25 août 2011

[Abbé Aulagnier - ITEM] « Tradidi vobis in primis quod et accepi »

SOURCE - Abbé Aulagnier - 25 août 2011

XI ème dimanche après la Pentecôte.
« Tradidi vobis in primis quod et accepi »
« Je vous ai transmis en premier lieu ce que j’ai moi-même reçu »
Ces merveilleuses paroles de saint Paul furent celles que Mgr Lefebvre prononça lors de son sermon pour la consécration épiscopale des quatre évêques de la FSSPX, le 30 juillet 1988. Il dit : « Loin de moi, loin de moi de m’ériger en Pape. Je ne suis qu’un évêque de l’Eglise catholique qui continue à transmettre, à transmettre la doctrine. Tradidi quod et accepi. C’est ce que je pense…c’est ce que je souhaiterais que l’on mette sur ma tombe, et le moment ne tardera sans doute pas. Que l’on mette sur ma tombe. Tradidi quod et accepi, ce que dit saint Paul, « Je vous ai transmis ce que j’ai reçu, tout simplement. Je suis le facteur qui porte une lettre. Ce n’est pas moi qui l’ai faite cette lettre, ce message, cette parole de Dieu, c’est Dieu lui-même, c’est NSJC, et nous vous l’avons transmise, par l’intermédiaire de ces chers prêtres qui sont ici présents et par tous ceux qui, eux-mêmes, ont cru devoir résister à cette vague d’apostasie dans l’Eglise, en gardant la foi de toujours et en la transmettant aux fidèles. Nous ne sommes que des porteurs de cette nouvelle, de cet évangile que NSJC nous a donnée, nous vous transmettons les moyens de sanctification, la vraie et sainte messe, les vrais sacrements qui donnent la vie spirituelle ».

Vous voyez, MBCF, l’importance pour Mgr Lefebvre, de la Tradition apostolique. Et cette Tradition semble même se résumer à la « sainte Messe ».

Voilà de fait ce qu’il nous a transmis : la sainte Messe. Il l’avait reçue de ces professeurs romains, il en avait étudié le profond mystère à la Grégorienne auprès de professeurs éminents, il en avait étudié la belle liturgie, au séminaire français même. Il avait été au séminaire de santa Chiara, grand cérémoniaire. C’est pourquoi il en connaissait si bien les rubriques liturgiques.

Il me semble que l’on peut dire en toute vérité que si l’Eglise romaine a pu garder ce « trésor » de la messe, moyen de toute sanctification, c’est grâce à Mgr Lefebvre, à son action apostolique. Sans lui, sans son séminaire, ses séminaires, sans ses prêtres, la messe latine grégorienne dite de saint Pie V n’existerait plus. Si le pape Benoît XVI a pu prendre un MP en faveur de la messe tridentine, s’il a pu la restaurer dans ses droits au sein de l’Eglise catholique, s’il a pu restaurer ce trésor, c’est parce que préalablement Mgr Lefebvre avait eu l’énergie, la foi, l’audace, le courage de la garder et de la transmettre comme un trésor reçu.

Et si l’on croit, de fait, que cette messe tridentine est le vrai trésor de l’Eglise, pour l’Eglise, on comprend combien elle lui doit une légitime reconnaissance puisqu’il le lui a gardé. Il faudra que cela soit dit un jour par la hiérarchie catholique. La justice le veut. La justice l’exige, la justice le réclame. Nous le réclamons.

Il resta fidèle à cette messe parce que la messe est le renouvellement du sacrifice de la Croix et que le sacrifice du Christ est le tout de la vie du Christ. Pour Mgr Lefebvre, le sacrifice du Golgotta, c’est le Christ, c’est la raison de sa venue sur la terre.

Pour Mgr Lefebvre, le sacrifice du calvaire est le point central de l’Evangile, de l’AT comme du NT. L’AT l’annonce par mille figures et prophéties, le NT le réalise de fait douloureusement. Le sacrifice du Calvaire est la raison de l’Incarnation, la réalisation de la Rédemption, Celui qui glorifie Dieu infiniment et ouvre les portes du Ciel à l’humanité pécheresse.

Mgr Lefebvre écrivait dans son « Itinéraire spirituel » : « On ne peut qu’être frappé par l’insistance de NSJC durant toute sa vie terrestre, sur son « heure » : « J’ai désiré d’un grand désir cette heure de mon immolation. Jésus est tendu vers sa Croix. Le Mysterium Christi – qui est tout l’Evangille – c’est avant tout le Mysterium crucis. C’est pourquoi dans les desseins de l’infinie sagesse de Dieu, pour la réalisation de la rédemption, de la Recréation, de la Rénovation de l’humanité, la Croix de Jésus est la solution parfaite, totale, définitive, éternelle par laquelle tout sera résolu. C’est dans cette relation de chaque âme avec Jésus crucifié que le jugement de Dieu sera porté. Si l’âme est dans une relation vivante avec Jésus Crucifié, alors elle se prépare à la vie éternelle et participe déjà à la gloire de Jésus par la présence de l’Esprit saint en elle…Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est jeté dehors comme le sarment et il sèche puis on ramasse les sarments, on les jette au feu et ils brûlent » (Jn 15 6). Pour notre justification, pour notre sanctification, Jésus organise tout autour de cette fontaine de vie qui est son sacrifice du Calvaire. Il fonde l’Eglise, Il transmet son sacerdoce ; Il institue les sacrements pour faire part aux âmes des mérites infinis du Calvaire. C’est pourquoi Saint Paul n’hésite pas à dire : » Je n’ai pas jugé que je devais savoir parmi vous autre chose que Jésus et Jésus Crucifié » (I Cor 2 2)

Voilà l’Evangile de Vie.

Or ce sacrifice du Calvaire devient sur nos autels le sacrifice de la messe.

Dès lors comme il n’y a rien de plus grand dans le Christ que sa Croix, son sacrifice du Clavaire, il n’y a rien de plus grand dans l’Eglise que la Sainte Messe puisqu’elle n’est rien d’autre que le Sacrifice de la Croix perpétué dans le temps sous une forme non sanglante, sacramentelle.  C’est, comme le dit le Catéchisme du Concile de Trente, la même Victime, NSJC. C’est en effet le seul et même prêtre, Jésus-Christ, car les ministres qui offrent le sacrifice de la messe n’agissent pas en leur nom propre mais au nom de NSJC. Ils disent bien : « Ceci est mon corps » et non « ceci est le Corps du Christ », se mettant en la place de NSJC pour convertir la substance du pain et du vin en la véritable substance de son Corps et de son Sang.

Ah! si nous pouvions avoir une foi plus vive en ce mystère, nous serions plus nombreux aux pieds de nos autels !

Les choses étant ainsi, il faut enseigner que le Saint Sacrifice de la Messe n’est pas seulement un sacrifice de louange et d’action de grâce, ni un simple mémorial de celui qui fut offert sur la Croix, mais est encore et surtout le Sacrifice propitiatoire du Christ qui apaise Dieu et nous le rend favorable. Car ce sacrifice de la Croix est un acte de si grand d’amour et d’obéissance si parfaite, que Dieu nous pardonne nos péchés et opèrent en nous l’œuvre de notre salut. Car tous les mérites si abondants de la Victime Sainte se répandent sur nous par ce sacrifice non sanglant.

Et si par aventure, à Dieu ne plaise, la réforme liturgique de Mgr Bunigni voulait atteindre à la substance de ce sacrifice de la messe, comme le laisse nettement apparaître la définition qu’il en donnait à l’article 7 de l’Institutio generalis de la Constitution Missale romanum…alors Mgr Lefebvre se dressera là contre, de toutes ses forces. Pourquoi ? Parce qu’il y va de la réalité substantielle de l’œuvre de NSJC. Car NSJC est venu sur la terre pour accomplir ce sacrifice par lequel il rendait à Dieu son Père , non seulement la gloire et l’honneur qui lui sont dus, en confessant sa totale Seigneurie sur toutes choses, mais aussi en accomplissant notre salut par mode de cause efficiente, par mode de mérite, par mode de satisfaction nous délivrant de l’obligation de la peine qu’avaient mérité nos péchés, par mode de rachat, nous délivrant de l’esclavage du péché et du démon et par mode de sacrifice, nous permettant de rentrer en grâce auprès de Dieu, réconciliés avec Lui. Dès lors les portes du ciel, nous sont ouvertes, l’obstacle, le péché étant enlevé.

Aussi on comprend que Mgr Lefebvre ait voulu nous laisser un testament, un seul testament, celui de NSJC : « Novi et aeterni Testamenti ». « Hic est calix sanguinis mei, novi et aeterni testamenti ». L’héritage que Jésus-Christ nous a donné, c’est son sacrifice, c’est son sang, c’est sa Croix Et c’est cela le ferment de toute la Chrétienté, de toute la civilisation chrétienne et de ce qui doit nous mener au Ciel, aussi je vous dis : « Pour la gloire de la Très Sainte Trinité, pour l’amour de NJJC, pour la dévotion à la Très sainte Vierge Marie, pour l’amour de l’Eglise, pour l’amour du Pape, pour l’amour des évêques, des prêtres, de tous les fidèles, pour le salut du monde, des âmes, gardez ce testament de NSJC. Gardez le Sacrifice de NSJC ; Gardez la messe de toujours ».

Voilà ce qu’il nous a transmis parce qu’il l’avait d’abord, lui, reçu.