27 février 2018

[Paix Liturgique] Au Bénin, Adoration Eucharistique et liturgie orientée - Un évêque encourage la messe traditionnelle

L'abbé Guimon entouré des
Contemplatives de Jésus-Eucharistie,
photo tirée de son blog personnel.
SOURCE - Paix Liturgique - Lettre n°633 - 27 février 2018

« La liturgie, c'est la richesse et même le trésor des pauvres de Dieu. C'est la plus grande prière de l'Église. C'est le culte de la divine majesté. Elle est donc fondamentalement mystère et contemplation. Elle demande de faire l'effort de quitter le monde profane pour entrer dans la sphère du divin. »
Mgr Pascal N'Koué, archevêque de Parakou, Bénin

« On ne connaît pas le Seigneur sans cette habitude d'adorer, d'adorer en silence » expliquait le pape François le 20 octobre 2016 lors de son homélie quotidienne à Sainte-Marthe. « Cette prière d'adoration est celle que nous connaissions le moins, que nous pratiquons le moins. Il s'agit de savoir "perdre son temps" devant le Seigneur, devant le mystère de Jésus-Christ. Et d'adorer. Là, en silence. Il est le Seigneur et je l'adore. »

À la lumière de ces deux citations, nous vous proposons de faire connaissance cette semaine avec une jeune communauté religieuse africaine dévouée à la contemplation du Très-Saint Sacrement dont l'aumônier est, depuis 2016, l'abbé Laurent Guimon, ancien chapelain de Notre-Dame-des-Armées, lieu historique de la liturgie traditionnelle à Versailles : les sœurs contemplatives de Jésus-Eucharistie.

I – L'ADORATION PERPÉTUELLE COMME VOCATION

Les « Contemplatives de Jésus Eucharistie (CJE) » sont une congrégation de droit diocésain dont l’originalité est d'avoir été fondé par une Béninoise, Mère Patricia Padonou. Mère Patricia a été novice pendant 6 ans au couvent des cisterciennes de l'Étoile Notre-Dame, fondé en 1960 dans les environs de Parakou. En 1991, désireuse de se consacrer à l'adoration du Très Saint Sacrement, Mère Patricia reçoit les encouragements de l'évêque, Mgr Nestor Assogba, qui lui permet de s'installer dans le foyer d'un lycée. À partir de 1994, l'adoration eucharistique y devient publique. Fin 1999, Mgr Assogba confie à Mère Patricia et aux novices qui l'ont rejointe la mission de s'occuper de l'adoration perpétuelle au sein du tout nouveau sanctuaire eucharistique du Christ Rédempteur de l'Homme, fondé en prévision du Jubilé de l'an 2000. En 2007, le nouvel archevêque de Parakou. Mgr Agbatchi. signe le décret de reconnaissance diocésaine de la communauté.

« Notre spiritualité, explique Mère Patricia, puise essentiellement sa source dans l'Eucharistie et l'adoration : la prière intérieure, l'Hostie, la Vierge, la liturgie avec les rythmes africains et les chants grégoriens, le témoignage d'une vie simple et joyeuse dans la pauvreté. Avec l'ardent désir de vivre dans l'imitation de Jésus-Christ qui obéit jusqu'à la mort, et la mort de la croix, nous voulons vivre dans la joie son évangile comme la suprême règle de notre vie, en nous servant de la Règle de Saint Benoît pour entrer dans la grande tradition monastique et vivre comme Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, dans un esprit d'enfance spirituelle. »

Concrètement, les 9 religieuses assurent jour et nuit une présence continuelle, aimante, auprès de Jésus-Eucharistie. « Auprès du Seigneur, elles intercèdent pour le monde et prient pour toutes les intentions qui leur sont confiées. Elles sont les veilleurs dans la nuit : elles prient pour ceux qui ne prient pas, adorent pour ceux qui n'adorent pas, aiment pour ceux qui n'aiment pas, croient pour ceux qui ne croient pas, espèrent pour ceux qui n'espèrent pas. Finalement elles sont un peu comme les bergers de Bethléem : seules à veiller, elles assurent une présence auprès de Jésus » explique l'abbé Laurent Guimon, qui est leur aumônier depuis 2016.

Pour l'instant installées à Parakou et divisée en deux groupes, faute de locaux adéquats, les moniales devraient à terme prendre possession du monastère en construction à l'extérieur de la ville. Une partie des bâtiments est prête mais il faut encore terminer la chapelle et construire cuisine et réfectoire. En plus de sa mission d'aumônier, l'abbé Guimon assure la direction des travaux, ce qui comprend leur financement pour lequel il sait pouvoir compter sur la générosité de ses anciens paroissiens de Notre-Dame-des-Armées. L'aide des lecteurs de Paix Liturgique est la bienvenue aussi. (*)

II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1) Depuis l'arrivée de l'abbé Guimon à Parakou, fin 2016, les contemplatives de Jésus-Eucharistie découvrent la forme extraordinaire de la messe : le missel de 1962 mais avec certaines modifications de 1965 -1967 adoptées par quelques communautés en France (le prêtre demeure assis pour les lectures faites par les sœurs, le Pater est chanté par toute l'assemblée mais conservation de tous les signes de croix du Canon, pas de second Confiteor, etc.). Points décisifs : la messe est célébrée vers le Seigneur, et la communion donnée sur les lèvres. L'évangélisation de la région datant des années 60, le diocèse de Parakou a découvert la liturgie avec les premières réformes issues du Concile Vatican II puis, très vite, est arrivée la messe nouvelle. C'est dans ce contexte que les contemplatives de Jésus-Eucharistie font aujourd'hui l'expérience de la forme extraordinaire, selon le principe de gradualité dans l'application du motu proprio (voir nos lettres 519 et 525).

2) Mgr Pascal N'Koué, archevêque de Parakou, écrivait il y a un an, dans le journal diocésain : « L'attachement à l'ancien rite, quand il est vécu en communion avec Rome, est un enrichissement inouï. Il a formé pendant deux millénaires de nombreux saints. Il a modelé pendant des siècles le visage de l'Église. Il est riche sous l'angle de ses prières d'offertoire, par ses nombreuses génuflexions en signe d'humilité : "l'homme n'est grand qu'à genoux", par la multiplicité des signes de croix avec la main pour rappeler constamment la puissance de la croix du Christ comme instrument de notre salut, par l'ensemble des gestes et symboles mystagogiques, par le mode de communion demandé aux fidèles. Ce rite nous plonge d'emblée dans le mystère insondable du Dieu invisible, nous place devant sa majesté et nous pousse à confesser humblement notre indignité devant sa transcendance. L'Eucharistie, n'est-elle pas à la fois sacrifice de louange, d'action de grâce, de propitiation et de satisfaction ? » Rien d'étonnant donc qu'il ait accepté de donner aux contemplatives de Jésus-Eucharistie la possibilité de vivre leur vocation en découvrant, peu à peu, la forme extraordinaire.
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(*) Pour faire un don pour les travaux du monastère des sœurs :
Association Notre-Dame de l'Atacora
6 rue des États Généraux, 78000 Versailles
Intitulé : « Don pour le monastère de Boko »
IBAN : FR76 3000 3022 1000 0501 5124 334
BIC : SOGEFRPP
(Reçu fiscal sur demande)