SOURCE - F. Louis-Marie, osb - Abbaye du Barroux – décembre 2016
En septembre dernier, les abbés du monde entier se sont réunis à Rome, à l’abbaye Saint-Anselme, afin d’élire l’abbé primat de la Confédération bénédictine. En effet, Dom Notker Wolf, après seize années de dur labeur, renonçait à sa charge. Nous ne remercierons jamais assez Dom Notker de tout ce qu’il a fait pour Saint-Anselme. Avec énergie et intelligence, il a sauvé les bâtiments et préservé une belle unité au sein de la confédération. C’est grâce à lui que notre communauté a pu obtenir son intégration pleine et entière dans la confédération, ce qui avait toujours été souhaité par Dom Gérard. L’appartenance à cette institution ecclésiastique voulue par le pape Léon XIII manifeste notre catholicité et nous permet de contribuer à la sauvegarde et à la promotion de l’esprit de saint Benoît. Nous avons parlé bien sûr des finances, de l’avenir de l’université Saint-Anselme, mais nous avons d’abord prié ensemble dans la langue propre de l’Église d’Occident : le latin. Nous avons entendu des conférences spirituelles de haut niveau et, dans des groupes restreints, nous avons pu discuter de la clôture, du rôle de l’autorité, de l’aide entre les monastères et de bien d’autres thèmes plus à la mode…
En septembre dernier, les abbés du monde entier se sont réunis à Rome, à l’abbaye Saint-Anselme, afin d’élire l’abbé primat de la Confédération bénédictine. En effet, Dom Notker Wolf, après seize années de dur labeur, renonçait à sa charge. Nous ne remercierons jamais assez Dom Notker de tout ce qu’il a fait pour Saint-Anselme. Avec énergie et intelligence, il a sauvé les bâtiments et préservé une belle unité au sein de la confédération. C’est grâce à lui que notre communauté a pu obtenir son intégration pleine et entière dans la confédération, ce qui avait toujours été souhaité par Dom Gérard. L’appartenance à cette institution ecclésiastique voulue par le pape Léon XIII manifeste notre catholicité et nous permet de contribuer à la sauvegarde et à la promotion de l’esprit de saint Benoît. Nous avons parlé bien sûr des finances, de l’avenir de l’université Saint-Anselme, mais nous avons d’abord prié ensemble dans la langue propre de l’Église d’Occident : le latin. Nous avons entendu des conférences spirituelles de haut niveau et, dans des groupes restreints, nous avons pu discuter de la clôture, du rôle de l’autorité, de l’aide entre les monastères et de bien d’autres thèmes plus à la mode…
Mais permettez-moi, en ce temps de campagne électorale, de vous décrire l’élection du nouvel abbé primat. Car cette élection, très bien organisée, pensée à l’avance suivant un protocole très canonique, et donc très humain, fut un moment de grâce, un moment spirituel d’une rare intensité. La difficulté propre à une élection comme celle-là est de savoir pour qui voter, car nous ne nous connaissons pas assez. De plus, il est absolument hors de question que les abbés acceptent des candidats autoproclamés. Un abbé qui laisserait seulement entendre vouloir servir la confédération comme primat n’aurait aucune chance d’être élu. Il n’y a pas de candidat autoproclamé, pas de campagne, pas d’affiche ni de discours. L’ambition personnelle, la soif de titres et de hautes fonctions est une des causes majeures de la décadence de l’Église. C’est se moquer de Dieu, à qui il revient de désigner l’élu de son cœur. D’autre part, nous avons rappelé les qualités que devait avoir l’abbé primat, en premier lieu la crainte de Dieu, comme le demande saint Benoît. Avant d’être un « manager », l’abbé est d’abord un homme de Dieu et un père pour ses frères.
Les diverses congrégations ont donc proposé quelques noms. Puis nous avons prié ensemble devant le Saint Sacrement exposé. Nous nous sommes alors comptés, nous avons voté et nous avons dépouillé les bulletins. C’est alors que nous avons vu un abbé blêmir… et un autre reprendre des couleurs, voyant qu’il échappait à cette lourde charge. Mais la plus belle chose que j’ai pu observer fut sans aucun doute la profession de foi récitée dans l’abbatiale de Saint-Anselme : la main sur les Évangiles, entouré des 257 abbés et supérieurs, dans un silence sacré, la voix pleine d’émotion retenue, Dom Gregory Polan proclama en latin le Credo et le serment de fidélité. Le moment était solennel. Nous étions tous profondément unis à l’abbé primat, dans la foi de l’Église et des Évangiles. Le Saint-Esprit était là. Le dernier jour de notre Congresso, Dom Gregory Polan nous a fait une homélie vraiment contemplative, centrée sur l’essentiel : l’amour de Dieu et des frères. L’élu sait qu’il peut compter sur Dieu car, finalement, il demeure l’élu de Dieu. Il peut entendre comme Jésus sortant des eaux du baptême la voix du Père : « Voici celui en qui j’ai mis ma complaisance.»
Par contre, il n’y a sans doute rien à attendre des élections qui arrivent dans notre pauvre pays. Il y a tant d’ego, tant de calculs, tant de mauvais zèle que le futur président risquerait d’entendre le diable lui dire : « Voici celui en qui je me reconnais. »
+ F. Louis-Marie, o.s.b., abbé