SOURCE - Yves Chiron - Aletheia n°148 - 29 novembre 2009
En 1961, le pasteur anglican Henry Brandreth, recteur d’une des églises anglicanes de Paris, recensait quelque 200 episcopi vagantes dans le monde, c’est-à-dire des personnes qui prétendaient avoir reçu une consécration épiscopale sans être pourtant en communion avec une des Églises historiques (Église catholique, Communion anglicane, orthodoxes)[1].
Aujourd’hui, même en se limitant aux seuls episcopi vagantes qui se réclament de l’Église catholique, on dépasse très largement ce chiffre.
Celui qui signe ”MRJV”[2] avait publié, en mars 2007, un Organigramme des successions épiscopales thucistes et leurs différents liens, que j’avais recensé ici. Aujourd’hui, il publie une nouvelle version du même travail, dans une édition plus claire (avec flèches et courbes), corrigée et complétée[3].
Cela nous vaut un long organigramme (29 cm de haut sur 2,18 m de large), où sont présentées les différentes successions épiscopales parallèles : « thucistes », « palmariennes », « guérardiennes » et autres.
Deux regrets : que Mgr Lefebvre et les évêques qu’il a consacrés illicitement en 1988 figurent encore dans cet organigramme alors que ceux-ci ont bénéficié d’une levée d’excommunication. Deuxième regret : qu’un index des noms ne vienne pas compléter l’organigramme, il rendrait le document plus aisément consultable.
Parmi les successions épiscopales qui se forment, on relèvera celle de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie V (dissidence de la Fraternité Saint-Pie X, née aux Etats-Unis) : après la consécration épiscopale de Clarence James Kelly en 1993, il y a eu celle de Joseph Santay en 2007.
Les choses se compliquent lorsque l’évêque consacré, par souci de légitimité ou pour des raisons plus bassement clientélistes, cherche à se faire consacrer à nouveau par un autre évêque illégitime. Ainsi Hugues-Georges de Willmott-Newman a été consacré évêque onze fois ! Il a lui-même sacré d’autres évêques. MRJV signale quatre évêques consacrés par Willmott-Newman, en fait il y en a eu vingt entre 1944 à 1966.
Sur cet organigramme figure, parfois, le nom des prêtres ordonnés par ces episcopi vagantes. Si l’auteur avait voulu indiquer toutes les ordinations sacerdotales effectuées par ces episcopi vagantes, il lui aurait fallu mentionner des centaines de noms. Pourquoi avoir retenu certaines ordinations et pas d’autres ? Ainsi pourquoi mentionner « T. Cazal » (en fait, Thomas Cazalas) ordonné par l’évêque guérardien Mc Kenna et ne pas mentionner Michel Adriantsarafara ordonné par un autre évêque guérardien, Geert Stuyver ? Pourquoi mentionner encore l’ordination d’un prêtre – dont je ne citerai par le nom – ordonné de manière illicite par Mgr Ngo Dinh Thuc en 1981 mais qui, depuis, a fait régulariser sa situation canonique ?
La complexité du réseau des episcopi vagantes, la multiplicité des affiliations, le caractère souvent secret des consécrations et reconsécrations épiscopales, sans parler des prétentions infondées, rendent difficile l’information exacte et exhaustive.
Tel qu’il est, le travail de MRJV rendra néanmoins de grands services aux chercheurs et aux curieux. Il devrait aussi éclairer les fidèles catholiques qui s’interrogent sur la légitimité voire la validité de telle messe, de telle confirmation ou de telle ordination sacerdotale célébrées par tel ou tel « évêque ».
[1] Henry R.T. Brandreth, Episcopi vagantes and the Anglican Church, Londres, S.P.C.K., 1961 (1ère édition 1947).
[2] Il s’agit de Monsieur R. J. Veyron, qui se présente comme « chercheur indépendant ».
[3] À commander à MRJV 11 rue Ambroise Fredeau 31500 Toulouse.