Lire des livres de fond durant le carême est une aide précieuse pour revenir à Dieu et se préparer à la Sainte Pâque. |
SOURCE - F. Louis-Marie, abbé - Monastère Sainte-Marie de la Garde - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs - 21 mars 2017
Lorsque cette lettre vous arrivera, le carême sera déjà bien avancé. Le carême est un temps
sacré que l’Église nous donne et dans lequel nous sommes tenus d’entrer avec un bon zèle.
Ce temps appartient à Dieu, un peu comme le dimanche. Mais au lieu de célébrer la joie de
la résurrection du Seigneur, le carême célèbre la pénitence du Seigneur, son jeûne, sa prière,
sa sainte Croix, en un mot la réparation de nos péchés. Saint Benoît dit que le carême est fait
pour réparer toutes les fautes de l’année passée afin de bien se préparer à la Sainte Pâque et de
se convertir des mauvaises habitudes prises au fil des jours. Si nous étions de parfaits chrétiens,
nous devrions vivre toute la vie comme un carême, un peu comme une longue et simple préparation
au ciel. Si vous cherchez un sens à la vie, pensez à cette grande rencontre avec le Seigneur
à qui le Père a remis le jugement. Un jour, nous serons face au Seigneur Jésus et, après avoir
fait tant pour nous, Il nous jugera avec une justice absolument parfaite en tenant compte de
tout, objectivement et subjectivement. Serons-nous prêts à entrer dans la Joie de notre Maître?
C’est parce que nous ne pouvons, de fait, vivre une vie entièrement parfaite que le carême est si
important. Bien sûr, la confession fréquente est une grâce de purification et de renouvellement
que le Seigneur nous a donnée à tous et en tout temps. Le Sang du Christ coule alors sur nos âmes et nous sortons du confessionnal pur comme un enfant qui sort des eaux du baptême.
Mais le carême avec sa durée de 40 jours permet à ceux qui le suivent avec ferveur de se purifier
des mauvaises habitudes par une pratique assidue et à la portée de tous : 40 jours seulement.
Pour aider les moines à persévérer jusqu’à Pâques, la tradition monastique a instauré les
« billets de carême ». C’est un petit papier sur lequel le moine choisit de sa propre initiative
quelques résolutions sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la prière, le silence, les dissipations
et la lecture, avec en finale une résolution générale. Écrire est un excellent moyen de
prendre des résolutions, de persévérer et si besoin de reprendre courage à la mi-carême.
Permettez-moi de vous suggérer deux points pour finir en beauté votre carême.
Le premier concerne la dissipation, en latin scurrilitas. Vous pourriez très bien prendre la
résolution de ne plus regarder la télévision ni internet. Un bon jeûne de 40 jours (ou les 30
jours qui restent) vous libérerait de l’addiction aux médias. Il est bon de se rappeler que les
médias sont aux mains de grands financiers et que la façon de présenter les nouvelles est déjà
une désinformation et un formatage des esprits. Alors libérez-vous! Ce sera un gros sacrifice
pour beaucoup. Comme les alcooliques, vous serez en manque la première semaine. Mais au
bout de 15 jours, vous sentirez comme un parfum de liberté envahir votre âme.
Et le deuxième point concerne la lecture de livres de fond. Je ne peux que vous conseiller de
prendre la Bible, qui est «Le Livre de Fond» par excellence. Souvenez-vous du reproche que
Jésus fit aux Saducéens : «En vérité, je vous le dis : vous ignorez gravement la puissance de Dieu
et les Écritures.» Je vous préviens: la lectio divina comporte quelque chose de pénible. Mais ça
tombe bien: c’est le temps du carême. Et avec le temps, l’âme apprend à goûter avec la joie de
l’Esprit Saint la douceur et la force des évangiles.
+ F. Louis-Marie, o.s.b., abbé