Office dans l'abbatiale des Dominicains d'Avrillé |
Pour la troisième fois depuis 2006, les oeuvres de la Tradition en France ont été visitées par le clergé gréco-catholique letton au grand complet : deux prêtres, un frère et deux religieuses de Riga ! Dans ce petit pays balte d'à peine deux millions de citoyens, les quelques paroisses de l'église gréco-catholique ont en effet complètement disparu en déportation sous le régime soviétique entre 1944 et 1991. Il y avait bien un séminaire romain-catholique à Riga, mais il était le seul pour toute l'URSS – avec un second à Kaunas en Lithuanie – et ne recevait que des séminaristes triés sur le volet par... le KGB. D'où l'affiliation des catholiques lettons (25 % environ de la population) à l'église de rit latin.
Cependant, le flambeau gréco-catholique a été repris par le père Valerijs. Fondateur d'une dizaine de cercles d'études clandestins pour les fidèles. Mais, interdit de séminaire à Riga, il lui fut conseillé par les évêques uniates ukrainiens d'entrer dans les maisons de formation de l'orthodoxie pour s'y faire ordonner. Ce qu'il fit, sans grande méprise des autorités orthodoxes d'ailleurs, qui le surnommèrent « le catholique»?
Revenu dans le giron romain après 1991, il lui fut confié la desserte d'une petite chapelle octogonale annexée à une paroisse latine catholique de Riga, où il fonda la paroisse de la Transfiguration pour les quelques fidèles gréco-catholiques. Dans une grande détresse matérielle, lui, sa famille (le clergé uniate séculier est en effet marié) et un embryon de couvent de religieuses sous la règle studite, ont alors fait la connaissance de l'abbé Rulleau qui assurait un rôle de missionnaire itinérant dans les pays de l'Est. Les contacts furent poursuivis par l'abbé Lukas Weber du district de Suisse qui y fit un premier voyage en 1999. Bientôt, une association, « Hereditas » basée en Suisse, devait prendre en charge l'avenir matériel de la petite communauté (une quarantaine de fidèles convaincus, dont la moitié convertie par le père Valerijs).
L'ancien archevêque de Riga, le cardinal Janis Pujats, ayant d'abord accordé un terrain à l'église renaissante, donna un accord oral pour l'installation du couvent des soeurs. À cause des contacts des pères et des soeurs avec la Fraternité Saint-Pie X, il prit peur et renonça à l'érection canonique promise. Mgr Fellay devait alors y suppléer. Mais son successeur de 2009, Mgr Zbignev Stankevics, devait bientôt fustiger le Père et exiger la séparation d'avec la Fraternité Saint-Pie X et l'acceptation de Vatican II sous la menace de suspense a divinis. Mais pour le père Valerijs, il s'agit bien de la confession de la foi catholique traditionnelle et la condamnation ne lui fit pas peur.
Après dix ans de tracasseries administratives, le permis de construire vient enfin d'être accordé pour une bâtisse sur un terrain de 2 300 m2. Les travaux pourraient être achevés fin 2013 si les fonds nécessaires arrivent. Une chapelle provisoire s'y installera. Puis viendra, si Dieu veut, l'église octogonale à deux étages pour les deux rits, latin de saint Pie V et slavon de saint Jean Chrysostome. Enfin, un troisième bâtiment pourra recevoir une petite école.
Déjà, la Maison Autonome des pays de l'Est envoie régulièrement un prêtre desservir Riga en rit latin et faire quelque apostolat. Il y a d'ailleurs un prêtre letton dans la Fraternité Saint-Pie X, l'abbé Raivo Kokis.
Les prêtres de la Fraternité de la Transfiguration de Mérigny sont aussi en contact suivi avec les gréco-catholiques de Riga, et chaque année ont lieu ces échanges entre Mérigny et Riga, tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre.
Ce troisième voyage en France était d'ailleurs piloté par le père Damien- Marie Lourme. Après la rue Gerbert à Paris, les Lettons ont célébré en rit byzantin à Nantes devant 250 fidèles, mais auss aussi à Avrillé, en Vendée, à Mérigny bien entendu.
Le rit pratiqué par les pères Valerijs et Constantine est le rit byzantin selon les directives de saint Pie X qui demandait de le conserver sans abréviation, sans rajout et sans altération (nec minus, nec plus, nec aliter). Il accorda aussi la restauration de la règle studite, ressemblant à celle de saint Benoît.
Pour la Fraternité Saint-Pie X, cette aide décisive accordée à la résurrection d'une église qui plonge ses racines dans la pure tradition orientale chrétienne, n'est jamais qu'une imitation de l'oeuvre de son saint patron.
Extrait de Fideliter n° 213