SOURCE - Guy Rouvrais - Présent - 7 juillet 2017
Le pape n’a pas renouvelé le cardinal Müller, 69 ans, dans sa charge de préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, laquelle arrivait à expiration le 2 juillet. Jamais, dans l’histoire récente de la Congrégation, son préfet n’en était parti avant l’âge de la retraite. Le prélat en a convenu dans une interview au journal allemand Allgemeine Zeitung : « Je suis le premier à qui cela a été appliqué. »
Aucune explication ne lui a été donnée. Le souverain pontife ne l’a nommé à aucune autre fonction. Il est remplacé par le numéro 2 de la Congrégation, Mgr Luis Francesco Ladaria Ferrer, comme ça se fait souvent dans l’urgence en attendant de trouver un titulaire ayant plus d’envergure. Il s’agit donc d’un limogeage pur et simple, s’inscrivant dans l’éviction progressive des éléments conservateurs à la tête des congrégations romaines.
Le cardinal allemand fut un de ceux qui, au synode sur la famille, étaient favorables au maintien de la discipline traditionnelle à l’égard des divorcés remariés souhaitant communier. En février dernier, il déclarait à la revue italienne Il Timone : « Pour nous, le mariage est une expression de la participation à l’unité du Christ époux et de son épouse l’Eglise. Ce n’est pas, comme certains l’ont dit au cours du synode, une simple et vague analogie. Non ! Cela est la substance du sacrement, et aucune puissance dans le ciel et sur la terre, ni un ange, ni un pape, ni un concile ou une loi des évêques, n’a le pouvoir de le changer. » Une déclaration qui va à l’encontre d’Amoris laetitia dans laquelle le pape François souligne que « l’analogie entre le couple mari-femme et celui du Christ-Eglise est une analogie imparfaite ». Le cardinal ajoutait que l’enseignement de Familiaris consortio, de Jean-Paul II, sur le fait que les couples de divorcés remariés doivent vivre dans la continence pour accéder à l’eucharistie, est toujours valable. Dans cette interview, le cardinal Müller rappelait qu’« on ne peut pas dire qu’il y a des circonstances où l’adultère n’est pas un péché mortel » et mettait en garde contre « la casuistique qui peut facilement conduire à des malentendus ». La casuistique étant une « spécialité » jésuite… C’en fut sans doute trop pour que François le supportât.
Guy Rouvrais