4 janvier 2010

[Paris Normandie] L'évêque prié de partir

SOURCE - Paris Normandie - 4 janvier 2010

THIBERVILLE. Les paroissiens ont réservé un accueil des plus glacial à l'évêque d'Evreux, dimanche, à l'occasion du départ contesté de l'abbé Michel.

Des banderoles, des gendarmes pour éviter les débordements et même quelques injures ont accueilli l'évêque d'Evreux, Mgr Nourrichard, dimanche matin à Thiberville, où il venait présider la messe à l'occasion du départ de l'abbé Michel. Un départ qui déplaît fortement aux paroissiens, et plus généralement aux habitants et élus du canton, qui l'ont fait savoir en se rendant nombreux à cette messe qui n'a duré du coup qu'une dizaine de minutes.

«Pitié monseigneur», «Non à la mort de notre paroisse», «Laissez-nous notre curé», les calicots arborés à l'occasion de cette messe donnaient le ton. Il y a quelques jours en effet, à la suite de plusieurs refus de l'abbé Michel de quitter le groupement inter-paroissial de Thiberville, l'évêché avait trouvé la parade en ordonnant purement et simplement la dissolution de ce groupement.

Le curé révoqué était donc prié de quitter les lieux. L'abbé Vivien, qui préside aux destinées de la paroisse Notre-Dame de la Charentonne de Bernay, étant censé prendre la suite.

L'assistance quitte les lieux

Une décision inexplicable selon les paroissiens, attachés à leur curé qui, depuis 1986, a su dynamiser les treize clochers de ce groupement très actif. Attachement d'autant plus fort pour certains d'entre eux que l'abbé Michel célébrait régulièrement la messe selon la forme extraordinaire du rite romain, une exception dans le diocèse d'Evreux.

Pas étonnant donc qu'en ce dimanche d'Epiphanie, ils aient voulu faire part de leur mécontentement. Le message à l'entrée de l'église de Thiberville était des plus clair : «Messieurs Nourrichard et Vivien, vous n'êtes pas les bienvenus à Thiberville. Bon retour».

L'office à peine commencé, l'évêque déclarant que «la paroisse de Thiberville est dissoute», l'homme d'église a aussitôt été hué, avant que l'assistance -élus du canton compris-, dénonçant « une mascarade », ne décide de quitter les lieux.

«Aujourd'hui, c'est l'Epiphanie avec la visite des rois mages qui offrent à Jésus l'or, l'encens et la myrrhe. Nous, nous avons trois personnes qui apportent une révocation, une dissolution et le chaos», ironisait un paroissien. Rendez-vous était pris quelque temps plus tard à l'église de Bournainville-Faverolles, où Mgr Nourrichard avait également promis de se rendre.

Mais là aussi, l'évêque a compris qu'il était persona non grata : des paroissiens lui barraient poliment l'accès à l'église !

«Je ne m'attendais pas à une telle hostilité et à ces propos exprimés de manière insensée. Je vais prier et aller célébrer cette messe dominicale que je n'ai pas pu célébrer à deux reprises aujourd'hui», a lancé l'évêque qui, malgré ces manifestations de mécontentement, ne compte pas pour autant revenir sur sa décision : «Ce soir, nous allons nous réunir pour savoir quelle suite donner à ces événements», a-t-il ajouté avant de quitter Bournainville… pour revenir à Thiberville en fin de journée où il a tenté une nouvelle fois de célébrer cette messe. Mais devant l'hostilité palpable à l'entrée de l'édifice, l'évêque a finalement prudemment décidé de se «retirer», alors qu'à l'intérieur l'adoration du sacrement et la messe traditionnelle étaient célébrées par l'abbé Michel dans une église pleine à craquer.

M. P. avec correspondant