SOURCE - Abbé Couture - FSSPX Canada - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs - février 2018
Chers Amis et Bienfaiteurs,
Chers Amis et Bienfaiteurs,
Ce mois de février nous ramène la belle fête de Notre-Dame de Lourdes, et, par conséquent, le grand mystère de l’Immaculée Conception : « Je suis l’Immaculée Conception ! » Qui dit « Immaculée Conception » dit « inimitié » éternelle, lutte, combat de tous les temps, tant entre la Femme Immaculée et le serpent maudit qu’entre leurs descendances, tout comme il y a inimitié entre la grâce et le péché. L’Apôtre l’a bien dit : « Quelle union peut-il y avoir entre le Christ et Bélial, entre la lumière et les ténèbres ? » (2 Cor., VI, 15)
En repassant en revue les deux derniers siècles sous cet angle de l’Immaculée, il est clair que celle-ci continue de combattre par elle-même directement et par le moyen de sa descendance. Au XIXe siècle, avec 1) la Médaille Miraculeuse (1830), 2) Notre-Dame des Victoires et la consécration au Cœur Immaculé (1836), 3) la redécouverte en 1847 au fond d’un vieux meuble du Traité de la Vraie Dévotion de saint Louis-Marie de Montfort et 4) Lourdes (1858) - pour ne mentionner que ces quatre dates - nous voyons la Reine du Ciel nous rappeler qu’elle est bien là parmi nous pour nous donner l’espérance, la confiance et de très puissantes armes pour le combat spirituel qui est d’abord le sien.
Au XXe siècle, la Reine organise ses troupes encore plus pour un combat qui s’intensifie. Bien sûr, il y a Fatima dont nous avons beaucoup parlé l’an dernier. Je voudrais souligner ici deux organisations qui ont eu un impact extraordinaire depuis cent ans et qui prennent de plus en plus d’importance dans les rangs de la Tradition en nos temps difficiles : la Milice de l’Immaculée (M.I.) et la Légion de Marie.
La M.I. est fondée à Rome par le jeune frère Maximilien-Marie Kolbe, un Polonais, trois jours après le miracle du soleil de Fatima, le 16 octobre 1917, veille de la fête de sainte Marguerite-Marie. La fondation de la Légion de Marie suit de près, étant fondée à Dublin par M. Frank Duff, en Irlande, le 7 septembre 1921, aux premières vêpres de la fête de la Nativité de Marie.
Le frère Maximilien-Marie Kolbe n’était pas encore prêtre (il le sera une année plus tard), ni aucun de ses six compagnons franciscains en leur couvent de Rome lors de cette fondation de la Milice de l’Imma- culée. Frank Duff, lui, employé du gouvernement qui ne se mariera jamais, qui dira le bréviaire complet en latin pendant près de cinquante ans, avait réuni un groupe de dames - elles étaient douze - pour se mettre au service de la sainte Vierge.
Ces deux groupes, bien modestes, font penser au choix des douze apôtres, la plupart de simples pê- cheurs, que Notre-Seigneur enverra conquérir le monde entier après son Ascension.
La M.I. est essentiellement basée sur la consécration à la sainte Vierge en parole et en acte, sur le désir d’œuvrer à son service, et sur la conviction de l’existence du combat apocalyptique entre la Femme Immaculée et le dragon. Le Père Maximilien s’inspirera profondément du Traité de la Vraie Dévotion pour former et enflammer ses chevaliers à être apostoliques et à se rappeler sans cesse qu’ils sont précisément dans la Milice de l’Immaculée.
C’est un fait historique que la Légion de Marie vit le jour deux petites semaines après une réunion d’un cercle de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul. Le thème cette réunion spéciale avait été l’étude du livre du bienheureux de Montfort que Frank Duff venait de découvrir et de comprendre parfaitement.
« Si absolument toutes les grâces nous viennent de la sainte Vierge, médiatrice universelle auprès du Médiateur, qu’attendons-nous pour nous consacrer à elle et nous mettre entièrement à son service ? », pensait avec raison ce jeune Irlandais.
Les premières années de la M.I. furent lentes et rencontrèrent pas mal d’opposition jusqu’à ce que le Père Kolbe fondât la Cité de l’Immaculée, Niepokalanow, en Pologne, en 1927. Commencée avec dix- huit frères, en douze ans la communauté passe à plus de 762 frères avec un apostolat, surtout celui de la presse, qui prend certainement rang dans les annales de l’Église. Quand nous pensons que les dernières éditions de sa petite revue populaire, au début de la guerre, atteignirent le chiffre d’un million d’exem- plaires, nous pouvons imaginer le bien immense que cela faisait auprès des âmes. Quelle revue catholique, même aujourd’hui, a jamais atteint ce chiffre ?
Les débuts de la Légion furent assez lents et très humbles aussi. Pendant près de dix ans il n’y avait que des dames, et elles n’œuvraient qu’à Dublin, et dans les environs. Puis ce fut l’Écosse, et l’Angleterre, et peu à peu les légionnaires, qui se savaient de par leur consécration de simples instruments dans les mains de la Vierge toute-puissante, furent envoyés dans le monde entier pour, avec la bénédiction des évêques, répandre cette œuvre magnifique. Donnons deux exemples : une Edel Quinn, se sachant atteinte de tuberculose, voulut consacrer les dernières années de sa vie à la sainte Vierge. Frank Duff, dans un acte héroïque mais qui fut considéré fou par plusieurs, l’envoya fonder toute seule la Légion en Afrique. En quelques années elle fonda plus de mille praesidia (note : un praesidium est le groupe de base de la Légion).
En Chine, ce fut le père Adrien McGrath – (futur directeur spirituel de Rose Hu – cf. Avec le Christ dans les Prisons de Chine – en vente aux Éditions Nova Francia), un Irlandais, qui utilisait avec beau- coup de succès depuis quelques années déjà le système de la Légion de Marie dans son petit village au Sichuan -- et qui fut mandaté par le Nonce Apostolique en 1948 pour implanter la Légion partout en Chine, autant que possible, avant que Mao et ses communistes prissent le pouvoir et commençassent la persécution de l’Église. En peu de temps, aux dires même du dictateur communiste, la Légion de Marie était devenue l’ennemi numéro un du communisme en Chine !
Ces deux organisations qui se complètent magnifiquement ont repris vie au sein de la Tradition depuis quelques années. De nouveau après des débuts très humbles en Pologne en 2000, la M.I. pouvait présenter un bouquet spirituel de plus de 100 000 membres à Notre-Dame, à Fatima, le 20 août dernier. Dans la plupart de nos chapelles au Canada, il est possible de trouver le « Coin de la M.I. », qui contient le matériel de la Milice de l’Immaculée.
La Légion de Marie, elle, avance plus lentement, mais elle avance tout de même. En ce moment, nous avons des praesidia à Lévis, Toronto, Winnipeg et Vancouver. Ces praesidia forment une curia qui est elle-même soumise au senatus des Philippines.
La Milice de l’Immaculée et la Légion de Marie nous aident à vivre notre consécration à la sainte Vierge, à ne pas enfouir ce trésor, mais à le faire fructifier pour l’honneur de l’Immaculée et la plus grande gloire de Dieu.
Abbé Daniel Couture
Supérieur de District