SOURCE - Abbé Daniel Couture - Mgr Lefebvre, un homme dont la grandeur dans l'histoire est encore cachée - Apostole N° 35, janvier-mai 2013
Mgr Marcel Lefebvre restera dans l’histoire un grand homme de l’Église
qui a non seulement sauvé la messe traditionnelle mais également le sacerdoce
catholique. Le concile de Trente enseigne que ce sont là les deux éléments nécessaires
pour la célébration du Saint Sacrifice de la messe et pour la pérennité de l’Église
catholique toute entière. La Divine Providence, qui « a fait toutes choses
avec sagesse » (Ps. 103, 24) l’a bien préparé pour cette mission
importante. Formé à Rome par les meilleurs maîtres, au sein des meilleures
universités romaines, avec deux doctorats en poche, il fut envoyé au Gabon, en
Afrique, d’abord comme professeur puis comme recteur : Après quelques
années dans la brousse, il était à nouveau recteur au scolasticat de philosophie
de Mortain (France) de 1945 à 1947, avant de repartir pour l’Afrique, comme
archevêque de Dakar.
Son premier souci à Dakar fut l’édification d’un grand séminaire pour
la formation de ses séminaristes. Après 1962, une fois élu supérieur général
des Pères du Saint-Esprit, il s’est attaché à extraire de la bibliothèque du
Séminaire français de Rome (dirigé par les Pères du Saint Esprit) les auteurs
qui soufflaient l’esprit révolutionnaire dans l’Église au cours du concile
Vatican II (tels que Teilhard de Chardin, Congar, Rahner, etc.) et il changea
peu à peu le corps professoral du séminaire qui était imbu des idées
modernistes. Il rencontra tant de résistance dans son essai de sauvetage de sa
Congrégation qu’il démissionna de son poste de supérieur général en 1968.
Fort de cette longue et providentielle expérience
de 36 ans, il était prêt à lancer la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X et à
transmettre à ses jeunes prêtres ce que lui-même avait reçu à Rome dans sa
jeunesse et qu’il avait continué à enseigner tout au long de ces décennies
jusqu’aux années 1960. Dans l’introduction de son Itinéraire spirituel, son dernier livre, il écrivit que son désir
le plus profond remontait à cette époque de Dakar (dès les années 1950) : « Devant
la dégradation progressive de l'idéal sacerdotal, transmettre, dans toute sa
pureté doctrinale, dans toute sa charité missionnaire, le sacerdoce catholique
de Notre Seigneur Jésus-Christ, tel qu'il l'a transmis à ses apôtres et tel que
l’Église romaine l’a transmis jusqu’au milieu du XXème siècle. »
Malgré la réforme du sacrement de l’ordre qui suivit
le Concile, l’archevêque continua à administrer à ses séminaristes les ordres
mineurs et l’ordre majeur du sous-diaconat (tous ayant été supprimés) au sein
de ses maisons de formation. Il avait un amour particulier pour le sous-diaconat,
sachant que c’était l’étape majeure vers le sacerdoce car il pose les
fondations d’un sacerdoce fructueux grâce au vœu de chasteté et à l’obligation quotidienne de
la récitation du bréviaire, lesquelles sont parfaitement liés, comme l’enseigne
l’Esprit Saint : « Je savais que je ne pourrais obtenir la sagesse si
Dieu ne me la donnait, et c'était déjà
de la prudence que de savoir de qui vient ce don » (Sagesse, 8,
21).
Cette sagesse fut perdue du fait des réformes
conciliaires qui ont aboli l’ordre majeur du sous-diaconat et relativisé l’importance
de la récitation du bréviaire. Le manque de prière n’est-il pas une des
principales raisons de la crise d’immoralité au sein du clergé moderne ?
On a délaissé la méditation, le rosaire et le bréviaire. Peut-on alors espérer
demeurer chaste dans ces conditions ?
Scivi
quoniam aliter non possem esse continens ni Deus det, comme dit Salomon :
« Je savais que je ne pourrais garder la continence si Dieu ne me l’a
donnée. » C’est un fait bien connu du monde surnaturel que, sans la grâce
obtenue de Dieu par une prière sérieuse, nul ne peut conserver la chasteté.
Cela est vrai pour tout le monde, spécialement pour les prêtres.
Lorsque que Notre Dame, demandant la récitation du
chapelet, a appris aux trois enfants de Fatima que le péché d’impureté était la
principale raison qui emmenait les âmes en enfer, même celles des prêtres, était-ce
une surprise ?
« Ô dignité impressionnante des prêtres, dont
les mains sont comme le sein de la Vierge dans lequel le Fils de Dieu vient s’incarner ! »
dit saint Jean Chrysostome.
Mgr Lefebvre a sauvé la théologie et la
spiritualité du sacerdoce comme les ont décrites les grands docteurs de l’Église.
Un jour, cela sera officiellement reconnu par Notre Sainte Mère l’Église. Ce fut
en réalité discrètement reconnu, dès mai-juin 2010, lorsque le livre la Sainteté sacerdotale, une anthologie
de ses enseignements sur le sacerdoce fut placé dans les vitrines des
principales librairies de Rome, durant le dernier mois de l’année du Sacerdoce.
« Dans quelques années – je ne sais pas : le
Bon Dieu seul connaît le nombre des années qu’il faudra pour que le jour où la
Tradition retrouve ses droits à Rome –, nous serons embrassés par les autorités
romaines qui nous remercieront d’avoir maintenu la foi dans les séminaires,
dans les familles, dans les cités, dans nos pays, dans nos couvents, dans nos
maisons religieuses, pour la plus grande gloire du Bon Dieu et pour le salut
des âmes. » (Sermon du 30 juin 1988).
Que Dieu vous bénisse