SOURCE - Guy Rouvrais - Présent - 13 juillet 2017
Il y a dix ans Benoît XVI publiait le motu proprio Summorum Pontificum mettant fin à l’ostracisme qui frappait la messe traditionnelle de Saint Pie V en permettant à tous les prêtres de célébrer le saint sacrifice selon ce rite appelé depuis « extraordinaire ». C’était aussi la fin d’une injustice, sans être une réparation, car c’est pour avoir dit la messe selon ce rite « jamais aboli » selon Benoît XVI que des prêtres ont été sanctionnés, des curés déposés.
Il y a dix ans Benoît XVI publiait le motu proprio Summorum Pontificum mettant fin à l’ostracisme qui frappait la messe traditionnelle de Saint Pie V en permettant à tous les prêtres de célébrer le saint sacrifice selon ce rite appelé depuis « extraordinaire ». C’était aussi la fin d’une injustice, sans être une réparation, car c’est pour avoir dit la messe selon ce rite « jamais aboli » selon Benoît XVI que des prêtres ont été sanctionnés, des curés déposés.
Contrairement à son prédécesseur, le pape François n’est guère sensible à la question liturgique. Il n’était pas hostile à l’initiative de Benoît XVI (et celle de Jean-Paul II qui fit un premier pas dans le même sens) mais considérait simplement qu’il « a fait un geste juste et magnanime pour aller à la rencontre d’une certaine mentalité de quelques groupes et personnes nostalgiques qui s’étaient éloignées ». Des nostalgiques dont la nostalgie finirait par s’éteindre, comme les derniers des Mohicans…
Or, en France, les « nostalgiques » prospèrent puisque, depuis Summorum Pontificum, le nombre de lieux de culte proposant la forme extraordinaire a presque doublé, passant de 124 à 230, selon la Commission épiscopale pour la liturgie. Le motu proprio est aujourd’hui appliqué dans tous les diocèses, tandis que séminaristes et de jeunes prêtres sont nombreux à vouloir apprendre à célébrer selon la forme tridentine. Et cela, semble-t-il, irrite le souverain pontife pour qui les demandes de certains, « trop jeunes pour avoir connu la liturgie préconciliaire », cachent une « rigidité défensive ».
On pouvait penser que le motu proprio était définitif, ne serait-ce que parce qu’il a instauré une certaine paix liturgique. C’est oublier que ce qu’un pape a fait un autre peut le défaire. Sera-ce le cas de François ? Le bruit en court. Selon le théologien Andrea Grillo, cité par La Croix, spécialiste de la liturgie et proche du souverain pontife, François envisagerait, à terme, d’abolir Summorum Pontificum, à partir du moment où l’ancien rite serait préservé au sein de la prélature personnelle proposée à la Fraternité Saint-Pie X, celle-là l’acceptant, ce qui, dit-on à Rome, serait imminent. « Mais, ajoute notre théologien, il ne mettra pas cela en œuvre tant que Benoît XVI est en vie».