SOURCE - Ennemond - Le Forum Catholique - 7 janvier 2010
Afin de répondre aux « interpellations », j’ai veillé à réécouter la version espagnole – donc originale – du sermon de Mgr de Galarreta.
1. Ce que Mgr de Galarreta refuse en parlant non pas « d’accord doctrinal » mais « d’espèce d’accord doctrinal », c’est une négociation sur la Foi. La Foi ne se négocie pas. Qui n’en conviendrait pas ? C’est évidemment dans ce sens que s’entend l’expression sinon l’évêque argentin se contredirait au paragraphe suivant en montrant que l’issue des discussions aboutit à un texte élaboré par les deux parties qui est – in fine – mis à disposition du pape et du supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X.
2. Il me semble que la lecture du texte par certains observateurs de ce fil est particulièrement tronquée. Mgr de Galarreta demande à revoir certaines expressions, sans pour autant dire qu’il les juge hérétiques en tant que telles ou non conformes à la Tradition. Si l’on prend celle d’Église-communion, il montre que Lumen Gentium a introduit une grande ambiguïté. Jusqu’au Concile, on appartenait à l’Église ou on n’y appartenait pas. A partir de là, des appartenances progressives ont été introduites par les degrés de communion pour ne pas froisser les « frères séparés », voire « aînés », ce qui permettait aux yeux des novateurs d’ouvrir, d’une certaine manière, par un défaut de définition, la porte du salut, à des chrétiens non-catholiques d’être déjà unis au Christ par le baptême, ou de dire encore que les non-chrétiens sont ordonnés au peuple de Dieu et possèdent dans leur religion des « semences du Verbe ». Il y a urgence à clarifier cette expression étonnante et je doute que saint Pierre aurait béni de telles dérives soit disant salutaires. Pour ma part, je peux me tromper mais je n’ai jamais entendu cette expression si connotée dans la bouche de quelque prêtre des communautés ED. Je pense que ses membres seront, eux aussi, attachés à cette objection de la FSSPX. En finira-t-on de ces utilisations abusives de « communion » et de « mystère » qui sont comme les « jokers » d’un jeu de carte pour remplacer n’importe quel mot ?
3. Enfin, pour les jugements de valeur : L’idée selon laquelle la FSSPX engagerait une « croisade » d’une société « pure », faisant preuve d’une « intransigeance outrancière », voire « d’un certain orgueil » est une vision qui me paraît particulièrement orientée pour décrire une société qui ne met pas son énergie entre parenthèse, qui ne doute pas de la foi dont elle a héritée (sans pour autant l’avoir inventée). Faire le dos rond pour nos intérêts particuliers nous aurait immobilisé au Motu Proprio de 1984. Et tous ceux qui ont vécu l’Avant-1988 savent que la légalité parfaite est un doux rêve. Le reste est affaire d’appréciation de la situation. Il a fallu des consécrations épiscopales pour donner les concessions de 1988. Il a fallu des préalables pour réaliser 2007. Au surplus, il suffit de lire les noms de « Mgr Lefebvre » et de « Fraternité Saint-Pie X » dans la lettre de Benoît XVI aux évêques (7 juillet 2007) pour comprendre qu’il y a un lien entre l’attitude de cette société religieuse et la restauration actuelle dans l’Église.
4. Cependant, ne nous effrayons pas. S'il y a des interpellations légitimes, s'il y a des revendications envers la Fraternité Saint-Pie X, c'est que ses communiqués sont pris au sérieux. Les réactions diverses manifestent le souci que peuvent avoir les fidèles dans le monde à l'égard de ces discussions doctrinales qui ne sont pas sans lien avec l'avenir de l'Eglise. En réalité, leurs réactions - aussi impulsives soient-elles - honorent leurs rédacteurs.