24 mars 2017

[Abbé Étienne de Blois, fsspx - Le Petit Eudiste] Conservateur = corrupteur

SOURCE - Abbé Étienne de Blois, fsspx - Le Petit Eudiste - mars 2017

«C'est une forme de modestie louable que de ne pas vouloir être excentrique…» Les conservateurs ont des qualités, on ne peut le nier. Ils ont celle d'un certain courage, puisqu'il leur faut sans cesse s'opposer aux progressistes. Mais nous ne voulons pas ici juger de leurs intentions, ni dire en quoi ils sont excusables. Nous voulons seulement manifester le danger que courent, et font courir, les conservateurs. Non pas ceux qui cherchent la vérité et qui s'arrêtent − un temps trompé − aux seules apparences de la vérité, mais les conservateurs qui tiennent à le rester.
      
«…Mais cette modestie est devenue impossible à pratiquer aujourd'hui!» Selon les faux-penseurs vrais-menteurs, le monde serait divisé en droite et gauche, conservateurs et progressistes. C'est faux. Le monde est divisé depuis le péché de Lucifer entre ceux qui acceptent l'autorité de Dieu et ceux qui la refusent. 
     
Ceux qui acceptent l'autorité divine sont appelés contre-révolutionnaires mais ils forment ce qui a pour vrai titre: la «Tradition». Les hommes de Tradition acceptent ce qui est transmis par les anciens parce que reçu de Dieu. Les révolutionnaires refusent toute transmission parce qu'ils refusent de recevoir une quelconque loi.
     
Ceux qui refusent l'autorité sont les révolutionnaires. Les progressistes sont de francs révolutionnaires : ils refusent la Tradition, et cherchent toujours et sans cesse du nouveau.
     
Les conservateurs ne sont pas de la Tradition : ils ne cherchent pas à transmettre ce qui est divin mais à conserver un pauvre état humain. Les conservateurs conservent un état présent. Le conservateur alimentaire maintient la viande dans un état intermédiaire entre la vie et la moisissure. L'apparence est appétissante, mais cache des principes morbides. L'homme conservateur souhaite maintenir le monde dans un état apparent plaisant… et dans un état réel de révolution. 
     
Objectivement le conservateur est, –bien souvent à son corps défendant–, un hypocrite révolutionnaire. Il conserve à la Révolution une apparence sortable. Il en est le meilleur allié, nolens volens.
     
Le conservateur est le meilleur ennemi de la Tradition. Le meilleur parce que le plus proche quant aux apparences. Combien sont trompés ? «C'est la même messe…» Oui, mais ce n'est pas la même doctrine! Les schismatiques aussi célèbrent la même messe. Le conservateur est ennemi de la Tradition parce que les principes du conservateur sont ceux du Révolutionnaire, la logique et l'honneur en moins. 
     
Pour réduire un homme de Tradition à un conservateur, le révolutionnaire adopte une tactique très habile en disant simplement : «Venez sous mon toit, je vous laisse libre». Le révolutionnaire baisse les armes, mais n'abandonne aucunement le terrain. De quelle liberté parlons-nous? Le révolutionnaire entend la liberté comme une indépendance de Dieu. Généreusement, il propose la liberté à la Tradition, la même liberté qu'il réclame pour toutes les erreurs, la liberté de Satan. Si l'homme de Tradition entre dans le cercle de la liberté révolutionnaire, il sort de l'adhésion à la vérité de Dieu, l'ayant réduite à une simple opinion humaine. Il gardera longtemps peut- être les apparences de la Tradition, mais il aura accepté dans son cœur le poison de la Révolution : c'est un conservateur de plus. 
     
Le conservateur a voulu sauver deux choses: les apparences et son honneur. Malheureusement l'honneur ne se conserve pas à la sauvette. Il demande à être servi avec noblesse, franchise et force. Le conservateur espère servir en restant sortable, en étant acceptable par ceux qu'il cherche à sauver. Faux honneur, vraie trahison : pour être accepté par le révolutionnaire, qui honni la Tradition, il a fallu cacher celle-ci. Belle noblesse, belle franchise, belle force! La Tradition est comme une plante : à l'ombre, elle crève, doucement, insensiblement. La Tradition transmet quelque chose. Cachée, coupée de sa source, elle n'est plus Tradition. La peau est restée, l'outre s'est vidée.
      
Le conservateur peut s'écrier: «Tout est sauf, fors l'honneur et la vérité!»