref, le Mouvement liturgique tel que l’entendaient par exemple Solesmes et les Solesmiens, et celui par le CNPL de Paris et l’Institut liturgique de Trêves, étaient plus que divergents. Il est patent que la réforme qui a suivi le Concile est dans la ligne de ce deuxième courant, très « avancé ». Il est non moins patent que l’encyclique Mediator Dei de Pie XII en 1947, son discours adressé au Congrès International de Pastorale Liturgique d’Assise, le 22 septembre 1956, et bien d’autres interventions de sa part, sont autant de rectifications, mises au point et encadrements de ce courant déjà à l’époque dangereusement perturbant pour la continuité des formes cultuelles romaines.

B/ Du 2ème moment évoqué par lui, celui de la Constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium, le Professeur Join-Lambert dit : « Elle ne se discute pas ! ». Si fait ! La Constitution, selon nous, se discute de trois manières :

Elle peut se discuter théologiquement, comme texte d’un concile qui s’est voulu « pastoral », c'est-à-dire non normatif comme tel pour la profession de foi. La Constitution conciliaire comme beaucoup de textes de Vatican II permet des interprétations diverses, en l’espèce cultuelles, alors qu’il eût été impossible de voir émerger de ceux du concile de Trente autre chose, en substance, que les livres liturgiques publiés de 1568 à 1614. Vatican II n’est comparable à aucun concile antérieur : c’est tout autant un événement global qu’un ensemble de textes, dont les plus « ouverts » sont modérés par des déclarations traditionnelles, et les plus classiques sont parsemés de « jalons » permettant de les stériliser. Pour la liturgie, célèbre est la motion concernant le latin : « L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins. Toutefois, soit dans les messes, soit dans l’administration des sacrements, soit dans les autres parties de la liturgie, l’emploi de la langue du pays peut être souvent très utile pour le peuple » (n. 36). La thèse a été ensuite subvertie, comme on ne le sait que trop, par l’hypothèse.

On peut aussi discuter le fait que la réforme soit en continuité ou en rupture avec la Constitution. Dans sa dernière intervention sur ce thème, quelques mois avant son élévation au souverain pontificat, dans la recension qu’il avait donnée dans 30 Giorni (déc. 2004) de l’ouvrage du P. Alcuin Reid, The Organic Development of the Liturgy (Londres, 2004), Joseph Ratzinger en appelait à une autre réforme liturgique qui représenterait un vrai « développement organique » par rapport au mouvement liturgique tel qu’il s’est précisé jusqu’en 1948 et tel qu’il a pris corps dans les réformes de Pie XII. Il présentait la réforme de l’après-Concile comme une interprétation en rupture avec la vraie réforme, qui était en cours lors de Vatican II et que celui-ci aurait, selon lui, voulu harmonieusement continuer.

Enfin, Summorum Pontificum fait un pas de plus : la discussion théologique doit porter notamment sur cela. Si le Motu Proprio prend soin de préciser que la « forme extraordinaire » du rite est régie par les livres liturgiques d’avant la dernière réforme, c’est-à-dire en l’état des éditions en vigueur en 1962, date de la dernière édition typique du missel tridentin, le Motu proprio se garde bien en revanche d’assigner à cette « forme extraordinaire », une référence magistérielle antérieure au Concile. De la sorte, le Motu proprio laisse possible – il l’encourage même implicitement – la référence commune de l’une et l’autre « formes » du rite romain à la constitution de Vatican II sur la liturgie, Sacrosanctum Concilium. Ce qui a un double effet : relativiser d’autant la réforme postconciliaire, dans la mesure où les usagers des livres non réformés ont le droit, eux aussi, de se réclamer du Concile ; mais inversement, ce qui pousse à traditionaliser la dernière réforme en la plaçant, tout comme la « forme extraordinaire », non seulement dans le sillage de la Constitution conciliaire, mais aussi de la tradition magistérielle qui l’a précédée. Autrement dit, on peut inférer de Summorum Pontificum, que la liturgie de Paul VI est virtuellement, si l’on peut dire, sous la gouvernance de Mediator Dei, dernier acte proprement magistériel d’ordre liturgique. Pour dire les choses autrement : si tant le rite tridentin que le rite nouveau peuvent se réclamer de Sacrosanctum Concilium, la réforme de Paul VI doit tôt ou tard s’emboîter dans les textes qui ont précédé le Concile et tout spécialement dans Mediator Dei. Quitte à la réajuster très profondément.

C/ Justement, du 3ème moment, la réforme postconciliaire, Arnaud Join-Lambert convient qu’elle « doit être évaluée régulièrement et être modifiée si le bien de la foi l’exige ». On ne saurait mieux dire. Depuis la réforme, les critiques les plus compétents, dont nous ne faisons que répéter les propos, lui reprochent :
Sur la forme, d’être le plus radical des bouleversements du culte romain jamais opéré, au nom d’un « retour aux sources », scientifiquement très discutable 40 ans après, et au nom d’une inculturation – au reste incomplète et frustrante pour pas mal de ses partisans – dans une « culture » de soi étrangère au message chrétien et à son culte.
Et sur le fond, pour s’en tenir au nouveau rite de la messe, dans les innombrables variantes de sa célébration : il a valeur concrète de manifestation — lex orandi, lex credendi — d’une immanantisation du message chrétien. Spécialement, par rapport au rite romain tridentin et aux différents rites catholiques orientaux, la doctrine de la messe comme renouvellement non sanglant du sacrifice propitiatoire offert pour les vivants et pour les défunts, l’adoration de la présence réelle du Christ, la spécificité du sacerdoce hiérarchique et généralement le caractère sacré de la célébration eucharistique s’y trouvent exprimés de manière sensiblement plus faible que dans le rite traditionnel.

Nous ne pouvons que répéter qu’aucun spécialiste de l’histoire de la liturgie romaine n’oserait aujourd’hui défendre la plupart des options majeures de cette réforme : la suppression de l’offertoire sacrificiel (liturgiquement, c’est un pléonasme) supposé « doublet » (la liturgie ne cesse de se répéter à l’infini), offertoire dont l’équivalent se trouve dans toutes les liturgies catholiques, l’assemblage hâtif d’un nouveau lectionnaire créé de toutes pièces, la multiplication de nouvelles prières eucharistiques (y compris l’utilisation pour la deuxième prière de la reconstitution plus qu’hasardeuse d’une anaphore dite de la Tradition apostolique ou Tradition d’Hippolyte), etc. Sans vouloir lui faire dire plus qu’il ne le voudrait, il nous semble d’ailleurs qu’Arnaud Join-Lambert admet qu’il y a bien « discontinuité » dans cette abolition de l’offertoire, et que « pour une permanence à long terme d’une coexistence des deux formes », il lui paraît utile de réfléchir à « la dimension de continuité ».

D/ De sorte que le moment 4 présenté par Arnaud Join-Lambert, celui de la mise en œuvre de la réforme, ne pouvait que contenir « du médiocre et peu acceptable » (qui gâte plus que sérieusement le « très bon et réussi », que nous discernons mal). On peut certes parfois mal célébrer la liturgie dite tridentine (trop vite, par exemple), mais jamais au point de lui faire dire autre chose que ce que dit son rituel charpenté par dix voire quinze siècles d’usage. En revanche, même célébrée avec le plus de « ritualisme » possible, ce qui est rarissime et contraire à sa nature, une messe réformée conserve les mêmes déficiences intrinsèques que celles énumérées depuis quarante ans. Quant aux « abus », souvent invoqués comme des excuses (la réforme est bonne, mais déformée en pratique), leur survenance est inhérente à un rite multiforme et multi-optionnel.

Sont-ce en définitive des déficiences d’une nouvelle lex orandi ? Nous dirions que la déficience nous paraît être du côté de la nature de lex de la nouvelle liturgie, qui se place en deçà du niveau de la lex par son éclatement en innombrables modalités, choix, options, et plus radicalement par le fait qu’elle ne se veut pas norme de foi au même titre que voulait l’être l’unique prière eucharistique, le canon actionis, équivalent pour Rome dans son unicité d’un credo concernant le sacrifice sacramentel. Analogiquement, comme les enseignements nouveaux de Vatican II (œcuménisme, par exemple) ne se veulent pas norme de foi au même titre que les dogmes de Trente.

Arnaud Join-Lambert affirme pour finir le caractère « vivant » de la liturgie. Nous ne saurions que l’approuver, sauf que nous ne donnons assurément pas le même sens théologique à cet adjectif : pour lui la liturgie est vivante, nous semble-t-il, dans la mesure où la célébration doit s’améliorer toujours pour accorder le message de salut qu’elle exprime pour les hommes « dans un monde qui change sans cesse » ; pour nous la liturgie est vivante, très exactement comme la tradition dont elle fait partie (la tradition de l’Église qui a pris le relais, pour la diffuser, de la Tradition constitutive des apôtres) est vivante, et analogiquement comme le magistère est vivant. Les évolutions passées, très souvent quasi insensibles (en tout cas toujours romanisantes et de ce fait à visée puissamment traditionnelle), du culte divin, explicitaient le bon dépôt initial, en progressant (jamais en régressant) dans le même sens et dans la même pensée, pour évoquer saint Vincent de Lérins.

Mais nous donnons acte au P. Join-Lambert qu’il parle de liturgie vivante essentiellement pour avancer que les mises en œuvres récentes sont « à évaluer et à améliorer ». Dans cette perspective, il qualifie la forme extraordinaire de « source » qui « peut contribuer en plusieurs points à [une] révision régulière pour le bien de la foi ».

La liturgie traditionnelle considérée comme étalon : on ne saurait mieux dire. N’est-ce pas l’un des motifs profonds du Motu Proprio de Benoît XVI ?  C’est l’une des manières pour nous d’exprimer pourquoi nous nous employons à activer son inéluctable renaissance.

[Vincent Pellegrini - Le Nouvelliste] Rome-Ecône: les pourparlers ont échoué

SOURCE - Vincent Pellegrini - Le Nouvelliste - 31 janvier 2012

Les pourparlers censés réconcilier les traditionalistes d’Ecône avec la Congrégation pour la doctrine de la Foi au Vatican ont échoué. Et seul le pape peut désormais encore sauver le processus.
 
C’est ce qu’affirmaient hier plusieurs agences spécialisées dans les questions religieuses. Les traditionalistes devaient adhérer à un préambule doctrinal pour se réconcilier avec Rome.
 
Après une première réponse envoyée à Rome en décembre et jugée insuffisante parce que «pas assez précise et pas assez directe », la fraternité lefebvriste a fait parvenir une deuxième réponse par son supérieur Mgr Fellay qui, a appris I.MEDIA de sources vaticanes, ne se révèle pas plus satisfaisante aux yeux de ceux qui l’étudient (Congrégation pour la doctrine de la foi). Dans cette réponse, la Fraternité Saint-Pie X remettrait en cause une grande partie de l’héritage du Concile Vatican II, explique l’agence Apic. La réponse de Rome est désormais entre les mains de Benoît XVI.
 
Tout  n’est donc pas fini, mais une issue positive et une réintégration d’Ecône dans les structures officielles de l’Eglise constitueraient une énorme surprise. Les traditionalistes rejettent dans le Concile Vatican II la liberté religieuse (ils préfèrent la tolérance religieuse), l’œcuménisme (qui place selon eux toutes les religions sur pied d’égalité) et ils rejettent enfin la collégialité, accusée par eux de diminuer le pouvoir des évêques dans leur diocèse.
 
La discussion entre Rome et Ecône a duré près de deux ans.
 
Par Vincent PELLEGRINI

30 janvier 2012

[Abbé Laurent Ramé, fsspx - Spes Unica] Un prêtre de Vendée… le premier destitué de France

SOURCE - Abbé Laurent Ramé, fsspx - Spes Unica - février-mars 2012

« Le prêtre n'est pas pour lui… il est pour vous. » Cette phrase du Saint Curé d'Ars synthétise bien ce qu'était notre Cher Abbé Jamin : Un prêtre, loin des préoccupations mondaines, au service des fidèles, en particulier, jour et nuit des malades et des mourants.
 
Né le 31 janvier 1922 à la Bruffière, le jeune Yves entre au petit séminaire de Chavagnes en Paillers à l'âge de dix ans. Il y fait sa première communion en juin 1941. Après les misères de la seconde guerre Mondiale, il rentre en 1949 au grand séminaire de Luçon. Ses coreligionnaires disaient de lui « qu'il était un vrai petit saint… pieux, sobre et discret ».
 
Il sera ordonné prêtre, le mardi 28 juin 1955 par le grand évêque, Monseigneur Antoine-Marie Cazaux (évêque du diocèse de Luçon du 11 octobre 1941 au 4 juillet 1967), en la cathédrale de Luçon.
 
Monsieur l'Abbé Jamin célèbre sa première Messe Solennelle à Damvix, le premier juillet 1955 et le 8 juillet en sa commune de la Bruffière. Il est nommé professeur de mathématiques à l'Amiral du Vignaud aux Sables d'Olonne. Cette même année 1955 il subit une première épreuve : en septembre, il a un grave accident de moto à Doué la Fontaine, en revenant d'une visite à ses parents. Hospitalisé à Angers, il restera 3 mois dans le coma et subira une trépanation. Il lui faudra un an de convalescence.
 
Il est nommé vicaire à la Meilleraie. Il y restera du 31 mars 1956 à 1964. C'est à cette occasion qu'il rencontrera l'Abbé Albert qui jouera un rôle déterminant auprès de lui.
 
Après un court passage comme vicaire à l'Ile d'Yeu, il est nommé professeur à l'école Notre-Dame de Luçon. Il y restera moins d'un an. Sur la demande de l'Abbé Albert, en 1965, il vient l'aider à Fougeré. En février 1965 Monsieur l'Abbé Jamin entre en contact avec le Père André, pour prendre conseil au vu des premières évolutions conciliaires qui suscitent en lui plusieurs interrogations.
 
Après quelques années auprès des religieuses à Bourgenay, l'Abbé Yves Jamin est nommé curé titulaire de Saint-Hilaire-le-Vouhis le 12 juillet 1969. C'est là que la Providence va faire prendre à son existence un tournant décisif.
 
Ne supportant plus les recyclages et autres réunions de secteurs, il décide de continuer à célébrer la Messe de son ordination. Mais citons Jean Madiran qui a si bien résumé dans sa revue Itinéraires, les faits de Saint-Hilaire-le-Vouhis :
« L'Abbé Jamin a constaté que le clergé et l'évêque ne professaient plus la foi catholique. Il en a tiré les conséquences pratiques qui sont obligatoires et que les catholiques fidèles ont toujours tirées, tout au long de l'histoire de l'Eglise, d'une telle situation. Mais il les a tirées avec la plus grande modestie et la plus grande discrétion. Il n'a pas proclamé une rupture de communion (…) il n'a pas pris l'initiative d'un débat public (…) Il s'est écarté en silence… »
Modestie, silence, sont des mots qui définissent bien notre cher Abbé. Après d'injustes agressions et brimades, une longue et intense lutte épistolaire avec Mgr Paty, l'Abbé Jamin est finalement chassé de sa paroisse… à cause de sa fidélité à la Foi catholique telle que la messe tridentine l'exprime. Son évêque persécuteur lui conseillera d'aller célébrer « cette Messe » dans « les bois » ou dans « une grange ». Il lui obéira en s'installant dans une étable, à la Braconnerie, sur la commune de Saint Martin des Noyers.
 
Il quitte la Braconnerie en 1987, et s'installe provisoirement au château de L'Aunay, alors propriété de la Fraternité Saint Pie X.
 
Finalement en 1989, la Providence lui permet de s'installer aux Fournils. La chapelle Notre-Dame du Rosaire sera bénite solennellement par Monsieur l'abbé Paul Aulagnier, supérieur du district de France, le 8 juillet 1990 en présence de nombreux fidèles. A cette occasion, il y annonce que la chapelle est élevée au rang de prieuré de la Fraternité Saint Pie X.
 
Monsieur l'abbé Jamin exerce son ministère généreusement durant seize années. Mais à la suite de quelques ennuis de santé, il se désengage peu à peu du ministère et fait don de la propriété à la Fraternité Saint-Pie X.
Durant cinq années, la chapelle sera desservie par le prieuré Saint-Louis de Nantes. Sa santé déclinant, l'Abbé Jamin rejoint les petites Soeurs du Rafflay à Château-Thébaud en 2005. C'est là, entouré du dévouement des soeurs, qu'il s'éteint le 17 janvier 2012.
 
Couronnement de sa fidélité, le 31 octobre 2010, en la fête du Christ-Roi, l'abbé Régis de Cacqueray, supérieur du district de France, installe officiellement Monsieur L'Abbé Ramé,prieur et son collaborateur, Monsieur l'Abbé de Maillard.
 
C'est à cette occasion que M l'abbé de Cacqueray rendit déjà ce bel hommage à Monsieur l'abbé Jamin, malheureusement absent :

« Je ne voudrais pas refaire ici toute l'histoire de ce combat qui a été mené au cours de cette crise de l'Eglise. Cela serait trop long, trop vaste, mais même si je ne refais pas toute cette histoire, je voudrais nommer Mgr Lefebvre et avec lui, nommer la personnalité de Monsieur l'Abbé Jamin qui n'est pas comme vous le savez bien, présent dans cette chapelle aujourd'hui. Il se trouve non loin d'ici et mystérieusement le Bon Dieu fait qu'il ne peut pas avoir connaissance sur cette terre de toute la joie que lui aurait causée cet événement.

Et en même temps, cher Monsieur l'Abbé Jamin, vous ne le saurez probablement qu'au ciel dans l'Eternité, mais aujourd'hui tous les coeurs prieront bien pour vous et penseront bien à vous, parce qu'ils savent tout le travail que vous avez fait jusqu'ici, pour cet aboutissement de l'installation de la Fraternité en ces murs.

Merci Monsieur l'Abbé, et nous voyons à cette occasion qu'effectivement autre est celui qui sème, autre celui qui moissonne. Le Bon Dieu peut permettre cela, peut vouloir cela pour que nous n'ayons pas d'orgueil, ou pas trop d'orgueil en tout cas et puis que nous pensions également à la continuité des choses qui se font à travers les générations. Les hommes passent, Jésus-Christ demeure. »
 
Enfin, en son homélie Funèbre de la Messe d'enterrement de Monsieur l'Abbé Jamin le samedi 21 janvier 2012, Monsieur l'Abbé de Cacqueray insista sur le fait que « la mort d'un prêtre n'est jamais semblable à la mort des autres hommes (…) profondément différent de par sa vie, ses activités (…) et de par le caractère de son ordination ». Le prêtre « marque la vie de ses fidèles : il les accompagne durant leur vie surnaturelle (…) Il est un intermédiaire. Le prêtre est un passeur et un pasteur d'âmes ». Monsieur l'Abbé de Cacqueray, se référant au sixième centenaire de la naissance de Jeanne d'Arc qui a été réhabilitée en 1456 et canonisée le 16 mai 1920, émit un voeu : la réhabilitation de ces prêtres, en particulier de ce prêtre, condamné pour « crime » d'attachement à la Sainte Messe, alors que jamais elle n'avait été abrogée (dixit Benoit XVI dans son Motu Proprio Summorum Pontificum de 2007). « Réhabilitation pour l'honneur de Dieu, de l'Eglise et du sacerdoce (…) car ces prêtres furent des bons et fidèles serviteurs de l'Eglise ». Monsieur l'Abbé de Cacqueray conclut en appelant de ses voeux de nombreuses et fécondes vocations.
 
Monsieur l'Abbé de Maillard avant l'inhumation, au cimetière de la Bruffière, nous rappela son testament spirituel. Puissions-nous garder en nos coeurs l'image de ce prêtre généreux, qui accompagna notre vie surnaturelle.
 
« Maintenant Seigneur vous pouvez laisser votre serviteur s'en aller en paix, selon votre parole » (Saint Luc 2)
 
Abbé Laurent Ramé
 

[Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique] Mgr Sample, un évêque ad orientem

SOURCE - Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique - 30 janvier 2012

Le 4 septembre 2011, Mgr Alexander Sample, évêque de Marquette (Michigan), a célébré la messe traditionnelle en sa cathédrale où la forme extraordinaire du rite romain est offerte tous les dimanches à 15 heures. Passons sur l’horaire hélas fort peu familial de cette célébration pour nous arrêter sur l’éloge de la célébration ad orientem fait par Mgr Sample dans son homélie, dont les principaux extraits figurent dans la vidéo ci-dessous (en anglais).

Au cours de ce sermon, l’évêque de Marquette a en effet insisté sur l’importance de l’orientation de la célébration eucharistique, que la liturgie romaine traditionnelle remet au premier plan :
« Dans la forme extraordinaire, toute l’orientation de la liturgie est clairement vers Dieu, pas vers nous. Cette orientation de la prière est probablement l’un des éléments les plus controversés au regard du sens moderne de la liturgie. On entend les gens dire des choses comme : ‘je n’aime pas quand le prêtre me tourne le dos’. Il ne s’agit pas de cela, du prêtre tournant le dos à qui que ce soit, mais du prêtre se tournant, avec vous, vers Dieu, Notre Seigneur. »
Des propos et un style, doux mais ferme, qui rappellent ceux d’un Mgr Brouwet ou d’un Mgr Schneider dont Mgr Sample est le contemporain. Nés tous les trois à l’orée des années 60, ces prélats qui se veulent fidèles à la mens pontificale représentent, des États-Unis au Kazakhstan en passant par Nanterre, une bouffée d’espérance pour l’Église universelle.

[Christian Laporte - La Libre Belgique] Resserrer la com’ à Rome

SOURCE - Christian Laporte - La Libre Belgique - 30 janvier 2012

Les dicastères se sont réunis en toute discrétion autour du Pape.

Samedi, Benoît XVI avait convoqué son "conseil des ministres" afin de faire le point sur la manière dont l’information circule - ou ne circule pas - entre les dicastères de la Curie ainsi qu’entre eux et la Secrétairerie d’Etat. A l’heure de boucler cette édition, il n’y avait toujours pas le moindre communiqué officiel précisant comment cela s’est passé. C’est humain : le sommet de l’Eglise ne tient pas à médiatiser ses propres dysfonctionnements. Le sommet visait à mettre fin aux erreurs de communication répétées de la Curie. Depuis le début du pontificat, il y a déjà eu quelques couacs qui ont parfois conduit à l’expression d’avis contradictoires entre des proches du Pape. Officiellement, la rencontre devait mettre de l’ordre dans le processus de publication de documents du Pape. La procédure normale porte que des documents signés par le Saint-Père doivent être adressés "avec une avance raisonnable par rapport à la date prévue pour la divulgation" à la Secrétairerie d’Etat pour une "révision attentive". Cette procédure visait aussi à ce qu’on ne mette pas en circulation des textes non encore révisés ou qu’on les divulgue indûment avant l’échéance de l’embargo. Si, pour d’aucuns, ce rappel à l’ordre traduit la volonté de remettre de l’ordre en matière de communication au Saint-Siège, d’autres y voient une affirmation de l’autorité du secrétaire d’Etat, le cardinal Bertone. Mais ce resserrage de boulons pourrait aussi anticiper la manière de rendre public le probable échec du rapprochement avec les traditionalistes. Ces derniers refusant toujours l’héritage de Vatican II, la Congrégation pour la doctrine de la foi est peu disposée à faire des concessions. Et la "patate chaude" atterrira chez le Pape qui devra trancher, non sans que cela ne lui pose un vrai problème de conscience.

[fsspx.pl] France: Conversion d'un archimandrite schismatique

SOURCE - fsspx.pl - Version française par Metablog - 30 janvier 2012

Le Cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a reconnu dans une lettre du 25 novembre 2011 que l’archimandrite Athenagoras Bogoridi-Liven a répudié (abiuratio) le schisme. Le dignitaire orthodoxe a accompli cet acte lors du 1er dimanche de l’Avent, devant Mgr Fellay, le supérieur général de la Fraternité Saint Pie X. l’événement a eu lieu au monastère bénédictin de Bellaigue (Auvergne). Le Cardinal Préfet a également reconnu la dignité ecclésiale du Père Bogoridi-Liven, en le nommant praelatus domesticus – c’est-à-dire Prélat de Sa Sainteté.

Mgr Bogoridi-Liven a 38 ans. il est né en Bulgarie mais sa famille est d’origine grecque et russe (son grand-père paternel vient de l’aristocratie grecque, sa grand mère de l’aristocratie russe). A sa majorité il est entré dans un monastère du Mont Athos, mais a ensuite été ordoné dans l’Eglise Orthodoxe Grecque, où il a rapidement été nommé archimandrite. Il se spécialise en liturgie, il connaît parfaitement, en plus des rites orientaux, le rite romain -  il y a consacré son doctorat à l’Université Théologique de Moscou  aux réformes de ce rite. Il maitrise plusieurs langues.

Mgr Bogoridi-Liven réside actuellement au monastère bénédictin Notre-Dame de Bellaigue, qui est lié à la Fraternité Saint Pie X. Il y est arrivé en aout dernier, en demandant à son prieur, Dom Placide, d’être reçu dans l’Eglise universelle.

28 janvier 2012

[Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison] Plus joyeux

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 28 janvier 2012

Excellence, s'il vous plaît dites-nous quelque chose de plus joyeux!
Dieu existe, Il est tout-puissant, omniscient, parfaitement juste, mais sa miséricorde est aussi sans limite. Il maîtrise parfaitement tout ce qui arrive dans le monde. Ni le Diable ni ses serviteurs humains, y compris les criminels qui mènent aujourd'hui le monde, ne peuvent lever le petit doigt sans sa permission. Il connaît chaque détail de leurs plans diaboliques et Il les utilise tous pour accomplir son propre dessein Providentiel.
Mais comment peut-Il permettre tant de mal dans notre monde?
Parce que tandis qu'Il ne veut jamais le mal, Il veut le permettre, pour qu'Il en résulte un plus grand bien. De nombreuses prophéties indiquent que c'est de la corruption globale d'aujourd'hui que sortira demain le plus grand triomphe jamais obtenu de l'Eglise Catholique, comme l'a dit Notre Dame de Fatima: « A la fin mon Coeur Immaculé triomphera ». Ce qui se passe en ce moment précis est que Notre Seigneur profite de ses ennemis pour purifier son Eglise.
Mais n'aurait-Il pu trouver une façon moins désagréable de purifier son Eglise que de nous faire passer par l'incroyable corruption d'aujourd'hui?
Si cela dépendait uniquement de Lui, sans aucun doute Il aurait pu trouver d'autres façons de purifier son Eglise, mais si vous et moi savions tout ce qu'Il sait – pensée folle! – et si surtout, vous et moi nous voulions, comme Lui le veut, respecter le libre arbitre qu'Il donne à tous les êtres humains, alors il est très vraisemblable que vous et moi nous verrions que la façon choisie par Lui pour faire les choses est la meilleure.
Et, s'il vous plaît, qu'est-ce que vient faire le libre arbitre de l'homme dans cette affaire?
Dieu ne veut ni de robots ni d'animaux purement irrationnels pour partager avec Lui sa béatitude. Or, même Lui ne peut donner à ses créatures un bonheur mérité qu'elles n'auront rien fait pour mériter, parce que cela est contradictoire et s'il a toute puissance sur tout être, cette puissance ne s'étend pas au non-être tel que sont les choses contradictoires. Mais si ses créatures doivent en partie mériter son bonheur, alors Il doit leur donner le libre arbitre, lequel s'il est vraiment réel, doit être capable de choisir l'opposé de ce que Dieu veut pour lui. Dès lors, s'il est réellement capable de choisir le mal, voilà ce qui va arriver, plus ou moins souvent.
Mais vous dites que la vraie Eglise à la suite de Notre Seigneur enseigne à quel point est étroit le chemin qui mène au Ciel et combien peu nombreux sont ceux qui le trouvent (Mt.VII,14). Alors comment peut-il valoir la peine pour Dieu d'avoir créé, aujourd'hui par exemple, une masse d'êtres humains, si seul un nombre relativement restreint parvient au Ciel? Comment est-il possible qu'un si grand nombre tombant dans les horreurs de l'Enfer ne soit pas un prix trop élevé à payer pour le petit nombre de ceux qui parviennent au Ciel?
Ce qui compte pour Dieu c'est la qualité, pas la quantité. Que seuls dix hommes auraient pu sauver de sa colère toute la ville de Sodome (Gen.XVIII, 32) prouve combien est précieuse à Dieu une seule âme qui répond à son amour, bien plus qu'un grand nombre qui par leur propre libre choix ne veulent pas de son amour. « J'aurais supporté toute la Passion pour toi seule » dit une fois Notre Seigneur à une âme. Il le dirait de même à toute âme.
Voulez-vous dire que si le monde me fait souffrir et me tourmente, mais je ne réagis qu'en adhérant d'autant plus étroitement à Dieu, alors Il en tient compte, pour moi-même et pour ceux me sont proches? Je pourrais presque vouloir que le monde soit encore pire!
Maintenant vous commencez à comprendre!
Kyrie eleison.

[Ennemond - FECIT] Pure intox!

SOURCE - Ennemond - FECIT - 28 janvier 2012

Étonnant volte-face de la part de Jean Mercier. Il y a une semaine, dans un dossier consacré aux "Intégristes", il montrait que la marge de manoeuvre du Saint Siège était très large :
"Vont-ils retoquer la contre-mouture lefebvriste, clôturant le dialogue? Vont-ils renvoyer la balle à la FSSPX en reformulant un nouveau protocole? Ou accéderont-ils aux nouvelles exigences des ex-rebelles ?" (Jean Mercier, 19 janvier 2012)
Il est vrai qu'à l'époque, un certain nombre d'intervenants sur ce forum avait été étonnés de l'évolution de ce journaliste, de sa grande capacité, désormais, à ne pas présenter les faits avec un a priori négatif. Et puis tout change soudainement, comme si certaines frayeurs avaient gagné quelques esprits. Benoît XVI n'aurait plus toutes ces alternatives devant lui. Il serait finalement esseulé selon ce nouvel article, contraint à trancher... et à trancher dans un sens qu'auraient presque dicté les cardinaux de la CDF. Voici que La Vie titre dramatiquement : "Le pape Benoît XVI face à l'échec des négociations avec les intégristes"!

Qui observe un temps soit peu l'actualité de l'Eglise voit bien que les prélats réunis ces jours-ci, NN.SS. Koch, Kasper, Schönborn, Müller, Ricard (dont la liste a été sciemment tronquée par les dépêches) ne sont pas ceux sur lesquels s'appuie Benoît XVI pour traiter le cas de la FSSPX. Autant faire avaler que le pape s'était fondé sur l'avis des responsables de ses cérémonies pontificales de l'époque pour publier Summorum Pontificum, et sur les cardinaux français pour lever les excommunications, deux décisions que le souverain pontife a prises, malgré les consultations.

L'évolution est sans doute angoissante pour le monde progressiste. Ils veulent exercer une pression. Face à eux, Benoît XVI a énormément misé sur une régularisation qu'il tentait déjà de réaliser il y a vingt-cinq ans. Il a travaillé en personne sur le dossier, en dépit des pressions des cardinaux français et allemands, pendant sept années de pontificat, au risque de créer des polémiques monumentales. Et voilà donc que le pape se mettrait à confier le dossier à d'autres, et à suivre l'avis de prélats allemands, suisses et français ? D'ailleurs, ont-ils tant abordé ce texte-là ? Mais c'est une autre affaire.

Les relations entre Rome et la FSSPX sont entrées "dans une phase décisive" expliquaient hier les intellectuels italiens, Alessandro Gnocchi et Mario Palmaro. A vrai dire, le pape risque d'user d'audace comme les 7 juillet 2007 et 21 janvier 2009. Pourquoi changerait-il de méthode? Parce qu'il considérerait finalement l'espoir et la jeunesse que constitue le lectorat de La Vie?

[Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique] Décret pour la création de la paroisse personnelle des Saints Apôtres

SOURCE - Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique - 28 janvier 2012

J’avais annoncé au moment où se déroulait l’assemblée de Reunicatho la création d’une quatrième paroisse personnelle pour la forme extraordinaire en France. En voici le texte du décret officiel. On notera la mention immédiate à Summorum Pontificum :

Vu le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI, du 7 juillet 2007;
Attendu la demande d’un groupe de fidèles de voir dûment pris en compte leur droit à « suivre leur forme propre de vie spirituelle »(c; 214 CIC) dans le respect de leur devoir « de garder toujours, même dans leur manière d’agir, la communion avec l’Eglise » (c. 209 § 1 CIC);
Vu le canon 518 du Code de droit canonique;
Le Conseil presbytéral ayant été entendu, conformément au canon 515 § 2 du Code de droit canonique;
Maurice de Germiny, évêque de Blois, décide ce qui suit:

Art. 1 : Une paroisse personnelle, sous le titre des Saints Apôtres, est créée dans le diocèse de Blois pour les fidèles qui désirent vivre la liturgie selon la forme extraordinaire du rite romain.
Art. 2 : Les célébrations liturgiques de la paroisse personnelle des Saints Apôtres auront lieu à Notre-Dame-des-Grouëts à Blois.
Art. 3 : Cette paroisse personnelle est régie par les canons 515-552 du Code de droit canonique , traitant des paroisses, curés et vicaires paroissiaux.
Art. 4 : Le curé de la paroisse personnelle possède les mêmes obligations et droits que le curé territorial.
Art. 5 : La juridiction du curé de la paroisse personnelle des Saints Apôtres est cumulative avec celle du curé de la paroisse territoriale des intéressés.

En la fête de tous les saints,
1. XI. MMXI
+ Maurice de Germiny
évêque de Blois
« Ecce cum Ille »

Jean-Marie Lecoq
Chancelier

[Jean Mercier - La Vie] Le pape Benoît XVI face à l'échec des négociations avec les intégristes

SOURCE - Jean Mercier - La Vie - 28 janvier 2012

Après un ultime examen du dossier intégriste par la Congrégation pour la doctrine de la foi, c'est à Benoît XVI de décider maintenant si les dissidents lefebvristes peuvent être réintégrés au sein de l'Eglise catholique. Le pape, qui a beaucoup oeuvré en faveur d'une réconciliation, se heurte au refus intégriste de l'héritage du concile Vatican II. 

Jamais la solitude du chef de l'Eglise catholique n'a été aussi grande. Benoît XVI doit trancher le dossier de la réconciliation entre l'Eglise catholique et les dissidents lefebvristes. Le pape doit statuer après le bilan réalisé par l'assemblée plénière de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF), réunie du 24 au 27 janvier, et qui a travaillé sur ce dossier parmi d'autres sujets.

Lors de cette assemblée, les prélats membres de la CDF ont scruté les réponses que la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX) a données au Préambule doctrinal qui leur avait été remis en septembre 2011. D'abord la première réponse de Mgr Fellay, patron de la FSSPX, adressée au Vatican en décembre 2011, et qui avait donné lieu à une demande de clarification. Ensuite, la seconde réponse envoyée par Mgr Fellay mi-janvier 2012.

Cependant, selon des sources relayées par l'agence I.MEDIA, cette seconde réponse n'a pas satisfait les membres de la CDF. En effet, la FFSPX met en cause une grande partie de l'héritage du Concile Vatican II. Officiellement, selon Mgr Guido Pozzo, secrétaire de la Commission Ecclesia Dei, joint par La Vie, la phase de l'évaluation de la réponse lefebvriste n'est pas terminée. L'issue repose entre les mains de Benoît XVI. Mais il est peu probable que le pape se prononce différemment des évêques membres de la Congrégation pour la doctrine de la foi.

[Dominique Hérault - lanouvellerepublique.fr] Messe en latin : la rébellion encore vivace

SOURCE - Dominique Hérault - lanouvellerepublique.fr - 28 janvier 2012

Vingt ans après la mort de l’évêque Marcel Lefebvre, les traditionalistes thouarsais entretiennent le culte ancien. Entrevue avec l’abbé Dubroeucq.

Les traditionalistes catholiques de la Fraternité Saint-Pie X, tenants de la messe en latin, sont présents à Thouars. En petit comité, puisqu'il s'agit d'une antenne de Faye-d'Anjou (Maine-et-Loire). Sur le terrain, elle ne compte qu'un prêtre : l'abbé Louis-Paul Dubroeucq tient le rôle du missionnaire, se partageant entre Angers, Chemillé, Saumur, Thouars et Le Mans.
 
Combien de fidèles avez-vous à Thouars ?
« En moyenne, une soixantaine de personnes viennent assister à la messe selon le rite ancien, à la collégiale de Thouars, le dimanche matin. Nous avons aussi des cours de catéchisme le mercredi mais nous n'avons que quatre enfants, actuellement. »
Vingt ans après la mort de l'évêque d'Ecône, Marcel Lefebvre, vous êtes toujours en délicatesse avec l'église officielle, ce qui vous fait qualifier d'intégristes…
« Au sens originel, le terme intégriste n'est pas péjoratif : oui, nous sommes intègres dans notre foi. Nous n'admettons pas les dérives liées à la nouvelle messe de décembre 1969. Les fantaisies liturgiques : on voit aujourd'hui des choses ahurissantes : des prêtres en habits sacerdotaux autour d'une table jonchée de canettes de bière… Sur le plan de nos relations avec Rome, elles s'améliorent avec le pape Benoît XVI. »
Vous n'avez pas accepté l'ouverture de l'Église dans les années soixante-dix.
« Ce nouveau rite désacralise totalement la liturgie. Elle en diminue les gestes, et le respect dû à Dieu, oubliant même la présence et le sacrifice du Christ dans l'hostie. D'une dimension verticale, venant du haut, cette célébration est devenue horizontale. Nous préférons le latin qui est une langue sacrée et une protection contre tout changement ou improvisation. La manière de communiquer le message du Christ peut varier, mais pas le contenu, la tradition. »
La religion et la politique font rarement bon ménage. On vous reproche souvent le copinage avec l'extrême droite. Quelle position dans la perspective de la présidentielle ?
« On ne souhaite pas engager la Fraternité Saint-Pie X dans une étiquette politique. Parmi mes fidèles, j'ai eu un sacristain gaulliste, mais pas des gens de gauche. Nous sommes pour ceux qui défendent les valeurs chrétiennes. Notre principe, c'est le règne du Christ-roi : l'autorité politique vient de Dieu, pas du peuple. Et parfois, on ne trouve pas de politiques qui soient dans cet état d'esprit. »
A Thouars, vous êtes propriétaire de la collégiale du château. Comment vivez-vous financièrement?
« Les prêtres de la Fraternité ne perçoivent pas le denier de l'église. Nous vivons des dons, des legs et de la participation des fidèles. Nous venons d'acheter une maison*, et il faudrait entreprendre des travaux sur la façade de la collégiale… »
 * La Fraternité Saint-Pie X, qui était locataire d'un logement rue des Clairettes, près de Tyndo, vient d'acquérir une maison place Gustave-Barré, toujours à Thouars.

repères
L'abbé Louis-Paul Dubroeucq est âgé de 63 ans. Il est né dans la région parisienne. Il est entré dans les ordres après une scolarité chez les maristes et une licence de maths. Entré au séminaire le 9 octobre 1971 et ordonné prêtre par l'évêque, chef de file des intégristes, Marcel Lefebvre, le 29 juin 1976, à Ecône (Suisse).
 
Recueilli par Dominique Hérault

26 janvier 2012

[Pierre Brun - Riposte Catholique] Coup d’œil sur Sedes Sapientiae

SOURCE - Pierre Brun - Riposte Catholique - 26 janvier 2012

La dernière livraison de Sedes Sapinetiæ, revue de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier, vient d’arriver dans nos boîtes aux lettres. On y trouve plusieurs articles intéressants. Le tout nouvel évêque de Lausanne, Fribourg et Genève, Mgr Morerod, livre une réflexion sur « Saint Thomas et l’athéisme contemporain », lequel n’est pas toujours facile à cerner. C’est peut-être lui faire beaucoup d’honneur que de considérer de facto qu’il faut lui répondre sur le plan de la raison alors qu’il est lui-même si souvent peu rationnel. Mais c’est évidemment à sa partie « intelligente » que cherche à répondre Mgr Morerod qui entend montrer surtout aux catholiques que le fidéisme ne suffit pas sur ce terrain.C’est un thème connexe qu’aborde le Père de Blignières en traitant la question : « L’intelligence peut-elle atteindre la vérité en matière religieuse ? », déjà abordée lors d’un colloque de l’association Eleutheros.
 
Toujours instructif, sur le mode apologétique, est la série des « Lettres à un non croyant » du dominicain anglais Thomas Crean dont on trouve ici un nouvel exemplaire.
 
Décevant, en revanche, la recension du Père de Saint-Laumer, le nouveau prieur de cette Fraternité, sur le livre de René Pommier sur René Girard. Ce livre se veut être une destruction en règle de René Girard. Pourquoi pas ! Sedes Sapientiæ avait déjà publié sur ce sujet  et dans ce sens. Mais s’appuyer sur un livre dont l’auteur prétend qui n’a pas lu tout René Girard en affirmant que ce n’est pas nécessaire ne paraît pas très sérieux ni scientifique. L’ironie qu’il manie pourrait facilement lui être retournée. Si René Girard n’a que des adversaires de cet acabit, aussi peu sérieux méthodologiquement, il est tranquille pour un bon moment. On se demande aussi pourquoi le Père de Saint-Laumer apporte tant de crédit à un auteur dont il est obligé de dire à la fin qu’il n’est pas chrétien et qu’il doit réfuter sur ce plan.

[Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique] Étudier ad orientem ? Au New Hampshire, c’est possible !

SOURCE - Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique - 26 janvier 2012

Les 80 étudiants du Thomas More College of Liberal Arts  de Merrimack, dans le New Hampshire, ont eu la surprise de découvrir, au retour de leurs vacances de Noël, le nouvel aménagement de leur chapelle. De nouvelles finitions, de nouvelles icônes – réalisées par l’un des enseignants de l’établissement – et, surtout, un nouvel autel « tourné vers le Seigneur » qui remplace le précédent autel face au peuple.
Comme le souligne le site de ce « College » (premier cycle universitaire)  :
« Le nouvel autel en acajou  est placé de façon à ce que le prêtre soit ad orientem aussi bien lors de la forme extraordinaire que de la forme ordinaire de la messe. »
En outre, et surtout, ce nouvel autel permet au tabernacle de trouver place en son centre. Le Thomas More College of Liberal Arts ayant été fondé à la fin des années 1970, le tabernacle était jusque là excentré.
L’origine de ce nouvel aménagement liturgique est revendiquée clairement par la président de l’institut, le docteur William Fahey :
« Quand le Saint-Père a rencontré les dirigeants des universités et des établissements catholiques aux États-Unis, il a rappelé que « chaque institution éducative catholique est avant tout un lieu où rencontrer le Dieu vivant, qui en Jésus Christ révèle la force transformatrice de son amour et de sa vérité ». Il me semble essentiel que nous placions Notre Seigneur visiblement au centre – au centre de la Chapelle et au centre de notre projet éducatif tout entier. »
Au Thomas More College of Liberal Arts, institut d’études générales qui permet à ses étudiants de passer un semestre à Rome au cours de leur scolarité, toutes les messes sont donc dorénavant ad orientem, qu’il s’agisse de la forme ordinaire, quotidienne, comme de la forme extraordinaire, célébrée une fois par semaine. Un autre fruit du Motu Proprio Summorum Pontificum.

[+ photos]

25 janvier 2012

[Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique] Pour la nécessaire réconciliation

SOURCE - Christophe Saint-Placide - Riposte Catholique - 25 janvier 2012

Depuis quelques le Groupe de Réflexion entre catholiques, le fameux « Grec », suscite des interrogations quand ce n’est pas de véritables fantasmes sur des activités considérées comme occultes et de ce fait, peu conformes à la morale de l’Église. Voilà un livre (Pour la nécessaire réconciliation, NEL, 160 pages, 19€) qui offre un sérieux démenti à ces supputations qui ne sont pas toujours dénuées de sous-entendus.
 
À l’origine du Grec avec Huguette Pérol, épouse du défunt ambassadeur de France Gilbert Pérol, le Père Michel Lelong, membre de la Société des Pères blancs, retrace dans cet ouvrage l’histoire de ce groupe de réflexion, livrant les raisons de son existence, détaillant son évolution et, surtout, livrant un grand nombre de témoignages de personnalités (c’est la plus grosse partie du livre) membres du Grec. Des personnalités aux profils fort différents, du moins dans la galaxie traditionaliste, car il faut avouer derrière Paul Airiau, participant aux réunions du Grec comme « défenseur » (pour faire court et vite) de Vatican II, qu’il y avait peu de répresentants non tradis dans ce cercle, hormis quelques évêques.
 
Si le Grec fut (mais faut-il parler au passé ?) « discret, mais pas secret », son premier souci, selon le Père Lelong, fut d’avertir puis de tenir au courant les autorités religieuses : le Nonce apostolique à Paris, le Président de la Conférence des évêques de France et, bien sûr, le supérieur de la Fraternité Saint-Pie X. Car, faut-il le souligner ?, le but de ce travail de rencontre et de discussion était la réconciliation entre Rome et la Fraternité Saint-Pie X. La parution de cet ouvrage est-elle le signe que celle-ci est maintenant proche ? On ne peut que le souhaiter.

[Natalia Trouiller - La Vie] FSSPX: réunion à Rome depuis hier

SOURCE - Natalia Trouiller - La Vie - 25 janvier 2012

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Selon le site allemand Kath.net, la Congrégation pour la doctrine de la foi a commencé à travailler hier sur la réponse de Mgr Bernard Fellay, chef de file des lefebvristes, au préambule doctrinal présenté par Rome. A cette réunion participent Mgr Kurt Koch et Mgr Walter Kasper, en tant qu'experts en oecuménisme, ainsi que Mgr Christoph Schönborn, cardinal-archevêque de Vienne, et Mgr Gerhard Müller, évêque de Ratisbonne, que la rumeur romaine désigne comme probable successeur du cardinal Levada à la tête de la Congrégation.

[...]

24 janvier 2012

[Dom Romain - catholink.ch] La «maladie mentale» des romains: Le diagnostic de Mgr Williamson et de ses amis

SOURCE - Dom Romain - catholink.ch - 24 janvier 2012

D’une façon très étonnante, ce samedi 21 janvier, la newsletter de Mgr Williamson n’est pas arrivée dans ma boîte à lettres électroniques. Régulières comme une horloge suisse, les nouvelles de l’évêque anglais m’étaient livrées chaque fin de semaine dans sa version multilingue - français, Italien, Allemand, espagnol et anglais.
 
Il semble que je ne sois pas le seul dans ce cas. Le site TradiNews mettait en ligne rapidement les dernières livraisons de l’évêque lefebvriste, comme il le fait du reste sans aucune censure, de tout article qui concerne le tradiland. Il semblerait que seule la version anglaise soit mise à disposition par l’auteur, peut-être en raison d’un texte plus explicite que jamais.

Peu diffusé, son message n’en a pourtant pas moins fait parler de lui sur les blogs. Pratiquement tous ont retenu l’avant dernière phrase: «Cher ami, je préférerais être un sédévacantiste schismatique qu’un apostat romain». Avant d'en arriver à cette conclusion, la réflexion s'inspire de l'intitulé: Maladie mentale. Mgr Williamson nous parle de quatre amis qui se sont adressés à lui.

Le premier pour lui dire que si «la FSSPX ne «normalise» pas bientôt sa position vis-à-vis de Rome (…) elle court le risque de perdre son sens de l’Eglise (…) Elle tend vers une mentalité schismatique et un sédévacantisme pratique, sinon théorique. J’ai répondu qu’à mon avis un risque bien plus grand que celui de se laisser gagner par une mentalité schismatique est celui de contracter "la maladie spirituelle et mentale des Romains d’aujourd’hui en les fréquentant de trop près"».

C’est en effet le deuxième ami qui lui a fait remarquer que certains hommes d’Eglise, à Rome, sont: «"…des malades mentaux, mais ils ont l’autorité". Certainement qu’en disant "malades mentaux" il ne pense nullement à injurier personnellement ces Romains, car il exprime quelque chose de beaucoup plus sérieux qu’une simple injure personnelle. Il signale l’état objectif des esprits romains, tel que ses conversations avec eux l’ont confirmé. Leurs esprits ne se préoccupent plus de vérité.»

Le troisième, à qui il demandait: «"N’auriez-vous pas pu aller au fond du problème en abordant avec eux la question fondamentale de l’esprit et de la vérité?" (…), lui répondit: "Non. Tout ce qu’ils auraient dit, c’est que c’est eux l’autorité, que l’Eglise catholique c’est eux, et que si nous voulons être catholiques, c’est à eux de nous dire ce qu’il faut pour l’être". Comme une voiture marche à l’essence, de tels esprits ne marchent plus à la vérité mais à l’autorité.»

Et le quatrième de conclure: «Pénétrer dans les palais de Rome est une entreprise hasardeuse car l’air même que l’on respire à l’intérieur est irrésistible. Si on est fasciné par ces salles vénérables, c’est moins par le charme des personnages officiels (beaucoup ne sont pas charmants du tout!) que par l’impression qu’elles inspirent de tous leurs 2000 ans d’histoire de l’Eglise. S’agit-il de la fascination du Ciel? De l’Enfer? En tout cas l’atmosphère même du Vatican séduit les visiteurs et entraîne leur volonté».

Ainsi, mieux vaut être sédévacantiste schismatique, qu’apostat romain! A la suite de ces lignes, je place mon grain de sel. Il semblerait que les négociations avec Rome risquent bien d’aboutir. L’heure doit être grave pour que Mgr Williamson tire si fort le tocsin! Mgr Williamson risque bien d’avoir franchi le Rubicon, mais dans une direction éloignant définitivement de Rome. Comme je l’avais déjà dit, Mgr Fellay devra maintenant «traiter» le cas Williamson – et celui de ses «amis» - dans sa propre communauté. La tête du prélat anglais pourrait bien faire partie de la dot et se retrouver dans la corbeille de la mariée. Pour les fidèles d’Ecône, une question demeure: qui, dans la FSSPX, acceptera de prendre le traitement médical du Dr Williamson, pour éviter la maladie mentale romaine?

Terminons avec la note optimiste que notre polémiste place dans sa dernière phrase: «Mais Dieu aidant, je ne serai ni l’un ni l’autre!» C’est le mieux que nous puissions vous souhaiter, cher Monseigneur, à vous et à vos amis.

Le texte français cité ici, vient d’une traduction proposée sur le site Fecit. Merci au traducteur.

Dom Romain

[Paix Liturgique] Parmi les documents à verser au dossier des vocations: la lettre d'un étudiant en année de spiritualité dans le séminaire d'un institut Ecclesia Dei, expliquant les raisons de son choix

SOURCE - Paix Liturgique n°319 - 24 janvier 2012

Cette lettre est un peu différente de celles que nous publions habituellement. Elle entend seulement verser au dossier de la crise des vocations en France un document brut, parmi bien d’autres qui pourraient être fournis pour porter un éclairage plus vaste. C’est ici la lettre écrite par un jeune homme que tout destinait à entrer dans un séminaire interdiocésain, mais qui a préféré intégrer le séminaire d’une communauté Ecclesia Dei. Cette défense fraîche et jeune de son choix auprès d’un de ses camarades pourra paraître en certains endroits naïve, allusive en d’autres. Un spécialiste de critique textuelle noterait peut-être que le jeune auteur pensait la mettre sous les yeux de ses supérieurs.

Notre intention n’est nullement de présenter les critiques portées par ce séminariste vis-à-vis des milieux qu’il a quittés, ou les motifs pour lesquels il en a rejoint d’autres, comme absolument généralisables. Mais tel quel, et « dans son jus », ce témoignage nous a paru suffisamment intéressant, spécialement pour attirer l’attention des responsables de la formation des futurs prêtres, à quelque sensibilité qu’ils appartiennent.

Nous les invitons à considérer particulièrement les passages de cette lettre concernant le formatage dans un moule – moule divers au reste, selon les séminaires – auquel se sentent soumis les futurs prêtres, et que nombre d’entre eux dénoncent (« Si j'avais su, j'aurais donné le tuyau à Jérôme qui lui, n'a pas eu cette "écoute" et qui, après cinq années de "rééducation" a été jeté parce qu'il n'avait décidément pas le "profil". Quel gâchis! ») Et encore le manque de structuration, qui est un mal général de toute l’éducation contemporaine. Et peut-être surtout, le manque de confiance, que l’on pourrait dire réciproque, entre formateurs et séminaristes, qui est l’une des caractéristiques les plus frappantes de l’état d’esprit dans bien des séminaires depuis plusieurs décennies - « j'aurais comme les copains dû sans cesse tricher et ne jamais avouer ce à quoi j'adhérais et chaque jour faire semblant d'être ce que je ne voulais pas "être" ». Au point que la principale interrogation que l’on pourrait formuler à propos de la formation actuelle des futurs prêtres est qu’elle ne semble ne pas viser à former des personnalités, ou n’est plus en mesure de le faire, pour de multiples raisons.

Afin de respecter la confidentialité de cette correspondance, nous avons modifié les prénoms et avons supprimé le nom de l'Institut Ecclesia Dei en question.
I – LA LETTRE D'UN SÉMINARISTE
Mon cher Jean,

Plusieurs mois se sont écoulés depuis mon départ et je trouve enfin un peu de temps pour répondre à tes nombreux courriers "inquiets".
Je m'en vais te donner des nouvelles et quelques-unes des raisons pour lesquelles je suis entré au séminaire Ecclesia Dei**.

La vie du séminaire est bien réglée. Les cours sont très intéressants.
Cette première année, correspond à l’année dite de propédeutique des séminaires diocésains. Elle est une initiation de tout ce que nous ferons pendant ces six autres de formation : philosophie thomiste, théologie, droit canonique, histoire de l'Église, études des textes pontificaux et d'autres matières encore sans oublier tu t'en doutes... le latin.

Tu n'imagines pas comment l'orthodoxie de l'enseignement est reposante pour l'esprit.
Vois-tu, je n'ai plus à me "méfier" de ce que j'apprends.
Rien d' ''exceptionnel" mais l'enseignement vrai, constant de l'Église qui ne peut pas vieillir.
Christ le même hier, aujourd'hui et demain ! Rahner est un peu délaissé je te l'avoue...

Je repense souvent à notre discussion avec le Père N. où vous me disiez peu avant mon départ, que je choisissais la facilité !
Je m'aperçois aujourd'hui à quel point cette mise en garde n'est pas juste.
Tu sais ça n'a pas été facile de quitter le diocèse et d'annoncer aux parents que tu sais si engagés à Saint-Bertrand... que je rentrais dans un séminaire "tradi".
Ce mot "tradi" ne veut d'ailleurs rien dire et ne sert à rien d'autre qu'à exclure.
Je souris souvent en pensant qu'il a suffi que je parle de Communauté Ecclesia Dei ** pour qu'on me propose d'aller étudier à Rome au Séminaire français.
Si j'avais su, j'aurais donné le tuyau à Jérôme qui lui, n'a pas eu cette "écoute" et qui, après cinq années de "rééducation" a été jeté parce qu'il n'avait décidément pas le "profil". Quel gâchis!
Je ne juge personne mais personnellement, j'aurais eu un vrai problème de confiance en entrant pour le diocèse.
Regarde Quentin, lui qui était déjà grande gueule aux scouts, n'arrêtait pas de nous dire qu'avec lui, on allait enfin voir ce que l'on allait voir !
Ses dernières déconvenues lui ont enfin fait comprendre que le Code de Droit canonique ne fait pas tout... et que des textes à la réalité pratico-pratique d'abord au séminaire et surtout après en paroisse... il y avait un monde !
Lui qui affirmait qu'il porterait la soutane parce-que-personne-même-pas-l'évêque-n'avait-le-droit-de-me-l'interdire" ose à peine porter le clergy !
Non vraiment je ne regrette pas d'avoir renoncé à la " voie médiane" que l'on me proposait au séminaire diocésain *** où j'aurais comme les copains dû sans cesse tricher et ne jamais avouer ce à quoi j'adhérais et chaque jour faire semblant d'être ce que je ne voulais pas "être".

Ne crois pas que je renie ces personnes qui d'une manière ou d'une autre m'ont conduit au séminaire.
Je sais que ça peut surprendre que je sois ici (je ne distribue plus la communion si tu veux tout savoir) mais je me rends compte que l'univers "si ouvert" dans lequel j'ai grandi et si persuadé d'être "à l'écoute" était incapable de comprendre ma démarche.
Je n'ai pourtant pas changé de religion ! Beaucoup de mes confrères ici ont un parcours semblable tu sais.

L'esprit de famille qui règne ici est très "structurant" comme dirait notre vicaire général mais ici c'est vrai.
On ne te met pas dans un moule, on ne te dit pas ce que tu dois penser pour arriver.
J'apprends les vérités éternelles, c'est tout.
La place des supérieurs est paternelle sans proximité déplacée. Pas de familiarité débile non plus entre nous.
En fait tout est à sa place !

La liturgie est soignée. Mais ici, chaque jour, au chœur, je comprends que la liturgie est la propriété de l'Église et pas celle des prêtres.
C'est beaucoup plus qu'une affaire de langue tu sais.
Les prêtres ne peuvent pas faire ce qu'ils veulent, ils ne sont pas propriétaires mais dépositaires de ce trésor sacré.
Je l'ai dit au Père N. en lui parlant du très curieux rassemblement de la Pentecôte que l'on a subi dernièrement.
Du début à la fin tout a été réécrit, (ils l'ont d'ailleurs dit lors des remerciements interminables.)
C'était surréaliste ! Réponse du Père, (siégeant au conseil épiscopal !), "qu'est-ce que tu veux que j'y fasse?"
Et bien tu vois à mon âge, on rêve d'autres choses, et ce que moi je peux faire c'est de me former correctement loin des innovations de tout poil, me former selon ce qu'a prévu l'Église.
Je n'ai pas envie de faire semblant, de supporter des liturgies débilitantes, de m'habiller comme un clown, d'étudier des théologiens sopos mais qu'il faut aimer parce que c'est tendance...
Relis les textes conciliaires sur l'enseignement dans les séminaires, le chant liturgique, le droit canonique (qui ne sert pas qu'à interdire les mariages dans certains endroits célébrés par certains prêtres si tu vois ce que je veux dire).

Je veux être prêtre, et suivre Jésus-Christ, c'est tout. Prie pour moi.

** (ndlr : nom du séminaire supprimé par nos soins et remplacé par "Ecclesia Dei").
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1/ Cette lettre est très représentative de nombreux témoignages que nous recevons de jeunes gens entrés dans les séminaires Ecclesia Dei, qu'il s'agisse de Wigratzbad (FSSP) ou de Gricigliano (ICRSP) notamment. Ces jeunes lévites ont bien souvent grandi dans des milieux on ne peut plus diocésains. Pourtant, au moment de faire le grand choix, ils ont opté pour une Communauté Ecclesia Dei. Ne pas subir le sort des amis brisés par la structure diocésaine, ne pas se cacher pour porter l'habit ecclésiastique ou assister à la messe traditionnelle, être formé et non... déformé, bénéficier d'un enseignement riche et d'une belle liturgie… voilà autant d'arguments qui expliquent le choix de ces candidats au sacerdoce (bien plus que le milieu social et ecclésiologique dans lequel ils ont évolué).

2/ Cinq années après l'entrée en vigueur du motu proprio, il n'y a pas de véritable place dans les séminaires diocésains français pour des jeunes gens qui préfèrent la forme extraordiniare ou qui aimeraient simplement bénéficier régulièrement de l'une et de l'autre forme. Au mieux tolérée comme à Lyon, la forme extraordinaire n'a pas véritablement droit de cité dans la pastorale des vocations et n'offre à ce jour aucune voie pérenne. Il ne faut pas s'étonner si dans certains diocèses, le nombre d'entrées dans les séminaires Ecclesia Dei dépasse celui des structures diocésaines ; tant que cette sensibilité propre et tout ce qui va avec ne seront pas officiellement proposés dans les séminaires diocésains, de nombreux jeunes continueront à délaisser les séminaires diocésains.

3/ Au-delà de l'importance d'un tel témoignage qui nous éclaire sur les difficultés que rencontrent aujourd'hui les jeunes gens appelés au sacerdoce, notons l'attrait qu'exerce la liturgie selon sa forme extraordinaire sur une nouvelle génération en recherche d'identité forte. Le témoignage d'un jeune père de famille ou d'une jeune mère de famille ayant découvert la messe traditionnelle et s'en nourissant serait tout à fait semblable. En effet, de même que le jeune séminariste est conscient de faire un choix de vie essentiel, pour lui-même et pour tous ceux qu'il sera amené à côtoyer dans sa vie de prêtre, les jeunes ménages catholiques souhaitent, de plus en plus nombreux, offrir à leur couple et à leurs enfants une pratique liturgique riche, belle et priante, et une formation catéchétique solide et structurée

[Natalia Trouiller - La Vie] Mgr Williamson: "Plutôt un sédévacantiste schismatique qu'un apostat romain!"

SOURCE - Natalia Trouiller - La Vie - 23 janvier 2012

Dans le dernier numéro de ses Commentaires Eleison paru ce samedi, l'un des quatre évêques de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X prend ouvertement la tête de la frange qui, chez les lefebvristes, refuse tout rapprochement avec Rome.
MGR WILLIAMSON SORT DU BOIS
Dans la lutte d'influence que se livrent en ce moment les pro et les anti-rapprochement avec Rome, Mgr Williamson vient d'effectuer une manoeuvre décisive. Dans la livraison hebdomadaire de ses Commentaires Eleison, ce samedi 21 janvier, il explique pourquoi, selon lui, la peur du schisme ne devrait pas effrayer la Fraternité. "Un risque beaucoup plus grand que d'acquérir une mentalité schismatique serait de contracter la maladie mentale et spirituelle des Romains d'aujourd'hui en s'approchant trop près d'eux". Et de décrire Rome comme pleine de séductions: "Entrer dans les palais romains est une entreprise audacieuse, car l'air que vous respirez à l'intérieur même est irrésistible La fascination de ces lieux sacrés ne vient pas tant du charme de ses officiels [...] que de ces salles qui exsudent  des 2000 ans d'histoire de l'Église. Cette fascination vient-elle du ciel? De l'enfer? En tout cas, la simple atmosphère du Vatican séduit les visiteurs et apprivoise leurs volontés". Une pique à peine voilée contre Mgr Fellay. Et la lettre se termine par cette formule sans ambiguités: "Je préfère être un schismatique sédévacantiste qu'un apostat romain".

> C'est la première fois que l'évêque intégriste affiche ainsi sa préférence publiquement, et de façon aussi nette. Même si son opposition à la ligne de Mgr Fellay était bien connue (son absence à la réunion des chefs de la Fraternité à Albano en octobre avait été remarquée), il n'avait jamais posé aussi clairement l'option sédévacantiste. Mais même chez les sédévacantistes, Mgr Williamson n'est guère en odeur de sainteté, c'est le moins que l'on puisse dire. D'abord parce que le sédévacantisme est loin d'être unifié: entre sédévacantistes, sédéprivatistes, ceux qui remontent à Pie XII et ceux qui s'arrêtent à Jean XXIII, le mouvement est balkanisé entre multiples chapelles s'excommuniant volontiers les unes les autres. Ensuite, parce que dans nombre de ces chapelles, Mgr Williamson est copieusement détesté: son anglicanisme d'origine, ses dérapages antisémites et son blason épiscopal (sur lequel se côtoient une rose et une croix, preuve absolue selon ses détracteurs de son gnosticisme) même le rendent éminemment suspect aux yeux de bien des sédévacantistes, qui l'appellent "l'ex-anglican", "le traître", "le Ben Laden à la rose", "Cunctator" ("le temporisateur"), etc. Seul le site traditio.com souhaite ouvertement que Mgr Williamson succède à Mgr Fellay et devienne... pape: "Quel candidat il serait pour prendre la tête de l'Eglise Catholique Romaine Restaurée!"

[...]

23 janvier 2012

[Nicolas Senèze - La Croix] Lefebvristes : Mgr Williamson prend ses distances avec Mgr Fellay

SOURCE - Nicolas Senèze - La Croix - 23 janvier 2012

«Je préfère être un schismatique sédévacantiste qu’un apostat romain» : c’est par ces mots que l’évêque intégriste Richard Williamson, membre de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), termine la dernière livraison de sa lettre d’information hebdomadaire Commentaire Eleison diffusée samedi 21 janvier.

Il s’agit là de la première prise de distance officielle d’un responsable de la FSSPX avec la ligne d’ouverture et de dialogue avec Rome impulsée par son supérieur général, Mgr Bernard Fellay.

Dans sa lettre d’information, Mgr Williamson retourne notamment le principal argument de ceux qui prônent un retour de la Fraternité dans le giron romain en soulignant que le fait pour la FSSPX de rester plus longtemps hors de l’Église risquerait de la mener à une mentalité schismatique et à un sédévacantisme pratique (les sédévacatistes estiment que, depuis Paul VI au moins, les papes n’ont pas été validement élus et que le Siège de Pierre est vacant).
« Fascination » pour le Vatican
À ces partisans du retour à Rome au nom du risque d’affaiblissement de l’appartenance ecclésiale, l’évêque britannique rétorque qu’il y a « un plus grand risque encore que d’acquérir une mentalité schismatique qui est celui de contracter la maladie mentale et spirituelle des Romains d’aujourd’hui en s’approchant trop près d’eux ».
 
Plus loin, l’évêque, qui dès le début constatait que les discussions doctrinales menées entre 2009 et 2011 entre la FSSPX et Rome avaient souligné « un désaccord doctrinal radical », dénonce « la fascination » exercée par les palais romains sur ceux qui les fréquentent. « La fascination de ces lieux sacrés ne vient pas tant du charme des officiels que du sens que ces salles dégagent de 2000 ans d’histoire de l’Église, souligne-t-il. Est-ce la fascination du ciel ? De l’enfer ? En tout cas, la simple atmosphère du Vatican séduit les visiteurs et apprivoise leurs volontés. »
Pas invité à Albano
Mgr Williamson est bien connu pour ses déclarations fracassantes : le 21 janvier 2009, alors que le pape allait lever l’excommunication qui le frappait depuis son ordination illicite en 1988 par Mgr Lefebvre, il avait ainsi tenu des propos négationnistes à la télévision suédoise. Mgr Fellay l’avait alors démis de ses fonctions de supérieur du séminaire argentin de la FSSPX et envoyé à Londres où il lui était interdit de s’exprimer officiellement.
 
Depuis lors, Mgr Williamson n’a pas cessé de diffuser sa lettre Commentaire Eleison , contrairement aux instructions de Mgr Fellay qui, devant ce refus, ne l’avait pas invité à la rencontre, début octobre à Albano, près de Rome, où les responsables de la FSSPX ont discuté du Préambule doctrinal présenté le 14 septembre par Rome.
 
Dans une lettre, Mgr Fellay avait également menacé Mgr Williamson, s’il persistait à refuser de garder le silence, du « démarrage de la procédure canonique menant à (son) exclusion de la FSSPX ».
 
N. S.

[Paix Liturgique] Parmi les documents à verser au dossier des vocations : la lettre d'un étudiant en année de spiritualité dans le seminaire d'un institut Ecclésia Dei, expliquant les raisons de son choix

SOURCE - Paix Liturgique - Lettre 319 - 23 janvier 2012

Cette lettre est un peu différente de celles que nous publions habituellement. Elle entend seulement verser au dossier de la crise des vocations en France un document brut, parmi bien d’autres qui pourraient être fournis pour porter un éclairage plus vaste. C’est ici la lettre écrite par un jeune homme que tout destinait à entrer dans un séminaire interdiocésain, mais qui a préféré intégrer le séminaire d’une communauté Ecclesia Dei. Cette défense fraîche et jeune de son choix auprès d’un de ses camarades pourra paraître en certains endroits naïve, allusive en d’autres. Un spécialiste de critique textuelle noterait peut-être que le jeune auteur pensait la mettre sous les yeux de ses supérieurs.

Notre intention n’est nullement de présenter les critiques portées par ce séminariste vis-à-vis des milieux qu’il a quittés, ou les motifs pour lesquels il en a rejoint d’autres, comme absolument généralisables. Mais tel quel, et « dans son jus », ce témoignage nous a paru suffisamment intéressant, spécialement pour attirer l’attention des responsables de la formation des futurs prêtres, à quelque sensibilité qu’ils appartiennent.

Nous les invitons à considérer particulièrement les passages de cette lettre concernant le formatage dans un moule – moule divers au reste, selon les séminaires – auquel se sentent soumis les futurs prêtres, et que nombre d’entre eux dénoncent (« Si j'avais su, j'aurais donné le tuyau à Jérôme qui lui, n'a pas eu cette "écoute" et qui, après cinq années de "rééducation" a été jeté parce qu'il n'avait décidément pas le "profil". Quel gâchis! ») Et encore le manque de structuration, qui est un mal général de toute l’éducation contemporaine. Et peut-être surtout, le manque de confiance, que l’on pourrait dire réciproque, entre formateurs et séminaristes, qui est l’une des caractéristiques les plus frappantes de l’état d’esprit dans bien des séminaires depuis plusieurs décennies - « j'aurais comme les copains dû sans cesse tricher et ne jamais avouer ce à quoi j'adhérais et chaque jour faire semblant d'être ce que je ne voulais pas "être" ». Au point que la principale interrogation que l’on pourrait formuler à propos de la formation actuelle des futurs prêtres est qu’elle ne semble ne pas viser à former des personnalités, ou n’est plus en mesure de le faire, pour de multiples raisons.

Afin de respecter la confidentialité de cette correspondance, nous avons modifié les prénoms et avons supprimé le nom de l'Institut Ecclesia Dei en question.

I – LA LETTRE D'UN SÉMINARISTE
Mon cher Jean, 
Plusieurs mois se sont écoulés depuis mon départ et je trouve enfin un peu de temps pour répondre à tes nombreux courriers "inquiets". 
Je m'en vais te donner des nouvelles et quelques-unes des raisons pour lesquelles je suis entré au séminaire Ecclesia Dei**. 
La vie du séminaire est bien réglée. Les cours sont très intéressants. 
Cette première année, correspond à l’année dite de propédeutique des séminaires diocésains. Elle est une initiation de tout ce que nous ferons pendant ces six autres de formation : philosophie thomiste, théologie, droit canonique, histoire de l'Église, études des textes pontificaux et d'autres matières encore sans oublier tu t'en doutes... le latin.
Tu n'imagines pas comment l'orthodoxie de l'enseignement est reposante pour l'esprit.
Vois-tu, je n'ai plus à me "méfier" de ce que j'apprends. 
Rien d' ''exceptionnel" mais l'enseignement vrai, constant de l'Église qui ne peut pas vieillir. 
Christ le même hier, aujourd'hui et demain ! Rahner est un peu délaissé je te l'avoue...
Je repense souvent à notre discussion avec le Père N. où vous me disiez peu avant mon départ, que je choisissais la facilité ! 
Je m'aperçois aujourd'hui à quel point cette mise en garde n'est pas juste. 
Tu sais ça n'a pas été facile de quitter le diocèse et d'annoncer aux parents que tu sais si engagés à Saint-Bertrand... que je rentrais dans un séminaire "tradi". 
Ce mot "tradi" ne veut d'ailleurs rien dire et ne sert à rien d'autre qu'à exclure. 
Je souris souvent en pensant qu'il a suffi que je parle de Communauté Ecclesia Dei ** pour qu'on me propose d'aller étudier à Rome au Séminaire français. 
Si j'avais su, j'aurais donné le tuyau à Jérôme qui lui, n'a pas eu cette "écoute" et qui, après cinq années de "rééducation" a été jeté parce qu'il n'avait décidément pas le "profil". Quel gâchis! 
Je ne juge personne mais personnellement, j'aurais eu un vrai problème de confiance en entrant pour le diocèse. 
Regarde Quentin, lui qui était déjà grande gueule aux scouts, n'arrêtait pas de nous dire qu'avec lui, on allait enfin voir ce que l'on allait voir ! 
Ses dernières déconvenues lui ont enfin fait comprendre que le Code de Droit canonique ne fait pas tout... et que des textes à la réalité pratico-pratique d'abord au séminaire et surtout après en paroisse... il y avait un monde ! 
Lui qui affirmait qu'il porterait la soutane parce-que-personne-même-pas-l'évêque-n'avait-le-droit-de-me-l'interdire" ose à peine porter le clergy ! 
Non vraiment je ne regrette pas d'avoir renoncé à la " voie médiane" que l'on me proposait au séminaire diocésain *** où j'aurais comme les copains dû sans cesse tricher et ne jamais avouer ce à quoi j'adhérais et chaque jour faire semblant d'être ce que je ne voulais pas "être". 
Ne crois pas que je renie ces personnes qui d'une manière ou d'une autre m'ont conduit au séminaire. 
Je sais que ça peut surprendre que je sois ici (je ne distribue plus la communion si tu veux tout savoir) mais je me rends compte que l'univers "si ouvert" dans lequel j'ai grandi et si persuadé d'être "à l'écoute" était incapable de comprendre ma démarche. 
Je n'ai pourtant pas changé de religion ! Beaucoup de mes confrères ici ont un parcours semblable tu sais. 
L'esprit de famille qui règne ici est très "structurant" comme dirait notre vicaire général mais ici c'est vrai. 
On ne te met pas dans un moule, on ne te dit pas ce que tu dois penser pour arriver.
J'apprends les vérités éternelles, c'est tout. 
La place des supérieurs est paternelle sans proximité déplacée. Pas de familiarité débile non plus entre nous. 
En fait tout est à sa place ! 
La liturgie est soignée. Mais ici, chaque jour, au chœur, je comprends que la liturgie est la propriété de l'Église et pas celle des prêtres. 
C'est beaucoup plus qu'une affaire de langue tu sais. 
Les prêtres ne peuvent pas faire ce qu'ils veulent, ils ne sont pas propriétaires mais dépositaires de ce trésor sacré. 
Je l'ai dit au Père N. en lui parlant du très curieux rassemblement de la Pentecôte que l'on a subi dernièrement. 
Du début à la fin tout a été réécrit, (ils l'ont d'ailleurs dit lors des remerciements interminables.) 
C'était surréaliste ! Réponse du Père, (siégeant au conseil épiscopal !), "qu'est-ce que tu veux que j'y fasse?" 
Et bien tu vois à mon âge, on rêve d'autres choses, et ce que moi je peux faire c'est de me former correctement loin des innovations de tout poil, me former selon ce qu'a prévu l'Église. 
Je n'ai pas envie de faire semblant, de supporter des liturgies débilitantes, de m'habiller comme un clown, d'étudier des théologiens sopos mais qu'il faut aimer parce que c'est tendance... 
Relis les textes conciliaires sur l'enseignement dans les séminaires, le chant liturgique, le droit canonique (qui ne sert pas qu'à interdire les mariages dans certains endroits célébrés par certains prêtres si tu vois ce que je veux dire). 
Je veux être prêtre, et suivre Jésus-Christ, c'est tout. Prie pour moi.

** (ndlr : nom du séminaire supprimé par nos soins et remplacé par "Ecclesia Dei).

II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1/ Cette lettre est très représentative de nombreux témoignages que nous recevons de jeunes gens entrés dans les séminaires Ecclesia Dei, qu'il s'agisse de Wigratzbad (FSSP) ou de Gricigliano (ICRSP) notamment. Ces jeunes lévites ont bien souvent grandi dans des milieux on ne peut plus diocésains. Pourtant, au moment de faire le grand choix, ils ont opté pour une Communauté Ecclesia Dei. Ne pas subir le sort des amis brisés par la structure diocésaine, ne pas se cacher pour porter l'habit ecclésiastique ou assister à la messe traditionnelle, être formé et non... déformé, bénéficier d'un enseignement riche et d'une belle liturgie… voilà autant d'arguments qui expliquent le choix de ces candidats au sacerdoce (bien plus que le milieu social et ecclésiologique dans lequel ils ont évolué).

2/ Cinq années après l'entrée en vigueur du motu proprio, il n'y a pas de véritable place dans les séminaires diocésains français pour des jeunes gens qui préfèrent la forme extraordiniare ou qui aimeraient simplement bénéficier régulièrement de l'une et de l'autre forme. Au mieux tolérée comme à Lyon, la forme extraordinaire n'a pas véritablement droit de cité dans la pastorale des vocations et n'offre à ce jour aucune voie pérenne. Il ne faut pas s'étonner si dans certains diocèses, le nombre d'entrées dans les séminaires Ecclesia Dei dépasse celui des structures diocésaines ; tant que cette sensibilité propre et tout ce qui va avec ne seront pas officiellement proposés dans les séminaires diocésains, de nombreux jeunes continueront à délaisser les séminaires diocésains.

3/ Au-delà de l'importance d'un tel témoignage qui nous éclaire sur les difficultés que rencontrent aujourd'hui les jeunes gens appelés au sacerdoce, notons l'attrait qu'exerce la liturgie selon sa forme extraordinaire sur une nouvelle génération en recherche d'identité forte. Le témoignage d'un jeune père de famille ou d'une jeune mère de famille ayant découvert la messe traditionnelle et s'en nourissant serait tout à fait semblable. En effet, de même que le jeune séminariste est conscient de faire un choix de vie essentiel, pour lui-même et pour tous ceux qu'il sera amené à côtoyer dans sa vie de prêtre, les jeunes ménages catholiques souhaitent, de plus en plus nombreux, offrir à leur couple et à leurs enfants une pratique liturgique riche, belle et priante, et une formation catéchétique solide et structurée.